
plaine ou ce Commet plat étant élevé-de quatorze
cent foixante & dix toi Ce s au deffus . du
niveau de la mer. C'eft dans cette vallée que font
fitnées la ville de Quito & la plus grande partie
de fa province. L'élévation du fo l, jointe au voi-
iînage, des montagnes couvertes de neiges &và
.l'égalité des jours & des nuits pendant toute l ’année,
fait que le climat y eft tempéré, & qu'on
y jouit d'un printems perpétuel, quoique fous la
ligne. Le thermomètre "de Réaumur s'y maintient
entre quatorze & quinze degrés. Quito eft au
pied d’une montagne nommée Pichincha, où l’on
monte à cheval fort haut. Le pied de la plupart
des montagnes de cette chaîne eft une terre-argile
ufe , qui produit de bons pâturages & des légumes,
pendant que leur Commet n'eft qu'un monceau
de pierres arides ou couvert de neiges.
Le froid fur Pichincha , & fur les autres montagnes
des Andes, eft extrême : on y eft continuellement
dans les nuages. Le ciel y change trois
ou quatre fois dans une demi-heure, & le thermomètre
y varie quelquefois de dix-fept degrés
en un jour. Le mercure , fur ces Commets, Ce Coudent
à feize pouces une ligne, & à vingt-huit
pouces une ligne au niveau de la mer.
La hauteur du Commet pierreux de Pichincha,
qui eft de deux mille quatre cent trente-quatre
toifes'au deffus du niveau de la mer, eft à peu
près celle du terme inférieur confiant de la neige
dans toutes les montagnes de la zone torride.
Nous difons confiant, car la neigé Ce trouve quelquefois
à neuf cents toifes au deftous. Quelques
montagnes font plus baffes que ce terme ; d'autres
font plus hautes, & oii ne peut les efcalader,
parce que la nfeige Ce convertit en glace. La neige
Ce fond néanmoins plus haut dans les éruptions
qu'éprouvent certains volcans. ( Voyc\ V o l c
ans .')
Cette ligne du terme inférieur- confiant de la
neige eft plus baffe, comme cela doit être, plus
loin de l ’équateur. Par exemple , au pied de Té-
nériffe, elle n’eft élevée que de .deux mille cent
'toifes. Bouguer obferve qu'il devroit y avoir un
terme confiant fupérieur s'il y avoit des monta-
gnes affezliaiïtes pour que les nuages ne paffaffent
jamais qu'à une certaine diflance au bas de leur
fommet j mais nous ne connoiffons pas de pareilles
montagnes. ; r .
Dans tous les endroits élevés de la Cordillière,
lorfqu'on paffe de l'ombre au foie il , on refient
une plus grande différence qu'ici , pendant jios
plus beaux jours, dans la température de l'air ;
c’eft que , fur ces hautes montagnes défertes &
couvertes de neiges , & où l’air eft plus rare, la
chaleur vient principalement de l'action direéle 8c
immédiate du fo le il, au lieu que dans les- parties
inferieures de la terre elle tientq plufieurs autres
caufes, & même à des réflexions multipliées.
' Bouguer & la Gondamins font montés fur Pi-
çhincha au deffus du terme confiant de la neige,
«r deux mille quatre cent foixante & feize toifes
de hauteur. Le baromècre y étoit à quinze pouces
ùeuf lignes , c'eft-à-dire, plus de douze pouces
plus bas qu'au bord de la mer.
La chaîne occidentale des Andes contient beaucoup
de mines d'or, de même que le pied de l ’occidentale.
Les montagnes des environs de Quito
paroiffent contenir peu de filons métalliques ,
quoiqu’on y trouve quelquefois de l'or en paille
t te s .( Voye^ Quito 5 yoye\ notre article de
1’AMERIQUE M E R ID IO N A L E , OÙ plufieurs de CCS
différens points de phyfique & d'hilloire naturelle
font préfentés de manière à intéreffer les obfer-
vateurs & les naturaliftes. )
A n d e s . La.partie des Indes occidentales, connue
fous le nom d3Amérique méridionale , Ce distingue
fenfiblement de toutes les autres par Ces
vaftes plaines, par Ces terrains, élevés que l ’on a
nommés ici Cordillières , & ailleurs Andes. Ces
monts font fi étendus , qu'il Cemble que ce Coït
un monde qui s'élève fur un autre à une grande
hauteur. Ces monts font outre cela fi différens
entr'eux , qu'on n’y découvre aucun trait fem-
blabie. En effet, la nature des matériaux, l'ordre
& la difpofition des parties, les faifons de l'ann
é e , les températures, les productions, les animaux,
tout, en un mot, y pré fente, dans chacune
des maffes, les différences les plus remarquables.
I c i , c’eft le printems le plus agréable ; à peu de
diflance, c'eft un hiver rigoureux : le même terrain
y produit des.arbres, dont les. uns fembleroient
n'avoir dû croître qu’à une centaine de lieues des
autres. Les fruits, les quadrupèdes, les oifeaux,
offrent les mêmes contvaftes... On peut Ce convaincre,
par tous ces phénomènes particuliers,
pourquoi j’ai dit qu'il y avoit un monde dans un
autre*-
Les côtes de l'Amérique .méridionale, qui s'é-*
tendent vers le nord, Cont en général d'une hauteur
régulière. On y rencontre, jufque dans les
contrées intérieures, des mpntagnes de. moyenne
hauteur ; mais ailleurs, des montagnes fi élevées ,
qu'on les découvre à un très-grand éloignement.
Elles Cont même fi hautes, que, Cous l'équateur,
les cimes en Cont couvertes de neiges ; car ces
cimes furpaffent la région de l'atmofphère , où les
vapeurs aqueufes Ce congèlent. Ainfi , dans ces
mêmes contrées, on remarque tous les phénomènes
poffîbles.
C'eft particuliérement dans cette partie de l’A mérique
méridionale & occidentale qu'on peut
contempler les finguliers afpeéts qui réfultent de
l ’inégalité des fo ls, & en conféquence les corn»
traftes des climats &. des productions j de forte
qu’on peut obfetver deux contrées dans une feule.
Tout le-pays qui s'étend vers, la mer du Cud eft
bas, & forme une ejfpèce de - Ufière qui règne
depuis C hoco, à fept ou huit,degrés au nord de
l’équateur, jufqu'au Çeizième pu dix-huitième
degré
degré au Cud de la même ligne. Sa largeur n’a guère
que huit à dix lieues , & encore éprouve-t-elle
des rétréciffemens dans certains parages, plus que
dans d'autres. Au point où fè terminent les plats
pays, commencent les Andes & lesCordillières,
montagnes dont les cimes font fi hautes, qu'elles
femblent Ce perdre dans les nues. Elles forment
comme une fécondé contrée diftribuée fur leurs
croupes élevées, laquelle eft coupée, dans fon
étendue, par des profondeurs ôc des vallées qui
fuccèdent à des cimes multipliées. Cette contrée,
fupérieure aux autres , occupe toute cette partie
de l’Amérique, que nous avons indiquée ci-devant,
fur une largeur de trente à cinquante lieues. Cette
chaîne de montagnes s'abaiffe enfin pour former
un autre pays de plaine, qui s'étend du pied de -
ces maffes élevées, jufque vers les côtes orientales
de cette partie de l ’Amérique dans le Bréfil : c’eft
là qu’elle a repu la dénomination de Montagnes
des Andes. Les voyageurs nous donnent deux rai-
fons de cérte dénomination particulière 5 la première
cônfifte en ce que ce pays, quoiqu’inférieur
en hauteur , a auffi Ces montagnes & Ces inégalités
dans différentes parties ; la fécondé, en ce qu'il eft
couvert de forêts épaiffes, que l’on y appelle
montagnesy quoique la/fuperficie du fol fcit plane
& uniforme. On voit par-là que cette partie de
l'Amérique a une bande de terrain fenfiblement
plus élevée que tout le refte à l’orient & .à l'occident,
& même que toutes les autres contrées
habitées du globe. Cette grande élévation , au
refte, a été conftatée par des expériences & par
des mefures exaéles qui en déterminent la hauteur
prodigieufe.
On voit aiiffi, dans cette partie de l’Amérique,
d ’autres éminences qui s’élèvent à des hauteurs
confidérables, comme on le remarque dans les
pays les plus connus de l'Europe j mais il y a dans
la partie haute habitée, qui fert de bafe aux premières,
des royaumes très-étendus, & des provinces
fort peuplées, parfemees de vaftes contrées
défertes. O r , ces pays diffèrent tellement des contrées
inférieures, que rien ne s’y reffemble 5 ce
qui doit être dès qu'on a reconnu la différence
des climats & des températures, qui font varier
toutes les productions du fol.
Pour éviter toute méprife relative à la partie
haute fupérieure & à la partie haute habitée , j’ob-
ferverai qu'il faut confidérer, comme un grand fait
conftaté, que la partie haute habitée eft à quatre
mille cinq cent trente-fix vares au deffus des terrains
qui fervent de bordure à la mer ; qu'outre
cela, les cimes de montagnes qui s’élèvent fur cette
même plaine élevée, ont plus de fix mille fix cents
varès de hauteur : elles furpaffent donc les autres
de deux mille foixante-trois vares. On .voit par-là
qu'il y a trois points de niveau différens pour les
maflifs qu'on rencontre dans ces contrées. Le pre- j
mier eft celui des terrains bas voifins de la mer >
le fécond çft‘ celui de la maffe ou du corps des
Géographie-Phyfique. Tome IL
Cordillières mêmes j le troifième eft celui des foin
mets qui dominent ces chaînes. Si ces éminences
n'avoient rien de plus remarquable que les autres
montagnes qu'on connoît dans les autres parties
du globe , fans doute elles n'offriroient rien d e-
tonnant ; mais il n’en eft pas ainfi.
La partie haute d’abord s'étend, en fe différenciant
peu de la bajfe ] & fe prolonge depuis les
côtes des Caraques, de Sainte-Marie-du-Choco,
jufque près du détroit de Magellan. Mais on remarque
ici cette circonflance particulière , que
comme la partie la plus large de cette bande de
l’Amérique eft fous l’équateur 8e: les paysadjacens,
oa y rencontre en même tems les plus grandes
hauteurs , & tout ce fyftème de maffes elevees fe
rétrécit à mefure qu'il fe prolonge vers le fud. On
obferve d’ailleurs que , depuis le trentième degre
en allant Vers le fud, le climat éprouve des chan-
gemens qui correfpondent à ceux de la zone tempérée,
quant à la divifion de 1 hiver & de 1 été.
Comme il étoit moins néceffaire à la nature, depuis
ce degré, de fuppléer par l'élévation a ce qui
manquoit au climat, la partie haute y eft plus abaif-
fée quelle ne l'eft fous l’équateur. C'eft pourquoi
nous ferons envifager cette partie de la chaîne
comme une fuite de collines, qui règne fur plufieurs
centaines de lieues, & dans laquelle il y a
rétréciffement & abaiffement proportionnels à
mefure qu’on s’avance vers le midi. Relativement
à toutes ces formes , cette partie a un rapport
régulier aveé les autres, au lieu que, dans d autres
difpofitions, elle eût été inhabitable pendant
|iès froids de l'hiver.
En effet, fi la terre qui eft fous l’équateur eft
toujours froide à caufe de la hauteur des montagnes
dont une neige éternelle couvre les cimes,
à plus forte raifon la zone tempérée, où l ’on a
l'hiver & l'é té , le feroit - elle s'il s'y réumffoit
deux caufes pour produire le froid j fa voir : 1 élévation
du fol & l'obliquité des rayons folaires.
Mais les changemens qui ont eu lieu dans les difpofitions
des terrains font qu'il n’y a aucun da
ces excès qui nuife à leur habitation. On voit
donc que fi les chaînes qui fe trouvent dans les
provinces fituées entre les tropiques font praticables
en tout tems, celles qui font au-delà du
trentième degré ne le font plus en hiver a caufe
des grandes neiges qui couvrent le fol.
Ces deux terres , la haute & la bajfe, ne peuvent
4tre mifes en comparaifon avec aucune de celles
qui fe voient dans les autres parties du monde.
En effet, quoique l’on rencontre dans toutes^ de
vaftes chaînes de montagnes, & qu’il y ait même
des habitans fur leurs éminences & dans leurs
vallées malgré les neiges qui y tombent dans la
faifon , on n'y voit cependant pas les grande*
plaines qui font fur les Cordillières & les Andes :
plaines lï étendues, qu'on ne croiroit jamais y
être fur les plus hautes élévations du globe. Aulïi
les naturels de ces contrées pen.fent-ils que toute
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