
jufqae vers Annecy. Il y en a de même avant la
Croiùlle & dans les montagnes qui dominent Cha-
blé. Cette éfpèce d’ arbre prouve que , dans tout
ce trajet, le terrain eft plus élevé que la plaine de
Genève.
La mollaffe eft en maffe & en couches apparentes
, variées , près le pont de Brogny : on y ap-
perçoit aufli plufieurs Entes verticales de deflic-
cation.
Dans le trajet d‘Annecy au village d’Albie, on
rencontre un nombre étonnant de valions-& de
collines qui en forment les croupes, & de fréquens
amas de pierres calcaires roulées. Les couches de
grès ou de mollaffe ne font bien à découvert
qu'aux environs d’Albie' : c’eft: là qu'elles offrent
le fpeétacle d’une belle cafcade qui tombe dans
le Cheran , lequel coule au fond d’une vallée
d’une profondeur immenfe.
C ’eit en cônféquence de cette profondeur des
vallées, que les moulins, dont les mouvemens font
favorifés par les chutes multipliées des eaux, font
établis les uns fur les autres.
La mollaffe paroît avoir éprouvé différens effets
de la defliccation dans Tes couches î suffi voit-on
plufieurs trapézoëdres dans les lits qui font inclinés
vers différens points de l'horizon.
La continuation de ce même voyage paroîtra à
l’article du La c du Bourget & à celui de C h am b
é r y , & c .
AN N O N A Y , petite ville du département de
l’Ardêche, & qui faifoit ci-devant partie de l ’ancienne
province du Vivarais.
Je me propofe d’en faire connoître ici les environs
, en rendant compte des différens objets
d’ hiftoire naturelle que j’y ai obfervés pendant
les fe jours fucceffifs que j’ ai faits dans la papeterie
de Vidalon, dont j ’ai dirigé les établiflemens &
les améliorations fuivant la méthode hollandaife,
& fous les ordres des Etats de Languedoc. Je crois
devoir m’attacher à décrire en même tems, & la
conftitution du fol graniteux de cette contrée, &
les formes variées des vallées approfondies par les
rivières, dont les eaux claires & limpides font un
des grands avantages de ces papeteries.
Pour arriver à Annonay de Saint-Etienne, j ’ai
traverfé le mont Pilas, dans l’intention d’étudier
cette montagne inréreffante. Je rencontrai d’abord
des fchiftes micacés & des brafers ou pierres de
fable qui en occupoient la bordure} après quoi,
îorfque je me fus élevé a la hauteur de Roche-
Taillée, je trouvai le fchifte micacé à lames verticales.
On domine alors fur deux vallons, dont
les bords efearpés font voir des arêtes parallèles ,
qui defeendeat depuis les fommets jufqu’au ruil-
feau qui occupe le fond du vallon. Ce qui étonne ,
relativement au choix de cette habitation , c’eft
que le château eft fur une maffe de fchifte quart-
zeux du plus beau blanc.
On trouve toujours ce même fchifte micacé à
lames verticales jufqu’à une certaine diftance de
Roche-Taillée 5 enfuite fuccède le granit rayé ou
gneifs mêlé au granit à criftallifation uniforme &
aux filons de quartz. Les gneifs à bandes ondées
s’obfervent vers la Guerinière ; mais entre ce village
& Annonay on ne voit plus que des fchiftes
terreux. Telle eft la variété des compofitions pier-
•reufes que le mont Pilas offre aux obférvateurs
qui les fuivent dans les coupures que les eaux y
ont faites à différens intervalles. En defeendant à
Annonay, tout eft granit à grains uniformément
criftalüfés, au milieu defquels l’on remarque des
trapèzes produits de la defliccation fous des formes
très-régulières, & ordinairement d’ un grand
volume. Lorfqu’on eft parvenu au pied de la montagne,
on voit des blocs graniteux difperfés fur
les croupes, lefquels fe décompofent très-abondamment
, & recouvrent tous ces environs de
débris.
Jefpère donner quelque jour les réfultats d’une
étude que j’ ai fuivie, pendant quelque tems, aux
environs de Saint-Etienne, fur les progrès de la
defiruélion des granits de diverles compofitions,
& des changemens qui furviennent chaque jour
fur les croupes des vallées en cônféquence de ces
deftru étions.
Voici les différens accidens qui annoncent ces dé-
compofitions. D’abord, les-fentes de defliccation
font très-ternes avant d’être chargées^de principes
terreux 5 mais lè long des bords des deux
rivières d’Annonay, il n’y a guère que les noyaux
des maffes trapézoïdales qui aient confervé une
criftallifation bien vive & entière. C ’eft la que les
quartz & les feld-fpaths font brillans & colorés en
bleu par les micas.
En fuivant les plans inclinés & les bords efearpés
des vallées de ces rivières, on peut contempler à
fon aife tous ces phénomènes, & fouvent, dans
les intervalles des angles correfpondans, il y a
des efearpemens des deux côtés, vu la rapidité
des eaux courantes. Il eft facile de voir, dans ces
trajets, que les éboulemens & les de tir méfions
s’opèrent par de gros trapézoëdres, où les faces
aplaties des plans inclinés & leurs revers un peu
alongés fe diftinguent bien aife ment.
Ce maflif de granit rois à découvert par les vallées
des rivières d3A n n on a y3 Ce prolonge jufqu’ à
la plaine du Rhône, & les collines qui bordent,
fur la droite, cette belle & grande vallée, font
aufl! de ce granit.
Aux environs d’Annonay, entre cette ville & le
mont Pilas, il y a phifieurs groupes de montagnes
d ’une certaine élévation, dont les maffes font dif-
tribuées de manière que les parties détachées des
centres font correfpondantes aux croupes qui figurent
fur ces centres, & s’annoncent comme ayant
fait partie de ces croupes ou appendices. La cor-
refpondance m’a paru telle, que., fi l’on remplif-
foit tous les vides que les eaux ont faits, on réta-
bliroit aifément un tout, dont les parties fe raccorderoient
comme dans l’ancien état. Ceci prouve
que, tant dans 1.s parties détachées que dans celles
dont ces maffes ont été détachées, il n’ eft pas
furvenu de grands changemens, & que les def-
truélions opérées par les eaux ont été proportionnelles
aux maffes primitives , qui ont diminué
en confervarit partout leurs formes correfpondantes.
Tels font les groupes de montagnes grani-
teufes i que j’ ai eu plulieurs fois occafion d’étudier
entre Annonay & le bourg d’Argentai, parmi
lefquels je dois indiquer Mont-Miandon. Leurs
compofitions uniformes fe prêtent viliblement aux
deftruélions dont je viens de faire mention. J’ajouterai
maintenant que les parties détachées oc-
' cupenc lès chaînes les plus baffes i elles annoncent,
par leurs difpofitions, qu’elles ont été travaillées
par les eaux pluviales, air.fi que les arêtes
qui fe prolongent hors des maffes centrales. Ceb
les-ci font toujours reliées,les plus élevées, & les
centres de la diftribution des eaux dans les coupures.
Il eft remarquable que ces groupes font les
parties de montagnes où les eaux ont eu une marche
plus régulière dans leurs différens accès. J’en
ai obfervé de parfaitement femblables dans le Pilas,
& dans fes prolongemens vers divers afpeéts de
l’horizon. Les neiges m’ont paru furtout accélérer
, chaque année, ces deftruétions lors de leurs,
fontes , & car leurs accumulations dans les vallons.
Il y a trois vallées principales diftribuées fur
toute la fuperficie du plateau à’Annonay } celle du •
bourg d’Argental ou d^la Diaume, celle de la
Cance , & celle de Satilheu ou la Day, lesquelles
reçoivent beaucoup de vallons latéraux inclinés
vers les ouvertures ou débouchés de chacune
d’elles, & pour lors ces vallons affluent fous des
angles d’autant plus aigus., que leurs pentes font
plus rapides. Je le répète : les prolongemens des
diverfes têtes ou collines qui bordent les deux
bords du vallon de la Cance, s’étendent vers leurs
ouvertures, & les coupures latérales s y font faites
de manière que ces rivières principales peuvent
recevoir des ruiffeaux dont la marche eft dirigée
vers ces débouchés.
Les ruiffeaux ou rivières latérales qui tombent
dans les rivières principales de Cance & de Diaume
par des vallons aufli approfondis, au point de
leur affluence, que les vallées des rivières principales
, pourvu que ces rivières aient des cours un
peu étendus. En cônféquence , ces vallons ont été
débar rafles , à leurs embouchures, de tous les
dépôts qui s’y feroient formes, >
Il paroît qu’ en général les bords efearpés de la
rivière d‘Annonay ont des pentes de foixante &
quinze degrés. Quant à celles des plans inclinés,
elles varient considérablement, & il eft aifé de
voir que les pentes anciennes & primitives font
plus alongées & moins rapides que les fecondaires.
Au refte, je dois dire que la rapidité de i’eau a
efearpé beaucoup, & raccourci les ofdllations en
enlevant les dépôts.
Sur les bords des vallées de la Cance & de U
Diaume, on rencontre plufieurs trapézoëdres ou
cubes de gianits encore empilés dans leur ancienne
difpofition , que j’ ai annoncée ci-deffus
comme une fuite de la defliccation. Plufieurs de
ces blocs fe défafftmblent à mefure que leurs bafes
fe détruifent ; aufli tombent-ils chaque jour dans
le fond des vallées, ou bien on. les enlève Iorfque
le befoin de conftruire les fait débiter.
O11 voie par-là qu’on ne poürroit obtenir de
ces granits cfans les carrières, s’ il n’ y avoît pas de
ces fentes de defliccation multipliées, qui ont
divifé les maffes graniteufes en quartiers de volumes
plus ou moins confidérables, fuivant le grain
& les formes des criftaux de feld-fpath ou de quartz
qui fervent à la compofîtion des granits.
J’ai vu un fort grand nombre de ces quartiers
roulés & à moitié dégroflis à l’ouverture des vallées
latérales de la Cance. G’eft aux environs dé
ces confluences que j’ai eu aufli occafion d'ob-
ferver des ravines qui commencent à s’ébaucher,
& d’autres un peu approfondies , mais qui ne donnent
de l’eau que lors des pluies. Il feroit nécef-
faire qu’ elles fuffent plus profondes pour en donner
par un cours continuel.
Comme la vallée qui conduit de Saint-Bonnet
à Annonay eft très-intéreffante , j’ ai cru devoir en
joindre la defeription à celle de la Cance & de la
Diaume. Cette vajlée eft longue, étroite & très-
approfondie. D’ailleurs, les vallons latéraux qui
s’ y réunifient, m’ont paru dignes d’attention, parce
qu’ils offrent de toutes parts des croupes d’une
pente très-rapide, & qui ont plus de foixante
degrés d’inclinaifon. J’ai remarqué d’ailleurs qu’ un
très-grand nombre affluoient à angles droits , mais
que d’ autres, dont la pente étoit dirigée vers l’ex-
trémiréinférieure de la vallée principale, s’abou-
choient à angles aigus.
Au moyen de cette diftribution des vallons &
des ruiffeaux qui y coulent, leurs fubdivifions font
beaucoup plus nombreufes du côté du grand fom-
met où la vallée principale a fon origine, & en
même tems plus alongées que du côté où cette
vallée fe termine.
Dans tout ce fyftème de vallons latéraux, plufieurs
font très-approfondis, mais la plupart ravi-
! noient beaucoup, & jufqu’à la moitié de la profondeur
des premiers j enfin , il y a des ébauches
de ravines avec des coupures fans eau. Les deux
premiers ordres d’approfondiffement donnent des
ruiffeaux, & ce qui a l’air de fources dans cette
montagne graniceufe , fort toujours d’ un cul-de-
fac de vallons recouverts de terre. Ces amas de
débris recueillent les eaux de plufieurs fources ,
outre celles qui font à découvert, & qui verfent
à l’ordinaire les eaux d’imbibition. Ces mafles de
granit, abreuvées &creufées par les eaux, fe décompofent
beaucoup î aufli les croupes de tous