
de leurs embouchures, ce qui a formé les baies ;
en fécond lieu , comment elles y ont voiture &
dépofé des terres, ce qui a conftitué quelques
caps plus ou moins avancés.
J'y vois donc comme baies principales, celles
de la Mobile , de Panfacola , de Santa-Maria, de
Saint - André , de Saint - Jofeph , à* Ap a lâche , dit
Saint-Efprit & de Carlos. ,
Quant aux caps , j'indiquerai la Pointe de la
Mobile , le cap à'Efcondido 3 la Pointe de la Floride,
celle de Sainte-Lucie & le cap de Cagnaveral.
On a beaucoup parlé de l'air & du climat de
ces provinces > mais il paroît que l'air des Florides
eft pur & fain. On peut en juger d’après la taille5
la vigueur- & la longue vie des Indiens de cette
colonie, qui à cet égard furpaffent de beaucoup
leurs voifins les Mexicains.
Si nous paffons maintenant au f o l , aux productions
& à Yafpett du pays, nous trouverons que la
Floride orientale près de la mer, & jufqu’à treize
lieues de la côte , eft plate & fablapneufe. Mais
il s’en faut de beaucoup que les environs de Saint-
Auguftin , qui félon toutes les apparences font
les plus mauvais terrains du pays, foient infertiles. 1
lis produifent deux moi ffons de maïs par an. Les
légumes y viennent très-beaux. Les orangers &
les citronniers y croiffent fans culture, & ‘produi-
fent de meilleurs fruits qu’en Efpagne & en_Por-
tugal. L'intérieur du pays près des montagnes eft
extrêmement riche & fertile en productions j il
produit prefque fans culture les fruits , les végétaux
& les gommes qu’on récolte dans la Géorgie.
C'eft même une contrée également favorable à
toutes les plantes qu'on y a tranfportées d'Europe.
C e pays produit outre cela du r iz ,d e l'indigo,
de la cochenille , des améthyftes, des turquoifes,
du lapis, du cuivre, du vif-argent, du charbon
de terre & du fer : on trouve aufTi de l'ambre gris
& des perles fur les côtes de la Floride.
Cette contrée abonde en bois de chênes, en
noyers , en lentifques , d’ où l’on tire un maftic
blanc & rouge j en ifs , en pins, en cèdres , en
palmiers & en cerifiers, dont ies fruits font délicats
5 en bois de Campêche & de faffafraz.
Les forêts font pleines de bêtes féroces, telles>
que les ours , les chats fauvages : on y trouve auflï
des caftors, & c .
On y récolte beaucoup de coton, d’excellentes
figues , de l’ambre, du fel: il y croît de l ’acajou,
& le fol donne de l ’ambre & du fel.
La Floride orientale & la péninfule font habi tées
par les Indiens qu'on nomme Apalackes , nation
fauvage.
Penjdcola , capitale de la Floride occidentale ,
eft fituée dans la baie du même nom, fur un rivage
fablonneux: il n’ y peut aborder que de petits vaif-
feaux. Sa rade eft une des meilleures de tout le
golfe ; car les vaiffeaux y font à l’abri de tout
vent par les terres élevées qui l’ entourent.
Saint-Auguftin eft la capitale de la Floride orientaie.
A l’entrée de fon port, il y a des brifans du
nord &: du fud , qui offrent deux canaux dont les
barres , à baffes marées , n’ont pas plus de huit
pieds d'eau.
V I . LOUISIANE.
Cette province confine au fud avec le golfe du
Mexique, au nord avec la rivière des Illinois & le
territoire de ces fauvages, à l’oueft avec le Nouveau
Mexique & la Nou vefle-Efpagne.
Les différentes rivières qui l’arrolent rendent le
pays extrêmement fertile, ainfi que les prairies
qu'on y trouve : il.y en a qui donnent quatre récoltes
par an. On n'y diftingue l’hiver que par
l'abondance des pluies. Tous les arbres à fruits
d'Europe y viennent abondamment. Le cèdre y
diftille une réfine odoriférante, & le cotonnier
y vient très-haut. Il y a auflï une grande quantité
de gibier , d’oifeaux & de troupeaux répandus
dans les prairies. Le climat en eft très-agréable &
très -doux. Le coton, le b lé , l’anis & le riz font
des productions que le commerce exporte en
grande quantité : il en eft de même des .peaux en
vert & des cuirs tannés*
Au refte , nous renvoyons aux articles Louisiane
&: Florides pour un plus grand développement
de tous ces objets ; cependant nous ajouterons
ici quelques détails fur la Louifiane.
Lorfque la Louifiane appartenoit aux Français,
elle s'étendoit fur les deux rives du Mifliflïpi à
i'eft & à lo u e ft, fans aucune limite déterminée ,
& depuis l’embouchure du fleuve jufqu'à la rivière
des Illinois.
Ce pays eft coupé par un grand nombre de
belles rivières , parmi lefquelles on diftingue celle
de Saint-François, dont le cours, prefque parallèle
à celui du Miffiffipi, dans lequel elle fe jette
au fort Ivappas, eft navigable dans un efpace d’environ
cent lieues ; Le Natchitochès, qui fe jette
dans le Miffiffipi au deffus de la pointe Coupée ;
la rivière mexicaine o,u Adayes, qui fe jette dans
le golfe du Mexique , & enfin la rivière Rouge,
fur les bords de laque le il exifte des mines d’argent,
auflï riches qu’il y en ait dans tout le Mexique.
On fuppofe que c'eft principalement par
cette raifon que l'Elpagne a tant infifté pour avoir
la navigation exclufive-du Miffiffipi.
La Nouvehe-Orléans, capitale de la Louifiane,
,eft fituée fur la rive orientale du Miffiffipi, à
trente-cinq lieues de fon embouchure, & fous le
30e. degré 1 minutes de latitude feptentrionale.
Avant 1788 , la Nouvelle-Orléans contenoit onze
cents maifons. Dans l'efpace de cinq heures, les
-fept huitièmes de ces mâifons furent confumés le
19 mars 1788. La ville a été rebâtie , & elle Fa
du être très - promptement, car les avantages de
fa fituation font très-grands. L’ air y eft fain , &
les terres des environs font très - fertiles. Sept
jours de navigation fuffifent pour faire le trajet
de la Nouvelle - Orléans à Mexico ou aux îles
françaifes, anglaifes & efpagnoles du golfe du
Mexique. Enfin , cette ville a la perfpeétive certaine
de devenir l'entrepôt des productions de ces
contrées riches & étendues qui bordent le Miffifl-
fipi & l ’Ohio : c'en eft affez pour lui affluer dans
l’avenir une grande importance comme centre
d'un grand commerce.
La Louifiane eft fituée fur les limites de la
grande chaleur & du grand froid. Ses parties méridionales,
rafraîchies par les vents de mer, ne
font jamais brûlantes comme les pays fitués en
Afrique à même latitude. Ses parties feptentrio-
nales font beaucoup plus froides que les pays de
l'Europe , fitués fous les mêmes parallèles.
Pour juger des productions que l'on peut attendre
dé'la Louifiane lorfqu'elié fera cultivée,
il faut confidérer qu'elle eft fous les mêmes
latitudes que l'Egypte , l’Arabie heureufe , la
Perfe, l’Indoftan, la Chine & le Japon. Chacun
de ces pays a été fameux par fon extrême fertilité
& pour fes richeffes, quoique la Chine foit la
feule de ces grandes contrées qui ait un gouvernement
paffable. On peut recueillir dans la Louifiane
deux récoltes de maïs par an , & toutes les
fortes de grains poffibles en abondance. Les bois
de conftruétion y font auflï beaux que dans aucun
pays de l’Amérique. Le chêne , le frêne, le mûrier,
le noyer, le cerifier, le cyprès & le cèdre y
forment des forêts nômbreufes: Dans tout le voi-
finage du Miffiffipi, on recueille d’excellens fruits
& fort variés. Le fol y eft extrêmement propre au
chanvre , au lin & au tabac 5 enfin, l’indigo s’y
coupe trois à quatre fois par an. En un mot ,
toutes les productions recherchées des climats
& des terres les plus riches appartiennent naturellement
à cette grande contrée.
Le Miffiffipi & de grands lacs donnent abondamment
les meilleurs poiffons, parmi îefquels on
diftingue J a perche , le brochet, l'efturgeon &
l'anguille. On remarque fur la rive droite du Mif-
fiflïpi, à quatorze lieues au fud de l'embouchure
de l’O h io , un établiffement nouveau fait par le
colonel Morgan, Américain.
Une ville fous le nom de la Nouvelle - Madrid
fe conftruit fur un efpace de quatre milles dans
un fens, & de deux milles dans un autre. Elle fe
trouve coupée par un lac profond & par une eau
courante qui fe décharge dans le Miffiffipi. Les
bords de ce lac, nommé Sainte-Anne, font élevés
& agréables ; le fond eft garni de fable & fes eaux
font très-poiffonneufes*Sur les deux bords de ce
beau lac on a tracé des rues de cent pieds de large ,
& la route qui doit faire le tour du lac doit avoir
la même largeur. Une autre rue eft tracée fur les
bords du M ffiflipi-, à cent vingt pieds de largeur,
& on laiffe fubfifter les arbres qui la bordent.
Dans Je centre de la ville font réfervés douze
acres pour une promenade publique : vingt acres
divifés en quatre lots, font deftinés aux particulier
« pour divers ufages 5 enfin, le gouvernement
efpagnol conferve un lot de douze acres. .
La Nouvelle - Madrid paroît deftinée , par fa
fituation & fes privilèges, à devenir le principal
marché de toute la partie occidentale des Etats-
Unis d’Amérique, à moins que l’Efpagne n’ouvrît
aux Américains la navigation du Miffiffipi fans ref-
tri&ion. Dans tous les cas, & lors même que cetre
navigation feroit ouverte, la Nouvelle-Madrid
doit toujours être une place d’ un grand commerce :
elle fera naturellement le dépôt des principales
produdions fournies par les contrées voifines du
Miffiflipi, dé la rivière des Illinois , de l’Ohio &
de toutes les rivières qui fe jettent dans celle-ci.
Si les négocians trouvent à former dans ce centre
toutes leurs cargaifons de retour ou d'exportation,
ils y trouveront le grand avantage d'éviter la longue
navigatioD'du Miffiffipi, & feront difpenfés de
le defcendre jufqu'à la Nouvelle-Orléans.
Le pays voifin de la Nouvelle-Madrid eft, fui—
vant l'opinion générale, d'une fertilité qui tient
du prodige. I) produit des arbres d’une beauté
extraordinaire. Dans les parties baffes il y a d'é,-
normes cyprès. On y trouve parmi ces forêts , de
grandes étendues de prairies formées par la nature,
& où l'herbe eft fort abondante. On doit juger
facilement quelles reffources on rencontre dans
cette contrée.
Ces mêmes terrains, pour peu qu’ils foient cultivés
, donnent de fortes récoltes en b lé , en orge ,
en maïs, enfin, en chanvre & en tabac. Le climat
en eft très-fajn , & il eft également propre à
porter les meilleurs fruits à leur maturité. Les
mines de fer,de plomb & de fel fe trouvent dans
le voifinage de la Nouvelle-Madrid. Les bords du
Miffiffipi, dans les environs de cette v ille , font
garnis de roches calcaires y & enfin dans un efpace
de huit lieues de large, depuis la Nouvelle-Madrid
jufqu’à la rivière de Saint-François, on rencontre
des pays fecs & fertiles.
On a cru jufqu'à préfent-que les citoyens des
Etats-Unis , qui alloient former des établiffemens
au-delà du Miffiflipi , étoient perdus pour leur
patrie. Mais il eft aifé de fe convaincre , d’après
les détails précédens, que c’eft une erreur. Les
nouveaux établiffemens qui fe feront dans la Louifiane
, feront compotes en grande partie d’Américains
: ils y porteront leurs moeurs , leurs habitudes
, leur induftrie , & furtout l’efprit de liberté
qui les anime. L'exercice de leur religion leur
fera confervé , & ils feront leurs lois & leurs
réglemens de police intérieure & de commerce-
Quoique fujets du Roi d’Efpagne ou de la République
françaife, ils feront toujours Américains ,
& ils jouiront en revanche des grands avantages
du commerce qu'ils partageront avec les Etats-
Unis, Enfin , la Nouvelle-Madrid peut former en
particulier un point de réunion pour LE fp agne ou
la France & la République américaine. Les relations
réciproquement avantageufes qui fe forme