
•qui font compofés de fédimens foumarins , Ôe qu’ils
ne leur aient fervi de bafe.
Par ce que nous connoiffons de Y ancienne terrey
te en attendant que nous en ayons acquis une con-
noiffance plus precife par les moyens que nous offre
la géographie-phylique, il paroît que la terre,
avant d’avoir été couverte par les eaux de .la mer
dans certaines parties feulement,. étoit irrégulièrement
hériffée d’afpérités, de profondeurs &
d'inégalités enfin femblables à celles que nous pouvons
iuivre deffus te deffous les dépôts de la mer,
ui, en les recouvrant, doivent les avoir laiffées
ans leurs formes premières.
Pour peu qu'on juge de ces afpérités par les
différentes inégalités du globe & les plus grandes
éminences apparentes, on voit qu’elles exiftoienc
furtout d’une manière plus marquée fous l’équateur
& entre les tropiques j car c’eft là qu’on
trouve les plus hautes montagnes &r les mers les
plus entrecoupées d’iles & de prefqu’îles, à Ja vue
defquélles il eft évident que, dès l'origine des
choies, cette partie du globe préfentoit les plus
grandes inégalités.
On doit croire d’ailleurs que la terre préfenta
d’abord, outre les profondeurs où les eaux réfi-
dent en grande partie , les premières afpérités qui
forment aujourd’hui un grand nombre de noyaux
de nos plus hautes montagnes : celles qui étoient
moins élevées, ayant été recouvertes par les fédimens
des eaux te par les débris des productions
marines , ne font pas aufli clairement connues
que les premières. C’eft ainfi que l’on trouve fou-
vent des bancs calcaires au deffus des rochers de
granits te des autres maffes graniteufes , au lieu
que l’on ne voit pas des maffes de granits au deffus
des bancs calcaires.
On peut donc aflurer, même avant la confé-
uence générale que nous ferons en droit de tirer
es opérations dirigées d’après les principes de la
géographie-phylique, que la roche intérieure du
globe eft continue avec des éminences hautes ou
baffes qui fe trouvent de la même nature que cette
roche , c’eft-à-dire, de matières .graniteufes , car
ces éminences font maffe avec le folide du globe}
elles n’en font même, à proprement parler, que
de très-petits prolongemens, dont les moins élevés,
je le répète, ont été recouverts par les dépôts
de la mer.
Ges différens détails femblent nous autorifer à
penfer que le travail que je propofe auroitle plus
grand fuccès, te nous donneroit une diftinétion
lumineufe des différens maflifs que nons avons indiqués
ci-deffus ; mais les contrées indiquées par
"Buffon dans fa fécondé époque , fans cês moyens
ne donneront pas certainement les réfultats qu'il
en efpéroit. Buffon, qui n’a rien obfervé dans ce
genre, a mis ce qu’il imaginoit à la place de. ce
que l’obfervation , dirigée fur des principes certains
, devoir nous apprendre avec la plus grande
précifion.
La géographie-phylique doit donc s’attacher
d’abord aux limites avant que d’entrer dans l'examen
de l'intérieur des malfifs, dont il fera plus
facile de faite une étude particülière ; elle tracera
donc la diftinétion des granits à criftaux uniformément
diftribués, S t des granits rayés, St de
ceux-ci d’avec les talcites.
Cette même étude embrafferoit aufli les veines
St les gros filons de mines qui renferment les mentaux
, St qui fe trouvent dans les fentes qui fe font
faites dans ces maflifs à la fuite de la defliccation.
Il en eft réfuité que ces filons ont une,marche
réglée., dont les cartes pourront préfenter l'allure
à mefure que 'les fouilles les feront connoître aux
mineurs. Cette allure ne peut manquer de s’accorder
avec les maffes montueufes qui auront été
circonfcrites dans les cartes générales. C’eft d’après
cette énumération exaéte qu’on pourra prendre
des idées vraies fur la diftribution des différentes
fortes de métaux dans les différentes contrées de
Y ancienne terre , te reconnoître par ce dénombrement
s’il y a quelque régularité dans cette diftribution
, en conféquence de laquelle certaines
mines feroient affujetties à des latitudes .plus ou
moins éloignées de l’équateur : on verroit fi la
nature n’auroit pas afligné aux différens climats
du globe, les différens métaux. Ici l’obfervation
feroit bien détaillée, puifqu’elle feroit fondée
fur les travaux des mines j te d'ailleurs, les cartes
feroient bien exaétes, puifqu’ elles offriroient le
réfultat des opérations délicates & raifonnées des
mineurs.
Seconde considération. Vancienne terré n'ejl
pas un produit dùrfeu.
Un naturalifte célèbre, qui a montré l’ufage
te l’abus de la méthode des générali fat ions en
hiftoire naturelle , prétend que /’ancienne terre ne
préfente que des matières fondues ou criftallifées
dans le feu j mais cette affertion eft vifiblement
fauffe, i° . Les granits font compofés de trois
principes qui ont criftallifé en même tems. Quelle
circonftance prouvera que cette criftallifauon s’d l
opérée dans le feu ?
Je vois au contraire par expérience, que le granit
n’a pas été fournis à une grande chaleur, puisque,
fi on l’expofe à un feu peu confidérable, il
entre en fufion, te que fes trois principes fè
mêlent & reftent confondus. Pourquoi cette même
chaleur n’auroit-elle pas, après le refroidiffe-
ment, confondu de même ces trois principes dans
la première déflagration du globe, qui auroit formé
le maffif du granit, fuivant ce célèbre naturalifte
?
D’ailleurs, quels font les premiers élémens
qu’on affigne au granit, & qui, en paffant par le
feu, auroient produit les trois principes fi diftinéis
qui leconftituent? 11 faudroit, ce me femble,montrer
ces élémejis te en faire voir un réfultat.pareil
au granit. Je trouve en général que cette vue eft
trop peu réfléchie & contraire aux expériences
les plus Amples, te même aux observations : nous
voyons que le feu, en fondant les granits, a confondu
les principes j qu’il peut fondre le feld-fpath
en épargnant le quartz, mais que le quartz eft
infufible.
Quel feu auroit pu fondre le quartz ? Ne feroit-
il pas le réfultat de quelque mélange^ dont les
parties n’auroient pas été aufli difficiles à fondre ?
Il faudroit enfin décider fi le quartz étoit dans le
granit une production de pierre porafite, ou d’une
formation primitive te parallèle aux autres prin- ;
cipes. Quoi qu’il en fo it,le quartz n’eft pas une i
production du feu , non plus que le feld-fpath ni !
le mica : une production du feu ne fera jamais ces
aflbciations aujfi confiantes des trois principes dont
nous avons parlé.
11 faudroit qu’il n’y eût dans le globe qu’une i
fubftance homogène, telle que le principe quart- ;
zeux : il s’en faut bien que l'ancienne terre en foit i
compofée. Il n’y a de fables quartzeux , que le
réfultat du lavage des eaux qui les ont féparés des :
autres principes moins pefans te plus aifés à tranf- ■
porter.
-Troisième considération fur les limites de
L'ancienne terre & de la nouvelle.
Après qu’on fera parvenu à tracer les limites de
l'ancienne & de la nouvelle terre , il ne faudra pas
en conféquence attribuer à la feule nouvelle terre
des phénomènes qui feront dans l’enceinte qu’on
lui aura reconnue : par exemple-, les eaux chaudes,
les charbons de terre , les mines , &c. 11 eft important
de fe fotfvenir que l'ancienne terre fert de
bafe à la nouvelle, & que'le long des limites la
nouvelle terre ayant peu de profondeur, les phénomènes
propres à l'ancienne terre peuvent percer
une croûte peu épaiffe de la fuperficie de la nouvelle
, te fe montrer à la furface de cette nouvelle
terre. On voit dans ces circonftances la nécef-
fité de confuher , autant qu’il eft poflible , les
fouilles, foit naturelles des vallons, foit artificielles
des mines te des puits , qui peuvent éclairer
fur ces. circonftances. On lent? bien qu’on
n’a pas befoin de ces précautions dans l'ancienne
terre : les phénomènes qui paroiffent dans fon enceinte
bien fixée, ne peuvent en aucune forte
être foupçonnés appartenir à la nouvelle, puifqu’elles
ne fe trouvent pas fous P ancienne , mais
feulement deffus. Cette obfervation eft très-inté-
reffante , te l ’on trouvera fouvent des occafiofts
de l’appliquer utilement ; elle épargnera bien pour
lors des affertions hafardées, te des erreurs dont
les conféquences feroient très-défavantageufes
dans bien des cas. Par exemple, fi l’on a reconnu
la direétion d’un filon de mine de charbon , on
n’oferoit, d’après le faux principe que je combats
, hafarder- des fouilles au milieu des couches
calcaires en s’alignant fur l’allure de ce filon.
Cependant il y a des exemples de grands fuccès
dans ce genre même les mines de charbon de
terre des environs de Valenciennes font recouvertes
par une fuite de couches horizontales de
marnes te de pierres calcaires, &c. qu’on a per-,
cées pour aller chercher deffous les mines les
plus abondantes que nous ayons.
Onconcluroit aufli.fauffement, en voyant Vichi
& fes environs, que les eaux chaudes fe trouvent
indiftinétement dans la nouvelle comme dans
cienne terre. On ne feroit pas attention que Vichi
étant très-près de ces limites, il eff probable
que le fol intérieur, d’où fartent ces fources fi
chaudes, appartient à la partie fehifteufe de l ancienne
terre, recouverte par les dépôts calcaires
qui paroiffent à la furface de la plaine de Vichi,
te les obfervations confirmeront fans peine ce
raifonnement.
Q u a t r i è m e c o n s i d é r a t i o n fu r - l a difpofition
relative de l'ancienne & de la moyenne terre.
Il feroit important de fuivre bien exactement
les limites de la moyenne terre comme celle de
l'ancienne , pour apprécier, par cet examen , les
deftruétions que ces maflifs ont éprouvées fur ces
limites : on y verroit aufli d’étendue immenfe des
rempliffages qui fe font faits depuis avec le$ matériaux
de nature differente, te difpofés par couches
horizontales eomme dans la nouvelle terre, Les réfultats
de ces recherches nous feroient connoître
probablement quelques révolutions que nous ne
foupçonnons guère, parce que l’on n’a pas penfé
jufqu’à préfent à ces deftruétions qui font maf-
quées par les dépôts poftérieurs , vu qu’elles font
! peu apparentes j mais elles n’en font pas moins
I précieufes fi l’on veut avoir une hiftoire com-
j.plète des opérations de la natuye. La bordure
; orientale te feptentrionale des Pyrénées me pa-
! rpît devoir fournir de grandes facilités pour faire
ces obfervations & en tirer tout l’avantage que
j’ai indiqué ci-deffus. Les dépôts littoraux y font
aufli fort aifés à reconnôître , te leur diftribution
dans les vides des deftruétions très^vifibles, ainfi
que les bafes anciennes , qui font des granits fur
lefquels ces dépôts font aflis, qu’ils ont laiffés à
découvert par une nouvelle deftruétion. Je you-
drois bien faire une carte d’après ce plan d’obfer-
vations, te je crois qu’elle feroit facile à exécuter.
On s’affureroit peut-être par toutes ces recherches
, qu’autrefois, comme à préfent, la mer a détruit
le long de fes côtes , te que les matériaux
de ces deftruétions, joints à ceux qu’ont voiturés-,
dans fon baflin, les eaux torrentielles des parties
découvertes, ont formé les couches littorales
redétruites depuis encore.
Peut-être enfin trouveroit-on des preuves que
ces deftruétions ne font pas feulement l’effet de
la mer dans les golfes anciens, mais l’ouvrage conv