
donne auffi une 'poterie de grès. Ce font les fontaines
dont on fe ferc à Paris.
Celle de Gournay, à lïx lieues de Rouen, eft
d'un gris-brun5 .elle devient rouffe en cuifant, &.
acquiert une grande dureté au feu.
Les environs -de Montereau font remplis de
bancs argiles excellentes & très-réfraétaires.
Les environs mêmes de Paris abondent en couches
à*argiles couleur d’ardoife, dont on fait de
gros ouvrages de poterie. Nous allons joindre ici
l'énumération de ces diftérens amas, avec le précis
des qualités que leur ont trouvées les chimiftes
qui en ont fait différens effais au feu de leurs
fourneaux.
Argile de Çonfiantinople.
Argile brune-jaunâtre de Conftantinople, avec
laquelle on fabrique des têtes de pipe rouge : la
cuiffon lui communique cette belle couleur.
Terres bolaires argileufes.
On donne le nom de terres bolaires à des argiles
très-fines, colorées par des oxides de fer.
On les appelle auffi terres (îgi liées, parce qu’on y
imprimoit une empreinte de certains cachets.
Terres de Bouccaro ou d' AIkarajfas.
Cette argile fe trouve en Portugal, près àlEx-
tremos, dans YAlentejo. Elle acquiert au feu une
belle couleur rouge, & l'on èn fait des vafes
propres à rafraîchir les liqueurs. On fabrique auffi
en Efpagne, dans l ’Andaloufie , des vaiffeaux qui
ont la même propriété , mais avec une argile qui
par fa cuiffon acquiert une couleur grife. On en
trou ve'des amas abondans à Andujar. ( Voyeç l 3 article
Andalousie. )
Terre dé Patna.
C ’eft une terre bolaire qu’on trouve près de la
ville de Patna , ' fur le bord oriental du Gange.
Elle eft d’une couleur jaunâtre : on en fait des
vafes très-légers & très-élégans.
Terre a pipe.
Ç ’ eft une argile blanche, dont on fait des pipes
en Hollande, ou cette poterie blanche connue
fous le nom de terre anglaife. Cette terre fe tire
des environs de Rouen , deNamur, de Cologne.
Terres a foulon. %
La plus célèbre eft celle de Hampfchire en Angleterre.
Il y en- a plufieurs autres en France,
mais qui ne font connues qu’aux environs des fabriques
qù l’on- en fait ufage.
Comme lés variétés des argiles dépendent de
divers mélanges de terres, de fables & d’oxides
de. fer, on ne peut détailler ici tous leurs diflé-
rens amas.
Je terminerai ces diverfes confidérations fur
Y argile, par l ’examen comparé de la difpofîtion
des traüus argileux, que j’ai eu. de fréquentes!Oc-
cafions d’obferver, furtout dans le département de
l ’Aube & dans les contrées limitrophes des dé-
partemens de la Marne, de la Haute-Marne & de
l'Yonne : j’y ai joint la defcription de deux autres
maffifs, celui de la bordure orientale de la craie
qui fe montre en Champagne, & celui de la pierre
à chaux coquillière, au milieu defquels ces traâus
argileux figurent d’une manière fort intéreffante.
J’ai fuivi avec grand foin la bordure orientale
de la craie, qui, étant à découvert, eft très-aifée
à diftinguer des autres fubftances pierreufes 8c ter-
reufes j j’ai cru q u e p a r ce double examen, je
pourrois prendre une idée jufte de la difpoiîtion
des maffifs qui fe montrent à la fuperficie de la
terre dans ces contrées, & particuliérement dans
les pays affe&és à la nouvelle terre.
Une des circonftances les plus remarquables que
j’aie eu lieu d’obferver le long de cette bordure de
la craie , c ’eft qu’elle dominoit fur toutes les parties
qui formoient fa limite extérieure , & qu’elle
fe terminoit par une coupure très-efcarpée 8c fort
nette, au pied de laquelle s’appuyoient les différens
amas de la bande argileufe, qui avoit environ
une lieue âc demie 8c deux lieues de largeur.
J’ai Vu en même temsqu'au-delà de cette bande
fe trouvoit, dans une direction parallèle à la craie
8c à \argiley un maffif de pierres coquillièrés, dans
lequel les huîtres dominoient, tant par leur nomb
re, que par leurs formes infiniment variées.
Je le répète : c’eft dans l ’intervalle de deux
maffifs de craie & de pieîres coquillièrés que s’ob-
fervent les amas d'argile que j’ai fui vis depuis la
vallée de la Seine, aux environs de Fouchères , au
deffus de la ville de Troyes, jufqu’à la vallée de
la Marne, au-delà de Saint-Dizier & d u Perthoisj
& les feules interruptions que j’ai remarquées dans
ces amas , m’ont paru les effets plus ou moins
étendus, tant des rivières principales que fecon-
daires & latérales, dont les. eaux , la plupart du
tems torrentielles, ont entamé à plufieurs reprifes
ces amas de terres mobiles, très-faciles à détruire.
Outre cela, e’ eft par l’a&ion que les eaux delà
Marne, de la Blaife , de la V o ire , de l’Aube,
de la Barfe > de la Seine ont exercée fur la tête
de la bordure de la craie | qu’elles ont efcarpé ce
maffif d’une manière auffi remarquable, mais, encore,
comme nous l'avons vu , qu’elles ont enlevé
une grande partie des fables & des argiles qui ©c-
cupoient l'intervalle entre les deux bandes de craie
& de pierres coquillièrés.
C'eft dans le cours de ces obfervations, que
j’ai rencontré de grands amas d'argiles fur. les-limites
du Perthois, à V a ffy , à Sommevoire, à
Soulaines,
^Soulaines, à Vil le-au-Bois, à Eclance, à T tanne,
à Àmance, à Vendoeuvre, a Biiel , à Vilîÿ en
Trod e, à Brienne-ie-Château, à Rofnay, à Fou-
chères., à Breviande, quelques lieues au deffus de
T royes.
Après qu’on a trayerfé la vallée de l’Aube , on
retrouve la bande argileufe aux environs de Ville-
Hardouin , de Brantigny * de Roffon, &c. j 8c
comme cet examen conduit aux vallées de, la
Barfe 8c de la Seine, où l'on rencontre de nombreux
amas de glaife 8c d 3 argile y je les ai déjà indiqués
à Saint-Thibaut, à Saint-Jean-de-Bonné-
vaf, à Saint-Phal, & ils fe continuent par Ervi 8c
Saint-Florentin.
J'ai dit que cette bande argileufe fe trouvoit
entre la craie 8c la pierre,dure coquillière , qui
renferme des huîtres, des nautilites, des cornes-
d’ammon , des villes , & c .
Cette diftinétion des trois maffifs , dont je viens
de tracer une efquiffe 8c de marquer les giffe-
mens, s’annonce par des caractères crès-frappans,
-8c qu’ on peut fuivre avec la moindre attention. -
D’abord le maffif de craie eft fort facile 4,1e-
connoître partout où il fe montre, car fes limites
font fort élevées 8c tranchées net, 8c efcarpées,
à côté des maffes limitrophes.
Ces maffes font furtout partie de la bande ar-\
gileûfe qui accompagne la craie dans toute fon
allure. On trouve au milieu de cette bande argi-
leufe des os d’animaux marins , des huîtres dif-
perfées, de même efpèce que celles qui font
engagées dans les roches de pierres à chaux avec
les autres coquilles de Vantas. Effectivement, cet
amas, outre les huîtres de différentes efpèces,
renferme des bélemnites , des cornes-d’ammon ,
des nautilites d’ un gros volume, des gryphites,
des viffes plates 8c à double fpirale. Ce font fur-
tout les débris des groffes huîtres avec les petites,
qui ont fèrvi à la formation de la roche calcaire
dans toute l’étendue qu’occupe <e ma f if , lequel
fert de limite à la bande argileufe qui m’occupe ici
particuliérement. J’ai reconnu 8c fuivi cé maffif
8c fon amas depuis le Morvan jufqu’aux environs
de Rethel. 11 paffe à Chaource, à Fouchères,
.à Vandoeuvre, à Mataux, à Eclance, à Fuligny ,
à Soulaines , à-Sommevoire, à V a ffy , à Saint-
Dizier , 8c c . C ’eft auffi contre ce maffif que fe
trouve la bordure orientale de la bande argileufe,
qui a plus de deux cent cinquante pieds de profondeur
dans les endroits où elle a confervé fon
épaiffeur primitive. JeTe répète : cette bande argileufe
fe fuit toute raffembiée dans certaines vallées
fort nombreufes, où l’on a fait des étangs.
Cette bande argileufe a une largeur fort confi-
dérable, qui varie depuis deux jufqu’à trois lieues :
elle occupe conftamment l’ iutérvalle qui fe trouve
depuis la craie jufqü’ à la roche de pierre à chaux
coquillière.
Cette bordure offre des bois & des forêts d’ une
fort grande étendue : il y a dans cette bordure,
Géographie-Phyfique. Tome 11,
; des poteries, des tuileries, des briqueteries, parce
que Vargile qui en fait le fond eft d une très-
b o n n e qualité, & même en général cuit b l a n c i ce
qui annonce un certain degré de pureté.
Les étangs forment des fuites de baffins non
interrompus dans toute l’étendue qu occupe la
bande argileufe : ces étangs fe trouvent fur les
planches de.Troyes, de Châlons-fur-Marne 8c de
Reims. Je do.merai'le détail de ces amas d eaux
fédentaires dans la notice de chacune de ces
planches. Les indications de tous ces objets (ont
bien importantes lorfqu’on connoît toutes les circonftances
qui concourent non-feulement aux différentes
formes du terrain, mais furtout à fa conf-
titution phylique ; car ces deux confidérations
doivent être préfentées dans l’examen général des
maffifs de la craie, de la bande.argileufe, & enfin
de l’amas des huîtres , des bélemnites, des nautilites
, des gryphites, 8cc. Ceci ne peut offrir
qu’un enfemble intéreffant, où l’on pourra prendre
une idée des maffifs,qu’on rencontre à la fur ta ce
de la terre, de la régularité 8c de la correfpondance
de leurs limites. On y trouvera la folution de deux
ou trois problèmes qui n’ont pas encore été discutés
comme ils méritent, & par conféquent ré-
folus, parce qu’aucun naturalise ne nous a pré-
fenté fur ces traélus les vues que leur examen
comparé de voit faire naître naturellement, que
la bande argileufe m’a donné lieu de difcuter. ici ,
&.que je me propofe de développer encore par
la fuite en traitant de la bordure orientale de la
craie. ( V^oye^ C r a i e d e C h a m p a g n e . )
ARGONNE , contrée 8c forêt fort importante.
Le pays & Argonne s’étendoit, partie dans la Champagne,
8c partie dans le Barrois, entre la Meufe,
la Marne & l’Oife. Il avoit environ vingt-deux
lieues de longueur, fur unejargeur fort inégale j
il occupoit depuis Beaumont, frontière de Ta ci-
devant principauté'de Sédan, jufqu’aux limites
méridionales au Clermontois, qui en faifoit partie.
Ce pays eft rempli de bois, 8c c’eft ce qu’ on
appelle la forêt d3 Argonne. Il y a dans cette foret des
vides où font bâtis des villages 8c des villes , & où
les habitans de ces cantons cultivent avec le plus
grand foin le terrain des environs. Les bêtes fauves,
dont les bois de ces contrées font remplis, causent
ordinairement aux campagnes des dommages
confîdérables; auffi les habitans du pays d3 Argonne
n’ont pas de meilleure reffource que le commerce
qu’ ils font du bétail qu’ils nourriffènt & du bois
qu'ils coupent, qu’ ils travaillent, 8c qu’ils envoient
dans les contrées voifines.
A r g o n n e ( f o r ê t d’ )> e lle a e n v i r o n 15T77 mèt
r e s d e lo n g u e u r , fu r 7401 m è t r e s d e la r g eu r .
ARGOW, pays de Suiffe, fur 13Aary d’où il tire
fon nom. Il forme la partie la plus feptent-rionale
du canton de Berne. En général, V Argow eft un
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