
loutres, & cent vingt petits, te outre cela dix-
neuf cents renards bleus, cinq raille fept cents
veaux marins-ourlins & treize cent dix de leurs
petits.
Les renards bleus abondoient effe&ivement
dans ces îles : ils y étoient apportés par les glaces,
& d'ailleurs ils y multiplioient conndérablement.
La variété bleue eft en général dix fois plus nom-
breufe que la blanche, & c’eft le contraire en
Sibérie. Ils fe nourriffent de tous les poiffons
morts que la marée porte & jette fur les rivages.
Les naturels de ces îles percent leur lèvre inférieure,
& y infèrent des dents taillées dans les os
de la vache marine : outre cela ils couvrent leurs
canots de la peau de ces animaux.
A une grande diftance du premier groupe en
eft un fécond. Tout ce que nous favons des îles
qui le compofent, c’ eft que ces féconds infulaires
reffemblent aux premiers. D’après le vatte trajet
de mer que Pallas place entre ces deux groupes,
le capitaine Cook eft pleinement difculpé d’avoir
omis dans fa carte le grand nombre d’ îles qui,
dans les cartes ruffes, forment une chaîne affez
fuivie depuis l’île Béring jufqu’ à la côte occidentale
de l’Amérique. Pallas ne paroît s’en être rapporté,
dans la diftinétion des groupes, qu’aux
preuves les plus authentiques. Ainfi Cook & Pallas
s’accordent en ce que l’on a , fans fondement,
multiplié ces îles par la méprife des aventuriers
navigateurs qui fe feront trompés dans ce compte,
pa.ee que, voyant la même île de différens points
de v u e , iis lui auront donné autant de fois des
noms différens.
Iles André. Viennent enfuite les Andrêa-
nofskies, ainfi nommées d'André Tolflyk, qui les
a découvertes en 1761, & par conféquent long-
tems après l’expédition de Béring & celle des
autres aventuriers dont nous avons parlé. La feule
particularité remarquable dont nous ait inftruit
André 3 c’eft qu’il y a plufieurs volcans enflammés
dans ces deux îles.
Iles du Renard. C e troifième groupe d’îles
tire fon nom de la grande quantité de renards
noirs, gris & rouges qui s’y font pris autrefois :
leurs peaux font mauvaifes & de peu de valeur.
Les naturels fe percent le nez & les lèvres, & y
infèrent des os pour leur fervir de parure. Parmi
les dernières îles de ce groupe eft celle d’Ouna*-
lafchciy qui a été vifitée par le capitaine Cook.
Elle eft fi voifine de la côte d’Amérique, qu’elle
peut à très-jufte titre paffer pour lui appartenir.
On a confidéré toutes ces îles , à mefure qu’ on
les a découvertes, comme les reftes de l’ancien
ifthme qui réuniffoit l'Afie à l’Amérique, & qui
a fervi à la population de ce dernier continent,
comme nous le ferons voir par la fuite à l’article
Amérique. ( Voye£ cet article & ceux d'Ouna-
lafchka , de Béring , Mednoi , Tfchutski.)
ALOUTI ANN.ES ou ALÉOUTES. Après avoir
fait connoître ces îles d’après les inftruétions que
j’ai pu tirer des voyages de Gmelin, de Pallas &
du capitaine Cook, je vais ajouter dans ce nouvel
article ce que le voyageur Sa-ver nous apprend de
la fuite de l’expédition du commodore Billings,
faite dans la mer d’Anadyr & fur les côtes fepten-
trionales de l’Amérique , depuis 1785 jufqu'en
*7 9 4 -
Nous trouvons d’abord l’ile Béring, qui eft
une des plus occidentales & qui a pris fon nom,
comme nous l’avons dit ci-deffus , du naufrage
qu’y fit ce capitaine en 1741- Cet événement l’a
rendue redoutable aux matelots, qui craignent
d’en approcher parce qu’ élle eft entourée de récifs
nombreux. On peut indiquer en particulier un rocher
détaché, & dont le giffement eft vis-à-vis la
pointe nord-oueft de l’île. La partie occidentale
de cette île éft couverte de montagnes ordinairement
chargées de neiges, & dont on ne peut
fouvent appercevoir les fommets, parce que, vu
leur élévation, ils font enveloppés d’épais brouillards
qui y flottent : la pointe feptentrionale eft
très-baffe j auffi les neiges n’y féjournent pas. Il
y a du côté de cette pointe deux baies où hivernent
les galiotes marchandes 5 mais il y a peu d’eau,
& l’entrée en eft dangereufe : d’ailleurs, elles font
expofées aux vents du nord. Chacune de ces baies
reçoit les eaux d’un ruiffeau dans lequel on trouve
des cailloux blancs & tranfparens. Quelquefois,
après des coups de vents du nord, la mer jette
fur la plage de cette île de petits fragmens de
mine de cuivre natif.
L‘île de Cuivre, qui eft plus à l’eft, eft mon-
tueufej elle git à vingt-fept milles au nord-eft, &
à foixante-cinq degrés de la pointe méridionale
de l’île Béring. Il y a beaucoup de rochers entre
ces deux îles : ils font vifiblement les reftes & les
preuves de leur ancienne union. Ces rochers font
en dthors de l’extrémité méridionale de chacune
de ces deux îles.
A la latitude de cinquante - trois degrés quarante
trois minutes nord ,& à la longitude de cènt
foixante-dix degrés douze fécondés e ft, les navigateurs
rencontrèrent une très - haute montagne
couverte de neiges, & qui reftoit à trente degrés
au fud-eft.
Enfuite vient l*île d’Attou, qui eft montueufe,
& dont les principaux fommets font couverts de
neiges : fon extrémité occidentale fe montre au
fud à foixante-un degrés eft de la pointe méridionale
de l’île Béring, à la diftance de deux
cent quinze milles. Plufieurs rocs détachés entourent
l'extrémité occidentale de cette î l e , &
dans la partie méridionale il y a de petites anfes
qui paroiflent être commodes, mais qui font expofées
aux vents du nord.
Agattou fe préfente enfuite. De l’eft d’Attou à
la pointe occidentale d’Agattou la diftance eft
de vingt mille?. La dire&ion d*Agatt<?u eft fud-eft quart :
quart eft : cette île s’étend à l’eft environ feize
railles. Il paroît qu’il y a également, dans cette
étendue, de petites anfes, mais que l’entrée en
eft. barrée par des récifs. La pointe occidentale
de l’île d‘Agattou eft fort baffe fur-le bord de la
mer $ mais elle s’élève graduellement dans l’intérieur
des terres, en forte qu’ à huit milles de
la pointe baffe paroiffoit une haute montagne dont
le Commet étoit caché aux navigateurs par des
nuages, ainfi que ceux des montagnes qui occu-
poient la partie orientale.
A dix milles aii nord d‘Agattou git la petite île
de Semitch'y & en dehors de fa pointe orientale eft
une autre île encore plus petite.
Bouldyr,eft au n’ord-cft, quatre-vingts degrés
.d’Agattou , & à la diftance de foixante-dix milles.
Cette île n’èft, à tout prendre, qu’un rocher ex-
ceffivement élevé, & dont le contour paroît ovale.
Elle a dix milles de diamètre du nord au fud, &
quatre milles de l’eft à Toueft. En dehors de fes
extrémités orientale & occidentale il y a beaucoup
de rochers, & ceux qui giffent vers l’oueft
.s’étendent à une diftance confidérable. Nous ne
pouvons-trop faire remarquer ces récifs comme
les ruines de l'ancien, état des chofes. S
Kiska paroît enfuite dans le fud-eft, ainfi qu’ un
îlot de rocher, à foixante-quatre degrés au fud-eft.
L ’extrémité feptentrionale de Kiska eft à l’eft de
l’extrémité méridionale de Bouldyr. Kiska d’ailleurs
s’étend dans une direction fud quart eft.
Il a vingt-fix milles de longueur, & eft terminé
par une pointe peu élevée. La plus grande largeur
de cette île eft de vingt milles. Il y a du côté
d eT eft quelques plaines, à côté defquelles on ap-
perçoit beaucoup de rochers. On détermina la
latitude de cette ile de cinquante-deux degrés
vingt-cinq minutes vingt fécondés, & fa longitude
de cent foixante-dix-fept degrés eft.
En fuivant la même ligne on apperçoit un
groupe d'îles, dont la plus confidérable eft indiquée
fous le nom de Sigoula, & eft à quatorze
milles à l’eft de Kiska,
Sigoula eft prefque ronde & a neuf mif.es de
circonférence.
Krijfey, fitué à peu près à la même diftance au
fud-eft de Kiska, eft petite & hérifféè de rochers.
Âmtchitka, qui vient enfuite, eft à environhukr
milles à l’eft-nord-eft de Krijfey, & s'étend à l’ eft
•dans un efpace d’environ foixante milles. Il a une
baie fort expofée aux vents du fud. Le côté fep-
tentrional ne peut être abordé que par des canots j
il eft bordé par un trop grand nombre d’îlots & de
rochers pour que les vaiffeaux ofent approcher.
En partant de la pointe orientale d*Amtchitka
& allant droit au nord, on trouve, à la diftance
de vingt-huit milles, file de Semi-Sopifchnoi, qui
a vingt-deux milles d’ étendue de l’eft à l’oueft.
Tanaga fe préfenta enfuite aux navigateurs,
d’abord fous la forme d’ une montagne très-élevée,
ftérile & en partie couverte de neige : c’étoit fon
Qéographie- Phyjique. Tome i l .
extrémité nord-oueft* Sa malle énorme & inégale
refi’embloit à un groupe de montagnes, dont l’une,
ayant la forme conique, s’élevoit à une exceflive
hauteur, & vomiffoit de tems en tems une fumée
fort épaiffe. Les divers fommets parurent chargés
de neiges qui, defeendant en avalanches jufqu’ à
m i-c ô te , les avoient noircies par une grande
quantité de cendres que les tourbillons de fumée
enlevoient & précipitoient à chaque inftant. Cette
montagne s’étend à huit milles vers le fud, & àfix:
milles vers l’eft quart nord. Au fud-fud-oueft de
l’ile , & à huit milles de la pointe nord-oueft, la
montagne eft terminée par un rocher très-avancé
qui forme un cap, & eft entourée de plufieurs
rocs détachés & fort aigus. ’
Gorelloi, volcan, eft oueft-nord-oueft, à la diftance
de vingt-deux milles du mouillage de Tanaga.
Sa bafe eft fort efcarpëe: fort étendue eft de
fix milles du nord au fud , & de trois milles de
l’eft à l’oueft : outre cela cette montagne fe trouve
au fud, quatre-vingts degrés eft de l ’île de Krijfey,
dont elle eft diftante de cent fept milles. On n’y
peut aborder du côté du fud qu’avec des canots ,
& feulement dans les tems calmes.
Nous avons décrit la partie nord-oueft de Ta»*
naga, jufqu’aux rochers aigus qui s’inclinent au fud-
fud-oueft dans un efpace de nuit milles. Ces radiers
font à l’extrémité feptentrionale du baflîn
où l’on jeta l’ancre , &r qui a environ deux milles
& demi de circonférence. A l’entrée du baflîn eft
une aiguade fort commode : cette petite baie n’ a
d’autre inconvénient que d’être expofée au vent
denord-oueft. De l’extrémité de la baie , la côte
s’incline à l’eft quart nord , jufqu’ à la diftance
de huit milles : eile eft baffe , tapiflèe de verdure,
& terminée par une pointe fablonneufe, au-delà de
laquelle l’île s’étend de quinze milles au fud quart-
oueft. Toute l’ïlê , à l’exception de la partie fèp-
tentrionale , eft baffe , & offre à fa furface quelques
petites collines au milieu defquelles font des
lacs d’eau douce.-C’eft dans cette partie que l’on
voit les demeures des indigènes : il y avoit des
huttes de terre qui renfermoient une vingtaine de
femmes , un petit nombre d’hommes , les uns &
les autres vieux & infirmes. Ce font ces vieillards,
avec quelques petits enfans, qui conftituent pré-
fentement la population de cette île. Tous les
hommes & femmes en état de travailler, & tous les
jeunes gens, ont été enlevés par Loukhanin & fe«
gens , qui en ont fait des chaffeurs d’amphibies.
Tanaga étoit autrefois très-bien peuplée , mais
les Rufles l’ont rendue prefque déferte par ces en-
lévemens , & ils eft ont fait autant dans toutes les
autres îles de l’oueft , que nous avons parcourues
ci-devant.
Les habitans de Tanaga s’habillent précifément
comme ceux d' Ounalajchka , mais leurs femmes
portent moins d’ornemensque celles de cette dernière
île ; ils parlent unedialeéte de la même langue
d’où eft dérivée celle des Ounalafchkans j cepen-
M na