
port à l’architetture navale , fi Ton peut employer
ce nom , excufe la négligence qu’on vient de leur
reprocher. Rienne démontre mieux leur induftrie,
que la conftruétion de leurs deux efpèces de pirogues
, qui j pour la propreté 8c le fini du travail,
Furpaffent tout ce que l’ on peut dire. Les outils
dont ils fe fervent, font de pierres, d’o s , de coquillages}
& lorfqu’on voit les ouvrages qui for-
tent de leurs mains , l’ on eft frappé d’admiration
pour l'habileté & la patience de l’ouvrier qui les
a faits.
L’Archipel, auquel le célèbre Cook a donné le
nom d'lies des Amis, fernble habité par une race
de peuples qui parlent le dialeéte de la mer du Sud,
& qui ont tous le même caractère. En général, ces
terres font bien peuplées. Tongataboo ou Amfterdam
eft prefqu’ un jardin continu. Eooa ou Middèlburg,
Annamooka eu Rotterdam 8c les îles adjacentes pa-
roilfent les plus fertiles, & l’on fera très^modéré
dans fes calculs fi l’on ne compte que deux cent
mille âmes fur toutes ces îles. La falubrité du climat
& des productions les préferve de ces maladies
intérieures fans nombre, dont nous fommes les
victimes, & ils n’ont aucun befoin qu’ ils ne puiffent
fatisfaire , parce qu’ils ont fa it, dans les arts &
dans la mufique , plus de progrès que les autres
nations de la mer du Sud : ils paflent leur tems d’ une
manière agréable, & ils fe recherchent les uns les
autres. Ils font aCtifs & induftrieux } mais à l’ égard
des étrangers, ils ont plus de politeffe que de cordialité.
Le goût particulier qu’ils ont pour le commerce
peut faire croire qu’ils ont fubftitué cette
civilité trompeufe à la place de la véritable amitié :
'"ilsSemblent agir d’après les principes mercenaires
8c intérefles qu’infpire le commerce. Cette partie
de leur caraClere eft directement oppofée à celui
des O-Taïtiens, qui fe plaifent dans une vie indolente
, mais dont les afreCtions plus fenties ne fe
bornent pas à de fimples apparences. Cependant
il y a , aux îles de la Société, un grand nombre d’individus
voluptueux, tels que les chefs, dont le ca- ,
raCtère moral paroît un peu dépravé } aùlieu que
les infulaires des lies des Amis femblent ignorer les
vices qui font les fruits de l’opulence.
Voye^ H a p a c é ( GROUPPEd’ 8c des îles qui en
dépendent) , Tongataboo ou Amfterdam , Eooa ou
M.iddelburg, Amattafoa ou Toofoa , Annamooka ,
Feejée, Hamoa , Onewy , Davaoo , Oghoo.
AM M ITÈ S , matière pierreufe1, compofée de
grains arrondis & plus ou moins gros. Cette diffé
rence dans le volume a fait diftinguer Yammite en
petite 8c en grande. La petite eft compofée de par- .
ties que l’on a comparées, pour la forme & pour
la grofleur, à des oeufs de poiffon, à des grains
de millet, à des femebces de pavots, d’où font
venus les mots de cencrites & de méconites, que
l’on trouve, dans Pline. Les grains de la grande
ammite font quelquefois gros comme des pois ou j
comme des orobes, & ils leur reffemblent pour la \
forme : c’ eft pourquoi on a donné à ces ammitts
les noms de pifolithos 8c à’orobias. Il y en a mêmè
dont les grains font aufli gros que des noix, 8c
même beaucoup plus.
La couleur des ammites doit varier comme celle
des couches au milieu desquelles on les obfei ve :
on en voit de griles, de jaunes & de parfaitement
blanches. Les graios de-celles-ci font fort reffem-
; blans à des anis lorfqu’on les a féparés les uns des
! autres. Ces fortes de pierres fe trouvent affez
• communément dans les bans de pierres de taille ,
! calcaires & coquillères. On a rapporté au genre de
j Yammite le béfoard minéral. ( Voye£ CENCRITES,
1 Meconites,P isolithos, Orobias, Bésoard
; MINÉRAL, & c . )
Nous le répétons : les ammites font des concrétions
globuleufes, qui fe trouvent difpofées au
milieu des couches calcaires, par lits plus ou moins
fuivis. 11 y en a où l’on remarque encore une forte
d’organifation à couches concentriques, 8c dans
d’autres toute cette organifation a entièrement
dilparu. Enfin il y en a de volumes plus ou moins
confîdérables, c ’eft-à-dire, depuis celui de la tête
d’une épingle, jufqu’à celui d’un gros pois.
Jufqu’ à préfent il me paroît qu’on n’ a parlé des
ammites que d’ une manière vague, parce qu’on
n’a pas cité les différens cantons où l’on a eu oc-
cafion de les obferver, où l’on pouvoit les recon-
noître, & par confisquent où l’on en auroit pu faire
un examen très - propre à jeter quelque jour fur
leur origine.
Je crois devoir faire connoître ici toutes ces
circonftances d’une,manière fixe & précife, en
forte qu’on pourra, d’après mes obfervations, déterminer,
non-feu]ement leur pofition géographi-
phe, mais encore, ce qui me paroît plus intéref-
fant, la correfpondance de ces différens gîtes.
Je commence par indiquer les obfervations des
différentes formes d’ ammites que j’ai eu des occa-
fions fréquentes de faire dans la partie fupérieure
de la vallée de la Marne.
D’abord j’ai troüvé à Vefaigues, entre Foulain
& Marnay, des lits de pierres de C o s, au milieu
defquelles réfidoient des ammites qui m’ont paru
originairement des débris d’étoiles de différens
volumes} j’ai même diftingué, parmi ces grains
arrondis, des pointes de ces mêmes étoiles dans
une pâte qui n’avoit aucun grain : ceci m’a fait
voir clairement que ces ammites étoient des corps
organjfés, comme toutes les pièces dont l’affem-
biage concourt à former la charpente des étoiles.
J’ai des fragmensde ces pierres fort confîdérables,
où l’on dift ngue plufieurs de ces débris d’ étoiles,
qui ont confervé les apophyfes de leur affemblage
primitif.
Au deffus de Jorquenoy, de ChampigDy & de
Changey, les plateaux correfpondans à celui de la
ville de Langres font formés de pierres blanches ,
compofées de madrépores, de débris d’ étoiles 8c
d’autres coquillages de formes très-variées. Les
autres parties des lits offrent feületnént un affem- !
blage ae grains d'ammites très-uniformes.
En defeendant à Chaumont je pus obferver des ;
carrières de très-belles pierres de taille, qui ne I
font compofées que d’une infinité de grains ronds, j
blancs & tendres, gros comme de petits pois, 8c \
collés fortement les uns contre les autres :c e font
de beaux amas d'ammites.
Au deffus de Boulogne il ÿ a , non-feulement
des débris d’étoiles à faces fpathiques 8>C luifântes,
mais encore, à melure qu’on s’élève vers Chaumont,
ces: débris fe trouvent difperfés au milieu
d’un amas très-abondant d’antrriites, que j’ ai con-
fidérés comme d’autres débris d’étoiles coriacées.
Après avoir acquis les premières connoiffances^
fur les ammites dans les environs de Lan grès & dé-'
Chaumont-en-Baffigny ,, j’ai eu l’aVafltagè d’en*
trouver la confirmation dahs les contrées voifînes
de Bordeaux & de Libourne.
La vifite que'je fis, à; peu • près" dans le mêmë j
terns, de la carrière de Roc-de - Tau m'offrit, i
dans le troifième banc dé cé vafte fouterrain , parmi ,
les nombreux ofïeléts des étoiles pentagones 8c \
réticulées, qui compofoient le tiers de cé qui :
étoit reconnoiffable dans ces bancs1, dre pètits
grains-d’ une forme régulière , qui reffembl'oient
affez bien aux petites pièces des coriacées lorf-
qu’ elles ont perdu leurs -ligamens;
Au deffous du- banc qu’on exploite en pierres-'
de taille par carrelages, j’ai retrouve un fécond lit
formé de débris de madrépores branches*, d’ofife-
lets d’étoiles réticulées, de petits oùrfins plats j dë:
quelques-peighes, le tout lié par une pâte où l’on '
ne démêle que très-peu diftin&ement les'débris
des coquillages blancs, qui paroiffent l’avoir fournie
,par leur deftruêlion plus ou moins complète.
Dans certaines’ parties'de ce'même lit on remarque
de petits grains femblables'aux oflèlets de;
1 étoile coriacée, dont la plupart ont confervé
leurs formes , qui font en-général fort femblables-1
à'celles des dmmites.
Tous ces corps*màrins fe retrouvent dans les
bancs correfpondans des carrières dé Bourg & de
Saint-Emilion, lefqüels m’ont offert également les
àm mi tes en différens états, 8c furtout-dans ceux
qui m’ont paru les plus propres à nous faire connoître
leur origine, comme ayant fait primitivement'partie
de la charpente offeufe des étoiles
marines.
Mainrenant que nous fommes inftruits par ces
obfervations fur les ammites, 8c qu’ on petit encore
multiplier'dans plufieurs contrées de la Franc
e , je crois qu’il convient dé citer, dans ce même
article , les pierres de taille qü’on'tire des carrières
de- Savonnière, proche- Ancerville, planche
de T o u l, n°. i i i de la carte de France, 8c de
celles de Chevilloit, plarichè de Joihville', n°. m .
En attendant que noüspuifiîdns offrir en' détail la
description des difféterisJ'petits-cofps marins qui
s’y trouvent, foit -eivefitier, foie en debris-i nous
renvoyons aux articles C hevillon & Sa v o n n
ier s .
Nous finirons cet article en obfervant que c ’ eft
, à tort que des naturaiiftes ont rangé parmi les
i ammites , des boules de fpath calcaire de deux ou
: trois pieds de diamètre, & particuliérement celles
j que Sauflure a obfervées dans la montagne des Oi-
1féaux, en Provence. Il eft vifible que, comparées
; avec les autres ammites dont nous avons parlé,
: ces corps ne peuvent être rapportés au même ordre
de corps marins1, foit quant à leur formation'
j primitive, 8c furtout, ce qui èft plus important,-
quant à' lk même origine;
AMMON' (Ju p it e r ); Voafts de Jupiter Am-
\mon eft fitiié au milieu des dêferts fablotineux de
la Lybie. C ’ eft une île de terrain fertile & agréa-
ble^ Mais avant de:faire connoître ce qui conftitue'
] l’état phyfiqüè de cet o‘aftsy où fe trouvoit autre-
I fois établi le temple de Jupiter Ammon 8c le cuire
(de cette divinité-célèbre, je vais tracer un détail
Ide la route qui y conduit, depuis le commence-;
î ment du défert, qui peut être regardé comme la
; limite1 de l’Egypte, jufqü’ à Sy'oüah. Dans les pre-
I miers jours les'caravanes atteignent Megarrahy en-
j droit chargé d’eau & fitué au bord d’ une vallée'
'fertile. Ën continuant leur marche elfes parvien-
■ nent à une chaîne d e montagnes qui bordent aur
i nord le défert. Quelques-uns des voyageurs qui
j compofoient la caravane dont Horhemànn faifoit
1 partie, gagnèrent le fommet dé ces montagnes^ 8c
‘obfervèrent que le plateau de leur cime étoit cot;-
> vert d’une mafte fâ-Üne■ , qui occupoit une étendue
jconfidérable. Les mottes de fe l, dont la couleur
étoit altérée parle mélange des fables, étôier.t
iferrées les unes contre les autres, & offroient l’af-
ipeêt d’un champ de culture nouvellement remué '
ipar la charrue.
| Au fommet de-cette même chaîne 8c prefqu’ a u 1
milieu de ce champ de-fél, ces mêmes‘voyageurs "
ont trouvé*quelques-unes dé ces fources d’eau -
; douce dont parle Hérodote, 8c qu’il place,'pour
jla fingtllarité' du fait, fur les montagnes de fe l.r
:Mais ce qui fernble àutorifer à douter que- ces
•fources donnaffent de i’eau douce, c’eft qu’ils observèrent
fur les bords des ruiffeàux qui décou-
Joient de ces fources, une bordure de criftaux de
jfel fort remarquable'.
\ J’ai déjà ditque ledéfert Ou les plaines couvertes 1
|ae fables mobiles, comprifes depuis la vallée de
Natrom jufqu’aux montagnes d’ Oûm EJfegkeir,
;devoient être'corifidérées comme la limite occidentale
de l’Egypte, & comme fe préfentant na*
turellement aux caravanes qui vont à l’oafis de'
Jupiter Amnion. J’ai ajouté qüe ces plaines ftériles
& Sauvages étoient bornées au nord par des montagnes'
élevées : on y rencontre du bois pétrifié
Sous dîvéffes formes 8c de groffeurs différentes :
ce font des troncs d’arbres entiers de douze pieds
-8c plus de circonférence 3 tantôt ce font de fim-
p PP 2.