
femblabïes habitans dans la baie de Baffin ; à
foixante-dix-huit degrés de latitude nord.
Cette race paroît faite pour le climat qu’elle
habiie j & elle ne pourroit pas plus fupporter un
uanfport fous un ciel tempéré, qu’un animal de
la zone torride ne pourroit vivre dans notre atmosphère
variable : la privation de leur nourriture
habituelle cauferoit bientôt leur deftru&ion.
Nous avons vu qu’on avoit trouvé la reffem-
blance des moeurs, des vêtemens & des armes, 8c
même en partie du langage dans cette race difper-
fée depuis le détroit du Prince-Guillaume jufqu’à
1 extrémité du Labrador ; ce qui forme un efpace
de près de mille cinq cents lieues. Cette race ne
fait que border les cores, car les Indiens qui font
dans l’ intérieur des terres les perfécutent fans
miféricorde : leur haine eft aélive & cruelle, &
va toujours pouffant cette race pour ainfi dire dans
la mer. Ces Indiens s’imaginent que ces malheu-
reufes créatures font autant de magiciens, & que
ce font eux qui font la caufe de tout ce qui leur
arrive de défaftreux. Le nombre des G-roè'nhndais
eft excefîivement diminué. En 1730 il y avoit
trente mille âmes dans le Groenland 5 aujourd’hui
il n’ y en a guère que dix mille , & c’ eft principalement
aux ravages de la petite-vérole qu’on attribue
cette extrême dépopulation.
A la terre de Labrador on trouve dans les montagnes
les Indiens & les Efquimaux le long des
côtes j ainfi que nous l’avons-dit ci-deffus. On a
dans tous les détails précédens tout qui peut concerner
les tribus aréiques difperfées le long des
côtes habitées les plus voifines du nord. Comme
cette race d’hommes porte d’une manière très-
marquée l’influence des divers climats froids, il
m’a paru très-intéreffant de parcourir ces climats,
en indiquant ce qui concerne leurs habitan9 , &
particuliérement les peuples aréiques.
Les Efquimaux, nom fous lequel on comprend
tous les Sauvages qui fe trouvent depuis la terre
de Labrador julqu’au nord de l’Amérique, & dont
les terres fe joignent probablement à celles du
Groenland, ne diffèrent en rien des Groënlandais,
& peut-être trouvera-t-on une communication
par terre entre ces deux peuples.
II y a queiqu’apparence. que les Américains
occupoient le Groenland vers 700 de notre ère ,
parce que les Mandais & les Norvégiens y trouvèrent
dès le huitième fïècle des habitans. Ce qu’il
y a de certain, c’eft que le Groenland a été peuplé
comme toutes les autres contrées de la terre , & |
que la race de ceux qui l’hahitent, eft femblable j
à celle des Efquimaux, des Lappons, des Sam oie -
des 8c des Koriaques, parce que tous ces peuples
ont reçu les mêmes iinpreflïons du climat.
La Angularité remarquable par rapport au Groenland
eft que cette partie de la terre ayant été
connue il y a bien du tems, & même habitée par
des- colonies de Norvégiens du côté oriental, qui !
eft le plus voifin de l’Europe, cette même côte j.
J eft aujourd'hui perdue pour nous, inabordable par
\ les glaces j & quand le Groenland a été une fécondé
fois découvert, dans des tems plus modernes,
cette fécondé découverte s’eft faite par la
côte d’occident, qui fait face à l’Amérique, &
qui eft la feule que nos vaiffeaux fréquentent aujourd’hui.
ARCUEIL, joli village de l’ Ile-de-France, à
une lieue de Paris, au fud , où l’empereur Julien
a fait cohftruire un bel aqueduc, qu’on a réparé
fous le règne de Louis XIII, au moyen duquel la
bonne eau de la fource de Rungis eft conduite à
Paris, & s’ y diftribue en différens quartiers de
cette capitale. On a remarqué que cette eau fai-
fo it, dans fes différens tuyaux de conduite, des
dépôts confidérables, qui en obftruoient différentes
parties.
L ’incruftation que lès eaux d’Arcueil forment
dans ces car.aux qui fervent à leur conduite à Paris,
ne font pas de la nature du plâtre, mais fpa-
thiques & calcaires.
ARCY (Grotte d’ ). Cette grotte eft fituée
proche le village d’^rcy, dans TAuxerrois, à une
lieue de la petite ville de Vermenton j elle eft excavée
dans le maflîf d’ une colline qui forme un
angle faillant & un plan incliné dans la vallée de
la Cure : ‘c’eft auffi fur le bord de cette rivière
; qu’on en trouve l’entrée. Un peu au deffus de l’entrée
on voit une grande caverne, au fond de laquelle
une dérivation de la rivière de Cure s’infi-
nue & fe perd, & , après avoir traverfé la largeur
! de l ’angle faillant, on voit cette eau reparoître,
& faire tourner un moulin fur le bord de cet
; angle.
Si maintenant nous defeendons le long du bord
’ de la Cure, & que, par l’entrée dont j’ ai parlé,
nous pénétrions dans la grotte, nous trouverons
d’abord un large veftibule, dont la voûte plate
: peut avoir trente pas de largeur fur vingt pieds de
hauteur : le fol de cette falle, qui va en defeen-
dant, eft tout parfemé de gros quartiers de pierres
d’une groffeur prodigieufe, qui ont été détachés
de la.voûte.
De cette falle on paffe dans une autre beaucoup
plus fpacieufe, dont la voûte eft feulement élevée
de huit â dix pieds ; elle peut avoir environ quatre
vingts pieds de longueur, mais elle eft encombrée
de gros quartiers de pierres, entaffés confu-
féraent en quelques endroits, & épars dans d’autres
, & tous ces débris font, vifiblement des
morceaux détachés de la voûte. À main droite on
rencontre un amas d’eaux qui peut avoir environ
cent vingt pieds de diamètre, & dont les eaux
font claires & bonnes à boire.
A main gauche de la falle précédente on entre
dans une troifième, large de quinze pas & longue
de deux cent cinquante : la voûte eft un peu plus-
arrondie que celles dont nous avons parié, & peut
avoir dix-huit pieds d’élévation. Ce qu’ il y a de
plus extraordinaire, c’ eft qu’ il y a trois voûtes
[’une fur l’autre, la plus haute étant fupportée par
les deux plus baffes. A peu près au milieu de cette
falle on voit un grand nombre de colonnes ren-
verfées, qui ont leur origine dans la voûte la plus
baffe : cette falle fe termine en fe rétréciffant, 8c
fur les extrémités, de part & d’autre, on voit encore
un grand nombre de colonnes de ftalaétites
fort blanches. Le deffus de la voûte eft tout garni
de mamelons de différentes groffeurs, & qui tous
diftillent par le bout quelques gouttes d'eau qui
contribuent vifîblemént à leur agrandiffement. A
main droite on voit une petite grotte de deux
pieds en carré , & qui eft dans un enfoncement
de trois à quatre pieds ; elle eft remplie d’un fi
grand nombre de petites pyramides, qu'on ne
peut en faire l'énumération.
A l’extrémité de cette même falle, & toujours
à droite, on trouve une petite voûte à la hauteur
de deux pieds & demi, & longue de douze pieds,
qui eft appuyée par un rocher; elle eft garnie de
tuyaux , de mamelons & de ftalaêlites d’une forme
fi variée, qu'il eft impoflible de les décrire : on y
apperçoit même des coquilles ou réfervoirs d’eau
de différences formes 8c grandeurs, l’eau confer-
vée dans ces réfervoirs en ayant organifé les bords
par fes dépôts. Cette route conduit à une autre
un peu plus élevée, 8c qui annonce le même travail
de la nature. A gauche font des piliers en ita-
la&ites de toutes fortes de formes & de groffeurs.
Un peu plus avant, du même côté , on rencontre
une petite grotte fort enfoncée^ très-étroite,
mais étonnante par la quantité de colonnes de fta-
la&ites & de ftalagmites, dont quelques-unes font
petites 8c, à peine ébauchées. G’elt dans cet en- .
droit que ceux qui vifitent ces lieux ont accoutumé
de rompre quelques unes de ces petites figures
pour fatisfairé leur curiofité, & meubler leurs
cabinets & leurs collections ; mais il femble que
la nature prenne foin de réparer les dommages
qu’oij y fait.
A droite on trouve une entrée qui conduit dans
une grande falle , féparée de la précédente par
quelques colonnes qui ne s’élèvent pas jufqu’à la
voûte : l’entrée eft fort baffe, parce que de la
voûte naiffent quantité de colonnes dont la bafe
y eft attachée, & dont le fommet ne parvient pas
jufqu’au fol. On trouve outre cela un grand nombre
de ftalàgmites difperfées fur le pavé de cette
falle, ornée en outre ûnguliérement, fur fes différentes
faces j par le travail des eaux.
Un grand rocher termine cette falle, & laiffe à
droite & à gauche deux entrées , qui toures deux
couduifent dans une autre falle fort fpacieufe.
Voici ce que le conduCleur vous fait voir : à gauche
, une figure grande comme nature , & qu’ il
défigne fous le nom de la Vierge > tenant entre fes J
hras l’enfant Jéfus ; puis, à côté , une petite for- J
tereffe, compofée de quatre tours, ayec une tour I
plu$ avancée pour défendre la porte. Quantité d«
petites figures, qui paroiffent dedans & autour,
femblent être des foldats qui défendent la place.
Cette falle eft garnie d’un grand nombre de colonnes
, dont les unes vont jufqu’à la vo û te , 8c
d’autrès n’ont encore atteint que la moitié de cet
intervalle.
On trouve deux entrées au forrir de cette falle*
elles conduifenr, par une pente affèz rapide , dans
une autre affez longue & fpacieufe, où le nombre
des colonnes eft moindre que dans la précédente-,
-niais où la nature a travaillé beaucoup plus en
grand. A main gauche on voit un affeniblage de
ftalaélites fous la forme d’un grand dôme, qui n’eft
foutenu que d’un lèul côté. La voûte de cette
falle eft toute nue, & ne préfente que les couches
naturelles de pierres ; elle a vingt pieds de hauteur,
trente pas de largeur, & plus de trois cents
de longueur. Au milieu de certe voûte on voit un
nombre infini de chauves-fouris, dont quelques-
unes fe détachent pour venir voltiger autour de-s
flambeaux. Sous l’endroit où elles font fufpen-
dues eft une petite élévation , formée par la fiente
de ces animaux : fi l’on y frappe du pied , on entend
le fol retentir, comme font tous les terrains
formés par l'addition fucceflive de matières tapées
& affaiffees les unes fur les autres. Cette falle ^
fur fes extrémités, offre deux colonnes jointes
enfemble, de deux pieds de diamètre, 8c plus
loin trois ftalagmites, du milieu defquelles une
colonne aplatie en forme de pilaftre, s’élève jufqu’à
la voûte.
Des deux côtés il y a deux petits chemins qui
conduifent derrière ces.rochers. On parvient, au
milieu de colonnes de différentes formes, & par
desp.a(Tiges fort étroits, dans uneautre falle, dont
la voûte toute unie peut avoir quinze pieds d’é lé -.
vation ; elle a quarante pieds de large, 8c près de
quatre cents pas de longueur. A fon extrémité on
voit plusieurs maffes de ftalagmites, mais furtout
une haute de huit pieds, 8c dont la bafe a cinq
pieds de diamètre..
On paffe de cette falle dans une autre, où le
travail de la nature fe préfente forren grand , 8c
furtout par une colonne de vingt pieds d’élévation
& d’un pied 8c demi de diamètre : cette falle,
fort fpacieufe, eft ornée des deux côtés d'une infinie
variété de ftalaètltes; & fi d’un côté on trouve
le chemin incommode par les gros quartiers de
pierres qu’on y rencontre, & qui fe font détachés
de la voûte, la fin en eft fort facile. On trouve
fur le fol les compartimens des cuvettes que l’eau,
en y féjournant & en s’évaporant, a deflinées , en
formant des bordures très-variées en guillochis :,
fort fouvent des cuvettes les plus élevées ont
verfé leur trop plein dans d’autres.
Nous avons fuivi dans cette defeription les détails
des chofes merveilleufes que les curieux ordinaires
vont y voir , & auxquelles ils fixent leur
attention 3 cependant nous devons dire mainte