gèlent de nouveau pendant la nuit. Les Indiens n
ont donné à cette rivière une dénomination qui
h cara&érife. C ’eft au milieu de ce défert qu'on
rencontre ces terribles montagnes qui féparent ,
comme nous l'avons indiqué ci-deffus, le Pérou
du C h ili, & qui fony couvertes de neiges dans
toutes les faifons. Au-delà des montagnes, le pays
eft fort tempéré. On a trouvé une route plus commode
pour franchir ces moptagnes; c’eft de luivre
la cô te , qui n’offre pas à beaucoup près les mêmes
déferts que l'intérieur du pays : on y trouve même
quelques ports.
A TH O S , grande 8c fameufe montagne d’Eu-
rop'e, fur les côtes maritimes de la Macédoine,
vers l’ancienne Thrâce ou Romanie moderne,
dans uné prefqu’île dont elle occupe toute la longueur,
8c des deux côtés de laquelle fe forment
i l golfo di Contejfa, f i nus fimonicus , & il golfo di
Monte-Santo 3finus fingiticus. On donne communément
à cette prefqu’île quarante lieues de circuit,
& autant à la bafe de Y Athos. Ce mont eft compté
dans le nombre des plus confidérables inégalités
convexes qui foient fur la furface. du globe : c’ eft
une chaîne de plufieurs fommets, 8c'pour ainfi
dire de plufieurs étages, parmi lefquels il en eft
un q u i, par fa hauteur 8c fes habitations , attire
fur tout l’attention des curieux : c’ eft celui que l ’on
appelle proprement YAtkos & Monte - Santo. Sa
hauteur n’a point encore été mefurée comme celle
du pic de Tenériffe, du Chimboraço, du Saint-
Gothard & du Canigou $ mais on la conclut par
l ’étendue de l’ornbre qu’elle fait : cette étendue
fut déjà obfervée par les Anciens. Pline & Plutarque
rapportent qu’au folftice d’é té , vers l ’heure
du coucher du foleil, la place du marché de Myr-
rina, dans l’île de Lesbos, aujourd’hui Stalimène,
recevoit l’ombre de l’Athos. Des obfervations faites
depuis ont confirmé le fa i t , 8c l’on fait que,
de cette île à cette montagne, il y a dix-fept à
dix-huit lieues de diftance.
Les environs de Y Athos contenoient autrefois
les cinq villes de Cléonée, de Thyfres, d’Akro-
thom,'d’Olophixus, de Dion, 8c nombre de mai-
ions de campagne fort jolies, où fe retiroient les
anciens philofophes de la Grèce r à caufe de la
falubrité de l’air, de l’afpeél riant 8c majeftueux
de fes coteaux, & des mers qui les environnoient.
A ce. peuple de philofophes ont fuccédé vingt-
deux couvens de moines.grecs, & une multitude -
d’hermitages & de grottesffan&ifiées, mais puantes
& mal-faines’ : ces couvens font entourés de
murs & de foliés pour la plupart capables de réfif-
rer aux coups de main des corfaires, dont ils font
louvent menacés. On y compte environ fix mille
religieux fous la prote&ion du boftangi-bachi, &
ious les yeux d ’un aga qui.relève du bacha. Les
.préfens qu’ ils font, à celui-ci montent à près de
J 9 ,qco liv. par an, & la contribution qu’ils paient
à la .Porte ottomane eft de. la même fômme : ce
font les aumônes qu’ils reçoivent de l’églife grecque
en général, & des hofpodars de Valachie 8c
de Moldavie en particulier, qui , Conjointement
avec le produit des pâturages de la montagne, les
mettent en état de fournir à leur contribution.
Ces moines vivent d’ ailleurs dans une très-grande
pauvreté, & fous des règles très-auftères*. Quelques
uns d’entr’eux fe vouent à l ’étude & à la
contemplation} mais le plus grand nombre travaille
de fes mains ou mendie. Il y a pour eux un
marché public qui fe tient tous les famedis, fous
la préfence de l’agâ, dans un endroit de la montagne,
nommé Kareis : c’eft là qu’ ils font échange
entr’ e-ux de pain, de fruits, de légumes, de couteaux
, d’ uftenfiles 8c de petites images. Toute
viande leur eft févérement interdite, aufli bien
que toute communication avec les femmes. On
prétend que tous parviennent à un âge fort avancé
j ce qui n’eft pas difficile à croire , d’après la
description du pays qu’ils habitent, & de la vie
fobre qu’ils mènent. C ’eft aujourd’hui une des plus
grandes curiofités de la Grèce moderne, que le
voyage du mont Athos.
ATLANTIQ UE (Mer). Nous allons nous occuper
ici de la divifion d’ une partie des grandes
mers qui féparent nos continens, 8c qui doit comprendre
YOcéan atlantique.
La partie d e l’Océan atlantique, comprife entre
le cercle polaire ardique. & . le tropique du Cancer
ou du rropiqué du nord, fera indiquée dans
cet article fous le nom d3Océan atlantique fepten-
trional. Nous tâcherons d’en faire connoîrre les
divers caractères phyfiques.
Celle qui eft renfermée entre les deux tropiques,
& qui fe trouve partagée par l’équateur ou
la ligne équinoxiale, fera défignée fous la dénomination
d’ Océan atlantique équinoxial, & celle qui
s’étend du tropique du Capricorne ou tropique du
fud, jufqu’au cercle polaire antarCtiqué, fera décrite
fous le nom de Océan atlantique méridional.
Ces deux dernières parties d’un Océan fi intéref-
faot-, & que nous parcourons avec des avantages
infinis, méritent la plus grande attention.
Après avoir fubdivifé Y Océan atlantique en trois
bandes ou zones qui correfpondenr aux deux zones
tempérées & à la torride, il refte de côté, au nord
& au fud, une portion de fphère, dont un pôle
eft Je fommet, 8c que nous avons limitée par un
cercle polaire ; les glaces qu’ils occupent, ou perpétuellement,
ou une partie de l’année feulement,
femblent indiquer la dénomination qu’il convient
de donner aux extrémités de Y Atlantique 3 qui couvrent
ces calottes.
- Ainfi nous avons déjà décrit, dans deux articles
féparés, ces portions de fphère fous la défi-
gnation de Y Océan glacial arSiique, celle qui environne
le pôle boréal, & & Océan glacial antarctique
,. celle qui environne le pôle auftral. Nous
avons, fait voir que l ’Océan glacial arêtique fe
trouvoit refferré dans des limites affez étroites;
qu’ il communiquoit feulement par le canal que
biffent entr’elles les côtes de Lapponie 8c du Nou-
veau-Grôënland , & qui eft embarraffé par les îles
du Spitzberg & de l ’Iflande.' Il n’en eft pas de
même dans l'hémifphère du fud : une v.-afte mer
occupe la calotte aitftrale. Toute cette partie de
YOcéan atlantique, qui paroît être le vrai domaine
de l ’Océan, a été décrite dans l ’article Océan
G L A d A L ANTARCTIQUE. •
’ Quoique j’aie eu occafion de parler de la mer
Atlantique dans plufieurs des- articles de ce Dictionnaire
, j’ai cru devoir rapprocher ici tous les
phénomènes qui appartiennent à cette, m er, afin
de les préfenter fous un point de vue inftru&if par
cette liaifon 8c ce raccordement. Je commence
ici par les parties feptentrionales.
A la vue des îles 8c des golfes qui fe multiplient
ou s’agrandiffent autour du Groenland, les navigateurs
qui ont fréquenté ces cantons ont foup-
çonnë que la mèr refôuloit pour ainfi dire des
pôles vers l’équateur. Ce qui les autorifoic dans
cette conjecture, c’eft que je flux, qui monte juf-
qu’à dix-huit pieds au cap des Etats , ne s’élève
que de huit pieds à la baie de Dù k o, c’eft-àrdire,
à dix degrés plus haut de latitude nord.
Cette obfervation des navigateurs, jointe à
celle dont nous avons fait mention à l’article
CouRANS d o u b l e -S , fernble confirmer ce mouvement
des mers, depuis les régions auftrales juf-
qu’ aux feptentrionales ; où elles font contraintes,
par l’obftacle des terres, de refouler ou refluer
vers les plages du midi.
- Dans la baie d’Hudfôn, les vaiffeaux. ont à fe
garantir des montagnes de glace ,. auxquelles lés
navigateurs ont donné quinze à dix-huit cents
pieds d ’épaiffeur, 8c q u i, étant formées par un
hiver permanent de cinq a fix ans dans de petits
golfes éternellement remplis de neige , en ont été
détachées par des verits de nord-oueft ou par quelr
que caufe extraordiHairè. I
Le vent de nord-ouëfr, qui règne prefque continuellement
durant l’hivei , 8c très-fouvent en
été dans cette’baie, y excite des tempêtes effroyables
j elles y font d’autant plus à craindre, que les
bas-fonds y font très-communs. Dans les contrées
qui bordent cette baie, le foleil ne fe-lève, ne fe
couche jamais fans Un grand cône .de lumière ; 8c
lorfque ce phénomène a difparu , l’aurore boréale
en prend la place. Le ciel y eft rarement fçrein :
dans le printems 8c dans l’automne; l’air eft habituellement
rempli de brouillards épais, 8c durant
-l’hiver, d’ une infinité de petites flèches glaciales,, |
fenfibles d l’oeil. Quoique les chaleurs de l’été ;
foient affez vives durant deux mois ou fix femai-
nes, le tonnerre 8c les éclairs font rares.
La mer, le long des côtes de N o rvè g e , qui
font bordées par des rochers, a ordinairement
depuis,cent jufqu’à quatre cents braffes de profondeur,
8c les eaux en font moins falées que dans
î les'climats plus chauds. La quantité de poiffons
huileux dont cette mer eft remplie, en rend les
eaux fi giaffes, qu’elles, en font prefqu’ infiam-
mabies. Le flux n’y eft point confidërable, car la
plus haute marée n’y eft que de huit pieds* ,
On a fait dans cés, derniers te ms quelques ob-,
fërvations bien intéreffantes fur la température des
terres 8c des eaux,dans les contrées les plus voi-
fines du pôle boréal.-
Le froid commence dans le Groenland à la nouvelle
année , 8c devient fi violent dans les mois de
février 8c de mars, que les pierres tombent en
éclats, 8c que la mer fume comme un four ,, fur-
tout dans les baies ; cependant le froid n’eft pas
auflîjfenfîble au milieu,de ce brouillard épais, que
! fous un ciel fans nuages, car des qu’ on paffe des
terres à cette atmofphère de fumée qui couvre la
furface 8c le bord des eaux, on fent un air plus
doux, 8c le froid moins; v i f , quoique les habits. 8c
les cheveux y foient bientôt hériffés de givre 8c
de glaçons ; mais auffi cette fumée caufe plus tôt
des engelures.qu’un froid fe c , 8c dès qu'elle paffe
de la nier dans une atmofphère plus froid e, elle
fe change en une efpèce de verglas que le vent
difperfe dans l ’horizon, 8c qui caufe un froid fi
piquant, qu’on ne peut fortir au grand air fans
rifquer d’avoir les pieds 8c les mains entièrement
gelés. C ’eft dans cette faifon que l’hiver'fait un
chemin de glace fur la mer , entre les îles voifines,
8c. dans les baies 8c les détroits.
La plus belle faifon du Groenland eft l'automne j
mais fa durée.eft courte , 8c.fouvent interrompue
par des nuits de gelée très-froides. Ç'eft à peu
près dans ces tems-là que, fous, une atmofphère
noircie de vapeurs, on voit les brouillards, qui fe
gèlent quelquefois jufqu’au verglas, former fur la
mer comme un tiffu glacé de toile d’araignées, 8c
dans les terres charger l’air d’atomes îuifans ou y
faire flotter’des glaçons pointus, femblables à de
fortes aiguilles.
On a remarqué plus d’une fois que le tems &
là faifon prenoient dans le Groenland une température
oppofée à celle qui règne dans toute l’Europe
; en forte que fi l’hiyer eft très-rigoureux:
dans les climats tempérés, il eft doux au Groenland
, 8c très-vif en cette partie du nord quand il
eft le plus modéré dans nos contrées. A la fin de
1739, l ’hiver fut fi doux à la baié de;Disko, que
lès oies paffèrént au mois de janvier, de la zone
tempérée dans la glaciale ,,pour y chercher un air
plus chaud, 8c qu’en \jy\o- on ne, vit de glace à
Disko qu’au, mois de mars, tandis qu’en Europe
on èut .de la glacé depuis le mois d’oéfcobre juf-
qu’en .mai : de, même l’hiver,de 1763 , qui fut extrêmement
froid dans toute l’Europe, fe fit fi peu
fentirsau Groenland, qu’on y a vu quelquefois des
étés moins,doux.
Les voyageurs nous.affurent que, dans ces mers
voifines .du Groenland^, il y a.des montagnes de
glaces flottantes très-hautes^ & d’autres, glaces