
Après la forme & la conftruélion de ces coquilles
, ce qui m’a frappé davantage, ce font les
noyaux qui s’y trouvent renfermés. C ’eft un principe
général, que les coquilles fofliles font remplies
d’une fubftarice terreiife plus ou moins fine,
parfaitement de la même nature que celle qui en-
veloppedes coquilles à l’extérieur. LoiTque cette
lubftance a été propre à former une pare molle ,
elle a pris en creux &r en relief la forme que le»
parois de la coquille ont pu lui imprimer', f l fou-
vent elle a acquis une confiftance égale à celle des 1
pierres. Ce font ces ma (Tes pierreùiès, folides &
moulées dans le creux des coquilles, qu’on nomme
noyaux de coquilles, foit que k s coquilles fubfiftent
encore avec le noyau qu’elles renferment, foit
qu’ayant été détruites, eiks n’aient laiflé que ce
vertige de leur forme & de leur cxillence.
Les noyaux des coquilles dont il eft queftion
ont toutes ces conditions ; ils ont re çu , comme les
autres, la forme générale que les faces intérieures
des deux valves leur ont donnée ; ils font pétrifiés
& fort folides * enfin, ils font formés de la même
fubüance pierreufe qui fert de matrice aux coquilles.
Ceci n’a donc rien d’extraordinaire * mais ce
qu’ il y a de remarquable, & dont l’examen & la
defeription m’ ont paru elfentieis à la connoiflance
de la coquille, c’ eft que les noyaux préfentent
en différentes parties des impreffions moulées en
creux & en relief, des vides réguliers, des fraff-
ges , des dentelures conftamment femblables dans
toutes les coquilles de même efpèce , que j ’ ai ouvertes
eh très-grand nombre.
Si l ’on examine bien avec attention la difpofî-
tion de ces impreffions, on voit aifément que les
parois intérieures des deux valves, telles qu’elles
fubfittent aéhiellement dans les fofliles que j’ai dér
crits, ne peuvent y avoir contribué en aucune
manière * car la plupart fe trouvent même dans
l ’intérieur du noyau, & inacceffibles au contaét
des valves. O r , comme ces noyaux font des martes
brute,s quant à l’arrangement intérieur des parties
terreufes qui les compofent, ils n’ ont pu prendre
ces formes d’eux-mêmes.
Il èft donc né ce flaire que les vides ou les creux
y aient été produits par des moules en relief,
comme les dentelures, les franges & toutes les
impreflions en relief l ’ont été par des moules en
creux y en un mot, que certains corps qui font détruits,
aient produit tous ce s effets. Ii eft probable
que certaines parties intérieures delà coquille, fort
délicates, & tenant aux charnières du couvercle,
ou bien certains tiffus cartilagineux des animaux
qui vivoient dans ces coquilles-, & d’ une deftruc-
tion plus lente que les nmfcles & les vaiffeaux,
ont contribué à ces formes fingulières. En occupant
ces parties pendant tout le terris que la pâte
molle du noyau s’infinuoit dans la coquille, &
j.ufqu’à ce qu’elle ait pris une certaine confiftance
un peu folide > enfuire ces parties s’étant détruites
entièrement, 5c laiffant des réfiJivs infenfibles par
l’évaporation des principes les plus volatils, il a
dû fuccéder à leur deftrndtion le vide des places
qu’elles occupoiçnt, & l'impreffion qu’avoit contractée
la matière brute du noyau par leur contaCfc
immédiat. C ’ eft furtout vis-à-vis des arêtes de la
coquille que fe trouvent fur les. noyaux plus de
creux, plus d’imprelfions fingulières » ce qui état
blit fans réplique que ces formes ne font point la
fuite de quelques accidens, mais des effets régu--
liers, opérés de la même manière , & dans des
circonftances toujours femblables.
Au moyen dés figures de la planche fécondé,
je crois pouvoir me difpenfer de décrire en détail
les noyaux de ces coquilles : on en voit une fur
une fa c e , figure première. Dans la partie fupér
rièure du noyau, oppofée au couvercle, font les
ouvertures des vides qui pénètrent dans 1 intér
rieur, & dont les formes font repré fe n tées figwes
tro'fieme & quatrième, où font figurées les' faces dû
noyau ouvert, les franges, les dentelures, &c.
L’autre face du noyau, figure fécondé, corte.fi-
pond- aux deux arêtes de la valve inférieure : on
y voit plufieurs lames q u i, en s’amincilfant, finif-
fent en pointe. La figure quatrième montre le revers
des lames, ainli que celui des,baguettes, qui
occupe la partie fupérieure du noyau, & qui cor-
refpond à la cavité du couvercle.
On peut fe convaincre maintenant, à l’infpec-
tion de ces figures, que toutes ces formes du
no y au n’ont pu être produites par les parois intérieures
de la coquille, qui n’y ont laifle que la
forme générale au vide occupé par l ’animal, 5c
les impreffions des recouvremens de chaque lame
des deux valves.
H réfulte de tout ce que nous avons obfervé
dans les deux valves de la nouvelle coquille &•
dans fon noyau, i° . que la forme générale de ce
fertile eft d’être conique, avec un aplatiflement
aflez fenfible, qui a donné la figure elliptique à
la bafe du cône * i°. que les deux valves font com-
pofées de lames placées en revêtement les unes
des autres dans l’ intérieur, & prolongées par des
feuillets au dehors» $*. que le recouvrement de
ces lames, d’abord trèsdarge vers la pointe du
cône de la valve inférieure , diminue jufqu’à l’ouverture
de cette v alve * 40. que ces limes diminuent
de même depuis le centre de La concavité
du* couvercle, jufqu’à fes bords * 50. que ces la*-
mes éprouvoiem toutes, dans les deux valves, un
détour, un p li, dont la fuite formoit une arête
fenfible & carre fondante de l’une à l’autre valve*
6°. que cette arête paroît être le veftige de l’attache
fuceeffive du talon du couvercle * 70. que lu
valve inférieure de ces coquilles a une affiette &
un-point d’appui toujours à peu près le même, &
toujours du côté de l’arête dont il a. été fait meis-
tion * de telle forte que le couvercle, qui a fa
charnière à cette arête, fe trouve par cette pofi>-
ti on placé d’une manière favo rable a tous fes nrou-
vemens.* 8°. que ces coquilles renferment ua
noyau q u i, outre une forme générale, fetnblable
au vide des deux valves, préfente des impreffions
en creux &c en relief toujours femblables & uniformes,
& qui ne peuvent être l ’effet des parois
intérieures de ces valves. (
. Par le détail de ces divers caraélères, il eft aifé 1|
de voir que ces coquilles reflfemblent aux huîtres, [
i° . par les feuillets des lames qui fe prolongent au
dehors, & d ont les uns font plats & les aurres
ondés * 2°. par l’affiette & le point d’appui, qui
indique que ces coquilles fe groupent comme les
huîtres, & font immobiles comme elles. Mais ces
fofliles en diffèrent, i° . par leur forme conique*
2°. par la diftribution des lames dans l’intérieur des
deux valves ». 30. par l’arête, qui règne auffi dans
l’intérieur de ces valves * 40. enfin, pat le noyau.
L’arête & le noyau furtout font deux caractères
qui ne conviennent à aucune clarté de coquillages
connus, foit fofliles, foit pêchés dans les différens
parages de l ’Océan & des méditerranées.
* Ces différentes efpèces de coquilles appartiennent
à des amas ou fumill.s, dont j’ai fuivi la pofi-
tion & les limites dans les quatre départemens de
la Charente* de-la Charente inférieure, de la Dordogne
& du Gard. Je renvoie à notre Atlas les
deffins qui font deftinés à faire connoîrre cette première
efpèce de fofliles, qui m’a paru intéreffame,
relativement à l’hiftoire naturelle de YAngoumois.
Les vignes de YAngoumois diminuent peu à peu .
& â la fin difparoiflent à mefure qu’on approch:
de Barbefieux ; elles ne dédommageraient pas les
propriétaires des moiflbns abondantes qu’ ils fom
dans les vafles, plaines des environs. .
Les terres diminuent de qualité à mefure qu’on
s’ éloigne de Barbefieux : elles font encore cuit;
vées aux, abords de. la porte de Rignac , mais la
traverfe du Petit-Angoumois ne préfente à la vue
que des. coteaux couverts de landes & fans culture.
Ce canton eft finguliérement bouleverfé :Ja nature
du fol change fouvent par les variations des terres
îte des pierres couvertes de bruyères. L’argile eft
la bafe de ce canton : ii y en a de blanche, de
grife,vde bleue, de verte* elles fe trouvent mêlées
avec des dépôts de fables, de graviers & de
cailloux quarezeux. Ces dernières fubilan ces font
tellement difperfees ! qu’on a été obligé d’en faire
une longue recherche pour la conftruélion des
routes.
Mais comme les argiles n’y font pas diftribuées
par couches réglées, les fontaines d’un cours fuivi
y font rares * ce qui. met les habirans dans le cas
de manquer d’eau aflez fouvent.
Les landes du Petit-Angoumois font couvertes
de bruyères, d’ajonc,de brandes, de fougères, de
genêts & de quelques rejets de bois. On les défriche
lorfque l’on peut en étendre la culture,
La principale récolte confiftoitautreloisen feigle
& en millet : on yi a introduit enfuite un petit froment
blanc venant de Dantzick, qui a eu quelque
fuccès.
Les bois végètent aflez bien dans quelques cantons
des landes. Le pommier y a le plus grand
fuceès. Les châtaigniers, fauvages s y plairoient
bien auffi.
Les mulets, les ânes de la plus petite efpèce
qu’on élève dans ces pâturages, fe vendent aux
Béarnols , à l’ âge de. huit mois ou un an.
Quand on veut défricher un canton de landes,,
le propriétaire fait couper & enlever le bois, après
uoi il donne le défrichement à perfectionner pen-
ant l’hiver à des manoeuvres qui * pour leur fa-
laire, ont les racines & les fourbes’ qu’ils arrachent.
Les landes du Petit-Angoumois donnent fouvent
un produit réel fans qu’on prenne la peine de les
défricher. On les fauche ou l’on permet de les
faucher à un prix convenu. Ce qu’on en obtient
par-là fert à faire de la litière ou des engrais , en
les faifant pourrir dans les chemins.
On fabrique dans la paroiffe du Ta-ftre, pouf
qirnze à feize mille livres de poterie.
La pofte de la Grolle eft à peu près au centre
du Petit-Angoumois. On trouve un peu plus loin
les villages des hautes & baffes Biles. Les terrains
qui les avoifinent ,n e fe trouvent bien amédorés
que depuis que les cultivateurs les ont marnés-
en y tranfport-ant une terre légère , blanchâtre &
calcaire. Ils la prennent au couchant du village *
& à une demi-lieue de diftance.
Le bourg de Cite van ce au termine la lande par
un- fol fertile en routes ferres de produélions >
parmi lefquelles on doit diftinguer le petit nvrilet.
Nous allons continuer maintenant de faire connoîrre
le fol de r Angoumois, en fuivant une ligne
tracée depif sChabunors jufqu’à Cognac. La partie
Je Y Angoumois, que l’on commence à parcourir
en quittant Chabânois, préfente un fol qui eft
a b fol ornent le même que celui du Limofin. Le
felfffpath, le mica, le quartz & les argiles forment,
enfemble ou féparémenc, les différentes
fubftances pierreufe s que l’on y voit partout, St
parmi lefqaelles on doit diftinguer le granit en
martès ou en décompofition : la p'erre de taille,
! le raoëlon, le tu f ou le fable ne font que du
I granit à grain uniforme ou du gneifs. On ne reit-
1 courre les premières traces ou les premiers frag-
mens du- règne- calcaire qn’après qu’on a traverfé
le pont de Sigoulenr, diftant de Chabanois d’environ
deux lieues.
Dans ce trajet la culture offre le blé noir ou
farrafin, le feigle, l’avoine & h châtaigne. C ’eft
celle dés villages qui font at^x abords du pont de
Sigouîent. La Charente qui n’eft éloignée de fa
; fource , à cet endroit, que d’environ-trois lieues',,
reflembie en été à une foibïe rivière, mais elle
éprouve des crues confi-dérâbles en hiver.
1 Après la traverfée du pont de Sigouîent, le
1 gi'anic difpute le terrain, pendant quelques centaines
de toifes, au règne calcaire dé la nouvelle
: terre. Ce n’eft qu’à une lieue & .demie do diftance