
on trouve des noyaux avec des cloifons, des
arêtes 8c des filets extérieurs.
Dans les carrières de Saint-Saturnin on voit
abondamment des oftracites de Barbefîeux, foit
droits, foit en fpirales, avec des arêtes intérieures
très-nettement deflinées. Ces fofliles forment
des couches inférieures à celles où font des
amas d'huitres à cabochon, des cornes d’ammon
8c autres de la même famille.
Après Taillebourg, lits fuivis des oftracites de
Barbefîeux.
D ’après ces détails, je confidère qu’ il y a plufieurs
oancs de fofliles qui different entr’eux, 8c
qui font établis les uns fur les autres dans un
même endroit, de manière qu’on eft fouvent em-
barraffé fur le choix des fofliles qui doivent recevoir
leur nom de tel ou tel canton. Lorfque deux
dépôts font également abondans, ceux qui occu-
pent les couches fupérieures dans certains lieux,
ont fouvent difparu dans d ’autres, 8c ont laiffé à
découvert le dépôt du fond j en forte que le fu-
périeur ne paroït que par intervalle, quoique
dans la difpofition primitive il dût couvrir coni-
tamment-.de grandes parties de la furface des derniers
dépôts fous-marins.
Je crois devoir remarquer q u e , dans tout ce
trajet,-il y a des débris de coquilles reconnoif-
fables, formant des couches épaiffes de flous des
bancs de coquilles entières, liées entr’elles avec
une pâte des mêmes débris 3 de manière cepen^
dant qu’il eft difficile de décider fi ces débris ont
été fournis par des coquilles d’une efpèce différente
de celles qui font confervées.
Aux environs de Barbefieux, de Condon 8c de
Reignac, les oftracites, que nous avons diftingues
jufqu’à préfent fous le nom de Barbefteux 3 font
deflous des bancs d ’huitres à cabochon, boucar-
dites, peignes, poulettes, cornes d’ammon, madrépores
filifiés. Il en eft de même vers le bourg
de Solignac.
Les collines des environs d’Angouiême font
formées ,* comme nous l’avons déjà d it, d’un
grand nombre de petits oftracites chambrés, foit
groupes enfemble, foit mutilés. On reconnoït
dans la pierre beaucoup de vides occafionnés par
leur comminution imparfaite.
Vers la ci-devant abbaye de la Couronne, les
oftracites offrent une charpente fort grofle 8c fort
épaifle j quelques-uns ont la forme de fpirales avec
cannules à l’extérieur, 8c avet cloifons 8c fyphons
dans l’ intérieur. Cet amas s'étend jufqu’à Roulet,
avec plufieurs variétés dans les formes & dans les
volumes de ces fofliles, diftribués en général &
eonftamment par bancs horizontaux.
Cependant j’ai remarqué que les bancs offroient
des. interruptions affez remarquables dans leurs
elighemensj de manière que ces fofliles ne fe
trou voient groupés enfemble qu’en certain nombre.
D’ajlleurs, il m’a paru que les fofliles des
bancs fupérieurs étoknt établis fur. les oftracites
des bancs inferieurs, comme fur des bafes immobiles
8c occupant le fond de la mer.
. Je conçois d’ailleurs que certaines formes d’individus
ont dû s’attacher à des parages d’une petite
étendue 3 car il y a des interruptions qui ont
jufqu à une lieue d’étendue, 8c près lefquelles les
individus femblables reparoifîent, & au même niveau.
Le plus fouvent les intervalles occupés par
les interruptions font remplis par des mélanges
d’individus de formes différentes & très-variées,
& particuliérement de petites efpèces à côté des
groffes.
On doit conclure de ces premiers apperçus fur
la difpofition dés fofliles de l ’Angoumois, que les
dépôts peuvent offrir des détails infinis , foit
relativement aux formes des oftracites , & à
leuf diftribution dans le baflin de la mer, foit
enfin aux rélultats de leur deftruttion 8c comminution,
formant des couches de pierres qui ont
fuccédé à la retraite de l’Océan, 8c qui nous
offrent un grain aufli varie que l’organifation primitive
des corps marins. O r , tous ces éclairciffe-
mens neffe peuvent obtenir que d’après un grand
nombre d ’obfervations faites dans des vues d’unité
& de rapprochemens raifonnés, très-propres à
écarter toute hypothèfe : c’ eft. ce que je tâcherai
d’offrir à l’article Angoumois.
Si l’on pénètre en Périgord jufqu’aux environs
de Périgueux, 8c que l’on parcoure les collines qui
forment 1 enceinte de l’ancien .emplacement de
l’abbaye de Ckancelade3 8c particulièrement celles
qui font placées le long des bords de la rivière de
1 Ifle, aux environs de Beaulieu, on y rencontrera •
les formes les plus fingulières de ces oftracites
chambrés, dont la plupart font en état de filex.
Enfuite, fur le chemin de Brantôme à Maroeuil
& à la Roche-Beaucourt, les plus groffes efpèces
fe voient difperfées dans leur pofition naturelle,
d’où on en a tiré de grandes provifions pour l ’entretien
de la route.
Le fécond gîte que j’ indiquerai ici eft une des
chaînes de montagnes des environs d’Alais, que
l’abbé Sauvages a décrites dans un Mémoire inféré
parmi ceux de l’Académie des Sciences pour l’an-
néè 1746, 8c où l’on peut voir gravé un individu
de ces oftracites, qui a la forme d’un cornet, avec
cannelures circulaires extérieures.
Le troifieme gîte fe trouve dans la partie baffe
des Pyrénées, connue fous le nom de Cor bières 3
& occupe l'intervalle compris depuis Mont-Ferrand
jufqu’à Songragne, à l’eft des bains de
Rennes, au ci-devant diocèfe d’Alet. ( f^oye^ l’article
Alet, département de Y Aude.)
Enfin j ’ai vu un quatrième gîte de ces mêmes
oftracites aux environs du mont Caflin, dans
l’Apennin, dont cependant je n’ ai reconnu ni
l’étendue ni les limites j feulement il m’a paru
que ces fofliles étoienr renfermés dans une pierré
à grain fin 8c infiltrée, du centre de la chaîne de
l ’Apennin..
L e quatrièm e Am a s , que j’ ai eu occafîon
d’étudier pendant les divers féjours que j’ ai faits
à Bordeaux, eft celui dont les débris fe trouvent
dans les carrières de Roc-de-Tau , de Bourg 8c de
Saint-Emilion. Ayant ramaffé d’abord, fur Jesji-
mites des landes proche Mérignac 3 plufieurs coquilles
8c madrépores bien confervés, 8c dont il
me fut facile de retrouver les analogues dans les
carrières de pierres de taille qui font fur les bords
de la Garonne 8c de la Dordogne , je reconnus
dans ces circonftances tous les cara&ères d’un
amas de coquilles bien confervées d’un cô té , 8c
leurs débris de l’autre, employés par la nature à
la compofition des couches de pierres de taille
plus ou moins tendres; Comme la plupart des
pierres dont on fait ufage à Bordeaux dans les constructions
, fe délitent & s’égrainent facilement, j’ai
profité de cette circonftance pour mettre à part
les débris des coquilles 8c des autres corps marins
trouvés à Mérignac ; & après avoir fait une collection
affez nombreufe 8c fort exaête de ces débris,
je m’apperçus qu’un certain nombre de ces
débris, qui compofoient environ le tiers de deux
à trois bancs des carrières du Roc-de-Tau 8c de
Saint-Emilion, n’avoient pas leurs analogues dans
les fofliles de Mérignac Quoique ces débris euf-
fent une forme particulière affez confiante, je ne
pus d’abord reconnoître à quelles efpèces de
corps marins ils avoient appartenu. J’étois occupé
depuis quelque tems de cette recherche, lorfque
le hafard me favorifa fïnguliérement pour cette
découverte.
J’avois tiré de la mer plufieurs poiffons plats,
que M. Tenon, de l’Académie des Sciences, fe
propofoit de diflequer, 8c parmi ces poiffons il
fe trouva plufieurs efpèces d’étoiles de mer, que
je mis macérer dans l’eau douce pour les dépouiller
de leur peau. Quelque tems après ayant vifité
ces étoiles, je les trouvai toutes décômpofées, 8c
au fond du vafe un grand nombre d’offelets de
différentes formes & totalement féparés les uns_
des autres par la deftruétion des ligamens de toutes
fortes, qui formoient vifiblement la charpente
intérieure de ces étoiles.. En comparant ces différentes
formes d’offelets avec les débris que
m’avoient fournis certaines pierres de taille du
Roc-de-Tau , je reconnus que le grain de ces
pierres rn’offroit un mélange de ces petits corps,,
avec quelques débris fort gros des madrépores 8c
des coquilles de Mérignac. Tous ces débris en
général me parurent réunis enfemble .par une. légère
infiltration qui me permit de diftinguer ceux
des étoiles marines de ceux des coquilles bivalves j
& fuivant que l’une ou l’autre efpèce de matériaux
y dominoit, j’ y remarquois un grain différent.
Les corps marins étrangers aux étoi es font
des v is , des buccins , des boucardites, des madrépores
à réfeau & branchus. Cependant comme
les débris des étoiles dominoient le plus fouvent,
je crus qu’il convenoit d’appeler cet amas des envircvnj
de Bordeaux, Am a s des d ' bris d’é to il î-s.
MARINES.
Quant à fon étendue, je dois dire que, non-
feulement on exploite les pierres formées de ces
débris à Roc-de-Tau, à Bourg, à Livourne 8c à
Saint-Emilion, mais encore dans l’entre-deux
mers, St même, en remontant la Garonne,jufqu a
Sainte-Marie, & en defeendant la Gironde, jufqu’
à Royan. Ces pierres ont à peu près le même
grain, & l ’ on y découvre une compofifon fem-
blable de matériaux de même forme 8c de même
nature. ( Voye-^ Bordeaux , Grain des pierres,
Roc-de-tau & Fossiles.)
Cinquième amas. Cet amas eft fort connu:
on le découvrit en 1720, dans la Touraine, près
Sainte-Maure, departement d’ Indre 8c Loire. On
fait que les débris des coqu lles de cet amas ont
formé le fàlun de la Touraine. ( Voye-[ Mémoires
de l’Académie des Sciences., pour l'année 1720.)
Cet amàs offre, dans certaines parties, des coquilles
entières,qui ont feulement perdu leur brillant
nacré, 8c dans d’autres les mêmes corps ma-"
rins, brifés en fragmens plus ou moins fins. L ’on
donne en conséquence le nom de falun à la portion
la plus comminuée des coquille s, & à celle furrout
qui préfente les plus petits débris.
Les falunières du département d’Indre 8c Loire
ont trois grandes lieues 8cdemie de longueur,fur
une largeur moins confidérable, mais dont les
limites varient 8c ne font pas précifément connues-
Cet amas m'a paru »dans la vifite que j’ en ai faite>
comprendre toute l’étendue de terrain qu’ on
trouve depuis la petite ville de Sainte-Maure juf-
qu’ au Matelan, 8c renfermer les communes cir-
convoifines de Sainte-Catherine, de Fierbois, de
Louan 8c de Bo'ffée.
. Outre cela il préfente un maflif dont Tépaifleur
n’eff pas bien déterminée : on fait feulement
qu’ il a plus de vingt pieds de profondeur. Voilà
donc un banc de coquilles d’environ neuf lieues,
carrées de fuperficie, fur une épaiffeur qui fera
pour le moins de vingt pieds. Il eft évident que:
cette maffe prodigieufe, quoique fituée dans une
contrée de notre continent à plus de trente-fix
lieues de la mer, eft l’ ouvrage de l’Océan, 8c qu’ il
s’eft formé comme toutes les autres, couches de
pierres voifines, lefquelles renferment également
des coquilles plus ou moins réduites que celles-ci*
Le falun qu’ on tire après les premières couches
eft d’une grande blancheur 3 outre cela les coquilles
entières qu’on y trouve,, font toutes placées
Horizontalement fur le plat j ce qui démontre que
cet amas a été formé, comme tous les autres,
dans le baflin de la mer, 8c qu’ il n’a pas été dé-
pofé , comme quelques écrivains l’ont cru,, par un
mouvemènt violent 8c une irruption de l’Océam
dans les terres..
S » a me fur e qu’on approfondit
les fouilles qu’on y fait pour en "extraire le fuùap.