
turelle , de les annoncer aux naturalises curieux
de les vérifier. 11 me fuffira, je crois, d’en avoir
indiqué les gîtes, perfuadé que les correfpondan-
tes fe rencontreront dans un grand nombre de lieux
voifins de la vallée du Rhône : j’ajouterai feule*
ment ici que ces phénomènes ne s*o.bfervent nulle
part dans un rapprochement aufli frappant, &
dans des limites aufli circonfcrites qu'aux environs
d’Ufez & d’Alais, ainfi que dans la vallée du
Gard.
La tradition de la Bible, par laquelle il eft dit
que la terre fortit du fein des eaux, & apparuit
arida, po.urroit-elle être appliquée à la dernière
apparition de la nouvelle terre ? Je laiffe cette Gon-
fidé ration aux géologiftës,qui croiroient que cette
application eft de leur part. Je le répète ; cette
apparition de la terre hors du fein des eaux a eu
deux époques inconteûables 5 l’une en mettant à
découvert les larges bordures de la moyenne terre ,
la plupart adoûées à Y ancienne; l'autre ayant ajouté
à nos continens les différentes contrées de la nouvelle
terre y établies fur Y ancienne, ou même fur la
moyenne ou à côté.
Au moyen de la diftinétion des trois maflifs ,
1 ancienne terre, la moyenne terre & la nouvelle,
on peut rendre raifon de tous-les phénomènes qui
fe montrent à la furface de nos continens, phénomènes
très-variés , très-fuivis, & dont la plus
grande partie figure dans nos anecdotes. C’eft
en conféquence de la difpofition relative & fuc-
cefïive de ces différens maflifs, que nous trouvons
partout de longues & larges pentes & vallées qui
les traverfent, & qui conduifent les eaux courantes
, depuis les fommets les plus élevés, juf-
qu’aux bords des mers de différens ordres.
L’écoulement des eaux, lors de l’apparition de
la terre, a dû fans doute laiffer des empreintes remarquables
à la furface des continens qui appartiennent
à la moyenne & à la nouvelle terre. Les di-
v.erfes directions fous lefquelies les eaux fe font
retirées , ont été affnjetties à plufîeurs meuve-
mens, dont les uns étoient généraux autour du
globe , 82 les autres particuliers dans chacun des
baflins. Les mouvemens généraux ont régné fans
doute dès les premiers momens de l’écoulement
générai, au lieu que les particuliers ne fe font déclarés
que fur la fin de cette apparition, & lorf-
qoe les fommets des baflins déjà découverts ont
interrompu le mouvement générait.- Or> voit d’abord
que l'écoulement des eaux des anciennes
mers aura du farvèe la rotation même de la terre,
qui a imprimé à toute la mafle des eaux un mouvement
commun 82 uniforme. Ain<fî, pour en trouver
les empreintes, rien ne nous les repréfente
plus parfaicernent que la direction générale du
coûts des grands fleuves de l’occident vers l’orient.
La chute de- cet écoulement univerfel des eaux a
produit-fin: les principaux fommets du monde les
mêmes effets cpie- produifent les fleuves fur les rivages
où ris font jetés j il les a détruits & efearpés
de relie forte, que tous ces fommets font courts
82 rapides vers l’occident, 82 en pente très-douce
vers l’orient j ce qu'il eft facile de vérifier. Si
nous réuniffons maintenant fous le même coup
d’oeil les fommets du monde qui ont procuré la
direétion aux grands fleuves, & que nous examinions
leur difpofition générale, nous trouverons
que les fleuves ne coulent d'occident en orient
que parce que les' parties les plus élevées des contrées
qu"ils traverfent, font a l'occident de leurs
cours, 82 qu’ainfi ces fommets doivent avoir leur
aliure, non de l'occident vers l'orient, comme 011
l'a cru, mais du nord au midi, comme ils le font
effectivement en Amérique. Il faut pour cela tracer
fur le globe les fommets de tous les continens
vifibles, enfuite confîdérer les mers comme le
fond des filions dont la terre a été couverte, 82
les principales chaînes des continens, comme les
fommets de.ces filions. Pour avoir le fpeêtacle précis
de toutes ces formes, on peur avoir recours à
la mappemonde de M. Boulanger 3 dédiée aux progrès
de nos connoijfances; c’eft là ou ces fommets font
exactement tracés. Si l’on regarde enfuite l’hémif-
phère terreftre dans tout Ton enfemble , on le
trouvera bordé du grand Commet de toute l’Amérique,
qui n'a qu’un revers très-court, lequel fe
termine à la mer Pacifique, & fe trouve hériffé
des plus hautes montagnes du monde. 11 n’y a pas
un fleuve ni une rivière notable qui fe rende à
l’oueft dans la mer du fud : l’on n’y voit que des
torrens courts & rapides, qui nous montrent l’ef-
carpement général de tout l’hémifphère terreftre
à l’occident. Il n’en eft pas de même dans la partie
orientale de fonscerele. Les Commets de l’Afie
en font très-éloignés : ce font des fleuves de huit,
douze & quinze cents lieues de cours, qui defcen-
dent dans la mer des Indes, dans la mer du fud 82
dans la mer Glaciale ; ce qui fait connoître combien
les fommets font de tous côtés éloignés des
mers orientales. Cette pente rapide vers un côté,
& cette contrevent© fi douce 82 fi longue de l’autre
, nous indiquent vifiblement de quel fens s’eft
faite l’ancienne retraite des mers vers l’hémifphère
maritime , purfqoet-out le revers occidental a été
efcarpé , rendu fec & ftérile, & qu’à l’orient font
au contraire de vaftes contrées en pente douce,
& les plus fertiles du monde.
Les autres continens, vus en détail, nous offriront
également les mêmes formes générales & cor-
refpondantes. Ainfi, la ligne du Commet de l'Angleterre,
nord & fod, eft bien plus proche du
bord occidental que de l’oriental : outre cela , la
mer occidentale d’Irlande & de l’Angleterre eft
bien plus profonde que la mer tï’All'entagné.
De même , la ligne du fommet de la Norvège
eft bien- plus voifine de l’Océan que de la mer Baltique;
les montagnes du fommet général de l’Europe
font bien plus hautes vers l’occident, que celles
qui font à l’orient, 82 fi l’on fuit ce Commet
jufqu’en Sibérie, il eft bien plus près de la mer
Baltique & de la Mer-Blanche, que de la Méritoire
82 de la mer Cafpienne.
Les Alpes 82 l’Apennin régnent bien plus près
de la Méditerranée que de la mer Adriatique. D’un
côté, ce ne font que des terrains fort courts ; de
l’autre, c’eft le long canal du Pô.
La chaîne de montagnes qui fort du Tyrol, qui
paffe en Dalmarie, 82 qui prolonge fes extrémités
jufqu’à la pointe de la Morée, eft toujours à l’occident
de la Turquie européenne , 82 côtoie fans
cfcfle La mer Adriatique.
Si je confi Jère les baflins de toutes les eaux qui
fe rendent dans le Pont-Euxin du côté de l’occident
, je vois que les fleuves s’y portent par de
très-longs cours, 82 qu’à l’orient ce font des rivières
très-raccourcies.
Le fommet qui eft entre la mer Cafpienne & le
Pont-Euxin eft bien plus loin de la première que
de la dernière, dont il côtoie toujours le bord
oriental. Cette régularité n’eft pas moins remarquable
en Afie ; car fi l’on fuit le fommet qui fe
prolonge depuis les Dardanelles jufqu’au détroit
de Babel-Mandel, on trouve toujours que les Commets
du mont Taurus, du Liban, de toute l’Arabie
» côtoient la Méditerranée 82 la Mer-Rouge,
& que, vers l’orient, ce font de vaftes continens,
où des fleuves de long cours vont fe jeter dans le
golfe Perfique.
De même fi, depuis le fommet général de l’Afie,
jufqirà laprefqullede l’Inde, on parcourtrlesCommets
de ces grandes, contrées, on voit ces fameufes
montagnes des Gattes s’approcher conftamment
des mers de l’oueft, 82 leurs revers alongés vers
l’orient.
Si des frontières occidentales de la Chine-on
fuit encore un autre fommet d’une partie de ce
continent, jufqu’à la pointe de Malaye, on trouve
là même uniformité : à l’occident, les terres font
étroites, les mers profondes 82 fans îles; & à l’af-
peft de l’orient, au contraire, les côtes font alon-
gées, 82 les mers remplies d’une infinité de grandes
82 de petites îles ; mais il n’eft pas de partie
du monde ou cette régularité foit plus confiante
& plus remarquable en même tevns que dans l’Amérique.
L’on voit dans le Nouveau-Monde le
fommet de ce continent fuivre 82 côtoyer la grande
mer du fud, 8c ne point s’approcher des rives
orientales. Cette chaîne qui fort des contrées inconnues
du nord, y laiffe à l’orient de vaftes parties
de ce continent, arrofées par le Saint-Laurent,
le Mifliflipi, le Rio-Salado , pour traverfer
le Nouveau-Mexique 82 s’approcher de la mer
Vermeille : cette chaîne Ce prolonge dans la Nou-
velle-Efpagnè, dont les limites font fort refler-
rées ; mais cependant elle en laiffe à l’orient la plus
large partie, 82 les mers qui fe trouvent contiguës
font remplies d’îles 82 dé bas-fonds. A l’oueft 82
à l’occident eft une mer immenfe 82 fans îles. Ce
même fommet, après avoir paffé Panama, règne
d’une façon furprenante, fous le. nom d’Andes 8c
de Cordillières, tout le long de k côte dû Pérou,
du Chili 82 des terres magellaniques, en côtoyant
fans ceffe la mer Pacifique, 82 en laiflant à l’orient
les grandes contrées arrofées par l’Orénoque,
l’Amazone 82 la Plata.
On voit donc généralement ici que, dans plu-
fieurs parties des grands continens, les points de
partage des eaux font plus près des mers de l’oueft
que des mers de l’eft ; que les revers de ces contrées
font toujours beaucoup alongés vers l’eft ,
& toujours raccourcis à l’oueft ; que les mers des
rives occidentales font toujours plus profondes 82
bien moins peuplées d’îles que les rivages orientaux
, 82 qu’enfin tout reprêfente , fur la furface
de la terre, l’empreinte d’un écoulement général
d’occident en orient, lequel, comme fait aujourd’hui
le moindre ruiffeau, a raccourci tous les
revers fur lefquels il tomboit, 82 n’a fait aucun
tort à ceux qui ne lui étoient pas oppofés : ces
empreintes fe retrouvent même fur les îles voift-
nes des continens.
Outre çette çonfidération générale 82 cet examen
des points de partage des eaux, relativement
aux mers occidentales ou orientales qui baignent
les divers continens, on.peut s’attacher à une autre,
d’après laquelle on vifîtera très-exaélement
chaque point de partage des eaux dans l’intérieur
des terres, 82 qui naturellement onY'dû fervir de
points de partance dans l’écoulement des eaux qui
ont opéré Y apparition de la nouvelle terre. Or, ceci
fe rencontre très-facilement fur la mappemonde.
Vhydrographie t décrite d’après notre principe,
fervira merveilleufement à compléter la trace de
la marche des eaux dans tous les cas, & à nous
déterminer les différentes caufes de toutes les pentes
qu’on peut contempler fur le globe, 82 que les
eaux courantes ont fuivies très^réguliérement dans
les principales circonftances.
Toutes ces différentes opérations de la nature ,
tant générales que particulières, 82 qui ont produit
l’écoulement des eaux lors de Y apparition de
la terre y ont été confidérées. par quelques géolo-
giftes comme capables d’avoir feules pu former
toutes nos vallées 8c les efearpemens réguliers
qjie nous y remarquons, fans qu’il fût néeeffaire
d’avoir recours à l’aélion des eaux pluviales ; cependant,
depuis l’apparition de la terre hors des
eaux, on ne peut douter qu’elle n’ait été'continuellement
expofée à cette aétion, & nous prouverons
par la fuite qu’elle a fuffi pour opérer dans
les diyerfes contrées toutes les inéga’ités qui s’y
rencontrent. Nous rappellerons donc ici trois
grands événemens , que l’on doit confidérer dans
l’ordre qui leur convient : r°. l’ancienne conftruc-
tion fous les eaux de nos terrains appartenans à
la moyenne & à la nouvelle terre ; 19. leur apparition
à deux reprifes différentes. Ce font deux révolutions
diftin&es & réparées & doux faits in-
conteftables, quoique l’on ne puiflfe en indiquer
les caufes. Quant à la dernière opération qui a eu