
à confidérer ; lui-même éprouve des variations
qu’il eft important de faire connaître : & de plus ,
vers les côtes il eft coupé par des vents fecon-
daires qui foufflent alternativement de la terre
vers la mer 3 & de }a mer yers la terre.
Le vent d’tll dont il vient d’être parlé , n’a ni
toujours ni partout la direétipn d’eft plein.
D’abord nous dirons que le vent de fud-eft
règne feul dans la mer des Indes, entre Madagascar
& la Nouvelle-Hollande j-mais 3 i°. entre la
côte de Sofala , de Mozambique & le commencement
de celle dé Zanguebar, il fouffie d’oélobre
,au mois de mai un vent fud-eft _3 8c de mai en octobre
un vent oueft ou même nord-oueft, qui , pafié
Madagafcar, eft ramené vers l’équateur 8c fouffle
alors fud^ouefl 3 8c même prend beaucoup du Sud.
Quand ce vent vient à changer , il devient froid
avec des pluies & d.ës orages, tandis que les vents
d ’eft direds font toujours doux & agréables.
2°. Le long des cotes de Zanguebar, au deffus
de Madagascar & le Jong des côtes d'Ajan 3 juf-
qu’ à l’entrée de la Mer-Rouge, les vents Sont variables
d’o&obre à la mi-janvier : les plus ordinaires
font les vents de nord, violens, orageux
avec pluies, de puis janvier jufqu’en mai. Ces vents
font nord-eft 8c nord-nord-eft, 8c accompagnés de
beau temps. Depuis mai jufqu’en octobre ils font
fud> 8c en juillet, août 8c Septembre il y a des
calmes qui durent jufqu’ à fix Semaines dans les
golfes de Pata 8c de Melinde.
30. Cependant au nord de l’équateur, vers la
même côte d’Ajan, il règne d’avril en odobre un
yentfud-ouêft impétueux, orageux, avec de grofîes
pluies j 8c d’odobre en avril il règne un vent nord-
eft moins violent, accompagné de beau temps : il
faut ajouter que ceci a lieu proche des terres & le
long des côtes.
Tels font les vents généraux qui régnent dans
les contrées d’Afrique, fituées entre les tropiques;
mais il en e xi fie encore d’autres qui Soufflent de
même entre les tropiques, & qui font Subordonnés
aux vents généraux. Ces vents font plus fen-
fibles dans les pays & dans.les temps ou les vents
généraux Soufflent mains fortement; ce font les
•vents de terre et de met. .( Voye% cet article. }
Il ne me refte plus qu’à montrer, dans chacune
des contrée* lïtuées le,long de la côte orientale
de l’Afrique,' les differens effets des caufes générales
, telles que je les ai déciites ci-devant. Ces
contrées s'étendent depuis le tropique ou le cap
des Courant, jufqu’au cap de Guardafui. Beaucoup
de fleuves arrofent toutês ces contrées; mais
le plus confidérable de tous eft le Zambezé ou le
\Çuama3 qui eft le ï^il de ces contrées i il a fes
débordemens réguliers dans les mois de la Saifon
pluvieufe , qui fe. rencontrent avec le retour auf-
tral du Soleil à l’équateur. Ces pays Sont très-fertiles,
unis & plats vers les côtes, 8c en quelques
.endroits trèsrhumides & infalubres : plus profondément
ils font montagneux. 11 y a grande apparence
que ces montagnes font très - fertiles. Les
habitans en Sont noirs.
Dans la partie de la côte de Zanguebar, depuis
le détroit jufqu’à l’équateur, les côtes font plates,
humides & ma'-faines. A Mozambique & à Quiloa,
elles font arrofées 8c fertiles ; plus avant dans les
terres, il y a des forêts & des montagnes. Les
endroits les plus voifins de la mer & les îles qui
bordent les côtes font habités par des colonies
européennes ou arabes. Les naturels noirs Sont
plus éloignés de la mer; 8c c’eft à caufe de ce
mélange d’habitans, qu’on a donné à cette côte
le nom de Cafrerie mélangée. La rivière qui coule
au deffous de Melinde, 8c qui eft connue Sous le
nom de Gui émane i , prend Sa Source dans les montagnes
d’Abifïinie, &. elle vient Se décharger de
1 l’autre côté de l’équateur, à trois degrés Sud de
cette ligne; en forte que les débordemens de-
vroient coïncider avec ceux du N il, tandis que la
faifori des pluies au lud de l’équateur fe trouve
néceffairement dans un trimeftre oppofé. Toutes
les autres rivières de cette côte vont à peu près
de l’oueft à l’eft, 8c ne font pas affujetties aux débordemens
du même ordre que ceux de la rivière
Guilmanci. Leurs débordemens doivent naturellement
fe rencontrer avec la faifon des pluies propres
aux pays qu’elles arrofent. Je finis par remarquer
ici en général, que la température de ces
côtes eft beaucoup plus douce que la latitude ne
femble le comporter; ce qui eft dû fans doute à
l’humidité qui y règne, à la'quantité de rivières-
qui les arrofent, ainfi qu’ aux effets qui réfultent
néceffairement de Ta&ion du vent d’eft général
dont il a été parlé bien en détail.
Le refte de la côte orientale, depuis l’équateur
jufqu’ au cap Guardafui, eft compris fous le nom
de la côte d'Ajan. La partie la plus méridionale
de cette côte efffertile & àrrpfée comme la côte
de Zanguebar, que quelques géographes étendent
jufqu’à Magadoxo : la partie feptentrionale eft dé-
ferte & .aride. Dans la partie habitée les naturels
noirs, comme dans tout le refte de la côte , font
retirés dans ^intérieur des terres. Les1 côtes mêmes
font occupées par des Arabes qui, à Brava, fe font
réunis én république. Les rivières les plus-'étendues
de cëtte c ô te , comme nous l’avons indiqué
ci-deffus & à l’article Abforbant, feétion de Y Afrique
3 viennent des montagnes de l’Abifflnie.
A ID A T ( Lac dy ). Cet amas d’eau eft formé
par le courant moderne du Puy de la Vache , qui
eft venu prendre en flanc les eaux du ruijffeau
d’A id â t, & a fait fonction d’une digOe qui les a
Soutenues àjune certaine hauteur dans le vallon ou
-elles coûtaient, & fe réuniffoient avec les eaux de
Verneughes, delà Cafflère & d’Efpirat : out-re-cela
la lave, en s’emparant du lit de ces eaux, lésa
forcées à faire çà & là différentes/ftagnarions, 8c
par conféquent il a fallu , ou qu’elles s’élevaffent
.fur la lave, ou quelles filtraffent dans les fentes*
& allaffent fe montrer définitivement à l'extrémité
du courant qui les mafque, & qui s'oppofe à leur
évaporation pendant la plus grande partie de leur
marche fouterraine.
Tels font les caractères généraux des différens:
courans de laves qui appartiennent à la claffe des
volcans de la dernière époque, de l’époque la plus
récente. Non-feulement ils forment des chauffées
affez remarquables au fond des vallons aCtuels plus
ou moins approfondis, mais encore ils recouvrent
les anciens ruiffeaux qui y avoient un lit. Un des
courans le plus intéreffant en ce genre eft celui
dont nous avons indiqué les effets, celui des Puys
de la Vache & de Las-Solas. Les laves forties de
ces deux cratères1, foit qu’elles aient coule en
même temps ou à-différentes époques, ont gagné
la même vallée, ont dérangé dans plufieursendroits
le cours des eaux, & font venues s’engoufrer dans
le baffin de'Saint-Saturnin, vers Saint-Amand &
Talende, où elles ont arrêté leur marche.
■j En vifitant en détail les effets dé ce grand
courant, on trouve que les laves ont occafionné
différentes ftagnations, telles que les lacs de Ran-
dane, de Verneughes, de la Caflïere, d Efpirat
& furtout d’Aidat. Celui de Randane eft à fec
dans les étés chauds : il eft formé par une divifion
du grand courant qui, un peu au. deffus de Vicha-
tel, a barré l’écoulement des eaux de la prairie de
Randane. Lorfque ces eaux peuvent pénétrer .entièrement
à travers les parties du courant qui s pp-
pofe à leur débouché, la prairie eft à fec. Mais
dans l’hiver & même en ete, fi ces eaux font abondantes,
il fe forme un amas auquel on a donné le
nom de lac de Randane. •«
Environ une demi-lieue plus bas, le lac de Verneughes
devoir fa formation au même courant qui,
en interceptant le débouche de 1 eau des fontaines
de ce village , k s a foutenues de manière qu elles
formoient un lac quon eft parvenu a deffecher au
moyen de certaines excavations qui ont conduit
les eaux du lac vers des amas de laves & de feo-
riês! qui les ont abforbées a mefure qu elles af-
fluoient.
Mais l’effet le plus remarquable de ce grand
courant, celui qui donnelièu à cecarticle, eft le
lac d’Aidat. Il eft aifé de remarquer que la lave
verfée par les Puys de la Vache & de Las-Solas,
après avoir parcouru un fort grand efpace, s êft
précipitée dans le vallon d’Aidat, a comblé le ht
du ruifféau abondant qui y coûtait en toute liper_
té , & a' formé une digue d’une hauteur confidérable
le long d’une maffe de granit qui domine les
bords de l’ancien vallon. Comme les eaux ont été
foutenues de toutes parts entre des collines fort
élevées 8c d’une certaine folidité, elles fe font
élevées jufqu’ à la fuperficie de la lave. Après en
avoir couvert les parties lés plus baffes, & avoir
enveloppé celles qui étoient ifolées , leur trop
plein a fini par fe vider par-deffus les parties du
coûtant qui- étoient les moins elevées, &. y a
formé un ruifféau apparent qui eft trace fur notre
J’ajoute ici que les lacs clé la Cafftére 8c d.Efpirat
n’ont pas eu une autre origine. J’expoferai
dans un article particulier ce qui m’a paru le plus
remarquable à celui de la Cafli'ere. - •
Je dois dire ici que ce même courant, en fui-
vant le vallon vers Saint-Amand & Talende, a
atteint le lit d’ûne rivière latérale qui s’y rendoit
auffl, 8c l’a refferré tellement contre la montagne
de Perreneire, qu’on apperçoit dans certains endroits
quelques veftiges de ftagnations. Mais il pa-
j roît que les eaux ont entamé les croupes de pierres.
Icalcaires, & s’y font ouvert des iffues fort pro-
: fondes par la facilité qu’offroit à l’eau la matière
des croupes. La lave du Puy de la Vache , qui
domine aujourd’hui à une hauteur confiderable
cètte vallée , fo.us le nom de Cherre de Saint-Satur-
, nin 3 fe trouvera bientôt fufpendué fur le fond de
cette vallée,- qui eft vifiblement l ’ouvrage de la
mone, poftérieur à ..J-écoulement- de la lave.
D’ailleurs, il paroït-que’ dans certains endroits
’■ cette lavé commencé, à fe décompofer, & q u e ,
dans la Cherre de SaintrSaturnin, outre la; belle
l 'forêt de. la Pradat, il s’y trouve quantité de bois
particuliers, lefquels annoncent une époque affez
reculée pour l’ écoulement de ce courant. Gepen?:
dant on doit remarquer que ces bois occupent de.
grandes parties de l’ancienne vallée, qui n’appar- <
tiennent point à celles qu’ a couvertes le courant.
AIGLE. Je ferai connoître dans cet article les
falines de Bexvieûx 8c d’A igle , appartenantes au
canton de Berne.
Un long ufage avoit fait connoître aux^magif-
trats adminiftrateurs de Berne, que des.'batimens
de graduation d’une feule colonne de fafeines
étoient fujets à perdre des portions de fef,; parce
que, lorfqu’ il y a beaucoup d'agitation dans la i r ,
les particules d’eau falée s’ écartent .de la perpendiculaire
, & font emportées hors de leurs divi-
fions. Pour remédier à cet inconvéaient ils firent
conftruire un bâtiment "de graduation, auquel ils
ont donné vingt-cinq pieds de largeur, au lieu de
dix-huit pieds qu*avoient feulement les anciens ,
& ils y ont placé double colonne de fafeines, qui
n’ont que l’ancienne largeur par le haut, mais qui,
s’accroiffant par le bas, ont la forme d’une pyramide
tronquée.
Le mécanifme des bâtimens de graduation1 paroi
t très-fimple, 8c quahd on l’a vu pendant vingt-
quatre heures,on croit l’ avoir failï dans fon entier,^
& le pofféder à fond. Cependant il y a une infinité
! de particularités inté-reflantes qui ne fe préfentent
que fucceffivement ; & fans avoir toutes ces con-
noiffances réunies , on court rifque de tomber
dans des erreurs qui coûtent cher.
La fàline de Bexvieûx 8c celle d'Aigle font fituees
vis-à-vis Saint-Maurice , à l’entrée delà gorge du
^Valais, à deux lieues l’une de l’autre.
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