
pour U deftruÇlfon de ce qui manque à certaines
parties du globe, 8c pour la conftruCfion de ce qui
O.qus en refie, 8c dont les parties les plus entières
n’ont elles-mêmes aucune apparence d’unité 8c
de. ftmplicité ?
S i, par quelques accidens, les couches de la
terre enflent été rapidement çouftruites & établies
les unes fur les autres , fl Les vallées & les montagnes
s’y fuilent formées dans le même tems,
comme, par exemple, par les dépôts accumules
des nuages du déluge , qui auroient été chargés
d’unefubftance Iaiteufe, d'élémens pierreux, comme
l’a imaginé le Père de Lignac ( Lettre V Q. a un
Américain ) , elles devraient offrir dans la figure
extérieure de leurs collines 6ç dans leur maflè intérieure,
une difpofition différente de celle que
nous avons obfervée partout. Nous n’y verrions
aucun efearpement extérieur, aucune fraélure
intérieure, parce que les coteaux ne fe feroient
formés que par l’écoulement d’une vafe encore
liquides en forte qu’on ne trouveroit ni au dedans
ni au dehors,de leurs mafles, que l’empreinte de
leur mollelTe dans le tems de cette unique,ifnbite
8c étrange révolution. Mais n’infiflons pas lur les
réfultats d’une hypothèfe abfurde.
Au lieu de ces effets extraordinaires , il m’a
toujours paru évident & manifefte, par l’examen
de toutes les dégeadadons que j’avais rencontrées
à. la furface de la terre , que les continens, dès les
premiers momens qu’ils ont éprouvé l’aélion des
eaux..courantes torrentielles, avoient été capables
d’une réfiffance à peu près aufli ferme & aufli fo-
lid.e qu’aujourd’hui j car fi les torrens euffent couru
a travers de vafes molles & de terrains fraîche-,
ment conftruits, ils lts euffent tous entraînés avec
eux, & ils euffent tout tranfporté au fond des
abîmes de.la terre &. des mers. Nous n'aurions
point dans nos vallées, dans les lieux que les eaux
ont frappés de front, ces efearpemens, ces étroites
1 iiières de terrains qui font refferrés entre le
pied des grandes cotes & le coûts a&uel des rivières,
Qn ne verrait pas d'énormes rochers remplir
la cuve des vallées, çù,ils fe trouvent au milieu
des débris des pierres-d’amont démolies i on
ne verroit pas çà &*L».,vfur les hauteurs 8c au milieu
des plaines baffes ou élevées, des »paffes &
des. bloci.de rochers de nature étrangère a.u pays,
des, pierre\ perdues, & égarées , des fragment de
cpilinçs 8c de montagnes en ruines ; op ne verroit
point enfin, au milieu de nos provinces 8c fur les
bords de la mer, courir des chaînes de collines &
de montagnes, où l’on remarque les extrémités
de tous les bancs & de toutes les affiles tranchées
c.omme dat\s an rempart démoli.
Si le, tprippt du Rhin cfeut pas trouvé au dtffus
4’HuningU& une barrière,.invincible qui lui ait fait
porter fou cours vers le nord, s’il n’eût pas re.n-
contré un .obftacle Supérieur à la grandeur de fes
efforts,, nous, le verrions aujourd’hui à travers la
France > eu fa direction le portoir* il n’auroit point
fait autant de circuit, en abandonnant les lieux où
il a pris naiffance ; enfin, nous ne verrions pas fur
les montagnes des environs de lll'e 8c dTIunin-*
gue, les terrains tranchés 8c les côtes e.fca.rpéss
qu’il a formées, 8c qu il n'a abandonnées qu’après
y avoir laiffé les traces les plus frappantes de U
violence & de l’impétiiofité de fon cours.
Qn ne verroit point dans Le Jura de la Franche-
Comté, le Doubs fe replier fur lui-même, courir
au nord en descendant de fes fources , & , fran-
çhiffam ces fauts 8c ces catara&es, 8c après avoir
menacé d’inonder l’Allemagne, tourner tout à coup
8c changer fubitement fon cours pour traverfer les
provinces méridionales de la France. C’eft là qu’il
fait beau voir fur tous les efearpemens les preuves
de la folidité 8c de la réfiffance des terrains fous la
violence des premières eaux.
Ce n’eft pas encore lorfque les contrées de l’Arménie
8c de la Méfopotamie n’étoient qu’une vafe
molle, que le Tigre, voifin de l’Euphrate, a creufé
fon lit, & qu’il s’eff formé fous la malfe du mont
Ta.urus un canal fouterrain : il en eff de même fans
doute de tant d’autres fleuves qui dérobent une
partie de leurs cours dans des cavernes, qui reparoi
ffen.t e n fui te, & fe c achen c q ue lque fois à p 1 ufi eu r s
reprifes. Tous ces accidens du cours de nos fleuves,
& nos fleuves mêmes, ne peuvent être que
bien postérieurs à la conftruélion des contrées qu'ils
arrofent, 8e des montagnes qu’ils traverfent.
Il y a mille monumens de cette vérité dans les
quatre parties du mondé“, & la terre entière nous;
le prouve incomeftablement par la roideur des côtes,
par la hauteur dts efearpemens, par les caps,
par les ouvertures des détroits terreftres, par les
défprdres que l’on rencontre quelquefois dans les
difpofitions des bancs ; enfin par toutes les irrégularités
fuperficielles & intérieures qu’offrent les
terrains qui bordent nos vallées, 8c qui forment
leurs croupes & les enceintes qui les circonfcri-r
-vent. Il eff vifibie que, depuis la retraite de la mer
& la découverte des parties de nos continens ap-
partenans à la moyenne terre & à la nouvelle, il eff
vifibie, dis-je, qu’ils étoient très-folides , & que
c’eft en conféquence dé cette eonfiftancp qu’ils
ont çonïervé ces formes variées que nous obfer-
vons de toutes parts.
Toutes ces conféquence« font celles de la rai-
fon, éclairée par l’obfervation. Il eff naturel«dé
penfer que les dérangemens arrivés aux montagnes
par bancs, ont été poftérieurs aux agens qui
ont dépofé ces bancs, & que cès dérangemens
ont eu lieu dans un tems où les bancs, les rochers,
les^ montagnes, avoient déjà de la confiftançe, Les
coquilles pétrifiées, aipfi que tous les autres fof-
files du genre animal 8c végétal, font les témoins
& les monumens par lefquels on peut découvrir
lçs époques de ces, différentes révolutions j ils dé-
pofent furtout bien clairement, i°. que la formation
des mpntagne.s ne remonte pas à l’antiquité
la plus reculée > que tous les rochers farcis de
•coquilles ont été formés de limon & d’une vafe
molle, puifquè les coquillages en ont été enveloppés
j 30. que les montagnes & les rochers com-
pofés de bancs, ont été formés bien long-tems
après la multiplication & la vie des animaux marins,
dont ils renferment les dépouilles & les débris
j 40. enfin, que le mélange 8c l’intime union
des coquillages avec les rochers prouvent que les
•uns & les autres ont été fournis aux mêmes opérations
de la nature, 8c que le limon 8c les corps
marins orgânifés ont éprouvé en même tems l’action
de la pétrification ; qu’ils ont été afiujettis
enfuite à toutes les révolutions qui les ont élevés :
au deffiis des plaines, déplacés &- bouleverfés ,
comme nous l’obfervons dans toutes les parties f
de nos continens appartenons aux deux ordres de
maffifs dont nous nous occupons ici.
Toutes ces conféquences font très-fenfibles,
car elles font déduites de principes aufli Amples
qu’elles, & fi fimples, qu’il fuffit de Kobfervation
fuivie pour en être convaincu. Néanmoins, qui
pourroit croire que toutes ces vérités ont échappé
au plus grand nombre des hommes, 8c qu’il a fallu
les y ramener fouvent pour leur faire fentir la né-
ceflfté de voir 8c de revoir les opérations dé la
nature dans la eonftruéiion de leur habitation , 8c
de la planète, en un mot, où ils dévoient concentrer
leur féjour?
A n e c d oT ês fur les débris des démolitions des
'• divérfes contrées de la terre, c}u on peut conjidérer
comme des parties des continens fueccjfifs , & fur
les produits de ces démolitions.
Non-feulement les diverfes contrées de la furface
du globe, prifes en détail, annoncent une fucceflion
de révolutions j mais ce qui pâroît mériter la plus
grands attention par l’examen que l'on peut faire
des débris, réfultats de ces* révolutions ,x ’eff-à-
dite-, des pierres & antres’ matières renfermées
dans les couches que l’ancien féjour de l'Océan a
coftftrtrites, on y recôfmoît que 1‘ancienne terre,
qui a précédé certaines parties de l'a moyenne 8c
de la nouvelle) n’étoit ni plus fimple ni moins
compofée dans lés fubfta-nces dont elle étoit formée.
Si nous analyfens un g^and nombre dé marbres,
nous y trouvons, parmi les différentes matières
qui fqcî entrées dans leur compofitron, une
multitude d:e fubffances pierreufes, noyées dans
un linvem qlii en a fait ufi tout plus ou moins fin-
gwlîer. Or , il n’y a pas de douté que comme la
oonft: tîélion de ces marbres eff vifiblement d'de’ à
la deffruélion de terrains plus anciens, que la réunion
de toutes les pièces détachée« & indépendantes
les unes dés autres dont ils font forfnéS,
ces fragm'eits n’a'ient été chaeuri auparavant les
parties d’un tout de même' tt.vtdre qu’eux.
■ Si nous examinons à préferve chacun de ceâ fra-g-
mens fcparémeut, le jugement que no -s en porterons
fera aufli lé jugement du tout, dont les pai--
tïes ont paru mériter notre attention 8c notre
examen j cat nous voyons que ce font, dans certains
marbres , des pierres veinées qui ont aufli
leurs feuillets & leurs couches ; qu’elles ne font
que le réfultat de dépôts fücceffifs de terres & dé
limon. Nous y voyons les mêmes élémens que
ceux qui figurent dans certaines pierres, qui ne
font ni plus fimples ni moins compofées : tout y
eff placé avec la même apparence de fucceflion,
8c chacun dé ces fragmens de piérrés brifées eff
aufli étranger au to u t, 8c indépendant du to u t,
que le banc de marbre où ils fe trouvent compris,
eff étranger aux autres bancs cireonv'oifins. Cés
marbres n’ont donc pu être conftruits ailleurs que
dans Tea'ii & par l’eâit 5 mais l’analyfe dé la partie
étant aufli l’ânalyfe de la maffe totale, qui h’eff
plus, les terrains autrefois entiers, dont elle a été
arrachée, ont dû aufli leur conftruéïion au travail
des eaux ; ils n’avoient pas toujours été continens
découverts, & il y avoit eu üli tems où, par rapport
à d’autres, ils avoient été ce que les lits des
mers actuelles font pat rapport à nos çbhtinens.
Toutes ces pierres détachées dépoftnt aufli
d’une manière invincible qu’èiles font lés fràgr-
niens d“uit tout de même nature qu’elles, &r nous
apprennent qu'avaftt l’accident qui les en a arrachées
, ce tout fubfiffoif èn entier, & que cë tout
lui-mérite rfé de voit fa conftïüétion 8c fa compofi-
tion qu’à la démoliriofi & à .la deffruétion de matières
préexiffantes à fï formation. Les anciens con-
tinens n’étoiént donc pas Amples.
Je pourrois peut-être lé prouver plus en grand par
la variété 8c la difpofition même des bancs de nos
continens. C’eft un fait général que 1 on doit adop-,
te r, que les couches inférieures dé nos continens
font plus anciennement eoriftruitès que les couches
fu'périeure's , 8c par cohféquent que dans lés couchés
inférieures font en partie defeendus les produits
des démolitions des couchés fupérficièlles
de^ arteiens continens, & que les couches fuper-
fîciefles s’y font placées. Les parties démolies des
couches inférieures des anciens & mêmes continens
, & celles du milieu de nos continens actuels,
occupoieht aufli le mili; u des anciens j car
leur arrangement ayant été fait fucceflivemént,
les matières des continens fecs qui or.t pu venir fe
mêler atfee les productions des mers, n’ont pu y
arriver que par des transports ainfî fücceffifs , 8c
cès tranfports' n’ont pu fe faire dans un autre ordre
pour les parties moyenhés, que pour les parties
: occupant lès extrémités. Or, la variété que I on ob-
1 fërvê dans tous les différé ns bancs accumulés les
; irn's fur les; autres, doit faire conncîtrè la variété
qui régnait aufli dans lès ancieus continens entre
tontes les parties inférieures füpérieures &
moyennes, lis n’étoient formés que d’un affem-
bi'a'sé’ de ba’fics de toutes fortes, 8c chaque banc
n’etoit ui-mêmë que l’àifemblage fortuit de débris
dè différentes matières. C’eff encore un g<and
préjugé pour penfer que ces ContiYiens ëtoienV-,
D d d d 1