
ries des parois font des tapis d’une grande beauté,
plus blancs que l'albâtre : on en caffa quelques-^
uns, dont l'intérieur avoit l’apparence de l’écorce
de citron confite.
J’ajoute ici comme une particularité intérelTante
la découverte d'une fontaine qui fe trouve dans le
voiiinage de la route par laquelle on fort de la
grotte. Ces eaux courantes intérieures fe remarquent
aflez régulièrement dans prefque tous ces
fouterràins , parce qu'elles ont la plupart du tems
contribué à deux opérations fucceffives de la nature
dans les grottes : la première eft celle de leur
excavation-, la fécondé celle d'une partie1 de
leur rempliflage par les congélations de toutes fortes',
& là formation de l'albâtre en particulier.
Dans la defcription de la grotte d'Antiparosd'après
M. de Tournefort, j'ai cru devoir combattre
Ion opinion fur la végétation des pierres, quoiqu'elle
foit entièrement paiîée de mode, & je l'ai
fait avec d’autant plus dé confiance, que ce lavant
pr^ferne dans fa defcription tous les détails qui |
peuyen.t autorifer le fentiment contraire au fien > j
ièntitnent qui eft d'ailleurs généralement adopté.
J’âjoutérai, pour terminer ce qui concerne ce
travail de la nature, ce que M. de Tournefort nous
apprend touchant la grotte d * Antiparos, qui fert ;
comme de vtftibule à la grande grotte : elle eft
toute revêtue de marbre criftallifé & cannelé. 11 j
remarque d'ailleurs que la croupe de la montagne !
où font ces g r o t te s e f t comme pavée de criftal- ;
limitions tranlparentes, femblables au fpath ordi- j
naire, & qui fe caftent toujours en trapèzes ou en 1
cubes. M. de Tournefort préfume que cès criftal- 1
lifations font les indices des grottes fouterraines :
il en a vu de pareilles en Candie, fur le mont Ida,
& à Marfeille fur la Baume de M. Puget, ^Saint-
Michel d'eau douce. ( Voyage au Levant, par M. de
Tournefort.')
ANTIPODES. C ’eft le terme relatif par lequel
on entend, en géographie, les polirions des peu-
ple$ ou des objets qui occupent fur le globe des
contrées diamétralement oppofées les unes aux
autres. Ainfi ceux qui font fur des parallèles à
l ’éqtiateur également éloignés de ce cercle, les
uns du côté du midi, les autres du côté du nord,
qui font fous le même méridien, & qui font à la
diftarfce les uns des autres de cent quatre-vingts
degrés'ou de la moitié de ce cercle , font antipo-
des, c'eft-à-dire qu'ris ont les pieds diamétralement
oppofés.
Les Antipodes fouffrent à peu près -le même degré
de chaud & de froid ; ils ont les jours & les nuits
également longs, mais en des tems oppofés. Il eft
midi pour les uns quand il eft minuirpour les aut
r e s , & lorfque ceux-ci ont le jour le plus long,
les autres ont le jour le plus court : outre cela,
iis ont l'hiver pendant quelesâutres ont l'é té , &
l'été pendant qiie les autres ont l'Hiver.
Nous difons que les Antipodes éprouvent à peu
près le même degré de chaud & de froid 5 mais cependant
ceci fouffre quelques exceptions & quelques
variétés aflez confîdérables, car, i° . il y a
bien des circonftances particulières qui peuvent
modifier l'action de la chaleur (blaire, & qui font
fouvent que des peuples fitués fous le même cli-
matrne jouifient pourtant pas de la même température
: ces circonftances font en général la pofi-
tion des montagnes, le voiiinage ou l’éloignement
de la mer, les vents, &c. 5 i° . le foleil n'eft pas
toute l'année à la même diftance de la terre j il en
e ft, par exemple, fenfiblement plus éloigné au
mois de juin qu’au mois de janvier : d’où il s’enfuit
que, toutes chofes d'ailleurs égales, notre été
en France doit être moins chaud que celui de nos
Antipodes, & réciproquement notre hiver moins
froid que le leur. Audi trouve-t-on de la glace dans
les mers de l'hémifphère méridional, à une dif-
tance beaucoup moindre de l ’équateur, que dans
l'hémifphère feptentrional.
L'horizon d’ un lieu étant éloigné du zénith de
ce lie u de quatre-vingt-dix degrés,- il s'enfuit que
ies Antipodes ont le même horizon plat, mais non
le même horizon ou calotte apparente dans le
ciel.
Il s'enfuit encore q ue , quand le foleil fe lève
pour les uns, il fe couche pour les autres.
La plupart des At ciens, comme le peuple d'aujourd'hui,
ont traité cette opinion des Antipodes
avec un fouverain mépris, n'ayant jamais pu parvenir
à concevoir comment les hommes & les arbres
fubfiftoient fufpendus en l’air les pieds en
haut; en un mot, tels qu’ils paroiffent devoir être,
dans l'hémifphère oppofés
Ils n'ont pas fait réflexion que ces termes en
haut, en bas, font purement relatifs, & lignifient
feulement plus loin ou plus près du centre de la
terre , centre commun où tendent tous les corps
pefans, & qu'ainfi nos Antipodes n'ont pas plus-que
nous la tête en bas & les pieds en haut, puifqu'ils
ont comme nous les pieds plus près du centre de
la terre, & la tête plus loin, mais ayant une tendance
égale & également forte vers ce centre.
Avoir la tête en bas & les pieds en haut, c'eft
avoir le corps placé de manière que la direction de
la pefanteür fe faffe des pieds vers la tête. O r,c'eft
ce qui n'a pas lieu dans les Antipodes ni dans tout
autre lieu de la furface de la terre, car tous les
habitans de la terre , foit aux Antipodes, foit ail-
j leurs , font poufîés comme nous vers le centre de
i la terre, fuivant une direction qui va de la tête
aux pieds.
C e qu'il y a de plus propre aux Antipodes, & en
quoi feulement il nous relie à les confidérer i c i ,
c'eft d’être dans des lieux diamétralement oppofés
entr'euxfur le globe t'erfeftrè ;-de>manière qu'ayant
mené une perpendicuïaife ou une verticale à un
lieu quelconque^ & par confisquent par le zénith
de ce lieu , l'endroiroppofé à la furface du globe,
que cette verticale prolongée ira couper, en foit
Yantipode. Tout ce qui s’enfuit dans la fuppofition
de la fphéricité de la terre a été développé ci-
devant, relativement au phyfique des lieux, qui
nous intéreffe principalement ; mais quand la terre
ne feroit pas exactement fphérique, il y auroit peu
de changemens dans les apparences céleftes fui-
vantes, comparées enfembie par rapport aux Antipodes.
i° . Le foleil & les étoiles fe lèvent pour l'un
quand ils fe couchent pour l'autre pendant toute
l'année, parce qu’ils ont le même horizon en plan,
mais non la même calotte hémifphérique.
i°. Le jour de l'un eft la nuit de l ’autre.
30. Les jours oppofés dans l'année font égaux, '
ainfi que les nuits ; de forte que, quand un lieu a
les jours les plus longs, l’autre a les plus courts.
40. Ils ont les faifons contraires en même tems,
& lës mêmes dans des tems différens : ainfi , l ’un
a le printems pendant que l’autre a l’automne ; l’un
a l’été pendant que l’autre a l'hiver, & réciproquement.
y0. Ils ont les pôles différens également élevés ;
ils font à une égale diftance de l’équateur , mais
dans des points oppofés'; ils font placés dins le
même méridien, mais ils coriefpondent à deux
demi-cerdes différens.
6°. Leurs heures font contraires, quoiqu’elles
foient au même rang : ainfi, il eft midi pour l’un
quand il eft minuit pour l'autre, & trois heures
après midi pour l'un quand il tft trois heures après
minuit pour l’autre : leurs heures diffèrent continuellement
de douze.
70. Les étoiles qui font toujours fur l ’horizon
de l'un, font toujours fous l'horizon de l’autre :
celles qui relient long-tems fur l’horizon de l ’un,
ne relient que peu de tems fous l ’horizon de
l’autre.
8°. Le foleil & les étoiles femblent fe lever à
droite pour l’un, & à gauche pour l’autre lorf-
qu’ils regardent l’équateur ; & fi l’un a le' foleil
devant ou derrière lui pendant la moitié de l'année,
l’autre l'a tout aufîi long-tems.
ANTISC1ENS, du grec contre , Sr
ombre. On appelle ainfi les peuples qui habitent
de différens côtés de l'équateur, & où les ombres t
ont à midi des directions contraires.
Ainfi les peuples du Nord font antifeiens à ceux
du Midi : les premiers ont à midi leurs ombres dirigées
vers le pôle arCtique, & les féconds les ont
dirigées vers le pôle antarctique.
Il ne faut pas confondre les Antifeiens avec les
Antêciens, car les Antéciens font placés fous le
même méridien & à la même diftance de l’équateur
, les uns vers le nord, les autres vers’le midi :
de là il fuit que les Antéciens ont la même latitude
& la même longitude, mais les uns dans l’hémif-
phèrè feptentrional, & les autres dans l'hémif-
phère méridional.
Outre cela ils font placés fous la même demicirconférence
du méridien, mais fous des parallè- ,
les de différens côtés de l'équateur. Les habitans
du Péloponnèfe font à peu près antêciens aux ha- ;
bitans du Cap de Bonne-Efpérance. Les Antéciens
ont la même longueur de jour & de nuit, mais en
des faifons différentes. Lorfque les uns ont midi du
plus long jour d’é té , les autres ont midi du plus
court jour d'hiver : d'où il fuit que la nuit des-
uns eft toujours égale au jour des autres. Quand
les uns ont l'é té , les autres ont l'hiver , mais ils
ont midi en même tems.
Comme on court rifque de confondre les Antifeiens
avec les Antêciens, c’tft pour cette raifoa
que je les ai rapprochés dans ce i*ême article*
ANTRÏM (Comté d’ ). De toutes les Angularités
qu’offre la côte feptentrionale du comte d A n - .
trim, la plus remarquable eft cet aftemblage prodigieux
de bafaltes prifmatiques, que l’on connoït.
fous le nom de Chauffée des Géans. C eft un môle ou
quai qui, de la bafê d’un promontoire efearpé | |
s’avance de près de cent pieds dans la.mer. Elle eft
formée par un aftemblage de pnfmes bafaltiques ,
qui font placés l'un auprès de l’autre perpendiculairement
à l'horizon. Ces prifmes ont depuis quatre
jufqu'à neuf faces : ces faces font inégales en-
tr'elles : feulement les faces qui fe touchent dans
deux prifmes contigus, font égales entr'elles. Le
plus grand nombre de prifmes réguliers eft de fix
côtés. Dans une grande partie de cette chauffée
on voit que les prifmes font compofés fur leur
hauteur de plufieurs morceaux ou articulations qui
fe joignent très-exaCtement entr’elles. La furface
convexe de chaque articulation s'emboîte très-
exa&ement dans la furface concave de l’autre articulation
, foit fupérieure, foit inférieure. Souvent
les angles de l'une recouvrent une partie des angles
de l ’autre : d’où il réfulte une fi forte adhérence,
qu’on ne peut les féparer fans brifer quelr
ques-uns de ces angles faillans. Quoique les angles
foient de différentes grandeurs, cependant la
fomme des angles qui viennent aboutir au même
point dans les prifmes contigus, eft toujours égale
à quatre angles droits; car il n’y a pas dévidés
entre les prifmes & la furface des différens maflifs
de la chauffée , qui offre des pavés réguliers de
pierres polygones, unies étroitement. Cette fur-
face eft unie & d'une couleur noirâtre, femblabîe
à celle des laves compares.
Les objets les plus importans que préfente la
côte du comté à'Antrim (ont, outre la chauffée
des Géans, les deux promontoires de Bengore &
de Fairheady fitués à huit milles l’ un de l ’autre, 8c
formant, du côté de la m er, des efearpemens très-
élevés, qui préfentent lés plus beaux afi’emblages
de différentes formes de bafaltes prifmatiques.
Le premier, qui eft à l'oueft de Bally- Cafile, &
à la diftance d'environ fix milles, comprend plufieurs
caps & plufieurs baies, dont l'enfemble
forme ce que les marins appellent la tête de Ben.-