
AMSTERDAM (Ile ). Cette île eft le rende
z-vous des vaches marines , dont les peaux font 1
un article de commerce a (fez confié érable à la
Chine. Ces animaux s'y rendent en plus grand
nombre l'été que l'hiver : dans cette dernière fai-
fon ces vaches fe tiennent dans .des lieux profonds I
parmi les plantes marines; dans les mois d’été j
elles viennent à terre par milliers à la fois. On en j
tue quelquefois une centaine par jour, & ç’eft 1
tout ce que cinq hommes .peuvent écorcher 8c
étendre pour féçher dans le cours d’une journée.
On tire auffi de l’huile de ces animaux en les fai- I
fant cuire , & l'on s’en fert au lieu de beurre. La
vache manne de l’île d’Amtterdam eft la pkoca ur-
jina de Linnæus. La femelle p.èfe d'ordinaire de
foixante-dix à cent vingt livres, 8c a depuis trois
jufqu’à cinq pieds de longueur; maïs le mâle eft
beaucoup plus gros & plus long. En général, ces
animaux ne font point fauvages. Quelquefois il
leur arrive de fe jeter à l’eau lorfqu’on en approche
j mais le plus fou vent ils relient en place fur
le ro.cher où ils fe repofent, & font entendre une
efpèce d'aboiement en prenant une attitude menaçante.
Un fimple coup de bâton fur le nez les
tue. Sur trente de ces animaux qui viennent à
terre, on eûime qu’il y en a vingt-neuf qui font
des femelles. On ne croit pas que cette disproportion
exifte réellement dans la nature, & il paroît
que les femelles ont quelque motif pour chercher
le rivage-, tandis que les mâles reftent à la mer. j
Dans l’hiver les lions marins ( pkoca léonins, )
viennent également fur le rivage, & font entendre
des hurle mens affreux. Quelques-uns de c e s
animaux ont dix-huit pieds de longueur. Les cris
lugubres des vaches marines fe font entendre juf-,
qu’à plus d’un mille du rivage. Ces deux efpèces
dont nous venons de parler font moins abondantes
dans ces parages, depuis que. des commerçons
avides s’y font établis pour en faire la chaffe. Les
baleines mêmes abondent auprès de ces îles pendant
la faifon de l’hiver ; en été elles, s’éloignent
davantage des cotes de ces îles, & vont chercher
des eaux profondes.
Dans un mafiîf de terre ou de promontoire qui
fépare une baie profonde de la haute mer , on
trouve prefque partout des fources d’eau chaude.
Le thermomètre de Farenheit, qui à l’air libre
étoit à 6-2 degrés, monta d’abord à 196, plongé
dans une de ces fources ; dans une autre il monta
jufqu’à 204; dans une troilïème, le thermomètre,
infînué au milieu d’une çrevaffe voifïne près laquelle
l’eau, jailliffoit, s’éleva, jufqu’au degré d’ébullition
; & en comparant les obfervations qu’on
trouvent cuits & prêts à manger au bout de quinze
minutes.
Ces fources d’eau chaude étoient fi multipliées,
8c fembloient tellement déterminées à percer le
fo l, qu’on étoit fur. de trouver une fource d’eau
chaude dans le maflîf du promontoire, en enlevant
quelques pierres là où l’ on appercevoit la vapeur
qui fe faifoit jour entr’ elles.
Les mois d’hiver font très-mauvais pour ceux
qui féjournent dans cette île ; l ’été'au contraire y
eft très-beau, car les vents d’eft foufftent rarement
dans cette faifon : mais pendant l’hiver, la neige,
la grêle, les vents violens du nord-oueit 8c du lud-
outft s’y fuccèdent fans intervalles. On voit alors
de tems en tems des orages qui viennent fondre
fur la baie , & qui foulèvent l’eau par grandes
nappes jufqu’à la hauteur des. côtes qui lui fervent
d’enceinte, & qui ont prefque partout f ix à fept
cents pieds de hauteur.
La mer offre partout du poiffon excellent : on y
pêche furtout une efpèce de morue d’un très-bon
goût, foit qu’on en faffe ufage toute fraîche,foit
qu’on la fale. Les écreviffes y font fi abondantes,
qu’ à baffe marée on les prend à la main, fur la barre
qui eft à l’entrée- de la baie : on peut les prendre
de deflfus les bâtimens, en faifanc defcenare à la
mer des paniers dans lefquels on met de la chair
; de requin. Au bout de quelques minutes les pa-
| nièrs fe retirent à moitié pleins d ecrevifîîs. Cette
abondance d’ écrevifîès eft d’autant plusremarqua-
; ble, que les chiens de mer 8c les requins font plus
nombreux dans ces parages. On fait quelle def-
truélion de poiffons 8c d’écrevifles ces animaux
voraces opèrent. Les requins ont jufqu’à onze
pieds de iongueur & prelque cinq de circonférence.
a faites fur les diverfes fources, il paroît que le
2J 2e. degré de Farenheit eft le terme moyen. j
~ Le baflin de la baie abonde en perches, en
tanches 8c en brèmes. Des pêcheurs à la ligne,
en tirant les poiffons hors de l’eau, les jettent, du
même mouvement de la main 8c fans, changer de
place, dans une fource d’eau chaude, où ils fe
On trouve beaucoup de pingouins dans le
voifmage des côtes : ils viennent-prendre le foleil
fur les rochers, en même tems que les vaches marines.
Ils ont de grandes plumes jaunes, qui marquent
des demi-cercles au deffus de leurs y^ux ,
comme des fourcils. Cette efpèce eft diftinguée
par Linnæus, fous le nom de ckryfocoma.
Quant aux peaux de vaches marines, dont on
fait des colleêtions dans cette île , elles font delti-
nées à être vendues à la Chine. Il paroît-que cette
nation- induftrieufe a un art particulier pour la
préparation de ces peaux. Les Chinois enlèvent
le poil long & groflier, 8c confervent la fourrure
douce & fine qui fe trouve deffous, en même tems
qu’ils donnent au cuir la plus grande foupleffe. Ce
commerce paroît être lucratif, & le fera toujours
tant que ladeftruélion de ces animaux ne nuira pas
à leur affluence fur les côtes de cette île & fur celle
de Saint-Paul.
' Si nous revenons aux fources chaudes de cette
î le , nous ajouterons aux détails qui les concernent,
quelques particularités allez 'remarquables.
On trouve, dans le voifinage de ces fources> de
lits de mouffe dont la végétation eft très-vigou-
i reufe ; ailleurs on YQit des veines d’ une matière.
vitrifiée imparfaitement, & , dans quelques autres
endroits des rochers, des zéolithes ; ^enfin, plu-
fteurs craters :1e plus confidérable, à l’eft de l’ile,
eft actuellement rempli d’eau, & il furpaffe, par
fon diamètre, ceux du Véfuve 8c de l'Etna. Les
éruptions des feux fouterrains ne s’apperçoivent
de jour que par la fumée; mais de nuit on remarque
plufieurs tourbillons de flammes , difperfes
fur les fommets des collines, affez femblables à
ces flammes qui s’élèvent par intervalles des puits
de charbon de terre enflammés.
Toutes les fources chaudes, à l’exception d’une
feule, font faumâtres : une d’elles, qui fort d un
de ces prétendus craters, eft allez fortement fer-
rugineufe , & l’on voit d’épaiffes incruftations
d’oçhre fur le côté du roc d’où elle fort, ainfi que
dans le baflin où elle fe raffemble.
. Cette île gît par les 58 deg. 42 min. de latitude
fud, 8c 76 deg. 54 min. de longitude orientale
fa furface eft d’environ huit milles carrés, & elle
offre prefque partout un fol fertile. ( Voye£ le
Voyage du lord NLacartney en Chine. )
AMTCHITKA, l’une des Aloutiannes ou Aléou^
tes. Les détails qu’elle nous a offerts méritent
d’être rappelés, comme les relies de l’ancienne
union des deux continens de PAfie 8c de l’Amérique
; ainfi c’eft dans ces vues que j’y renvoie.
( Voyei l’article A l o u t i a n n e s ou A l é o u t e s . )
AMUR, fleuve qui a fa fource au nord eft de
Cachemire, dans les hautes montagnes qui réparent
les Etats du Grand-Mogol de la Grande-Tartane
: il traverfe la Grande-Bucharie en courant
de l’eft à l’oueft ; puis dirigeant fon cours fur la
même ligne, il fe partage en deux bras : le bras
gauche coule vers l’oueft 8c fe décharge dans la
mer Cafpienne, tandis que le bras droit, après
avoir paffé devant la ville d’Ourgens, va fe perdre
dans la même mer. Il y a plus d’un fiècle que le
bras droit de YAmur quitta tout à coup fon ancien
lit, fansqu’on ait connu la caufe de ce changement.
Ses eaux ont pris leur direction vers le
nord-oueft, 8c ont été fe jeter dans là rivière de
Kefell, pendant que l’ancien lit eft refté à fec. Ce
changement a caufé la dépopulation du canton;
car les habitans, manquant d’eau pour arrofer leurs
terres, ont ceffé de cultiver un fol qui ne rapporta
plus rien lorfque l’eau vint à lui manquer. Il fau-
droit des obfervations très-précilès 8c plus détaillées
que celles qu’on a fur les changemens arrivés
dans la marche des eaux courantes de ce fleuve,
pour que nous puflions rendre raifon de ces changemens
; encore faudroit-il que tous ces faits
fuffent recueillis 8c analyfés par des obfervateurs
inftruits.
ANADYR, rivière confidérable de l’Afie, dans
la Sibérie orientale : elle a fon cours du nord-oueft
au fud-eft, & fon embouchure-dans la mer d’Anadyr,
où elle forme un golfe affez étendu vers le
cap Saint-Thadée. Les Ruffesont fur cette rivière
un fort qu’ils nomment Anadieskoi.
Cette rivière 8c fes diffère ns embranchemens
.réunifient les eaux courantes, qui circulent a 1 extrémité
de la Sibérie orientale, entre le pays des
Tchukfchi 8c celui des Koriaques, & fe jette dans
la mer d’Anadyr.-
Entre les rivières Katirka & Anadyr il y a un
cap appelé Katirskoi : il eft rempli de rochers que
la mer a mis à découvert : fon extrémité s’étend
jufqu’à l’endroit où eft le banc de fable & Anadyr3
en face de la grande embouchure de cette rivière.
La diftance, depuis le port Saint-Pierre & Saint-
Paul , jufqu’à l’embouchure d'Anadyr, eft de 19
degrés 20 minutes.
Les côtes de la mer, depuis la pointe méridionale
des Kouriles ou de Kourilskaia-Lopata 3 jufqu’à
l’extrémité du cap Tckoukotskoi, qui eft au 67®.
degré de latitude nord, font toutes montueufes,
bordées de rochers, furtout dans les parties de ces
rivages où les caps font très-avancés dans la mer,
& fe trouvent expofés à l’aélion des flots d’une mer
orageufe. ( V o y e ç A v a t c h a & P a n g i n a pour
achever de prendre une idée de cés contrées, & la
i carte générale de l’empire de Rufiie dans l’Atlas
qu’on a joint à la traduction des Voyages de P allas.)
ANALYSE du globe de la terre. J’ai cru què,
pour faire’ connoître la méthode analytique que j’a i
adoptée dans ï’obfervation des phénomènes extérieurs
8c intérieurs' du globe, je devois mettre en
aétion mes principes, en raifonnant d’après eux ,
fur quelques points importans de l’hiftoire de la
terre, eu il feroit queftion de difeuter les phénomènes
dans un certain ordre. En voici un exemple
par lequel on pourra juger de ma marche.
Ün des premiers principes de ma méthode analytique
de la compofition intérieure & des formes
extérieures du globe eft de commencer par fuivre
tellement la dernière opération de la nature, qu’on
puiffe remonter à celle qui précède immédiatement,
8c détailler par des repos, ou réels, ou fictifs
, toute l’étendue des phénomènes d’un même
ordre. Par cet enchaînement toujours graduel on
reconnoït non-seulement la marche de la nature ,
mais encore on eft en état de décider entre deux
procédésdifférens & parallèles, qui fembleroient
d’abord avoir pu conduire aux mêmes réfulcats ,
quel eft celui de la nature.
Ainfi, lorfque j’envifage les vallons 8c les montagnes,
fi j’ai bien fuivi ma méthode, je dois être
en état de décider fi les montagnes ont été faites
par l’accumulation des matériaux qui en compo-
fent toute la hauteur 8c la maffe dans le feul emplacement
qu’occupe fa bafe, en réfervant les
parties de leurs limites où les vallons voifins fe
trouvent, ou bien fi ces montagnes ou collines ne
font que la fuite de l’approfôndiffement du vallon
, cte telle forte que l’agent qui la forme, a