
trè s , des bélemnites, des nautiles. Dans certains
contours, on ne voit que des ourfins 8c des lenticulaires
; dans d’autres, ce font des amas im-
menfes de madrépores, de coraux 8c autres conf-
truélîons pareilles de polipiers. La plupart de tous
ces corps marins fe trouvent de la plus belle con-
fervation , non-feulement les buccins, les villes
8c les univâlves, mais même les bivalves, comme
les tellines, 8cc.-Dans prefque toutes ces bivalves
les valves font deux à deux, placées les unes à
côté des autres, lés unes ouvertes, les autres fermées
, de façon que les unes 8c les autres fe, joignent
toujours à l’endroit de la charnière. De toutes
ces remarques, les naturaliftes qui les ont faites,
ont conclu que les dépouilles des animaux marins
n’ont pas paffé par degrés de la mer dans les con-
tinens à la fuite d’une cataftrophe comme celle du
déluge, mais que les amas qu’ on en trouve font le
refultat de dépôts immédiats formés dans le baflîn
de la mer. De plus, l’examen des bancs de pierres
calcaires, tels qu’ ils font à découvert dans certaines
carrières, a prouvé que prelque toutes ces
pierres, furtout celles qui ont un certain grain,
doivent leur fubftance 8c leur compofition aux
coquillages produits 8c détruits fous les eaux de
la mer ; que même les variétés qu’on peut remarquer
dans le grain des pierres à bâtir, en pafiant
d’une contrée à une autre, dépendent de ces dif-
férens amas de coquilles. ( V o y é ç lés articles Boulanger
8c R ouelle , où toutes ces vérités pré-
cieufes font développées avec le foin qu’ elles méritent.
F o y e i aufli l’article Amas* du Dictionnaire.)
N®. II. A n e c d o t e s fur différentes démarches des
eaux courantes, des fleuves des rityieres de France
& des autres contrées de l'Europe , de V Afle & de
l ’Amérique 3 relativement aux fommets généraux du
fartage des eaux du premier & du fécond ordre:
Après avoir parlé en detail 8c avec quelqu’ordre
des montagnes 8c des fommets de nos çontinens , :
pour continuer à montrer lés càufes ^ui ont concouru
à leur forme, il eft nécelfaire de fuivré les
démârehès dès eaux courantes, dont lès effets font
répandus partout démarïièféà né pouvoir être méconnus.
Il eft aifë d’è'n citer èncorè des exemples
8c des preuves aufti frappant'ès que celles qu’on a
fait Voir. Comme je donné ici les élémens d’ une
fcience nouvelle , il convient què jë répète les
mêmes faits j pour inculper lès mêmes1 confé-
quencés. ,
Ces formes des vallées 8c des montagnes doivent
être confidérées com'me offrant un grand
nombre de circoôftancës îumihèüfes-8c inftruétives
qu’on ne peut fuivrê ni analyfèr àVéc trop de foin.
C e font là les premiers objets que l’hiftoire de la
terre préfente à ceux qui veulent s’àttacher à ce
qui concerne là Cbnftitutiori générale. Comme ce
font, dans l’ordre analytique, lès dërrfters réfùltats
des opérations de la natiire, jede-s effvifage comme
. js premiers monumens dont il convient de s’occil-
per, 8c à la lumière defquels je m’élève à 1 ancien
état primitif du globe. Sans cette méthode 8c fans
es principes, on s’égarera dans cette-étude. C eft
, i cas où l’ on s’eft trouvé jufqu’à préfent loi fqu on a
raifonné fur les montagnes 8c fur la diftribution des
eaux courantes à la furface de nos çontinens, parce
qu’on y a procédé fans méthode. Pour avoir une idée
nette fur l’origine de leur lïtuàtion préfente, c eft
fur leur enfemble général qu’ il faut les examiner.
Quelques-uns ont cru remarquer dans les chaînes
de montagnes une direction confiante d’orient en
occident, 8c ils ont cru pouvoir en faire un des ,
articles de la théorie de la terre, qu’ils ont ébauchée
; mais rien n’ eft moins réel ni plus idéal que
cette direétion confiante 8c générale. Il fuffit de
jeter les yeux fur l'Amérique, que fon fommet tra-
verfe du nord au midi fur une bien plus grande longueur,
que les fommets de l’Europe 8c de 1 Afie
joints enfemble n’en parcourent d’orient en occident
8c avec moins de'régularité encore, puifqu ils
éprouvent une infinité de coudes 6i de finuofités
8c qu’ils ont de plus, un bien plus grand nombre1
de ramifications du nord au midi ; ce que les faillies
des grands promontoires indiquent allez.
Le cours des fleuves les plus cdnfidérables d’occident
en orient a donné lieu à cet-te idéè, parce
qu’ on a fuppofé qu’ ils étoient dirigés dans leuis
marches par deux chaînes de montagnes ; mais
j’obferve qù’on n’a pas envifagé les grandes mafles
montueufes fous l ’afpeét le plus raifonnable. T out
fleuve qui defcend d’occident en orient fait con-
noitre que la partie la plus élevée de fon cours eft
à l’occident, 8c que le fommet principal a fa direction
du rford au midi. Si la direction dès montagnes
étoit de l’ occident vers l’orient, les fleuves
fe dirigeroient vers lé midi ou vers le nord.
O r , comme les obfervations né nous ont rien appris
par rapport à la direction dès fleuves, il n y
a rien de déterminé par rapport aux fommets qui
parcourent nos çontinens : il ne faut donc pas fé
flatter de prouver dans la direction de Lorient a
l'occident des fommets qui ferôiént les premiers
effets de la rotation du globè.
Je diftingUe en Europe, premièrement, un fommet
général qui fert de point de partage à toutes
les eaux des fources 8c des pluies, d’où les unes fe
jettent dans les mers du nord, 8c les autres dans
celles du midi : e’éft là le feul 8c le vrai fommet de
cette partie du monde ; c’eft lui qui y donne ilai’f*
fance aux plus grands fleuves. On pourroit le nommer
fommet du prémier ordre. Il eft facile de ré-
connoître enfuite d’autres fommets particuliers
qui ne font point Continus entr’eux , 8c qui pa-
roiflcnt être des branches qui fe détachent du
fommet général. Ce font les réparations qui fe font
trouvées entré les anciennes eaux courantes qui
marchoient à peu près parallèlement entr’ elles.
Ces fommets fervent aujourd hui de point de par-
tag-e aux eaux dés fources 8c dés pluies en déçidant
leur cours vers un fleuve ou vers un autre, j
comme le fommet général le décide pour l’ une ou
pour l’autre meî j je nommerois ceux-ci fommets
du fécond ordre. De ces fommets particuliers il ne
fort ordinairement que des rivières : ils ont aufli
eux-mêmes d’autres branches qui fe fubdivifent
en plufieurs autres ramifications. On pourroit fui-
vre ces divifions des fommets des fleuves relativement
aux fommets des rivières, 8c celles-ci par
rapport aux fommets des ruifleaux 8c des moindres
fources , 8c on les nommeroit fommets du
.premier, du fécond, du troifième 8c du quatrième
ordre. Si nous jetons maintenant les yeux fur les
vallées que forment tous ces fommets par leurs
reliefs, nous en trouverons de différens ordres.
Ainfi les fommets qui portent leurs eaux à la
Seine,8c qui defcendent du fommet général dans la
mer, feront confidérés comme formant une vallée
.du premier ordre ; tout le terrain qui porte fes
eaux à la Marne, laquelle tombe dans la Seine,
comme formant une vallée du même ordre; tous
les terrains qui portent leurs eaux dans la Saulx,
laquelle fe jette dans la Marne, comme une vallée
du fécond ordre ; tous les terrains qui portent
Jeurs eaux dans les ruiffeaux d.e Trois-Fontaines,
lefquels tombent dans la Saulx, comme une vallée
du troifième prdre, 8c même tous les vallons qui
tombent dans cette vallée en formeroient fine du
.cinquième ordre, ainfi de fuite tant que les eaux
courantes offriroient des fubdivifions de lits 8c de
.canaux. Il eft impoflible qu’aucun lieu de la terre
puiffe fe fouftraire à cette diftribution de terrains
.en reliefs 8c de terrains en creux , au milieu def-
queis les eaux circulent.
La ligne du fommet general de tout le continent
de l'Europe, confidérée comme fe raccordant
avec celle du continent de l’Afie, commence aux
montagnes de Sierra-Morena, dans l’Andaloufie,
& fe termine aux fources du Volga 8c du Borif-
thène, où commence le fommet de l’Afie en formant
deux branches, 8c dont l’ une gagne la Sibér
ie , & l’autre l’Arménie, 8c q u i, après s’être
éloignées beaucoup l'une de l’autre, fe rapprochent
enfuite , 8c fe rejoignent vers les frontières
de là Chine. Ces longs fommets décrivent, à la
furface des çontinens, beaucoup de finuofités,
qui fe voient mieux fur les cartes d’Europe 8c
.d’Afie, 8ç particuliérement fur les cartes des différentes
contrées qu’ils traversent, que par tout le
détail que j’ en pour rois donner ici. Arrêtons-nous
a réfléchir fur l’origine de toutes ces inégalités.
Je dois dire qu’ il y a eu d’abord des maflifs del’an-
qienne 8&de la moyenne terre qui ont donné lieu
à ces Commets pliis élevés que les autres, 8c que
leurs prolongemens ont de même dépendu de ces
mêmes maflifs mis à découvert. Ç ’eft là ce que
l’obfervation , ftiivie d’une partie de ces fommets
dans l.e$ différentes contrées de l’Europe 8c même
d’Afie , nous ont appris.
A ces maflifs il en a fu.çcédé d'autres moins
élevés, qui leur ont été adofles de part 8c d'autre,
& ce font eux qui ont formé les fommets du fécond
ordre, ou même des autres fubdivifions que
nous avons confidéréss 8c diftinguées.
C’eft en obfervant ainfi avec foin ces maflifs de
différens ordres 8c hauteurs, que nous avons reconnu
qu’ il y avoit de fréquentes interruptions
entre les différentes parties du même ordre de
maflifs, 8c que par conféquent on ne pouvoir
admettre les fommets du premier ordre comme
n’ayant point d’interruption 8c formant la char-'
pente du g lo b e , qui n’auroit pour lors aucune
folidité, aucune tnaffe continue. Du midi de l’Ef-
pagne, le Commet général remonte vers les Pyrénées,
où il tourne à l’eft, puis fe dirige au nord,
8c pénètre dans le milieu de la France : il fe replie
enfuite vers l’eft, pafle par les Vofges,redefcend
au fud-eft, 8c, traverfant les Alpes, il continue
à décrire, dans l’Allemagne 8c la Pologne, de
femblables contours, ainfi qu’on le fait voir dans
la planche de l’Atlas ; mais indépendamment de
ces détours qui embraflent des contrées fort éten-*
dues, ces grandes courb. s ne font compôfées que
d’une infinité d’autres plus petites; en forte qu’il
eft rare que ce fommet général fafle plufieurs
lieues fahs changer de direction.
J’ai déjà indique ra principale caufe de ces
finuofités fi multipliées à côté des grandes, 8c je
l'ai déduite de la nature différente des maflifs primitifs
, qui ont été formés ainfi avant que les eau*
courantes les fillonaflent.
C ’eft; de Cftte forte qu’on a tout lieu.de croire
ue ces efpèces de golfes tracés par cette ligne
u fommet général autour de la Franche-Comté ,
autour de la Suifle, de la Bohême, doivent leur
origine aux dépôts fecondaires qui rempl flbienc
ces baflins, & qui ont été creufés par les eaux
courantes. C ’eft ainfi que la tête de chaque fleuve,
de chaque rivière un peu confidérable, fe trouve,
par ce moyen, logée depuis long^tems dans ces
enfoncemens qui, pouvant avoir fait d’abord partie
de ces baflins particuliers, ont été ouverts 8c
affouillés, tant par les fources que par lfs eaux
des pluies. Ceft dans la même carte citée ci-dcflus
qu’on peut voir l’ Ebre en Efpagne; la Loire, la
Saôr.e , le Doubs*le Rhône en France ; le Rhin,
le Mein, l’E lb î 8c le Danube en Allemagne ; la
Viftule en Pologne, 8c le Pô en Italie.
Des effets d’une telle étendue auront peut-être
de la peine à fe concevoir ; mais en confidérant
les mêmes opérations de la nature du petit au
grand, on ne doutera plus des- circonftances qui
ont pu concourir à les produire. Si l’on examine
la plupart des cul-de-facs ou golfes d’où fortent
préfentement les fources , 8c d’où il en fortoit
autrefois un égal nombre, on trouve que c’ eft du
milieu de grandes excavations 8c de la bafe de
rochers énormes brifés 8c culbutés en partie, que
ces eaux yiY.es 8c courantes viennent abreuver rioî
fleuves.
Y y y 2