
bruyère parfemée de quelques bois taillis & de
collines en forme de dunes. Ce terrain, indiqué
dans quelques cartes fous le nom d* Amensfort-Bergj
a environ deux lieues en longueur de l'eit à l’ouelt ,
& prefqu’autant en largeur du nord au fud..
Cette grande fupcificie de dunes attira mon attention
par les fragmens de quartz blanc, dont un
certain nombre roulés, mais dont la plus grande
partie eft en morceaux anguleux & fans aucune
ébauche d’arrondiffement. Il y a de même plufieurs
morceaux dé talcifes & de fchiftes où le fable domine;
ils font parlèmés de taches quartzeufes. Ce
grand amas annonce- fenfiblement les débris de
l ’ancienne terre dépofés avec les fables , au milieu
defquels ils font entevelis.
Nous ne parlerons pas ici des cultures de tabac
qui font établies au nord-oueft de cette ville , ni
de quelques manufactures de l’intérieur ; nous
nous occuperons, d’autres amas allez femblables
à celui dont nous venons de faire mention ci-
deffus 3 8c qu’on rencontre à quelque di fiance
d’Ame^sfort lorfqu’on dirige fes pas au nord-eft
pour fe rendre à Loo 8c à Appeldorn. Le trajet commence
par offrir un fol bas , fablonneux , divifé en
diverfes cultures par des haies. Ce font de grands
filions de tabac, des parties moins étendues de blé
noir 3 de feigle , de pommes de terre & de pâturages.
Les haies font établies fnr des terrains élevés
en boffe, & compofées d’aulnes , de chênes
8c de hêtres. Plus loin font des landes, plates * 8c
quelques bordures de dunes qui paroiffent avoir
été détruites & difperfées par les vents. Ces fables
font nlêfës de fragmens de quartz petits-& roulés,
& d’autres d’un allez gros volume & anguleux ,
de talcites fort dures, de même nature que ceux
qu’on trouve dans la bruyère d’Amersfort-Berg tort
y voit aufïi des pierres de fables infiltrées , avec
des bandes quartzeufes , des morceaux de laves
compactes, des quartz blancs 3 des fchiftes lamel-
leux, enfin des ferpeniines fort dures. Je le répète :
ce font vifiblement des débris de l’ancienne terre
difperfés au milieu d’un grand amas de fables , 8c ;
qui paroiffent être les reftes d’ une dune plus éle- :
vée. Ils font affez nombreux 8c, de volume a fiez 1
confïdérable pour qu’ on les ait employés dans les
pavés d’Amersfort & 8Y Appeldorn.
En allant vers Loo 3 on trouve que ces dunes
s ’élèvent, & qu’elles font peuplées de bois affez^
beaux : elles s’étendent aufïi depuis Hardervick
julqu’à Hattem. C ’eft la fuite d’un dépôt immenfe
& curieux , dont l’ origine me paroît devoir être
tirée de fort loin en remontant le Rhin jufqu’aux
environs d’Andernak , où font des productions
volcaniques ; car il fe trou vecomme nous l’avons
d it , parmi les pierres qui ont appartenu à l’ancienne
terre , des fragmens de laves affez confîdé-
rabits, & même de bafalte prifmatique. Ceci eft
vifiblement l’effet des tranfpcrts du fleuve, qui
ont été repoufïés contre les terres &r les côtes, &
qui les ont prolongées par ces atterriffemens.
Quoi qu’il en foit, ces dunes, ces côtes en collines,
plus ou moins élevées, qui fe prolongent de
i’oueft à l’e ft, 8c même du fud au nord, font en
grande partie couvertes de bois j il paroît même
que ce dépôt, quoiqu’il doive être confidéré
comme une fuperfétation par rapport au fol naturel,
eft organifé de manière qu’il reçoit les eaux
pluviales 8c les conferve affez exactement, car il
en fort de petites rivières côtières, telles que celles
d’Amersfort, d'Appeldorn & des environs d'Hat-
tèm. L’eau qui y circule au milieu des fables en eft
belle 8c claire, & a affez de force pour faire mou4
voir les principales ufines de deux ou trois papeteries
intéreffantes.
La direction de ces dunes annonce affez fenfiblement
les progrès de cet atterriffement, fuivant
l ’ancien gidément dés côtes , tant du côté du
Zuyderzée, que le long de l’ancien canal du Rhin.
Au milieu de ce terrain faCtice, il n’y a point de
vallons abreuvés par des eaux courantes continues.
Il n’y a , comme je l’ai dit, de rivières d’ un cours
réglé & fuivi que fur les limites de ces grands
amas qui n’offrent aucune couche régulière ; il
paroît même que ces-bordures ne tiennent l’eau
que parce que le fond eft une terre noire , tour-
beufe, qui eft le produit de la deitruCtion des
plantes. Ailleurs on voit que les fables ont été déplacés
par les eaux torrentielles, qui n’or.t pas pénétré
dans l’intérieur lors des pluies. Mais dès qu’il
a ceffé de pleuvoir un certain tems , ces efpèces
de ravines ne confervent pas une feule goutte
d’eau. J’ai rencontré quelques habitations difperfées
dans le trajet de huit lieues que j’ai parcourues
depuis Amersfort jufqu’à Appeldorn.
Tel eft l’état de ce que l’ on appelle le Welawe.
Il y a quelques veines d’ aiïiofle à une certaine
profondeur vers Wooflhuisj mais, malgré cela, le
fol n’a pas une grande reffembl.ance avec les landes
de Bordeaux 8c de Bolleduc. La difpofition différente
des lieux a contribué à y raffembler des matériaux
de différentes natures.
Nous ne parlerons pas du terrain qu’on rencontre
entre Appeldorn & Zutphen, parce qu’ il n’a
rien de commun avec le Welawe.
A deux lieues de Zutphen, fur la route qui conduit
à Arnhem, on commence à revoir la chaîne
des dunes qu’on a laiffée à Appeldorn ; elle fe
dirige vers Doësbourg & à Derem : un peu avant
Derem , les quartz', les granits ufés & arrondis,
& les fragment de pierres , dont nous avons fait
mention ci-devant, fe montrent très-abondamment
au milieu des fables : on voit que les dunes
changent de direction, & courent de l’eft à l’oueft,
direction affujettie à peu près au canal du Rhin.
De grandes parties de ces dunes ont été dé ta-,
chées de fon cours par le Rhin, 8c en font affez
éloignées ; elles paroiffent avoir été voit urées
dans fes accès torrentiels. On voit d’ailleurs à
l’horizon, vers lé fud^eft , une chaîne de collines
affez fuivies, 8c qui paroiffent avoir fervi de limites
à la plaine fluviale du Rhin.
A Derem, le Rhin coule au pied des*dunes > mais
il paroît qu’il s’en écarte infenfiblement, 8c n’y
revient guère qu’à Arnhem. Dans cet intervalle,
ce n’eft plus le même courant ni le même canal,
car le Rhin s’eft partagé en deux ''fleuves ; l’ un
coule au nord , 8s l’autre à l’oueft. Les dunes, au
refte-, font vifiblement fon ouvrage avant comme
depuis fa divifion. On remarque partout une certaine
pence alongée qui commence au pied des
dunes, & qui fe prolonge juCqu’à un bord de
réaction du fleuve. 'Cette pente alongée eft l ’effet
des pluies qui ont entraîné les matériaux mobiles
des dunes , & le bord de réa&ion celui des eaux
du fleuve dans fes crues & les accès. (K oyei G u e l -
b r e , F r i s e . )
. Si nous revenons à Derem & que nous en vifî-
tions les environs, ainfi que ceux de Doësbourg,
nous trouverons que les pavés de ces deux petites
villes, ainfi que ceux de Zutphen 8c d’Arnhem,
font compofés en grande partie de granits, de
quartz blancs, de quartz grifâtres, avec des veines
blanches, de fchiftes infiltrés, de laves compactes
& d e tronçons de bafaltes prifmatiques, tous frag-
mens un peu ufés & arrondis, 8c nous en retrouverons
de femblables au milieu 8c fur les bords
des dunes voifines de Doësbourg; ce qui prouve
inconteftablement que ce font des dépôts du même
ordre que ceux de Loo 8c d1 Appeldorn.
Comme ces dunes & dépôts fe continuent jufqu’à
Arnhem , il n’eft pas étonnant que tous les
pavés de cette dernière v ille , 8c ceux des habitations
ifolées qu’ on rencontre fur la route de
Zutphen à Arnhem, foient compofés de ces mêmes
pierres qu’on a tirées des durie.s voifines.
Je l’ai déjà dit & je le répète, parce que la conf-
titution de ce dépôt dans toute fon étendue m’y
autorife : on ne peut confidérer les fragmens des
pierres qui le trouvent dans les dunes du Welawe
que comme dès débris qui ont fait partie de l’ ancienne
terre, 8c non comme appartenans au fol
même des environs de Loo , d’Appeldorn 8c de
Hattem. Ainfi le profefl'eur Brugman s’eft fort
mépris s’ il a jugé, fur de pareils monumens, que le
fol ancien de la Frife 8c de la Drenthe faifoit partie
de l’ancienne terre. Pour décider cette queftion ,
il étoit néceffaive de remonter le Rhin jufqu’au
fol naturel, qui peut offrir des maffifs parfaitement
femblables aux débris & fragmens que nous trou-’
vons dans les dunes ; enfuite, d’après cette recon-
noiftance une fois faite, fuivre le canal du Rhin
dans plufieurs parties , & s’afîurer s’il n’y exifte-
roit pas quelques dépôts femblables à ceux que
nous avons obfervés dans le voifinage de fon embouchure.
Au refte, nous devons dire ici que les dépôts
qu’on a vus & obfervés dans la Frife 8c dans la
Drenthe font difpofés bien différemment de ceux
qui nous occupent. C ’ eft ce que nous nous propofons
de faire connoîcre par la fuite" alix articles
F r i s e & D r e n t h e , ainfi que dans notre Atlas ï
celui d’AMERSFORT 3 où nous inférerons une nouvelle
carte des environs d'Amersfort, de Loo , de
Hattem 8c de Derem, avec des détails propres à
faire connoîcre de plus en plus cette contrée fin-
guliérement intéreffante.
AM É TH Y S T E , pierre tranfparente, de couleur
violette , que dans le commerce on met au rang
des pierres précieufes. Quelques natùraliftes la
regardoient autrefois comme une gemme d’un
genre particulier ; mais il eft bien reconnu aujourd’hui
que l’améthyfle eft un criftal de roche, coloré
en violet plus ou moins foncé, & rarement d’ une
teinte bien égale. On ne connoît pas la nature du
principe colorant de l’améthyfte; ce que l’on fait,
c ’eft qu’il eft fugace , 8c qu’ il difparoît entièrement
lorfqu’on expofe cette pierre au feu.
Les auteurs qui ont traité des pierres précieufes
ont donné plufieurs dénominations de couleurs
d'améthyfle3 8c ils difent que les plus belles font
de 'couleur v iolette, tirant fur la couleur de rofe
pourprée, de couleur colombine ou de fleur de
penfée, & qu’elles ont un mélange de rouge, de
v iolet, de gris de lin, & c . IL eft bien difficile de
trouver des termes pour exprimer les teintes d’une
couleur ou les nuances de plufieurs couleurs. C ’eft
pourquoi le favant Daubenton a cru qu’il conve-
noit de donner un objet de comparaifon qui fervïc
à exprimer la couleur de Y améthyfle y il l’a trouvée
dans l’efpace du fpeétre folaire, auquel Newton a
donné le nom de violet. C e t efpace repréfente la
couleur de l ’améthyfte la plus commune, qui eft
Amplement violette. Mais ü l ’on fait tomber l’ extrémité
inférieure d ’un fpe&re fur l’extrémité
fupérieure d’ un autre fpeétre, on mêlera du rouge
avec du v iole t, 8c on verra pour lors la couleur de
Y améthyfle pourprée. Ce moyen de reconnoitre les
couleurs de l ’améthyfte eft'très-fûr.
On a dit qu’il y avoir des amétkyfles orientales
mais .elles font fi rares, qu’ il fe trouve peu deper-
fonnes qui prétendent en avoir vu. Ainfi on aflure
fans fondement qu’elles font de couleur violette
pourprée. Les amétkyfles occidentales font fort
communes : on en diftingue de deux fortes; l’une,
fimplement violettè; l’autre, d’ une couleur violette
un peu pourprée : celle-ci nous vient par la
voie de Carthagène, & eft plus rare que la première,
8c on la défigne ordinairement par le nom
d3améthyfle de-Carthagène.
La dureté de l’améthyfte eft à peu près la même
que celle du criftal de roche : eile fe forme, aufïi,
comme ce criftal, en aiguilles exagones , terminées
à chaque bout par une pointe à fix faces. La plupart
de ces aiguilles ne font teintes de violet qu’en
partie, le refte eft blanc, 8c c’eft du criftal de roche.
On voit des cuvettes, des couvercles de
tabatières & d’autres bijoux qui, quoique faits
d’une feule pièce, font en partie de criftal, 8c e if