
eft foiblément c u it , & l’autrô Eeft complètement.
Quant à ce qui concerne les formes quJil con-
venoii de leur donner, on a cru, devoir s’ attacher
en même tems à celle des alcarra^as d’Efpagne &
à celle des gargouïllettes de l’ Inde : outre cela, au
Jieu de les fufpendre à des cordes & de les balancer
ainlï fufpendues, comme cela fe pratique
dans les pays où ces vaiffeaux font journellement
employés , M. Fourmy les a établis fur un pied
percé de plufieurs trous, à travers lefquels l’air
trouve des iffues fort larges, & peut circuler allez
facilement pour agir fur le cul du vafe comme fur
les autres parties de fa furface.
. Plufieurs expériences ont été faites avec ces
nouveaux vafes, & furtout avec ceux qui font
cuits complètement, & l’on a reconnu qu’ en alfez
peu de tems la température de l’eau dont on les
avoit remplis, étoit changée affez fenfiblement
pour engager à faire ufage de cette poterie, &
pour pouvoir s'applaudir du fuccès de cette imitation.
A L CM A ER , ville principale de la Nort-Hol-
lande, dont les rues font très - bien alignées &
d’une grande propreté. C ’eft dans les envirors de
cette ville qu’on peut obferver les différens niveaux
de l’eau des canaux, tant ceux qui recueillent
les eaux du fol naturel, que ceux qui reçoivent
les eaux que les moulins des polders verfent
au dehors de ces terrains digués. Je renvoie l’ex-
pofition de cette hydrographie intéreflante à l’article
de la Nort-Hollande.
A LC YO N , efpèce d’hirondelle, célèbre, fous
le nom de falangane , dans les Indes par le
commerce 3c l’ufage qu’ on fait de fes nids à la
Chine & à la Cochinchine. Il paroît que cet oi-
feau a toutes les inclinations des hirondelles de
rivages, & que c’eft dans des rochers qui bordent
la mer, qu’ il établit fon nid. Quant à la
fubftance qu’il emploie pour le conftruire, nous
devons écouter à ce fujet un obfervateur éclairé,
M. Poivre, bien capable de nous décider fur ces
deux circonftances. Il nous apprend qu’étant entré
dans une caverne creufée dans le rivage d’ un îlot,
près de Java, il en trouva les parois tapîiTés de
petits nids en forme de bénitiers, très-adhérens
au rocher ; que ces nids, tranfoortés à bord du
vaiffeau, furent reconnus , par des perfonnes qui
avoient fait plufieurs voyages à la Chine, pour les
mêmes qu’on recherche & qu’on met à fi haut prix
dans cet Empire. II ajoute que , dans les mois de
mars & d’avril, les mers qui s’étendent depuis
Java jufqu’en Cochinchine au nord, 8c depuis la
pointe ae Sumatra à l ’oueft, font couvertes dé
rogue ou frai de poiffon, qui forme fur l’eau comme
une colle forte à demi-délayée. M. Poivre dit avoir
appris des peuples qui habitent le long des côtes
de ces mers, que la falangane fait fon nid avec ce
frai de poiffon, 8c que tous s’accordent fur ce
point.
Le même obfervateur ayant ramaffé de ce fr a i,
& l’ayant fait fécher, l’ a trouvé femblable à la
matière du nid des falanganes. Ainfi , la matière
dont font conftruits les nids des alcyons, démontre
la vérité de l’affertion de M. Poivre ; 8c comme
ces nids font très-recherchés en A fie , furtout en
. Chine, il feroit poflible que des matelots chinois
euffent depuis long-tems l’induftrie de contrefaire
; ces nids en ramaftant du même frai, & lui don-
j nant cette configuration à fur & mefure qu’ il
prend une certaine confiüance j 8c dans çe, cas la
prétention de Kempfer, qui dit que les nids des
falanganes t tels qu’on nous les apporte de l’ Inde,
font une préparation faite par les matelots chinois,
feroit fondée en raifon.
C ’eft à la fin de juillet 8c au commencement
d’août, que les Cochinchinois font la récolte des
véritables nids d'alcyons ; 8c comme c’eft en mars
,8c en avril que ces oifeaux multiplient,, l’efpèce
n’ en fouffre pas : on ne la trouve que dans cet
archipel immenfe qui borne i’ Afîe. M. Poivre
affure que ces nids ne font recherches des Chinois
que comme une fubftance très-nourriflante ,
8c que lui-même n’a jamais rien mangé de fi ref-
taurant qu’ un potage de bonne viande garni de
nids d'alcyons. Comme ces nids font infipid.es ,
les Chinois les font bouillir avec du gingembre
ou avec un autre aromate qui en relève la faveur.
Ils eftiment ces nids comme un remède alimentaire
pour les perfonnes épuifées, 8c dont l’efto-
mac fitigué fait mal fes fonctions. Ceux qu’on
nous apporte de l’Inde , 8c qu’on voit en Europe
dans les cabinets des curieux, font d’un blanc
gris, à demi-tranfparens : leur fubftance reffemble
à de Ja colle de poiffon qui a une forte confif-
tance : ils ont tous une forme hémifphirique irrégulière,
8c qui paroît avoir été déterminée par
la bafe à laquelle ils ont adhéré primitivement.
ALENÇON. Nous indiquerons les environs de
cette v ille , qui font partie du département de
Y Orne 3 comme la contrée appartenante à Y ancienne
terre granitique la plus voifine de Paris , 8c
où l’on peut prendre une idée précife de la conf-
ticution phyfique de cette terre, 8c en particulier
de fes limites. On verra dans la Notice de la doctrine
de Rouelle 3 ce que nous entendons par ancienne
terre. Comme ces détails fe lient à plufieurs autres
objets de l’ hiftoire minéralogique de cette contrée
, nous en préfenterons l’enfemble à l’article
d’Argentan, qui en occupe à peu près le centre :
nous y comprendrons le précis des principales ob-
fervations que nous y avons faites,depuis le Mer-
leraut jufqu'à Falaife. ( Voyeç Argentan.)
ALÉOUTES (Nationdes). La pofîtion de cette
nation, difperfée dans un grand nombre d’îles entre
l’Afie 8c l’Amérique, m’a paru affez iniéreffante
pour piquer notre curiofité fur ce qui concerne la
religion , les moeurs, les ufages 8c l’ indufttie de
ces infulaires., C ’eft pour remplir, ces vues que
nous raffemblerons dans cet article tous les détails
qui peuvent nous inftruire fur ces objets.
Les Aléoutes font en général très-fuperftitieux,
mais on doit dire que leur théologie eft modifiée
d’après l’état d’efclav.age où ils fe trouvent. Ils
croient que les kouhgas ou démons ruffes font plus
puiffans que les leurs , 8c que depuis que les étrangers,
protégés par leurs démons, viennent parmi
eux, ils ont été abandonnnés au malheur par les.
leurs : ils penfent que quand même ils renaroient
à ces démons le culte que les chrétiens rendent
aux leurs , cela ne leur ferviroit en aucun# manière.
■ D’après ces idées, les Aléoutes s’ imaginent que
les étrangers qui paroiffent curieux de voir leurs
cérémonies, n’ont d’autre intention que d’ infulter
à leurs kouhgis; auffi évitent-ils avec foin de faire
connoître leurs magiciens. Cependant ils ont con-
fervé leurs danfes annuelles, où ils fe couvrent
d’un mafque 8c fe peignent le vifage : les mafques
fe nomment auffi kouhgas comme les démons, parce
que ces orneméns dont ils fe parent dans leurs cérémonies
, font regardés comme des talifmans qui
ont h vertu de les garantir de tout accident fu-
nefte , foit à la chaffe, foit à la guerre : il eft vrai
que préfentement ces infulaires ne font plus la
guerre.
Les Aléoutes difent qu’ ils viennent de l’occident, !
où ils favent, fans doute par tradition, qu’ü exifte ;
un pays immenfe 8c très - peuplé. Cette tradition \
eft fort précieufe, 8c nous paroît conftater qu’ ils
tirent leur origine des côtes orientales de l’Afie.
Quoiqu’autrefois cçs infulaires euffent des endroits
ou ils dépofoient les produits de leur chaffe,
ils n’avoient point coutume de les conferver pour
l ’hiver. Chaque village ne gardoit que ce qu’il lui
falloit, lorfque c’étoit à lui à fêter les autres} cependant
, comme alors les îles étoient bien peuplées
8c les villages très-étendus, cette méthode
avoit à peu près le même avantage que fi chacun
/d’eux avoit fait des provifions pour lui feul. Les
'habitans des différens villages fe vifitoient mutuellement
, 8c les convives reftoient chez leurs hôtes
jufqu’à ce qu’ il n’y eût plus rien à eô..fpmmer. Ces
arrangemens arrivoient toujours avant que la faifon
de la chaffe 8c de la pêche recommençât : alors on
confultoit le kikaga - dogok ,* 8c les magiciens , qui
s’occupoient de leurs incantations pour procurer au
peuple une pêche8c une chaffe heureufes, affuroier t
les kouhgas que rien de ce qu’on avoit obtenu par
leur fecours, n’avoit été perdu ni prodigué.
D’après les renfeignemens qu’on a pu fe procurer
en 1792 , fur la population des lies aléou-
tiannes, le nombre des indigènes mâles, en y comprenant
les enfans , n’excédoit pas onze cents,
dont cinq cents des plus robuftes 8c des plus agiles
étoient employés par les chaffeurs ruffes. Autrefois
un des villages d’Ounalafchka contenoit une
population bien plus confidérabie que n’eft à prêtent
celle de tout cet Archipel. L’ île d’Ounalaichka
avoit alors un chef fuprême qui portoit le titre de
kikaga-dogok, parce qu’ il étoit choilî par tous les
infulaires parmi les dogoks ou chefs des villages ,
les autres habitans étant vaffaux 8c diftingué^ lous
le nom de Thacas.
Les Aléoutes ont des hameçons d’os. Ils ont des
lignes faites avec des efpèces de gouémon qui croît
de lept pieds de haut, 8c d’autres qu’ils tirent des
nageoires de baleine, coupées fines 8c bien égales.
Lorfque les infulaires pêchent les plies dans les
endroits où il y a foixante - dix à quatre - vingts
braffes d’eau , ils amènent fouvent avec la ligne
de très-belles tiges blanches, avec leurs racines,
fans écorces & fans branches. Ces tiges font d’abord
auffi élaftiques que des baguettes de baleine;
mais au bout d’un certain tems elles reffemblent
au corail blanc 8c font très-caffantes comme lui.
Les dards dont les infulaires fe fervent, font
peints, les unsen rouge, 8c lesautres en noir. Leurs
différentes peintures fe font au moyen de terres
colorées, broyées 8c mêlées avec l’huile de poiffon;
ils en ont de noires, de blanches , de rouges 8c
de bleues. Ils tirent ces terres d’une montagne
voifine du village à'Amada.
Tout ce que font les Aléoutes furpaffe de beaucoup
l’idée qu’on fe forme ordinairement de l’efprit
8c de l’intelligence des nations fauvages.
L ’ordre établi parmi eux 8c le refpeét qu’ils portent
aux chefs qu'ils ont choifis pour leur commander,
dérivent certainement de leurs principes religieux
& de la vénération que leur infpire un être in vifible
8c fuprême. Ils cherchent fans ceffe à mériter la
protection bienveillante de cet ê tre, non-feulement
dans ce monde, mais dans l'autre , car ils
croient fermement à l'exiftence d’une autre vie :
auffi leur conduite n’eft ni injufte ni barbare ; ils
font au contraire doux, humains 8c hofpitaliers.
La jufteffe des proportions 8c l’ élégance dss
canots ou baidars des Aléoutes , de leurs armes ,
de leurs uftenfiles 8c de leurs vêtemens prouvent
qu’ ils font bien éloignés d’être ftupides, épithète
que quelques Européens donnent fi libéralement
aux nations qu’ ils appellent fauvages.
Il eft très-facheux que les Aléoutes foient fournis
au caprice 8c à l’avidité des Ruffes qui font la
chaffe dans ces contrées , 8c qui font infiniment
plus barbares qu’aucun des peuples indigènes qu’on
rencontre dans ces îles. Le feul efpoir qu’on peut
avoir de les voir délivrés de leurs oppreffeurs ,
n’ eft fondé que fur la deftru&ion totale des animaux
auxquels ils font la chaffe ; 8c il y a grande
apparence que, d’après la quantité de ces animaux
qu’ ils tuent chaque jou r , les efpèces en feront
bientôt anéanties.
Comme nous avons parlé, dans cét article , des
chaffeurs ruffes , nous penfons qu’ il convient de
préfenter ici une fuite des opérations qu’ ils ont