
feuls effets de la déification & à la feule diftinélion
des pâtes primitives, erifuite aux matériaux diftii-
bués par couches horizontales & appartenans à la
nouvelle terre, établis conftamment fur les premiers.
Cet enfemble annonce inconteftablement
deux dépôts différens. C e f t dans le maffif de ces
deux époques que les eaux pluviales ont creufé les
vallées. Les plus profondes atteignent les fchiftes les
plus trapézoïdaux} elles offrent des croupes ou bords
efcarpés ou inclinés, fuivant les formes générales
de l’approfondiflement des vallées. Dans les parties
les plus baffes il n’eft tefté que les veftiges des
anciennes formes des fchiftes, les fuperfétations de
la nouvelle terre ayant été détruites par les eaux.
A IX , ville principale de la Provence. Elle eft
entourée de collines qui vont en s’abaiffant jufqu’ à
Tétang de Berre , lequel communique à la mer.
Ces collines font en général de deux efpèces. Celles
qu’on voit au levant font couvertes de pierres calcaires
à demi-arrondies, & abandonnées enfui te par
les eaux : plufieurs maffes de ces pierres font réu-,
nies par un gluten folide , & forment un marbre-
brêcne eftimé} les petites montagnes ou collines
qui font au nord & au couchant d’hiver> font gyp-
feufes, mais le gypfe propre aux arts n’y eft pas
extérieur , comme aux environs de Paris : on eft
obligé de le chercher à quinze ou vingt toifes de
profondeur. Les carrières qu’on exploite, font aux
environs du chemin d’Avignon, & à une demi-
lieue de la ville. On y trouve , lorfqu’on a creufé
dix ou douze toifes , une marne blanchâtre, dure ;
& feuilletée, dans laquelle font de belles empreintes
de poiffons : il y en a de plufieurs efpèces
& dans toutes fortes de pofitions. Quelques natu-
raliftes ont cru y reconnoitre une murène bien con—
fervée.
Au bas de la petite montagne où font les plâ-
trières , & à quatre ou cinq cents toifes de la ville,
fe trouve le rocher où l’on a découvert des offemens
} il çft à cinq lieues de la me r de Marfeîlle, &
à plus de fix cent quarante-huit pieds au deffus de-
fon niveau ; il fe prolonge fous une tetre marno-
argileufe, & on le retrouve à une affez grande
diftance , mais il ne contient pas partout des offemens
5 il ne fe montre extérieurement que par des
pointes affez éloignées les unes des autres } il eft
en général compofé d’ uiie pièrre trè s -d u re , &
forme un banc dans lequel on n’apperçôit aucune
couche. Ce rocher eft câlço gypfeux & néanmoins
fcintil'ant j il doit cette dernière propriété à dès
quartz roulés, plus ou moins atténués , 8c qui font
mêlés avec la matière calcaire. Cet énorme banc
contient auffi quelques pierres calcaires roulées :
on y découvre auffi Ides coquilles foffiles , telles
que des vis 8c-des cames.
C ’eft dans cette maffe que font renfermés un
grand nombre d’ofîemens : ils y font fans ordre &;
dans toutes fortes de pofitions, verticale, horizon-
wle & inclinée.. Les uns font caffés & par débris'}
tous font incorporés dans la roche, comme les coquilles
foffres le font ordinairement dans la pierre
qui les contient. La fubftance de ces os eft pfeioe ,
8c le tiffu cellulaire ne s’apperçoit que dans quelques
uns; ils font blancs comme de la chaux, quelques
uns font parfemés de dendrites ; ils font en
général friables : il y en a cependant quelques-uns
ae durs,comme ceux que l’ on trouve àMontmartre}
mais ils font rares, car il n’y a guère que les dents
qui aierit confervé leur dureté & leur émail : ceux
qui font caffés, ont leurs cavités remplies de la matière
qui forme le rocher } les parties les plus déliées
de la pierre , en s’ infinuant à travers les os
qui font entiers , ont formé dans leurs trous médullaires
de fuperbes criftallifations fpathiques,
dont l’intérieur eft revêtu comme une grotte l’ eft
fou vent de ftalaélites.
Parmi les pétrifications qu’on a tirées de ce
rocher , il y en a de fi bien cara&érifées , qu’ on
p eut, fans craindre de fe tromper, en déterminer
i’efpèce. Les corps qu’on a pris pour des têtes humaines
, en ont bien à peu près la groffeur, mais
ils en diffèrent effentiehement par leur forme &
par leur ttruéture. Il eft vifible que ces corps ne
font pas des noyaux de nantilles ou de cornes
d’Ammon, mais de vraies tortues pétrifiées. M. le
baron de la Tour-d’Aigues en a une depuis long-
tems dans fon cabinet : il ne la regarde pas comme
une tête humaine } il a même été le premier à lui
donner fa véritable dénomination.
On n’a trouvé des pétrifications de ce genre dans
aucun autre lieu de la France.
Le même rocher contient encore des offemens
de toute efpèce , comme des tibias, des fémurs,
des cô te s , des dents, des mâchoires & des rotules
} mais il faudroit une grande connoiffançe de
l’anatomie comparée, & lurtout de celle des poiffons
de mer , pour décider à quelle efpèce d’animaux
ces offemens ont appartenu. A A ix , ainfi qu’à
Montmartre , les offemens font dans une pierre
i ,calco-gypfeufe, & à l’ un & à l’autre endroit il y
a des empreintes de poiffons.
Hapellius, cité parHenckel, dit qu’en 1583,
en faifant fauter un petit rocher près de la ville
d’A ix , on trouva dans le milieu un cadavre humain
pétrifié, de forte qu’on voyoit dans la fubftance
du rocher les impreffions de tous fes membres.
Dans le mois de juiîlet 1779, un particulier voulant
faire fauter la pointe a’un rocher qu’ i ly âvoit
dans fon champ , on le trouva rempli d’ offemens.
Mais comme on n’en a pas donné la defcription,
on peut préfumer qu’ils étoient de la même nature
que ceux dont nous venons de parler.
La colline qui fournit le plâtre à la ville d’Aix
peut avoir environ cept cinquante toifes au deffus
du niveau de la mer. Les couches de la partie fupé-
rieure font inclinées vers, le nord, d’ un angle^de
quinze à vingt degrés.
Les couches de la colline à plâtre font toutes,
ou calcaires, ou gypfeufes, ou marneufes, ou
renferment
renferment un mélange de marne 8c de pierres
calcaires : on rencontre parmi de très-petits lits
de charbon de terre, de deux ou trois lignes d’é-
paiffeur.
Le fommet de la colline n'eft compofé que de
couches calcaires, au milieu defquelles on trouve
quelques feuillets de filex.
Voici la note des différentes couches qui recouvrent
le premier banc de plâtre, à commencer
par le fommet de la colline :
Terre végétale, mêlée de nombreux débris de
pierres calcaires, trois pieds.
- Couche de débris de pierres calcaires, un pied.
Couche calcaire, avec des veines de filex, trois
pouces.
Couche de pierre calcaire très - dure , trois
pouces.
- Plufieurs couches de pierres calcaires brifées,
trois pieds fix pouces.
- Couche calcaire de pierre dure, renfermant
quantité de coquilles fur fa face inférieure, cinq
pouces. ' ■ ~
, Quatre couches calcaires affez dures, deux pieds 1
fix pouces.
Une couche de craie plus ou moins légère,
deux pieds.
Deux couches calcaires dures, trois pieds quatre
pouces.
Sept couches de terre crayeufe, un pied.
; Un banc de pierre calcaire propre à bâtir,trois
pieds.
: A IX , ville de Savoie, fur le lac du Bourget; j
elle eft entre Annecy, Rumilly & Chambéry : il j
y a des bains renommés , où l’on diiüngue trois j
fburees qui donnent chacune des eaux de différente
nature , celles des bains du roi, celles des
bains foufrés , 8c enfin celles des bains d* alun, Ges
eaux font très-abondantes : on voit auffi les reftes
d’un arc .de triomphé', qui annoncent que cette
ville a été confidérable tous les Romains.
A IX , petite île fi tuée dans le golfe de Gaf-
cogne, entre l’île d’Oleron 8c l’île de Rhé, vers
l’embouchure de la Charente. Il eft évident qu’elle
a-fait partie de la terre ferme; dont elle n’eft pas
fort éloignée, car on y trouve les mêmes couches
8c les mêmes bancsN.de coquillages que renferme
la côte de l’Aunis au bord de la mer.
ALABASTPvITE, pierre gypfeufe, ordinairement
blanchâtre ou demi-tranfparente : elle fe
travaille facilement, fe polit de même ; màisen
général fon poli eft moins brillant que celui du
marbre, parce qu’ elle n’a pas la même folidiré
8c la même infiltration. JLes Allemands, 8c maintenant
les Français à leur imitation, font avec cette
pierre, des colonnes , des décorations de pendules
, des-vafes & quelques figures agréables} mais
ils confondent l’alabaftrite, qui eft indifïoluble
Géographie-Phyjique. Tome 11,
aux acides, avec T albâtre calcaire. Il y a de ces
alabaftrites qui ont des teintes de couleurs variées
, comme on les voit dans les albâtres calcaires.
On a découvert depuis quelque tems des
couches d’alabafirite au Carnetin , proche Lagny,
qui occupent la partie inférieure ci1une carrière
de plâtre, 8c qu’on peut obferver à découvert
fur le bord de la Marne. On en verra une defcription
raifonnée au mot Carnetin. Plufieurs de
nos fculpteurs ont tiré un affez grand parti des
blocs de cette carrière, en leur communiquant
des couleurs variées très-agréables. .
' ALAGNON, rivière de l’Auvergne, qui prend
fa four ce dans les montagnes du Cantal, 8c qui
va enfuite d’ un cours rapide fe jeter dans l’Al ier.
Sa vallée, forme une branche du golfe de L‘ Allier*
car on y trouve des fragmens de couches -horizontales
calcaires dans la partie qui eft au deffus
de Murat. Cette rivière paraît même avoir détruit
une grande fuite de ces dépôts „aux environs
8c au deffous de cette ville. Quelques-uns de
ces dépôts , non-feulement font coupés par la
rivière , mais encore font recouverts par des cou-
rans de laves. Ainfi cet enfemble de matériaux
eft fort important, car il offre les preuves de tous
les événemens qui ont eu lieu le long du cours de
cette belle rîviere. Les dépôts calcaires indiquent
d’abord le féjour de la mer} enfuite leur deftruc-
tion, l’adfion des eaux courantes qui ont repris
leur ancienne marche après la retraite ce la mer >
enfin , les courans qui recouvrent certaines parties
des dépôts, annoncent-l’époque des éruptions de
tous les volcans, qui datent d’un tems pofiérieur
à la retraite de la mer. Ces opérations fingulières
de la nature, dont la fuite 8c les époques font
inconnues, fe trouvent ici déterminées par k-s
veftiges qui en relient au milieu de cette vallée
latérale. ( T'oyez Vallée-Golfe de /’A llier. )
ALAINS. La nation feythe étoit formée de
l’ affemblage de différentes nations, qui toutes
avoient les mêmes moeurs 8c les mêmes ufages.
Les Scythes les plus célèbres en Europe, par les
fecoufles qu’ils donnèrent à l’Empire- romain, furent
les Alains,\es Huns 8c les Taifales. Ce furent
furtout* les premiers, qui paffèrent pour les plus
belliqueux. On dit que,dans leur origine, ils ha-b>
toient ce-que nos hiftoriens ont nommé la Grande^
Hongrie. S’étant confondus avec les Huis, qui
s’éroient rendus maîtres d’ une partie de la Sibérie^
ils fondèrent des établifiemens fur les bords di>
Pont-Euxin, d’où ils portèrent leurs armes fur les
bords du Gange. Ptolomée les dérive du mot
alin} qui fignifie montagne , parce qu’en effet ils
habitoient dans des montagnes avant de paffer au
Midi, où ils s ’établ rent dans des plaines qui font
fituéesau nord de la Circalfie 8c de Derbent. Mais,
au refte, ce grand peuple nomade occupa tantôt
une région.& tantôt une autre.