
contraire, plus ils en paroiffent éloignés : outre
cela ^ on trouve rarement de gros grains de platine
ou d or dans les plaines &*à quelque diftance
des montagnes 5 car c’eft dans les plaines que fe
rencontrent les parties les plus fines & les plus
légères dé ces deux métaux.
Comme. i’or. a les mines propres * doit-on préfumer
que le platine a auffi les fiennes, d'où les
molécules métalliques de cette fubftance fingu-
lière ont été détachées, entraînées & dépoiées
dans les matériaux de trapfport au milieu defquels
ces molécules fe trouvent? Mais où font ces premières
mines? C ’eft ce que l'on n’a pas encore
reconnu , même au Pérou. Il feroit bien important
de faire des recherches dans les montagnes
qui bordent à peu près les diftriéts de Novita &
ae Citara , le plus près qu’ il feroit pofiible des
lieux d'où l’on tire les plus gros morceaux de pla*
tine : on verroit fous quelle forme ce métal y ré-
fîde, à quelle forte de corps il eft adhérent, ou fi
le platine fe forme avec l’or qui l’ accompagne
toujours. 11 y a quelque apparence que ces mines
primitives,, fi elles exiftent, fe trouveraient dans
les. montagnes , où l’on ne voit ni fragmens de
pierres roulées * ni couches dç terres & de fables
dépofés par les eaux. Peut-être y découvriroit-on
des circonftances propres à fournir des idées rai-
fbnnables fur les principes qui concourent à la
formation du platine.
Il paroît affez étonnant qu’ on ne trouve, dans
les mines de tranfport du Choco , que l’or & le
platine, & qu’on n’y rencontre aucun veftige des
autres métaux, quoiqu’il foit certain que l’argent
furtout fe trouve abondamment dans les montagnes
de la Cordillière, même fous la formé métallique
qui lui eft propre.
Ainfî 3 comme ce n’eft que dans la zone occupée
par les collines & les montagnes fecondaires,
formées des débris des Cordillières, qu’on trouve
l ’or & le platiné, il ne faut pas chercher les mines
dô^tranfport dans les larges plaines baffes , voifines
des bords de la mer, où les rivières ont un cours
uniforme. L’Orénoque n’a point de ces mines, non
plus que l'Amazone & le Rio de la Plata. La rivière
de la Magdelaine n’en a plus le long de fon
cours au bas de la ville de Fronda. De même il
n’eri faut plus chercher le long des rivières qui
arrofent les'plaines baffes de la province de Guya-
quil, & même celles "du Choco du côté de la mer
du fud.
De,tous ces faits recueillis par-des .obfervations
faites fur lès lieux , & communiquées à l’Acâdë-
mig dès fciences en 1784, il paroît réfuiter, i°. que
la jqê,me? cdufe qui a dépofé l’or dans les mines de
transport dopt nous avons fait mention, y a concouru
àû dépôt du platine j
1°. Que. c ’eft. ^inaltérabilité .égale.de.ces deux
fortes de métaux, qui les a corifervés au milieu
des amas d’où on les retire par le lavage $
3°. Quoie platine, comme l’o r , doit avoir fes
mines propres $
4°. Que les globules de mercure, qui fe trouvent
quelquefois dans les morceaux de platine,
font la fuite de l’amalgame qu’on en fait pour le
féparer de l’or j
5°. Que la vertu magnétique du platine ne lui
vient pas de la triture, mais de fa compofition,
& furtout du fer qui lui eft uni d’une manière
fingulière ;
6°. Que plus les grains du platine font gros,
plus il doit être près de la mine qui formoit fon
premier gîte j plus au contraire les morceaux en
font fins & atténués, plus le ti a jet qu’ils ont parcouru
depuis ce gîte doit être confidérable.
Nous ne nous fommes occupés des mines de
tranfport de l’or & du platine que parce que ces
dépôts nous ont femblé liés avec les climats
de l’Amérique méridionale, & furtout avec fon
hydrographie, puifqu’ ils font affujettis à certaines
parties des baffins de quelques rivières qui renferment
ces fubftances métalliques, aufli précieufes
par leur valeur intrinfèque, que par leur difpofî-
tipn.
A m é r i q u e m é r i d i o n a l e .
Hydrographie.
Réflexions & confldèrations générales fur la carte de
t Atlas, rédigée dapres Danville & la Cru^.
On s’eft attaché dans cette carre, à montrer les
différentes pentes des terrains & la diftiibution
des eaux par les principales rivières qui fuivent
ces pentes : on peut y confidérer des pentes im-
menfes & des maffes d’eau confidérables , qui
s y raffemblent. On remarque d’ailleurs que les
points de partage de toutes ces eaux ont fort peu
d’ét«.ndue. Toutes les fources des rivières, ainfî
que de leurs affluentes, fe joignent à des inter-
vales près d’ une fort petite largeur. Les contre-
pentes font adoffées les unes aux autres..
Ainfî les rivières latérales, qui tombent dans le
fleuve des Amazones, à droite, viennent aboutir
à de femblabies rivières qui tombent dans le Paraguay,
ou aux fources mêmes du Paraguay. Il en
eft de même des premiers embranchemens de la
rivière de Saint-François, qui font aboutiffans
aux premières eaux du Parana.C’eft.ainfîque toutes
les fources des rivières côtières font diftribuées.le
long d’ une ou:de plufieur-s chaînes de montagnes,
qui fervent d’enceintes aux baffms.de l’ Iguay, de
l’Uruguay, du Parana & du fleuve de Saint-François.
Le partage des eaux par les, Andes offre quatre
pente;s; générales, dont trois font fqrt.étendues,
tant au nord qu’àT e ft, & vers l’Océan atlantique.
La quatrième, au contraire, eft fort courte vers
h mer du fud ou grand Océan. Il réfulte de ces
dernières confldèrations, que les trois premières 1
pentes font très-adoucies en raifon de leur alon-
gement, au lieu qu'elles font fort efcarpées &
très-rapides du cote de la mer du fud. La rapidité
des pentes croît, comme on fait , en même raifon
que l’étendue de la marche des eaux diminue.
Si nous fuivons également la côte occidentale ,
nous trouverons que les rivières côtières, dont le
cours eft borné par la Cordillière, font fort courtes
j que d'ailleurs le revers oriental de cette
Cordillière ne donne des eaux courantes, alon-
gees, ou vers le baffin de l'Amazone, ou vers
celui du Paraguay, que jufqu’au Tucuman. Plus
bas ce font des eaux fort vagues, & dont la plupart
fe perdent dans de petits lacs ou dans dés
lagunes d’une petite fuperficie, dont quelques-
unes font Talées j & au deffous du Chili, le terrain
du revers oriental de là Çordillerâ de'los Andes, ;
qui eft bien fuivie, paroît à fec entièrement.
D’après ce que nous avons dit, on peut prendre
une idée générale de la quantité d’eau qui le raf- :
femble & qui circulé à la lurface de l'Amérique ;
méridionale, & qui fe rend dans les mers, lef-
quelles baignent fés côtes, foit orientales, foit
occidentales, &c. '
J’ai dit qu’ il y avoit quatre pentes générales :
d’abord celles du baflin de la rivière du Paraguay
& de fes affluentes5 en fécond lieu, celles du grand
baffin de la rivière des Amazones & des affliientes ?
qui fuivent les contre-pentes des premières i puis |
les troifîèmes, que nous indique la direction dé ;;
la rivière de la Magdelaine & de l’Orénoque;enfin ■:
la quatrième, qui s'étend depuis les Andes jufqu’à [;
la plaine, laquelle fert de plage a la mer du fud. Je
me propofe donc de donner par la fuite, en de- ;
ta il, tous les développemens de ces eaux couran- j
te s , en commençant par la quatrième pente, & *
remontant par la troifîème, &c.
Je m’attacherai donc maintenant à la marche
des eaux courantes, qui circulent dans les inter- ;
valles des Cordillières & des Andes, aux environs i
de Quito. J’y remarque, d’une manière particu- •
liè re , que, foit par les fources des rivières qui
verfent à l’eft vers l’Océan atlantique , foit par
celles des rivières qui coulent à l’oueft & fe rendent
dans la mer du fud, les deux rangs de montagnes
font interrompus &r découpés très-fréquemment.
Je vois qu'en général les intervalles des
chaînes font parcourus par les parties fupérieures
de ces eaux courantes, dont les unes vont vers le
nord, 8c les antres vers le fud, jufqu'à ce que ces
eaux foient parvenues aux coupures que ces deux
chaînés refpëCtivés 6ht éprouvées , & qui leur
fervent de débouchés définitifs pour fe porter au
dèhôïs, foit eh fe précipitant lé long de la cote
occidentàlè du Pérou, foit én fùivàht \e's plans
inclinés & fort alôrigës, qui lés condüiféht à l’Océan
atlàntiqùè.
Je reviendrai par la fuitè aux brecfiês multipliées
des chaînés dé montàghés > ainfî jë~rërivoië
à Partiels Coupure , où j’eXpoferai les progrès de
la marche d’es eaux qui ont ainfî formé ces brèches.
Je pâffe donc à la fuite des rivières qui prennent
naiffànce dans la partie haute du Pérou, 8c
q u i, après avoir coulé dans les intervalles des
Andes & dans la direction du fud au nord, ou du
nord au fud, débouchent, comme nous l’avons
d it, dans la plainè de la mer du fud.
I. Syftème des eaux courantes au milieu des Andes,
puis vers la mer du fud.
Je trouve d’abord, en commençant par le nord,
la rivière de Noanamas, qui a quatre embranche-
mens diftribués au milieu des chaînes, de la Cordillière,
& dont le principal paffe à Novita, où
font les mines de tranfport d’or & de platine :
viennent en fui te celles de Dagua & de Saint-Jean3
qui fe portent du fud au nord, qui eft la pence
générale de toutes les eaux de la contrée, lefquelles
'finilîent par fe diriger vers l’oueft dans une plaine
allez large. En fuivant la côte vers le fud, je vois,
i°. la rivière de Patia, qui a , au milieu des Andes
de Patia & de Pajlo, cinq embranchemens, dont
la direction générale eft du nord au fud, & en-
fuite de l ’eft à l’oueft > i ° . celle de Mira3 qui réunit
plufieurs ruiflèaux diftribués fort avant dans
les Andes j 30. celle de Pueblo de Efmeraidas3 formée
par la réunion de deux principaux canaux,
qui ont chacun plufieurs affluentes à angles aigus,
&quiembraffent les environs de QAïo3 auxquelles
il faut ajouter lés rivières de Ca raquas, de Daulé
ou de Guayaquil & de Rïobamba ? dans l ’intervalle
defquelles on voit un affemblage nombreux^ de
ruiflèaux qui raffemblent les eaux de deux chaînes
'de montagnes". Je termine enfin ce détail intéref-
fant par l'indication des rivières de Payana 3 de
fuinbè3 dé Càta - M a y o de Piura , qui verlent
egalement les eaux de cétte partie des Andes ou-
veites par toiîs cës points.
Rivières côtières occidentales.
Après un défert très-aride, où l ’on ne voit
aucune eau courante, Viennent deux fortes de rivières
: les unes, que je conftdère comme coulant
d ’abord au milieu des Andes, dans la direction dq
fud au nord, ou du nord au fud. Je les placerai à
la fuitè des premières qui précèdent, & que j’ai
diftinguées des fîmples'Êoriè/^.
Jé placerai donc parmi les premières, les rivières
de Zana , de Pafca -Mayo 3 de Ckicàma , de
Ckimo , de Santa, qui coulent d’abord du nord ail
fud dans les intervalles des chaînes, 8c q u i, fe
dirigeant à l’oueft, débouchent vers la plaine dé
là mer du fud.
Il èn eft dè même dès rivières de Guaro, de
Rio-Sâlàdo d Atacàma, de l’ Aconcagnà, dans lé
vôifîBàgé de Val Parayfo j du Màypo dè Sah-
Y ag o, des rivières de Rapel & de Lora.
Mmm 1