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J’ai va fur lé port dJ Anvers 3 à plus de fîx à fept |
pieds de hauteur, des lignes bien marquées, & à
différens niveaux, lefquelles défigne’nt les débor-
demens del'Efcaut, avec les années. C ’eft la ligne
appartenante à 1715 qui eft la plus élevée. Alors
la cathédrale & une très grande partie de la ville
furent couvertes d’eau. On voit par-là qu'à certaines
époques l’eau reprend pofleflion des pays
qu’ elle a formés dans des tems où les rivières ’&
les fEuves éprouvoient de fréquentes crues, avec
des intervalles aufli multipliés.
En fortant d'Anvers pour aller à Bois-le-Duc,
on traverfe un pays plat qui eft allez bien cultivé
dans les environs d’Anvers : on y voit des fei-
gles, des trèfles, des lins, des bouquettes ou blés
noirs, &c. Ce trajet préfente un fol plus maigre
que ne l’eft l'intervalle de Malines à Anvets j cependant
on y rencontre, comme avant Anvers, des
maifons affez bien ornées, & entourées de haies
formées avec des charmilles croifées ou parallèles.
A environ deux lieues d3 Anvers on ne trouve
plus qu’un fol où le fable eft furabondant : c’eft
une vafte plaine , au milieu de laquelle il y a quelques
rangées de dunes difperfées, & à moitié détruites.
Il n’y a point de culture : feulement quelques
beftiaux, comme vaches & chevaux, y trouvent
une pâture peu fubftantielle. Deflous le fol,
& à une certaine profondeur , il y a une mine de
fer fabloneufe ou alliofie, comme celle qu’offrent
les landes de Bordeaux. A une demi-lieue plus loin
on tire l’argile, à environ quinze à feize pieds de
profondeur : cette argile grife, ainfi que l’alliofte,
tient i’eau. C ’eft par cette raifon que, dans cette
contrée, l’eau des puits ne fe trouve pas, comme
nous l ’avons d i t , à une plus grande profondeur.
A mefure qu'on s’éloigne à.3Anvers, l’inculture
augmente , & l’on ne rencontre plus d’habitations
à environ cinq lieues de diftance, où eft la limite
du Brabant français avec le Brabant batave. Ce
n’eft qu’après fept lieues que l’on voit des habitations
fixes & de la culture, parce que le fable pa-
roît mêlé de plus en plus de terres fubftantielles,
& d ’ailleurs, le fol étant même devenu très-argileux,
il produit des prairies qui en occupent la
plus grande partie, & quelques grains, comme
feigles-& ff orne ns; enfin, du lin, des fèves & de
la garance. C ’eft pour favorifér toute cette culture,
que ce terrain eft coupé de canaux, & en*
touré de digues dans la plus grande partie de fon
étendue.
Tous ces différens travaux de culture & ces productions
fe montrent d’une grande beauté aux en-
.virons de la rivière de Bréda, & à une certaine
diftance de l’embouchure de cette rivière : c’ eft
■ là que la vallée eft diguée des deux côtés , avec
des moulins qui épuifent l’eau concentrée dans ces
K enceintes. On y trouve des feigles, des lins, des
herbages de toute efpèce jufqu’à Pofte-Horn, où
recommence une nouvelle digue, & où l’on voit
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avec fatisfaétion des garancières, des linières, des
herbages, des feigles, des fromens, dans les enceintes
de terrains digues. J’obferverai que tous
ces terrains, très-bas, très-fubftantiels, & en général
fabulo-argileux , s’annoncent comme des
dépôts des rivières de Bréda, des Meufes 8c de
l ’Iffel. g • v
Je finis par remarquer que de nombreufes plantations
de chênes & de pins fe trouvoient établies
fur un grand nombre des élévations de térres qui
fervent de digues autour des enclos, dont quelques
uns font plantés eux-mêmes en bois, pendant
que d’autres font cultivés en feigles, en lins, &c.
Seulement j’ ai obfervé que les plants de bois f>ro-
fkoient mieux fur les faces & fur les bords élevés
des digues, que dans les enceintes diguées.
Dans l’expofinon de l’hiftoire naturelle du fol
des environs d3Anvers & de fes diverfes cultures,
j'ai cru devoir comprendre tous les procèdes qui
ont été adoptés & fui vis à l'embouchure de la
rivière de Bréda, quoiqu’ éloignée à’Anvers, pour
faire connaître fur quel plan de culture les différentes
parties de cette côte maritime ont été traitées
& améliorées, perfuadé que ces procédés
peuvent fervir de modèles à nos agriculteurs lorf-
qu’ils auront de pareilles embouchures à mettre
en valeur fur nos côtes, comme il s’en trouve
beaucoup, ainfi que je l’ indiquerai à l'article
C ôtières (R iviè re s) ..{Voy. E sc au t , Br é d a ,
Bois- le-Du c , D o rdrech t.)
AO U STE, ville ancienne d’ Italie, capitale du
Val d’Aoufte, au pied des Alpes ; elle eft au bord
de la Doria-Baltea. On trouve dans fa vafte enceinte,
des prés, des champs, des.jardins bien
entretenus : c’eft le centre d'une contrée couverte
de montagnes, & qui aboutit au petit8c au grand
î Saint-Bernard. Des chemins dirigés par-deffus Tune
& l’autre montagne conduifent par la première en
Savoie, & par la fécondé dans le Valais. Ce pays
a douze lieues de longueur, & eft fertile en fruits
& en pâturages. Nous y reviendrons lorfque nous
traiterons du pètit & du grand Saint-Bernard, &
que nous le confidérerons comme le débouché nar
turel de l'un & l’autre vers l’Italie. C'eft l’ancienne
Augufia Salajporum. Les monumens qui y reftent,
prouvent que les Romains, furtout du tems de
\ Céfar-Augufte, avoient regardé ce pofte comme
très-important.
APALACHES. C ’eft une chofe digne de remarque,
que les montagnes de l’Amérique fepten-
trionale ne font pas ifolées & difperfées çà 8c là
fur la furface de ce continent : on ne les trouve,
outre cela, qu’à environ cent cinquante milles de
la mer, formant plufieurs chaînes placées les unes
derrièreles antres , courant prefque parallèlement
à la c ô te , en s’approchant:un peu du côté de la
mer, à mefure au’elles fe prolongent vers le nopd-
eft. Au fud-oueu, le pays compris entre la mer &
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le Miffiflipi devenant plus étroit , les différentes !
chaînes de montagnes fe réunifient en une feule,
qui va , s’ abaiftànt par degrés, jufqu’ à ce qu’elle fe
perde dans la plaine lorfqu'elle s’approche du golfe
du Mexique, api ès avoir donné niiflance à quelques-
unes des rivières.qui fe jettent dans ce golfe : telle
eft en particulier celle qu’on appelle Apalachicola;
elle a vraifemblablement emprunté ce nom des
Apal&chites, nation indienne qui habitoit anciennement
cette contrée. C ’eft vraifemblablement
encore à la même origine qu’ eft due la dénomination
des montagnes dans lefquelles fe trouve la
fource de cette rivière, & qui ne font effectivement
que l'extrémité des grandes chaînes qui tra-
verfent l’Amérique feptentrionale.
Les géographes européens appliquent cependant
la dénomination d'Apalaches aux diverfes chaînes
de montagnes qui s'étendent au nord, quelques-
uns donnant^ nom d'Apalaches aux montagnes
bleues, d’autres aux montagnes du nord3 d’autres
aux AUganis, d’autres enfin à la chaîne appelée
Laurel-Rigde, & en général à celles dont la réunion
vient former ce qu’on devroit appeler les
Apalaches. Mais le fait eft qu’aucune de ces chaînes
n’a été connue fous ce nom par les habitans
du pays, foit indigènes, foit européens tranfplan-
tés, que d’ après les cartes européennes. Ainfi
c’eft avec toutes ces incertitudes que j’ indiquerai
ici les Apalaches j en attendant que les géographes
accrédités des Etats-U.nis fixent nos idées à ce
fujet. ‘
La hauteur de ces montagnes n’ a pas été déterminée
avec exactitude. Les Altghanys, étant le
point de partage des eaux de l’Atlantique 8c de
cellesque raffemble le Miflîffipi, font certainement
les montagnes les plus élevées de ce continent.
Mais leur hauteur, prife relativement à leur
bafe, n’eft: pas fi confidérable que celle de beaucoup
d’autres, parce que la contrée ou elles font
fituées va s’élevant par degrés,-qui forment autant
de chaînes de montagnes, placées les unes à côté
des autres.
Les montagnes bleues & celles du Pic d'Otter, à
les mefurer depuis leurs bafes, font eftimées comme
les plus hautes de l’Amérique feptentrionale.
Quelques obfervations, auxquelles on peut accorder
une certaine confiance., donnent au pic le plus
élevé quatre mille pieds de hauteur perpendiculaire
; ce qui n’eft pas la cinquième partie de la
hauteur des montagnes de l'Amérique méridionale,
ni le tiers de celle qu’il faudroit à la latitude,
de la Virginie pour confervet les neiges pendant,
toute l’année. La chaîne des montagnes qui.com-,
tnence immédiatement au-delà des montagnes bleues,
& qu’on appelle montagnes du nord, eft d'une grande
étendue; ce qui lui a fait donner par les naturels
le nom dp montagnes fans fin. ( Voyej Mo n t a gnes.)
APENNIN Chaîne de montagnes qui partage
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la péninfale de l’ Italie dans toute fa longueur, depuis
les Alpes jufqu'à l'extrémité méridionale du
royaume de Naples. \J Apennin fe détache d abord
des Alpes dans le voifinage du Monte Appio en
Ligurie, & lprfqu’ il eft parvenu dans le Modénois,
il fléchit fa dire&ion du nord au fud, en fe portant
vers les côtes de.l’Adriatique, d’où ii s'éloigne
enfuite pour fe rapprocher de la campagne de
Rome, & fe prolonger à peu près au milieu de la
péninfifie, jufqu’à h hauteur de Bénévent 8c à
travers le royaume de Naples. C ’eft là qu’ il fe di-
vife en deux branches, dont l’une va jufqu’au
mont Saint- Ange dans la Pouille, & l’autre, tra-
verfant, la Bafilicate, fe diftribue fur deux lignes
très-remarquables près de Venofa : l’une va fe terminer
au, détroit qui fépare la Sicile de l’Italie ,
pendant que l'autre s’étend fur les rivages de la
mer Ion:enne.
On a eu tort; de confidérer comme montagnes
particulières qui le trouvent dans cette longue
chaîne , le mont Ca[fin, le Véfuve ou Monte Somma 3
& Radicofani fur les confins de la Tofcane, car
ces différentes mafles montueufes font entièrement
fépatées de la chaîne ; & comme elles n’en
font nullement partie, elles doivent être confédérées
à part.
Je reviens maintenant aux différentes difpofî-
tions de Y Apennin, relativement aux contrées de
l’Italie, contenues entre fes cimes & les bords des
deux mers qui en baignent les enceintes nord &
fud dans certaines parties , eft & oueft dans d'autres.
Guidé par les détails que m’a offerts la carte
d’Italie de Danville, j ’ai reconnu les différentes
i finuofités de fes cimes, dtftribuées entre les états
de terre-ferme qui les accompagnent. J’ai commencé
par y voir le Piémont au nord, & la bande
étroite de la rivière du Ponent de Gênes au midi.
L’Apennin conferve la même proximité des côtes
de la Méditerranée le long de la rivière du Levant
toujours au fud, & les états de Parme au nord :
ainfi fa dire&ion eft de l’oueft à l’ eft. C'eft à la
fuite de ces Etats que font fitués le Modénois > le
Bolonais & la Romagne , qui font plus refferrés
entre l’Apennin & la mer Adriatique ; car la T o fcane,
en s’étendant beaucoup vers l’eft., nous par
roît écarter d’autant la chaîne de l'Apennin, quoique
d’ailleurs fort large à cette hauteur. Il en eft
de même du duché d’ Urbin, de la Marche d3 Ancône
& de Ferma, qui n’ont pas.plus de largeur que la
Romagne, vu que les deux provinces de Tofcane,
le Pérugin & YOmbrie, jettent plufieurs branches
de montagnes au pied occidental de Y Apennin t
lequel donne naiflànce à des fleuves d’un cours focc
étendu, tels .que /’ Arno , Le Velino & le Tibre.
En fuivant Y Apennin vers le fud^ om trouve que
l,es Abrui^es & le comté de Molife s’elargifîlnt le
lOng de l’Adrjatique , 8^ ferpblent pouffer les cimes
affez nombreufes de Y Apennin contre la Sabine
, la campagne de Rome & la terre de Labour.
Plus loin la Capitanate, toujours fur lés bords de