réduit en poudre-argileufe^qui ne fait effervefcence
avec aucun acide j car, outre qu’elle eft pénétrée
par l’acide vitriolique/fa bafe eft une terre argi-
leufe.
On trouve jdans la carrière, des morceaux fchif-
teux d’un gris b lèuâtfe, que l'on jette au rebut;:
Je les confidère comme des parties de ce terrain
argileux dans l'état où il:étoit primitivement,
avant qu’il ait été'pénétré & blanchi par Parfde
vitriolique.
ïl y a aufli , dans les mèmès carrières, une'ar-
gile molle , blanfehé comme la craie j &: urie autre
d'un gris bleuâtre , que l’acide a Commencé à ta*-
cher de blanc. Daprès-ées faits, il èft probableique
ce font des vapeurs fouterraines qui ont fourni &:
qui fourniffent l'acide aux montagnes de la Tolfa.
Il eft polfible encore.qu’il y ait , dans le voifï-
nage de la Tolfa, d’anciens volcans ou l’équivalent.
Ge qu’ il y a de fur , eeft qu'on fe fert .de
laves pour Ies murs des fourneaux qui’ font fous les
chaudières.
La pierre d’aluft de la Tolfa eft donc une argile
pénétrée & blanchie par l'acide vitriolique. Elle
peut renfeimer quelques principes calcaires qui fe
forment en fëlénite pendant la fabrication de l’alun,
& qui s’attachent pour lors aux différens vaiffeaux.
Cette argile ou pierre d'alun compofée,, fans être
fchifteufe, forme un maffif dans la montagne, &
n’offre aucune organifatîon pair couches/ '
Les maffes d’argile blanche dè la Tolfa font tra-
verfées , depuis leur pied jufqu’au fommet, par
diverfes petites veines de quartz gris blanc , presque
perpendiculaires & de trois ou quatre pouces
de largeui.
11 y a de la pierre d’alun blanche, à taches rou-
gëâtrés , qui reffemble à -un favdn marbré rouge
blanc. Cette couleur rouge fémblè produite par
UQ crocus martis oü colcoù'har.
La pierre d’alùh , détachée des rochers, éft transportée
dans des fours placés à une petite diftancé
de. la minepour être ealcihée. Les fours font
ronds & ont la forme de cônes renverfës dë trcfn-
qués1.: Le diamètre de l’ôüvërtdrè fti p éri élite peut
avioir environ huit pieds. Ortted'rrtrnén'dë'par garnir
de bois la chauffe , l’on jette la pièfre «himif
neuf« par-deffus, dè maniéré ‘que-le tas qui eft en
défias & en dehors du four , ait autant de hauteur
que le Four a de profondeur, ^eft-a-'diré^ neuf â‘
dix pieds. On allume lè bois par uneoüverture latérale
carrée^, & l’on grillé lapierrependaht trois
heures environ.
Cette calcination fe fait-pour rompre l’aggré-?
gestion des principes de cette pierre , &r-pôur développer
l’acide fu’fürique embarraffé dans quelque
fubftance que le feu difftpe, au moyen de quoi
çet acides’unit i'Pahimine $>fî bien qu’avant cette
calcination,la pierre d’alun, quin’aaucnné. faveur ,s
étant grillée , annoncé fortement l’alun qh'elle
renferme. Les ouvriers -n'e m’ont parle que-d’en-
viron quatre heures de càîcination \ cependant :
A L U
.dans tous les mémoires qui ont paru fur cette exploitation,
il eft queftion de douze à treize heures.
11 me1 pàrôît'qu’ on peut concilier cette différence,
ën obférvant qu’on pouffe le feu pendant lesquatré
premières heures , & qu’enfuite on laifle agir ht
Chaiébr que leS pierres ont contra'ftéë pendant les
huit heures Suivantes. Qrr ne peut douter que l’acide
fulfurique n’exifte dans la pierre d’alun avant
h calcination',‘ & qu’il ne foit pas produit par lè
feu i car, quand on donne un degré de feu trop
for t, il n’v a plus moyen d’obtenir d’alun, preuve
qu’un grillage convenable ne fait que dégager cet
acide de matières hétérogènes , &que , bien loin
d’être une production du feu , il s’évaporeroit totalement
fi l’aCtion du feu étoit trop forte.
La pierre étant-calcinée on la conduit à la fabrique,
qui eft à environ un mille de la carrière :
on la met-dans de grands caiffons de bois placés en
térre , en plein air , & on Tarrofe d’éaii. On fait
la macération de cette pierre 3 pour que l’eau fë-
pare & diffolve d’autant mieux les: différentes pâte
ties falinês. Par ce moyen , la pierre d’alun s’amollit
tellement, qu’elle fe réduit en une efpèce
de pâte j. & c ’eft cette pâte qu’on tranfporte dans
des chaudières remplies' d'eau , que l’on chauffe
modérément pour la mettre en digeftion. Lorfque
l'eau eft fuffifamment chargée de f e l , on la raie
écouler.par les?côtés des caiffons., darfs des rigoles
qui aboutiffent à dé grands:cajffons carrés.,
placés fous un t o i t , pour que la vafe fe dépoîfe.
La faumure clarifiée paffe par d’ autres canaux de
bois , dans des-chaudières de cuivre où on l’évapore.
Lorfqu’elle eft au point de criftallifation ,
on la fait couler'de çes chaudières dans d’ autres
vaiffeaux de bois , aux parois defquels l’alun s’at-
tai-he, enferefroidiffant,encriftaux blancs& quelquefois
rougeâtres; En faifant couler la faumure
des chaudières dans, les vaiffeaux de criftailifatipn,
on la retient un peu dans Us rigoles, pour lui
laiffer Je tems de dépofer une fëlénite rougeâtre :.
on ajoute à la faumure un peu d’urine & de chaux
pendant l’évaporatjoii.
( Les murs qui fout fous les chaudières, font
; c'ohftruits av^c une efpèce de lavé grife , dans laquelle
Î1 y a de grands criftaux de fcborl blanc en,
colonnes , qui-occupent plus d'efpace que lès par-
ties de lave qui leur fervent de matrice. On dit-
qii’iî y a dé gros blocs détachés de cette lave à neuf
ou dix milles de la Tolfa. .( Voye% TpjiFA. )
. i l . La mi.ne d’alun de^a folfetare de Naples eft)
jla plus ancienne aluminiere que l’on cônnoifie,
jen Italie. Pline le naturalifte, dans la defeription
■ des différens endroits, dont .on j^ifoit J^alun de
foh tçms, fait mention dé Pal un de h, folfatàre de
Naples, appelée par les adciefis Foru/k Vulcajii*
Cet enchbit, dont on peut voir le plan daps la
defeription'du cabinet d'hiftoifé naturelle de Clément
X I, intitulée Fdetâtlothf.çd V Jaixc'and9 'eft pne
•plaine1 fttuëe à environ quatre milleis de 'Naples %
‘Ôc p4rfemée de foupfràux qui exhaletit éofttinuel^'
A L ®
lemeht des vapeurs : les ouvertures, dans plufieurs
de ces fôupiraux, font incruftées de foufre, de
fel ammoniac, &c. fublimation qui dénote affez
la fo r c e '& la violence de 1 ach al e ur fo mer raine.
Jamais la nature ne raffembîa dans un même
efpac© des phénomènes aufiî curieux & auffi
variés.
La terre alumineufe qu’on en tire eft affez fem-
blable â celle de la Tolfa : ce font en grande
parue des pierres très-blanches qui ne paroiffent
pas çoncenirdu vitriol, mais qui y ayant été calcifiées
fur le plahde la fol fatarè ,■ donnent beaucoup
d ahin Jorfqu’on les fait bouillir dans l’eau. Les
pierres blanches des collines qui forment l’en-
•-ceinte de la falfarare, ont été pour la plus'grande
• partie calcinées par une longue & douce chaleur
& effer\tefcence; eh forte qu’elles fe réduisent ai-
fément en pouffière» On voit de la fleur d’alun fur
plufieurs de .ces pierres : aufli la chaleur que ces
pierres éprouvent eft-elle plus fenfible qn’ailleurs,
& p ir conféquent l’effetvefcence y eft plus grande.
En général, les terres àlmnineafes font fort
Communes aux environs des volcans •, où l’on en
voit fou vent dans les interftices de la lave du Vé-
fuve. ( Voyez Solfatare.)
ALUN 3 fel* foflàle qui fe trouve dans plufieurs
■ contrées de;l’Europe & f ° us differentes formes.
-Toumefort trouva, dans J’lie de Milo, de l’alun
naturel liquide. Voici c e qu’ il rapporte des mines
de ce fel dans la relation de fon voyage du Levant
:
« Les principales mines font à une demi-lieue
-de la ville de Milo, du côté de SaintrVénérand :
pn n’y travaille plus aujourd’hui. Les habitans du i
pays ont renoncé à,ce commerce,.dans la crainte
que les Turcs ne les inquiétaffent par de nouveaux
impôts. On entre d’abord dans, une caverne,
d’ où l’on paffe dans d’autres cavités qui
ont été creufées à.melure qu’on en tiroit Y alun.
Ces cavités font en forme de voûtes hautes feulement
de quatre ou cinq pieds, fur neuf ou dix
de iargenr* L’alun eft incrufté prefque partout fur
lès parois de ces fouterrains j il le: détache en
pierres plates, de l’épaiffeur de huit ou neuf lignes
& même d’ un pouce. A mefüre qu’on tire ces
pierres il s’ en détache de nouvelles par deffous.
La folution 'de cet alun naturel eft aigrelette .&
ftyptlque 'î elle fait effervefcence avec l’huile de
tartre &c elle la coagule. On trouve auffi dans ces
cavernes de l’alu h de plume : il fe préfente par
gros paquets compôfés de filéts déliés comme la
foie la plus fine, argentés, lui fins, longs d’un,
police. & demi ou deux i ces faifeeaux de filets
S'échappent à travers des pierres qui font très-
légères & friables. Cet alun a le meme goût que
Yalun en pierre dont on vient de parler, & iEproduit
les rnêmes effets quand on le mêle avec l’huile
de tarife..
» On rencontre, continue-Tournefort5 à quatre
A L U 5 ^ 5
milles de la ville de Milo, vers le fud, fur le bord
de la mer, dans un lieu fort efearpe, une groce
d’environ quinze pas de profondeur, dans laquelle
les eaux de la mer pénétrent quand elles -font
agitées. Cette grote a fes parois'revêtues d ’alun
fublimé, aufli blanc que -la néige dans quelques
endroits, & en criftaux rouffâtres & dorés dàris
d’autres. Parmi ces concrétions on diflingue deux
fortes de fteurs très blanches, & déliées commè
des brins de foié $ les- une« font ahimineufes &
aigrelettes, les autres infîpides & Amplement
pierreufes. Les filets alumineux n'ont que trois
ou quatre lignés de longueur, & ils font attachés
à des concrétions d’alun j ainfi ils ne diffèi ent pas
de l’alun de plume. Les filets fimplemênt pierreux
font plus longs, un peu plus flexibles, & ils for*
tent des ro e h e r s j•1
« On trouve de Semblables concrétions d’alun
fur tous les rochers qui font autour de cetiô
grotep mais il y en a qui font de fel marin fu-
■ bli.rné. On voit des trous dans léfqUels Palun pa-
roit pur & comme friable : .ces concrétions font
effervefcence à froid avec l’hu le de tartre.
» A quelques pas de diftance de cette grote
Toumefort en trouva une autre dont le fond
étoit rempli de foufre enflammé. La terre des environs
fumoir continuellement, & jetoit même
fou vent des flammes. On voyoit dans quelques
endroits du foufre pur & comme fùblimé, qui
s?enflamm©it à chaque inftantî dans d’autres endroits
il diftilloit goutteià goutte une folution
d’alun d’une ftypticité corrouve : fi on la mêloit
avec l’huile de tartre, elle faifoit une vive effervescence.
»
On feroit porté à croire que cette liqueur feroit
l’alun liquide dont Pline a parlé , & qu’ il dit fè
trouver dans l’île de Milo. ( t^oye^ Mil o , C i-
mol y , Polin o & Santorin* )
Le mines d’alun les plus ordinaires font, i° . les'
rocs un peu réfineux î i ° . les mines de charbon de
terre j $°. toutes les terres combuftibles brunes
& feuilletées, comme l’ardoife. La mine de charbon
de terre de Laval au Maine a donné de Palus
en affez grande quantité, plufieurs autres terres
tirant fur le gris brun. Il y en a une veine cou-^
rante fur terre dans les environs de Prades, dans
la ci-devant province de Roujfillon, qui a depuis
une toife jufqu’à quatre de largeur, fur une longueur
de près de quatre lieues, & où l ’alun eft
fort abondant.
L’Angleterre, la Flandre, la France, l’ Italie*
font les principaux endroits où l’on trouve dè
l’alun, & où on l ’exploite par des procédés particuliers.
Les mines où fe prépare Y alun de Rome font
aux environs de Civita-Vecchia : on les appelle
Yaluminiere délia Tolfa : on y tire une forte de
pierre fort dure, qui contient Y alun. Pour en réparer
cë fel oU Commence par extraire la pierre
de la mine* comme on tire ici la pierre à bâtir«