uniforme dans tous les cantons de Y Angoumois.
Le fol des environs de Ruffec & du canton de la
Rochefoucauld offre des bouleverfemens fingu-
liers. L'on y voit des portions de bancs de rochers
calcaires qui ont éprouvé des déplacemens & des
inciinaifons dans tous les fens. De grandes parties
de ces bancs pierreux ont éprouvé des affaifïe-
mens confîdéFables : c'eft dans^ces cavités fuper-
ficielleS que les eaux pluviales fe raifemblent d’abord
, & font enfuite àblbrbées de manière quelles
ne circulent pas , à la furface du terrain , en filets
fuivis & continus. Les autres parties offrent aufti
des fentes & des trous qui boivent les eaux pluviales,
ou même les eaux courantes des roiffeàux
& des rivières ; mais nous reviendrons dans d’autres
articles de ce Dictionnaire, & furtout dans
ceux du Ba n d ia t & de la TARDcruàRE, à l ex-
pofition de ce phénomène 8c à fon explication.
Dêt >6ts foufmarins dans les parties de /’ Angoumois,.
limitrophes de la bordure de Vancienne terre du
Limoujin.
Nous favons qu’ indépendâmment de tous-lesl
corps marins y l'on trouvoit, dans le fein -’de la
nouvelle terre, des veftiges d’animaux & de v é - :
gétaux qui appartiennent à là terre ferme. Ce n’eft
pas feulement dans les bancs füperficiels que ces
débris fe rencontrent, c’eft aufli dans dès carrières
profondes, 8c fouvent au deflbus de ces autres lits
réguliers, où les coquillages fe trouvent avec tant,
d’abondance. Ce n’eft point nom plus dans les;
dépôts de terres adventices, c ’eft dans la maffe
dès terrains qui ont été tranchés par les eaiïx courantes.
Ainfi ces fubftances- ne peuvent être que,
beaucoup plus anciennes, dans leur pofition, que-
le travail des eaux courantes au milieu des terrains
dans iefquels on les découvre.
J’oblerverai d'ailleurs que les eaux qui ont voiture
8c dépofé les matériaux des différens lits où
ces fubftances font contenues, ont dû être courantes.
8c tranquilles $ tranquilles-, -parce que la
conftruètion générale des lits eft?régulière 8c parfaitement
horizontales courantes, puiiqü’on y trouve
des Corps étrangers aux lieux où ils refilent maintenant.
D ’ailleurs , il eft néceffaire que ce s lieux aient
été des endroits bas, & que tous les matériaux dont ■
ces dépôts font formés avec les.tfûbftances étrangères
que nous’ avons indiquées, foient defcen-
dus de lieux plus hauts 8c plus élevés* owpiutôt,
on doit penfer que fi des parties dé nos contirie-ns
ont é té , dans certains tems, des baifins de mers
qui renfërmoient des poiffons & des coquillages,
& qui étoient le rendez-vous de toutes les vafes,
de tous'les dépôts réguliers & parallèles à l’horizon
que nous obfervons, il y avoir aufli enmême
tems des parties dé terres fermes élevées audeffus
des eaux qui produifoient les plantes dont nous
trouvons les efpècês, 8c furlêfquelies vivoient les
animaux terreftres dont nous trouvons les os 8c
parties de fque dettes> & quenfinb fi nous voyons
des fragmens de pierres roulées, des fables d’une
nature particulière, des terres, des végétaux,des
corps organifés terreftres 8c marins, faire partie
du maflit de nos contrées 8c de nos contînens fecs
8c découverts, quoiqu’ ils foienc l’ouvrage des
eaux, tous ces mélanges extraordinaires ne peuvent
provenir que d’une révolution qui, dans le
même tems où elle a donné a ia terre fa forme
préfente, en a changé une autre plus ancienne,
que des monumens inconteftables prouvent-, d’une
manière invincible j avoir exifté dans des tems fore
reculés.
On ne peut avoir aucun doute fur les formes
que la nouvelle terre, qui fo.rtôit du ,fein des mers
par cette révolution, a pu prendre, poifque nous
pouvons citer quelques contrées découvertes qui
oceupoient les parues baffes, voifmes des conti-
nens élevés».
La folution de ce grand 8c curieux problème fe
préfente, d’une manière particulière, dans la dif-
tinâion de l’ancienne terre du Limofin , §c de la
nouvelle terre de Y Angoumois, ainfi que dans les
•dépôts d’arbres 8c d'arbuftes appartenais à l'ancienne
terre, 8c fournis par elle > 8c qui fe font
trouvés dans les limites de. ces deux maflifs. 11 fuffit
de donner la defeription de ce qui concerne un
de ces dépôts, pour ne lailTer plus aucun doute à
ce fujet.
Les anciens contînens font donc les pays graniteux
qu’on trouve encore placés dans une pofition
femblable à celle qui exiltoic dans l’intérieur
de la nouvelle terre, laquelle fe.formoit au milieu
des golfes voifins des bords de l’ancienne. Depuis
la retraite de l’Océan, tout eft refté comme il étoit
auparavant} mais les eaux courantes y ontjîroduit
des déplacemens qui né pe uvent faire méconndître
l’ancien travail;de„ces eaux.
On a trouvé au village de Coulgean, 8c dans
deux fouilles qui oot.été pouffées jufqu’ à quarante
pieds de. profondeur , .deux couches de bois fof-
files réfineux, 8c, dans, l’intervalle, des lits de
fables, de cailloux .roulés , des argiles 8c des pierres
calcaires. Les bois foflîles, pour la plus grande
partie réfineux, éçojent chargés de pyrites. Il y
-avoit de même dés graines 8c des fleurs fur ces
.bois. Quelques fragmens de ces bois foflîles, 8c
mêlés aux bois.CQftfervés .intaébs,.étoient dans un
état de combuftion à laquelle les pyrites ont pu
contribuer. Les graines-,,les fleurs, les fommités
de tiges 8c les boutons naiflans fe crouvoient mêlés
aux matières càrbonifiées. ; .
Nous ne pouvons pas douter que ces foflîles
n’aient fait partie-.dès tranfports que les eaux de
1’anci.enne terre du Limofin-,, voifine de la paroiflè
de Coulgean, ont fait dans le baflin de. la mer qui
environnent cetteiancienne terre 8c qu’on peut
reconnoîtré en paTrcontant ces limites, & je ne
doute pas qu’elles n'offrent [dé femblables fub.fr
tances
tances appartenantes de même au Limofin & à la
même époque très-ancienne.
On a eu occafîon de rencontrer, dans la même
contrée, des blocs de granits roulés & arrondis
par les flots de la mer, auxquels on ne peut s’empêcher
d’attribuer le même travail fur la grande
quantité de cailloux roulés qui fe trouvent dans
la vallée de la Tardouère, 8c qui ont pour bafe
des quartz & des fragmens de granits 8c de gneifs,
matériaux propres à l’ancienne terre du Limofin.
J’ajouterai maintenant ici des faits encore très-
intéreffans, relativement à la conftimuon de Y Angoumois
3 qui, comme je l’ai déjà dit, eft, par rapport
au Limofin, ce que le val d’Arno-di-Sotto
m’avoit paru renfermer relativement à la crête de
l’Apennin.
Le département de lg Charente m’a offert, au milieu
des collines, plufieurs os d’animaux terreftres,
tels que des dents 8c des os de mâchoires
d’éléphans à Verteuil, affez près de. la limite de
l'ancienne terre du Limofin. J’ai vu que ces dé-
pouilles s’y trouvoient mêlées avec des cornes
d’ammon y des cames , des viffes, tous animaux
marins.
Affez près d’Angoulême j’ai rencontré, an milieu
de couches horizontales, une grande quantité
de réfine en grumeaux fecs,. d’un volume affez
considérable.
Un peu plus près des limites de l’ancienne terre
graniteufe du Limofin, on a trouvé également,
à une certaine profondeur 8c parmi des couches
fuivies, des portions d ’arbres conifères de plufieurs
efpèces, la plupart couchés, avec leurs fruits
8c leurs écorces. Ces arbres foflilés ont une grande
.analogie avec la réfine, & tous ces monumens
concourent également à prouver que le Limofin
étoit peuplé de plantes. 8c d’arbres dans le tems !
où la mer formoit, par fes dépôts , la nouvelle :
terre de l’Angoumois, tant des dépouilles des ani-
maux qui vivoient dans fon baflin , que de celles
des animaux 8c des végétaux vivant le long de fes '
bords, fur les îles que la mer entouroit de la
même manière qu’elle reçoit, par les eaux courantes,
les dépouilles des .contînens aâuels.
Plâtrieres des environs de Cognac. ■
Cette ville 8c fon territoire faifoient partie de
l’ancienne province de Y Angoumois elle eff renommée'
par fes eaux-de-vie j mais, affujetti Icru-
puleufement à mon plan, je ne m’occuperai, dans
cet article , qu’à, faire connoître les carrières de
plâtre qui font aux environs de Cognac.
Cet amas de plâtre eft fitué au nord-oueft de
.Cognac , dans la paroi fie de Cherves. Le lieu où
fe font les fouilles eft une plaine affez étendue, li
n’y a le pius.k fou vent que deux carrières ouvertes,
dont la profondeur qft d ’environ vingt à vingt-
quatre pieds. Le fol an-milieu duquel fe, font les
; fouilles, offre d’abord dix-huit pouces de terres
Géographie-Physique. Tome II»
remuées, & qui ont fervi à la culture} enfufte
vient un lit de quinze à dix-huit pouces de pietres
plates calcaires , d’ un grain fort fin, & pofées
horizontalement les unes fur les. autres. Sous ce
lit on trouve cinq à jfix pouces de terres de couleurs
variées, enfuite un banc de marne argileufs,
d’un gris-foncé, de trois pieds d’épaiffeur. C ’eft
deflbus cette couche qu’ on voit un petit lit de
plâtre à file t, qu'on appelle lard dans le pays.
C ’eft le gypfe ftrié des minéralogiftes, 8c le tchecao
des Chinois. Ce lit peut avoir tout au plus deux
pouces d’épaiffeur.
Une fécondé couche de marne avgileufe , 8c de
trois pieds d'épa'ffeur, fuccëde au gypfe ftrié,
en forte que ce gypfe eft vifiblement un dépôt •
formé par l'eau entre ces deux couches. Cette
fécondé couche eft fuivie d'une troifième aufli d’argile,
d’un pied d’épaiffeur feulement, mais d’une
couleur grife plus foncée que celle des deux autres.
Cette dernière couvre immédiatement le
plâtre, qui eft par blocs de toute groffeur, pofés
les uns à côté des autres, 8c féparés par des fils
ou veines très-minces, qui s’entrecoupent en tous
fens dans une maffe de.cinq pieds d’épailfeur. Ces
petites veines font formées & remplies d’une terre
noire, qui a coulé entre les rognons de plâtre des
couches fupérieures. On obferve aufli, entre la
dernière couche de marne argileufe, un petit lit
de gypfe ftrié ou lard, de trois pouces environ
d epaiffeur, mais il n’ eft pas fuivi & ne fe montre
que par intervalles.
La maffe principale de plâtre en fournit.de trois
qualités ÿ favoir : du gris, du blanc 8c du lard. 11
eft vifible que le lard, qui fe trouve non-feulement
en lits féparés, mais encore en couches in-
rerrompues.affez minces & fans ordre, eft un dépôt
formé par l’eau qui s’étoit chargée de la matière
gypfeufe, non-feulement en traverfant les marnes
argileufes où elle étoit difperfée, mais même en
lavant les rognons de la maffe principale.
Le plâtre gris, c’eft-à-dire, fali par un mélange
d’argile /eft le plus abondant dans la1 grande maffe j
enfuite vient le blanc, qui eft plus pur. Le blanc
eft en blocs à grain fin, comme l’albâtre d’Allemagne.
Il y en a peu qui ait un certain grain lorf-
qu’on en caffe les blocs.
Ces trois qualités peuvent fe vendre féparement
, mais on mêle ordinairement les. deux premières.
Les plâtres blancs & le lard fe vendent
plus cher que le gris : cependant cette dernière
qualité eft plus forte 8c moins fujète à fe fendre.
Le plâtre lard fe vend tout feul : fa beauté, la
! facilité qu’on a de le réduire en petits morceaux,
en rendent le débit facile.
1 On trouve, à une lieue de ce premier amas de
j plâtre & dans la même direction, un fécond amas
j au lieu dit la Sanfonerie. Le banc de plâtre n’a que
| trois pieds d’épaiffeur., 8c n’ eft recouvert que de
j fix à fept pieds de marne argileufe. Cet amas, qui
» ’eft exploité connue le premier, ne fournit que du