
manière à terminer le pont dans l’état où nous ’
le voyons aujourd’ hui, & fur lequel on traverfe
le ruiiîeau. On croit même en général que l'eau
de la fontaine de Saint-Alyre auroit formé d’autres
murs & une nouvelle voûte à côté de la
première, laquelle auroit favorifé la defcçnte des
incrufiations le long des bords du ruiiîeau , &
auroit obflrué une partie de fon canal fi le meû-
nier , pour parer à ces rnconvéniens, n’eût détourné
la marche de l’eau 5c rompu les prolongements
de fes fédimens, qui auroient couvert une
partie^ du ruiifeau , & lui auroient ôté la facilité
de déblayer toutes les llalaélites qui auroient
bouché fon cours.
_ V ajoute ici qu'un de mes amis sefl occupé de
l’analyfe des eaux minérales de Saint-Alyre, dans
laquelle il a c ru , avec raifon, devoir comprendre
dans des opérations féparées, i 9. l’examen des
fédimens que deau de la fource dépofe dans fon
lit ; 1°. celui des eaux minérales encore chaudes,
telles qu’elles fe comportent au fortir de la'fource
, & il a reconnu dans les dépôts, que l’eau
minérale, évaporée à fîccrté, contenoit une fubf-
tancç fejrugineufe avec un fel de la nature du fel
marin, & un principe calcaire fort abondant.
AMAS des coquilles fofoies. Je reprends à la tête
de cet article ce que j’ai dit fur cet objet important
de l’hiftoire naturelle de la terre, dans nu
Notice de la doélrine de Rouelle : on y verra en
même rems les principes-d’après lefquels cê grand
chimide a cru devoir établir la diflinflion des
amas, & les conféquences relatives à la formation
de la moyenne & nouvelle terre.
En parcourant la nouvelle terre , & en obfer-
vant. ayec foin les différens corps marins qui fe
trouvent fi fréquemment & fi abondamment dans
les couches horizontales , Rouelle & plufieurs
autres naturaliftes après lui reconnurent que ces
corps n'étoient pas jetés au hafard à la furface du
globe, ni dans l’état de confufion & dedéfordre
avec lequel quelques écrivains les avoient préfen-
tés dans leurs,ouvrages. Il vit que toutes ces coquilles
n’ étoient pas les mêmes dans toutes les
contrées ; que certains individus fe rencontroient
conftamment enfemble, tandis que d’autres ne fe
trouvoient jamais dans les mêmes lits , dans les
mêmes couches; ce qui, d’après ces confidé-
rations , eft très-remarquable. Rouelle vit que
ces collections de coquilles fofliles, diftribuées à
la furface de certaines parties de nos continens,
étoient dans le même état d’arrangement que dans
le baifin de la mer, où des animaux teftacés affectent
de vivre enfemble, attachés aux mêmes parages
, & d'y former des efpèces de fociétés plus
ou moins nombreufés j enfin, d’y habiter en fa-
milles, comme plufieurs plantes qui font raffem-
blées dans des contrées particulières à la furface
dés continens. Ces deux faits correfpondans parurent
très-précieux à Rouelle, relativement aux
conféauences qu’on eft naturellement autorifé à
en déduire. Il penfoit, par exemple * qu’ il feroit
impoflible de rendre raifon de cette difpofition
générale des coquilles, fi l’on prétendoit attribuer
au,déluge univerfel la diftribution de ces corps
marins, fuivant l’ordre qu’ il avoit remarqué,foit
dans le fein de la terre, Soit à la fuperficie de
certaines contrées j il ne doutoit pas, au contraire,
que ce s arrangemens ne s’expliqualTent
, facilement, en fuppofant que certaines parties des
continens que nous habitons aujourd’hui ont été
un fond de mer rnis à fec par une iévolution qWi
a opéré, fans aucun bouleverfement, fans aucun
dérangement dans les dépôts, la retraite des eaux
de l’Océan dans fon badin aétuel.
En effet, une inondation paffagère, telle que le
déluge, & comme on nous l’annonce , auroit dd
mettre le défordre & la confufion partout fi les
eaux euflent, dans leurs crues & leurs invafîons,
tranfporté les corps marins du badin de la mer à
la furface des continens à fe c , & les eufËnt diftri-
bués dans l’ intérieur des terres, comme certains
naturaliftes Tavoient imaginé, puifqu’au lieu de
cette confufion on reconnoît un ordre confiant
dans l’arrangement des coquilles fofliles, dont certaines
efpèces font bande à part & ne fe confondent
point avec d’autres qui ont aufli lèurs familles féparées.
11 faut reconnoître dans ces arra^emens
que nous avons fous les yeux, non-feulement le
travail des animaux marins au milieu du baflin où
ils ont v é cu , mais encore la confervation de ce
travail, malgré les événemens qui ont mis à dé?
couvert lès grandes contrées de la nouvelle terre
ou nous les avons obfervés. Nous devons dire
maintenant que Rouelle a cru qu’ il convenoit de
diftinguer fous le nom à*amas, toutes ces collecr
tions de-coquilles fofliles qui figurent dans cer*
taines contrées dë la terre.
Dans ces fortes de colleéiions il y a des efpèces
de coquilles qui font les plus nombreufes. Roüelle
donnoit aux amas le nom de ces coquilles. Ainfi,
comrtie Yamas qui occupe les environs de Paris, à
une fort grande diftancé de cette ville, offre très-
abondamment des vijfes & de grofles vis, il nous
• l’annonçoit comme Y amas des vis , qui non-feulement
fe montroit dans certaines.couches de pierres
a bâtir des environs de Paris, mais encore ëtoic
difperfé d’un côté vers Chaumont en V ex in , de
l ’autre jufqu’à Courtagnon & les environs de
Rheims, & enfin au fud-oueft a Grignon. Je lui
indiquai en même tems un fécond amas qui corn-
prenoit les bélemnites, les gryphitts, les cornes
d’ammon , \es hautilites des vis doubles & des
j huîtres. Je lui avois donné toutes les indications
l xqu il pouvoit defîrer fur cet amas, parce que j'en
avois fuivi la marche & les limites fur une éten-
j due de plus de quarante ljeues , & que j’avois
| reconnu de plus que les cornes d’ammon , les bé*-
| lemnites & les gryphites fe trouvoient placées
dans leurs gîtes à une moyenne profondeur en
certaines parties, & notamment fur la ligne qui
féparoit l’ancienne terre du Morvan de la nouvelle
terre du Nivernois. C ’eft là que j’avois trouvé
abondamment les bélemnites & les cornes d'arn^
mon, dépofées fur les maflîfsdu granit, qui fer-
voient de bords à l’ancienne mer, dans le baflîn
de laquelle la nouvelle terre s’étoit formée. Je
concluois de ces ob fer va tions, que les naturaliftes
qui avoient décidé que la difparurion totale des
analogues, des cornes d’ammon & des bélemnites,
dans l’Océan aétuel, avoit pour caufe l’ habitude
où étoient ces animaux d’habitef le fond des mers,
n’étoient pas fondés ,& que la difpofition de leurs
dépouilles dans cet amas prouvoit le contraire.
Nous ferons connoître par la fuite què ce fécond
amas, que j’appellerai celui des ammonites &
des gryphites 3 occupe une large bande le long de
la bordure orientale de la craie fuperficielle de la
Champagne , & fe prolonge au fud & au nord,
beaucoup au-delà de ce maflif.
AMA S DIF FÉRENS DES CORPS MARIN S
FO S S IL ES,
Nous al ons faire maintenant l’énumiration des
amas de coquilles fofliles, examinées d’après ces
principes.
L e premier am as , celui dont on a reconnu
avec plus de foin les différentes efpèces de co- >
quilles, ainfi que fes différens gîtes, fon étendue ;
& fes limites, eft celui des environs de Paris. :
Les principaux dépôts de cet amas, & ceux qui
ont été le plus vifités par les naturaliftes, font à ;
Chaumont en Vexin, à Grignon, dans les environs
de Verfailles,' à Mary & à Lify, à Courtagnon
& à Damery.
Nous reprenons ici les gîtes de Grignon & de
Chaumont en V ex in, pour indiquer les principales
circonftances que ces dépôts nous ont offertes, en
attendant que nous puiflions offrir des détails plus
raifonnés & plus inftruétifs.
Dans les gîtes de Grignon Sr de Chaumont en
Vexin les coquilles font en différens états de confervation
| & difpofées de la manière fuivante :
Les premières couches, recouvertes de t- rre végétale,
font compofées de pierres calcaires, dures
& évidemment formées de débfs de coquilles ;
mais ces débris font tellement atténués, qu’il eft
difficile de trouver des fragmens affez grands pour
qu’on puifle diftinguer les formes primitives des
diverfes efpèces de coquilles.
Les couches qui viennent enfuite font d’ une
pierre calcaire plus évidemment coquillière , &
d’autant plus qu’elles font placées plus bas ; les
coquilles qui les forment, font reconnoiffables ,
mais tellement agglutinées enfemble, qu’ il eft
difficile de les détacher les unes des autres fans
les cafter.
Enfin, au deflous de ces couches il s’ en trouve
une autre 4ont fépaifleur varie d’un endroit à
l’autre, mais qui n’excède jamais deux pieds, &
qui fe trouve quelquefois réduite à cinq ou fis
pouces. Cette couche eft formée de détritus ou
de fable de coquilles^ dans lequel on peut ramaffer
les coquilles les mieux confervées.
A la côte de Reuilly près Chaumont, ainfi qu’ à
Gomer-Fontaine, la couche qui renferme les co-
uilles enüères eft à la furface de la terre & à
écouvert, & n’eft furmontéè que par le lit de
la terre végétale. On obferve dans le voifinage
de B .rtichères , comme à Grignon , les deux premières
couches de pierres coquillières, dures,
lefquelles prëfentent une berge de quinze pieds
de hauteur.
A Grignon on a enlevé, fur un efpace de trente
pieds carrés, les deux couches fupérieures, &
l’on a mis à découvert la couche de débris de
coquilles, laquelle a environ un pied & demi
d’épaiffeur, & au deflous on voit un Ht de pierre
calcaire parfaitement femblable à celle dont les
couches fupérieures font compofées.
Les coquilles les plus communes à Chaumont
font des maétres & des cames d’ un grand volume,
ainfi que des vis qui ont jufqu’ à un pied de long,
mais louvent mutilés par la bouche.
A Grignon on trouve plus de quatre cents efpèces
de coquilles, dont les plus communes font
des cames de moyenne grandeur, des fufeaux & des
pyrules : on y trouve aufli des oublis ou tarières,
& une prodigieufe quantité de valves dépareillé
es, de tellines & de conques de Vénus, qui ont
confetvé leur brillant nacré. Il y a de même une
volute fort commune, qui n’a pas perdu fes couleurs,
& fur laquelle on remarque encore de nombreufes
raies parallèles entr’elles & tranfverfales,
d’un affez beau jaune, furtout vers la bouche,
Les maélres y font rares; cependant on en ra-
maffe quelquefois avec les deux valves.
La fcalata y eft rare aufli.
Lés térébratules incomplètes s’y rencontrent
fréquemment.
Il y a plufieurs cafques, qùelques grandes vis
toujours mutilées, plus de vingt efpèces de céril-
lies ou de pleurotomes, qui font communes, abondantes
& en général bien confervées.
On y rencontre aufli deux ou trois efpèces de
dentales qui ne font pas rares.
Les pelures d’oignons & autres efpèces de coquillages
voifins des huitres y font abondantes.
On eft: étonné d’y trQiiver des vermiculaires &
ferpulaires; enfin quelques pholades , mais toujours
incomplètes. Il n’y a pbint d’ourfins, mais on ra>-
maffe fréquemment de leurs jointes quiconfervent
encore leur brillant naturel.
Les madrépores proprement dits font rares à
Grignon; mais les petites fungites y font nombreufes,
& en efpèces, &: en individus.
Les offelets des étoiles marines s’y rencontrent
! quelquefois.
Les porcelaines & les cônes font rares.
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