
re fte , nous le répétons, tout ce qui conftitue plus
particuliérement chacun de ces amas & leurs diffé-
rens états à la fur face de la terre dans plufieurs
contrées de la France, fe trouvera foigneufement
expofé à l'article grain des pierres, & furtottt aux
articles de chacun des amas principaux, où nous
entrerons dans des détails les plus curieux & le s
plus inftru&ifs fans crainte des redites.
AMASSER les eaux des feurces. Il faut examiner
d’abord lî la fource eft découverte & peu profonde
, enfuite fi elle n’ eft point apparente &
qu’elle foit enfoncée dans les terres , & l’on opère
différemment fuivant ces deux circonftances.
Lorfque la fource eft découverte & qu'elle fe
montre fur la croupe d’une montagne ou d’ une
colline, pour amajfer les eaux quelle fournit, il
fuffit de creufer un foffé carré, en foutenant les
terres qu’on en tire par le moyen des pierres fè-
ch e s , & à l'endroit où l’ on defire de procurer
de l’écoulement à cette eau amaffée; ainfi on
pratique une rigole dans les terres qu’on recouvre
de pierres & enfuite de terre, jufqu’ à l’endroit
où l’ on defire de conduire cette eau.
Si la fource fe trouve à une certaine profondeur,
on creufera plufieurs puits éloignés de trente
à quarante pas, & joints par des tranchées qui
ferviront à raflembler toutes les eaux qui s’épancheront
des différentes couches de la terre, coupées
par l’approfondiffement des puits. Lorfque
ces eaux feront ainfi raffemblées,il fera facile d’en
faire ufage, fo t en les puifant avec des fceaux,
foit en employant des pompes.
Dans le cas où la fource eft enfoncée à certaine
profondeur dans les terres, on entreprend des
fouilles latérales, ayant foin de retenir les terres
avec des planches & des étréfillons lorfqüe le
maffif dans lequel on fait la recherche des eaux
n’ a pas de confiftance. On continue ce même travail
des fouilles jufqu’à ce que la fource donne
fuffifamment d’ eau, & on conduit cette eau dans une ;
grande tranchée de recherches approfondies, de jj
manière qu’elles puiffent raffembler tous les filets
d’eau qu’ auront produits les fouilles particulières. J
Cette forte de travail fe fait furtout avec grand !
fuccèsdans les pays de granits, où domine furtout
le gneiff, qu’ il fuffit de creufer par des galeries
fouterraines pour obtenir des eaux abondantes
des efpèces de fontaines artificielles qui fourniffent
à un écoulement continu, lequel remplit tous les
befoins d’une ferme ou d’un domaine. ( Voyei la
defcription de ces tranchées, de ces regards de
prifes & du réfervoir qui fournit au tuyau de la
fontaine artificielle, dans l’Atlas, au mot amaffer 3
& à l’article circulation de. Veau dans Vancienne
terre.')
AM A T T A FO A ou Toofoa (î le). L’île d’A-
mattafoa eft une de celles qui compofent le vafte
archipel des lies des Amis , dans l’Océan pacifique.
Le canal qui la fépare d’ Oghao a environ deux
milles de largeur : on n’y trouve point de fond,
& la navigation y eft fûre. Ces deux îles font I
l’oueft-novd-oueft d Annamooka, à la diftançe de
onze .ou douze lieues. Toutes deux font habitées ;
mais ni l’ une ni l’autre ne paroiffent fertiles.
Cette terre a environ cinq lieues de circonférence.
Quoiqu’elle foit remplie de rochers efcar-
pés, elle eft couverte en quelques endroits de
verdure & d’arbriffeaux. Vers la mer, & furtout
du côté d’ Oghoa 3 les rochers femblent brûlés, &
un fable noir couvre la côte. Les rochers vers le
paffage font caverneux, & quelques-uns ont la
forme de colonnes. A travers la brume on voyoit
la fumée s’élever avec impétuofité ; & avant qu’on
eût pafféle détroit, elle paroiffoit fortir de l ’autre
côté de la montagne qui renferme le volcan. Cette
illufion prouve que le fommet de la montagne eft
creux , ou forme un cratère d’où jaillit la vapeur.
Au côté nord-oueft de i’î le , un peu au deffôus de
l’endroit où l’on voit la fumée fo;tir, on apperce-
voit un coin qui fembloit avoir été brûlé depuis
peu 5 il étoit dépouillé de verdure, quoique la
montagne des deux côtés fût revêtue de diverfes
plantes. Quand les navigateurs anglais furent exactement
fur U ligne par où le vent conduifoit la
fumée, ils effuyèrent une petite ondée de pluie,
& les gouttes qui tomboient dans leurs yeux
étoient piquantes & dures : cette pluie étoit probablement
imprégnée de quelques particules vomies
par le volcan. Le peu de tems que le capir
taine Coock refta fur cette île ne permit pas d’autres
obfervations, quoiqu’elle foit bien digne de
l’attention des ftlvans qui recherchent les révolutions
que fubit notre globe.
Cette terre renferme de l’eau douce, des noix
de cocos, des bananes & des fruits à pépin. On y
voit beaucoup de palmiers & de bois de maffue.
AMAZONES ( Riviere des). La fource prin?
cipale de cette rivière , qui arrofe une grande
partie de la terre-ferme de l’Amérique méridionale
de l’ oueft à l’eft, n’eft pas encore bien connue.
Plufieurs voyageurs penfent qu’elle a fon
origine dans les andes de Lagune.
Le fleuve des Amazones coule vers le fud dans
une étendue de douze degrés : de là ce fleuve,
fe dirigeant vers le nord, paffe entre les provinces
de Mogobamba & Chacha Poyas, jufqu’ à la ville
de Jaën. Là elle forme un coude & defeend vers
l’eft jûfqu’ à la mer. On compte de Lagune à Jaën
plus de cent cinquante milles, & de Jaën à la
mer, plus de quatre cent cinquante milles en ligne
droite, & plus de lïx cent vingt-cinq milles fi l’on
compte tous les détours, & en tout huit cent
vingt-cinq milles de Lagune à l’Océan.
Plufieurs rivières viennent fe réunir au fleuve
des Amazones : une des principales eft l ’Apuri-
mac , dont le canal eft füarge & fi profond, & les
eaux fi rapides , qu’elles forcent la rivière des
Amazones à rebrouffer chemin & à remonter vers
fa fource.
Dans la contrée qu’on trouve entre le confluent
du fleuve des Amazones & la rivière de Saint-
Iago , jufqu’ à l’embouchure de l’Ucayale dans le
même fleuve, on trouve la rivière deGuallaga, qui
s’y réunit également.
A l’eft d’Ucayale la rivière des Amazones reçoit
les eaux de la rivière de Jabari & de quatre
autres ; mais comme les pays qu’elles arrofent ne
font habités que par les Indiens, on a peu de
notions fur leurs^cours : tout ce qu'on fait, au
•rapport des Indiens, c’eft qu’elles ne font navigables
qu’en certains tems de l’année.
Une autre rivière très-remarquable, qui tombe
dans le fleuve des Amazones, eu la Madeire, qui
prend fon origine dans les mines du Potoli, & qui
parcourt dix-fept degrés & demi de latitude fud.
Depuis l’embouchure de la Madeire jufqu’ à la
mer, les Portugais donnent au Maragnon le nom
de rivière des Amazones.
Entre le Rio Negro & la Madeire, le fleuve
des Amazones a un mille de large, & dans les endroits
où il renferme des îles il a quelquefois
trois ou quatre milles de largeur, oc fouvent
même il déborde fur une grande étendue de pays
comprife entre ces îles.
Non loin de la Madeire on trouve la rivière de
Topanos, qui eft une des plus confidérables de
celles qui viennent groflîr le fleuve : elle prend
fa fource dans le pays des mines du Bréfil.
Plufieurs ruifleaux qui prennent naiffance dans
les montagnes de Zoja & de Zomora forment,
parleur réunion, la rivière de Saint-Iago, au bord
de laquelle demeure une peuplade d’ indiens.
La rivière Marona prend fon origine dans les
montagnes Sangua, & coule au fud-eft jufqu’ à ce
qu’elle foit parvenue au Maragnon.
La Paftara & le Tigre nailfent dans le territoire
de Riobamba : le Coca & le Napo viennent
des montagnes de Cotopaxi ; & après que ces
deux dernières rivières ont parcouru, dans un
allez grand éloignement l’ une de l’autre, Un vafte
efpace, elles fe réunifient fous le nom de Coca3
& elles fe jettent dans le fleuve des Amazones,
après avoir parcouru plus de cent cinquante milles
en ligne droite de l’oueft à l’ eft.
Il y a trois routes qu’on peut prendre de Quito
pour gagner le fleuve des Amazones, & ces trois
routes (ont très-périlleufes, à caufe de la quantité
de roches & de pierres qu’on y rencontre ; de
forte qu’ on eft obligé d’en faire les trois quarts à
pied.
La première de ces routes paffe par Nouèze &
Archiaona, & aboutit à Napo, où l’on s’embarque.
La fécondé paffe par Patata & au pied du
volcan Tungurague. On paffe de là dans la province
de Canelos, où l’on s’embarque fur une
eau extrêmement rapide, qui forme la Paftara, &
fe jette enfuite dans le fleuve, des Amazones. La
troifième route paffe par Cuença, Loxa, Valla-
dolid & Jaën. Près de cette dernière ville on
s’embarque fur le fleuve, qui n’eft navigable que
dans ces environs. Au refte, nous devons dire que
le Maragnon paflè à travers les Cordillières, &
qu’après avoir coulé quelque tems vers le nord,
il fe dirige vers l’eft & pourfuit cette route dans
un trajet de cent cinquante milles, & que prefque
| partout fon lit eft creufé entre deux rochers qui
! s’élèvent perpendiculairement. ( Voyez , fur les
j différentes largeurs du Maragnon, M. de la Con-
| damine, pag. 16 & 2 7 , ainfi que fur les Lagunes;
, voye^ auftî notre Hydrologie du Maragnon , où
tous ces détails font fort régulièrement fuivis. )
. Quatre-vingts milles au deffous de Rio Negro le
fleuve des Amazones fe rétrécit dans un endroit
que les Portugais appellent Pongo de Pauxis. Quoiqu’
il y ait encore de là à la mer cent cinquante
miles o u , félon le Père d’ Achuna, deux cent
foixante-dixmilles, ons’apperçoit déjà dans ce détroit
des effets du flux & du reflux. M. de la Con-
damine, qui les a vus & examinés, penfe que ces
mouvemens de flux & reflux ne correfpondent pas-
avec le mouvementaéluel de la mer, mais avec
celui qui a eu lieu les jouis d’avant.
Le fleuve des Amazones forme, à l’endroit où
il tombe dans l’Océan, plufieurs'îles confidérables
, dont quelques-unes font extrêmement fertiles.
Une des principales eft Marayo , qui peut
bien avoir vingt milles de longueur fur un mille
& demi de largeur.
Entre le cap Nord & la terre-ferme, dans un
efpace de fept à huit milles, font plufieurs îles de
différente grandeur; mais elles font trop baffes
pour être habitées. Les navigateurs craignent d’ en
approcher. M. de la Condamine en reffentit les
effets en 1744.
L’Arowari coule au-delà du cap Nord, dans
une anfe qui a un mille & demi de large.
Le Rio Negro ne coule point du nord au fud,
comme Delille le marque fur fes cartes, d’après
F r itz , mais à l’eft-fud-eft & à l’tft dans les parties
de fon cours, voifines de fon embouchure,
qui eft tellement parallèle au fleuve des Amazones
dans lequel le Rio Negro fe je tte , qu’on pren-
droit ce fleuve pour le Rio Negro fi celui-ci ne
confervoit pas pendant long-tems une couleur qui
l’en diftingue.
M. de la Condamine nous apprend que I’Ore-
noque communique avec le fleuve des Amazones
par le Rio Negro; ce qui offre le phénomène rare
d’ un fleuve qui partage fon lit en deux canaux
diftribués en deux pentes différentes. {Voyez O re-
n o q u e , M a r a g n o n & P o r o r o k a ; voyej suffi
l’art. Hyd r o g r a ph ie de l’Amérique méridionale,
où tout ce qui peut concerner les parties fupérieu-
resdu baflin du Maragnon eft expofé fort en détail
& de manière à faire connoître les branches principales
du grand arbre de l’ Amazone, & où tout
ce que nQUS connoiffoas de plus précis fur ce fleuve
Y y i