
différens ordres dont on doit s’occuper dans la
géographie, fait générale, foit fpéciale. Dans la
géographie univerfelle il conlidère la terre fous
des afpeéts généraux, & il croit qu’ il convient
d’expofer fes affections ou phénomènes fans s'attacher
à aucunes régions particulières- Dans la géographie
fpéciale au contraire, il penfe qu’ il convient
de faire connoître la conftitution des diver-
fes contrées de la terre , 8c, pour exécuter fes vues
intéreffantes, il indique deux fortes de moyens,
la chorographie & la topographie ; le premier
moyen offrant la defcription phyfique des contrées
d'une moyenne étendue, & le fécond n’embraf-
fant qu’un lieu circonfcrit entre des limites très-
refferrées. Malgré ce double plan, Vàrenius n’a
traité, dans fon excellent ouvrage, que de la géographie
univerfelle, qu’il-divife. en trois parties
également intéreffantes : la partie abfolue ,1a partie
refpeCtive & là partie comparative.
Dans la partie abfolue3 il confidère ce qui concerne
la conftitution intérieure de la terre, fes
diverfes parties & affections propres y telles que fa
figure, fa grandeur, fes mouvemens, fes contir
nens, fes mers, fes fleuves, fes lacs, fes montagnes,
& c .
Dans la partie refpeCtive, les affections régulières"
& accidentelles, qui font la fuite de l’influence
des corps céleftes.
Enfin , dans la partie comparative y il nous donne
l ’explication de toutes les affections qui réfultent
de la comparaifon des diverfes parties de la terre
entr’elles.
Le développement de ces trois parties de la géographie
générale fe partage en plufieurs articles.
Ainfi la partie abfolue préfente les affections générales
de la terre en cinq ferions.
Dans la première on doit traiter d’abord de fa
f i g u r e , ;
Enfuite de fes dimenfiôns.
Puis de fes mouvemens 8c de fa fituation dans
le fyftëmé dp monde.
Enfin des différentes fubftances dont fa maffe
eft compôfée.
Dans la fécondé fe&ion on doit s’occuper :
I e*. De la divifion des parties de la terre par
l ’Océan qui les baigne 5
20. Des montagnes en général ;
30. Des diverfes formes des montagnes 8c de
leurs affections accidentelles y
40. Des forêts, des déferts 8c dès mines.
Dans la troifième feélion il doit être queftion :
i° . De la divifion de l’Océanyrelativement aux
parties de la terre qu’ il baigne ;
20. De l ’Océan 8c de fes propriétés >
3°. De fes mouvemens, 8c fur tout du flux 8c
reflux.
40. Des ruiffeaux, des rivières 8c des fleuves,
8c de toutes les eaux courantes ;
50. Des lacs, des étangs 8c des marais;
6°. Des eaux minérales.
Dans la quatrième feétion, Vàrenius traite:
Des changemens de terres en mers 8c de mers
en terres ; ce qui peut comprendre différens
objets.
Dans la cinquième fe&ion il convient de traiter :
i ° . De la conftitution de l’atmofphère}
2°. De fes météores ;
3®. Des vents généraux;
40. Des vents particuliers ;
50. Des tempêtes 8c ouragans.
La partie comparative doit s’occuper également,
comhae nous l’avons d it> des affections de la terre
dépendantes de l’ influence des corps céleftes , en
plufieurs articles ainfi diftribués :
Le premier traitera des affections céleftes en
général.
Le fécond, de la latitude du lieu 8c de l’élévation
du pôle.
Le troifième, de la divifion de la terre en zones.
Le quatrième, de la longueur des jours 8c de
la divifion de la terre en climats.
Le cinquième, de la lumière 8c de la chaleur,
8c des fai ions de l’année.
Le fixième, des ombres 8c de la fituation des
différens lieux de la terre, relativement à la projection
des ombres.
Le feptième, delà comparaifon des phénomènes
céleftes en différens lieux où l’on traite des antif-
ciens, des périfeiens 8c des antipodes.
Le huitième, de la comparaifon des tems en
différens lieux de la terre.
Le neuvième, de la différence du lever du fo-
le il, de la lune 8c des autres corps céleftes.
La partie comparative offrant toutes les affections
ou phénomènes qui réfultent de la comparaifon
de deux lieux enfemble, il doit y être
queftion :
1 9. De la longitude des lieux ;
20. De la fituation refpeétive de deux lieux ;
• 30. De la détermination de leur diftance ;
• 40. De l’horizon vifible ou apparent ;
j ° . De la connoiffance des vents 8c de leurs
différens rhumbs.
Les affections ou les différens ordres de phénomènes
dont doit s’occuper la géographie particulière
ou fpéciale, 8c qui méritent d’y être développées
pour Tinftruaion publique, font diftri-
buées en trois claffes, qui comprennent les affections
céleftes, les terreftres 3 8c ce que Vàrenius appelle
les affeCiions humaines.
Les affections céleftes t qui dépendent du mouve-
A F F
ment apparent du foleil & des étoiles , font au
nombre de huit ; favoir :
1°. L'élévation du pôle ou la diftance en degrés
de latitude d'un lieu à l'équateur;
2°. L'obliquité du mouvement diurne des étoiles
au deffus de l'horizon de ce lieu ;
30. La durée du plus long ou du plus court jour
de ce lieu ;
4°. Son climat & fa zone ;
50. La plus grande chaleur Zc les plus grands
froids de ce lieu avec la diftinétion êc la fuite des
faifonsde l'année, l'indication des tems de pluies,
de neiges, de vents & des autres météores. S
Quoique ces affections puiffent être confiderees
comme ayant beaucoup ae rapport avec les ter-
rejires, on les range parmi les celefies, parce qu'elles
dépendent principalement du mouvement du foleil
& de fon influence fur les faifons.
6 °. Le lever des étoiles, leur mouvement apparent
& fa durée au deifus de l'horizon d’un lieu ;
70. La note des étoiles qui paffent par le zénith
de ce lieu ;
8°. La viteffe du mouvement par lequel, fui-
vant le fyflème de Copernic, un lieu de la terre
parcourt, chaque heure, certaine partie de fon
cercle de révolution,
Nous paifons maintenant aux affections terreftres
qui peuvent être remarquées dans chaque lieu ;
on en diftingue ordinairement dix; favoir :
i ». Les limites d'un pays, déterminées par les
contrées qui forment fon enceinte, fuivant les
différens afpeéts de l'horizon ;
i V Son afpeêt & fa topographie ;
3°. Son étendue ;
4°. Les inégalités de la furface du terrain, qui
comprennent fes montagnes, leurs chaînes, leurs
noms, leur fituation, leur hauteur & la nature
des matières qu’elles renferment ;
5°. Son hydrographie, c’eft-à-dire, fes eaux
courantes ou ftagnantes, tels que les fources, les
rivières, les fleuves, la largeur de leur lit, l'étendue
de leurs cours, la maffe d'eau qu'ils voiturent,
la viteffe de leur mouvement, leurs cataraétes &
leurs embouchures ; enfin les mers qui le baignent,
fes lacs & fes marais;
6°. Les forêts & les déferts ;
7°. Les degrés de fertilité & de ftérilité de ce
pays avec l'indication de fes produirions végétales
;
8°. Ses minéraux & fes foflîles ; ‘
9°. Ses animaux, foit fauvages, foit domefti-
ques ;
io ° . Son degré de longitude.
Le troifième ordre des affections qui méritent
d’être envifagées dans chaque pays, celles que
Vàrenius appelle humaines, parce qu'elles ont un
rapport intime .avec les habitans des diverfes contrées
; font au nombre de dix 5 ce font :
t°. La taille des peuples, leur figure, leur cou-
A F F Wff
leur, la durée commune de leur v ie , leur origine,
leur nourriture ordinaire & leurs boiffons ;
z “. Leur induftrie & les profits qu'ils en retirent
, les marchandifes & les denrées qu’ils exportent
dans les pays étrangers ; .
3“ . Leurs vertus & leurs vices, leurs connoil-
fances, leur efprit naturel & leurs écoles
40. Les cérémonies qu'ils obfervent aux naif-
fances, aux mariages & aux funérailles ;
y*. Leurlahgue;
6°. Leur gouvernement politique ;
70. Les principes de leur religion & leur cuire
public ; .
8°. Les villes & les lieux les plus remarquables;
90. Les principaux points de leur hiftoire, les
anecdotes les plus remarquables ;
io°. Les hommes célèbres, les artiftes & les
' inven ■ ions qu'ils ont faites dans chaque pays ;
Telles font les trois claffes d'affections dont il
convient qu'on s’occupe dans les Traités de géographie
particulière. Cependant Vàrenius, bon
juge, en cette partie, penfe que les objets de la
troifième claffe font improprement du reffort de
la géographie ; mais cependant il eft porté à les.
admettre, parce qu'il croit qu’ il faut accorder
quelque chofe à l'ufage & à la curiofité des élèves.
11 en réfulte en coniëquen.oè qu'il faut être
très-réfervé & très-fuccinét dans l'expofition de
ces dernières affections. Par cenféquent il n v a pas
de doute qu’il n’eût condamné les articles de plufieurs
nouveaux Traités de géagzaphie, où l’on
perd de vue les'parties effentielles de cette fcience :
tels font ceux de l'Hiftoire, auxquels on a donné
une étendue prefqù'égale à tous les autres articles;
au lieu que Vàrenius ne tolère que les hif-
toires mémorables, hiftoris. memoraiiles.Ç‘ tl\ cette
étendue qu'on a donnée aux articles de l’Hiftoire
qui a fait omettre plufieurs autres articles très-
effentiels à la géographie, & en même tems les
plus propres à en afiurer les progrès_ ; telles font
furtout les affeétions terreftres, qui fe trouvent
pour la plupart négligées dans ces Traités où l’Hiftoire
domine.
Je ferai obferver cependant que, dans la troifième
claffe, il y a plufieurs affections qui tiennent
tellement au phyfique, qu'on ne pourroit les fup-
primer fans inconvénient : ainfi la taille des peuples,
leur couleur, la durée de la vie commune,
leur nourriture & leurs boiffons font des cir-
conflances qui dépendent tellement du climat des
contrées qu’ ils habitent, qu’on doit néceffaire-
ment donner à ces articles les plus grands déve-
loppemens : je comprendrois même, dans ces articles
, l'origine & la fuite des migrations de ces
différens peuples ; ce qui peut être une fuite des
révolutions du globe dans certaines contrées.
Voye% d’ailleurs la Notice de Vàrenius, où tout ce
qui concerne la géographie générale eft préfenté
fuivant le plan adopté & fuivi par ce favant géographe.
V"oye{ Géographie élémentaire.