
On remarque, dans le voifinage de Reading, j
une fource abondante, & l’on foupçonne, avec
beaucoup de probabilité, qu'elle eft produite par
la perte d'une partie d’ une rivière qui s’engouffre
dans la terre à une diftance de deux milles.
Delaware. L’ Etat de Delaware eft borné à
Peft par la rivière & la baie du même nom, & par
l’Océan } au fud, par une ligne tirée vers l'oueft ,
depuis l’île de Fen-wick jufqu’à la ligne qui le fé-
pare du Mariland ; à l'oueft, par l'Etat du Mariland}
au nord, par un arc de cercle, tracé depuis
Newcajlle avec un rayon de douze milles.
Excepté quelques collines affez élevées dans les
parties feptentrionales de l’ Etat, & une arête de
hauteurs, marquée par une chaîne de marais dont
les eaüx fe déchargent vers l’eft & vers l’oueft dans
la Delaware & la Chéfapeak, l’ afpeCt du pays eft
uniforme, le terrain eft plat, & les marais en couvrent
une partie.
Le comté de Newcaftle, qui occupe les parties
feptentrionales de l’Etat, offre en général un fol
compare & fertile > le comté de Kent, qui en occupe
le centre, a des terres plus légères, & celles
de Suffex font prefque entièrement fablonneufes.
Le froment paroît être la principale culture du pays.
Après les autres cultures d'ufage, les prairies
naturelles & artificielles font un objet important,
& les bois qui croiffent dans les marais du centre
du pays font un produit confîdérable. Un feul de
ces marais, nommé Cyprejf Swamp, dont une partie
eft dans l'Etat de Mariland, couvre une fuperficie
de cinquante mille acres dans la partie la plus élevée
du pays, entre les baies de Chéfapeak & de
Delaware, & fournit une grande quantité de cyprès.
Ohio ( Territoire nord-oueft de /'). C e territoire
eft borné au nord par la ligne qui paffe au
centre des la cs, depuis le Jac Erié jufqu’ au lac
des Bois i à l'eft, par les lacs & la Penfilvaniei
au fud, par l'Ohio , &c à l'oueft par le Miliilïipi.
Les bords de YHockkoking font garnis d'inépui-
fables carrières de pierres de taille, de mines de
f e r , de plomb, de charbon , de fources falées,
& de lits d’argile blanche & bleue.
Le voifinage du Scioto eft riche en mines de
charbon, en fources falées, en carrières de pierres
de taille & en bancs d’argile blanche & bleue.
Entre la Kaskaskïas & la rivière des Illinois eft*
une étendue de quatre-vingt-quatre milles d'un
beau pays de plaines, dans lequel il y a plufieurs
villages français. La rivière des Illinois eft bordée
d'immenfes prairies, & fes environs fourniffent
des mines de charbon & des fources falées.
Aucune des rivières que nous avons décrites
dans l'article de l’hydrographie, n’a de chutes ni de
rapides; ce qui prouve qu'il n’y a point de maflifs
d’une durete & d’une réfiftance inégales, que les
eaux courantes ont pu creufer leurs lits également
& uniformément dans toute l’étendue de
ces terrains : aufli le pays, qui a été expofé à cett®
aCtion générale des eaux pluviales , eft plat presque
partout, ou légèrement ondulé, de diftance
à autre, par des coteaux qui admettent la pofli-
bilité de la culture jufqu’ à leur fommet. On trouve
fréquemment, dans le voifinage des rivières, de
grandes plaines à perte de vu e , qui ne portent
pas un feul arbre, mais qui fourniflènt des pâturages
fort abondans, & qui nourriffént de nombreux
troupeaux de bêtes fauves. Les collines,
d’un autre cô té , font couvertes d ’arbres dont les
efpèces les plus abondantes font l'érable à fucre,
le fycomore, le mûrier blanc & noir, le noyer
blanc & brun, le noyer de beurre, le châtaigner,
le chêne blanc, le chêne noir, le chêne d'Efpagne,
le cerifier, le maronier d'Inde, le honcy- locufty
l’ orme, le cocumher-trêe, le lynn~tréey l'arbre de la \
gomme, le bois de fe r , le frêne , le peuplier, le
faffafras, le pommier fauvage, le papaw3 le prunier
fauvage, le chêne - châtaigner, l ’yhcory, &c.
La force de la végétation eft fi grande dans ce
fol riche & profond, qu’un noyer, mefuré par le
général Parfons près du Muskingum, avoit vingt-
deux pieds de circonférence à cinq pieds de terre,
& un fycomore, quarante-deux pieds de circuit
auprès du fol. Les énormes dimenfions des arbres
des forêts les rendent plus rares, & l’épaiffeur
de leur ombre empêche les brouflailles de s’élever
& d'em bar rafler le terrain , en forte que les
défrichemens des forêts y font plus faciles.
La vigne croît partout fans culture, tk les celons
font pour leur confommation un vin rouge,
qui a de la force , & que les habitans du canton
de Vincennes affurent, d’après leur expérience,
fufceptible d'acquérir par l’âge une qualité au
moins égale à celle de plufieurs vins eftimés de
l'Europe.
Les fources d’ eau douce, les petites rivières \
& les ruifleaux font diftribués uniformément dans
tout ce territoire j ce qui complète les avantages
de chaque contrée pour les colons qui pourront
(y former des établiflemens : le gibier eft extrêmement
commun. Des troupeaux innombrables de
taureaux fauvages & de daims couvrent les prairies
naturelles de ces contrées. Les dindons, les
faifans, les perdrix, abondent dans l'intérieur des
terres ; les oies , les canards , les farcelles, les
cygnes, font fort nombreux fur les eaux courantes
& ftagnantes de ce riche territoire.
Etats-Unis du fud.
IV. Ces Etats comprennent :
Mariland.
Virginie.
Kentuky,
Caroline nord.
Ohio fud.
Caroline fud.
Géorgie.
Ces
Ces Etats, qui forment la divifion la .plus étendue
des Etats-Unis} font bornés au nord par l'a
Penfilvanie & l'Ohio; à l’oueft, par le Miflîffîpi}
au fud, par la Floride j à l’eft, par l'Océan atlantique
bt l'Etat de Delaware.
"L e pays qui avoifine la mer, jufqu’à la diftance
de cinquante, foixante & cent milles, eft une
plaine baffe, que les eaux ftagnantes recouvrent
ür rendent mal-faine dans plufieurs parties. La
chaîné des Aileganys, qui fe termine dans cette
diyifîon, y fuit, dans la partie qu’dle traverfe,
line direction plus confiante , & les différentes
lignés qui la compofent y o n t , dans un efpace
.très-long, un cours prefque régulièrement parallèle.
La température devient plus froide , fous la
même latitude, à mefure qu’ ori s'élève, & s'ad ou
cit plus encore lorsqu'on s’éloigne des montagnes
du côté de l’oueft, Les extrêmes de froid de
chaud font 98 degrés au deffus, & 6 au deffous
de.la glace de la divifion de Farenheit 5 ce qui cor-
refpond aux 29 degrés 20 minutes au deffus de
z é ro , & à 2 degrés 40 minutes au deffous dans le
thermomètre de Réaümur.
Les principales produirions de cette divifion
font le tabac, le riz, l'indigo, le froment,l’avoin
e , le coton, la poix, le goudron, la thérében-
thine, & les bois de charpente & de menuiferie.
Sur dix-neuf cent mille habitans que le dernier
dénombrement donne à cette divifion, fix Cent
quarante-huit mille quatre cent trente-neufétoient
-efeiaves, c'eft-à-dire que les treize quatorzièmes
de la totalité des efeiaves de l'Amérique anglaîfe
s’y trouvoient réunis. Cette circônftahce, plus
encore que l’influence du climat, a marqué de
quelques traits défavorables le caractère de; fes
habitans 5 mais les progrès des lumières & des
principes d'humanité, l'aCtion des lois républicaines
& d’un gouvernement fage, ont déjà produit
des effets fenfibles & falutaires.
Ma r il a n d . Cet Etat eft borné au nord par la
Penfilvaniei à l'e ft, par 1 Etat de Delaware &
l’Océan atlantique i au fud &: à l’eft, parla Virginie*
È
La baie de Chefapeak, qui divife le Mariland
en deux parties inégales, eft la plus grande des
Etats-Unis, & procure des avantages de commerce
infinis, foit au Mariland, foit aux Etats qui
Lavoifinent, par la fureté & l’ étendue de fa navigation
& le nombre des rivières qui s’ y jettent.
Dans le voifinage de la mer, & principalement
dans Tes comtés de l'eft, le pays eft plat & pré- :
fente une furface baffe & uniforme, fans inégalités
marquées} feulement il eft couvert, en quelques-
endroits, d'eaux ftagnantes, qui en altèrent la'
falubrité.En s’éloignant de la mer U terrain s’élèv
e , l’afpeCt &: les productions Varient, & le climat
devient plus fain. Le blé & le tabac-dans les
plaines, le chanvre & le lin dans les parties les *
Géographie-Phyfque. Tome II.
\ plus élevées, font les principales productions du
Mariland, & les objets de la culture les plus répandus.
: '
Parmi les bois que le pays fournit, on diftingue
le noyer noir pour les ouvrages d’ ébénifterie, &
le chêne de divêrfes efpèces, dont la venue eft
fort belle en général. & le fil d ro it, de manière
qu’ il fe refend aifément eh paliffides.
Les pommes & les pêches abondent dans !é
Mariland : on en fait du cidre & de l ’eau-de-vie.
Les arbres des forêts donnent divers fruits, glands
ou noix« Les cochons, qu'on lâche dans les bois
pour lès nourrir & les engraiffer, forment une
grande rejffo ùrcè.
Les mines de fer de très-bonne qualité fourniffent
la matière’dès feules manufactures de cet
Etat, outre celles des farines} favoir: les fonderies
& les forges : on peut y ajouter les préparations
du porc falé..
V irginie. Cet Etat eft borné au nord par les
provinces de Mariland , de Penfilvanie & l’Ohio }
à l'oueft, par le Kentuky} au fud, par la Caroline
nord} à l'eft, par l’Océan.
Les vents du fud-oueft font les plus fréquens
dans la plaine, ceux de nord-oueft dans les montagnes,
& ceux de nord-eft fur la côte : ceux-ci
font pefans, froids, défagréables & chargés de
vapeurs. Les vents de nord-oueft, au contraire,
font fecs, agréables & rafraîchiffans. Les extrêmes
du froid & de la chaleur, dans un pays fi étendu ,
& où la chaleur du fol eft très-variable, doivent
avoir une grande latitude. Jefferfon les établit
entre 29 degrés 20 minutes au deffus, & 2 degrés
40 minutes au deffous de la congélation, divifion
de Réaumur.
Les changemens brufques de température , fi
préjudiciables aux fleurs des arbres dans le prin-
tems, font moins fâcheux en Virginie qu'en Pén-
filvanie : outre cela lès débo-rdëmeris,des rivières,
au printems , y iont moins confîdérables que dans
les Etats du nord, parce que la neige ne couvre
guère la terre plus d'un jour ou deux} mais les
fréquens-dégels rempliffent les terres d’e a u , &
rendent une partie de l’hiver Oc du printems fort
humide & maî-faine.
Dans le voifinage de la mer, la maffe des eaux
ftagnantes chargeJ'atmofphère d’ une humidité qui
tempère l’aClion du froid} ce qui fait d’ ailleurs
que les'rivières gèlent rarement, 8c que les neiges
y tombent en petite-quantité ou peu fouvent.
- On y voit fouvent les arbres en fleurs dès la fin
de février ; mais dans les deux mois qui fuccèdent
l'on éprouve des pluies froides, des vents per-
çans, & des gelées qui altèrent les productions de
la terre. ’ , *
Les rivières, les canaux ou criques de la Vir*
ginie ne peuvent guère être fournis à une def-
ciiption détaillée, Sc la carte peut donner feule
C c c