
:■ Un peu plus bas, vers Montaigny, le lit de
YAndelle fe trouve coupé par quelques îles alon-
gées. Ce même fyftèmè d’ ïles fe continue par
l'affluence de deux ruiffeaux fort longs, dont le
premier a fon origine à Chef de l'Eau 3 & parcourt
un vallon chargé de ramifications fèches fort nom-
breufes, &r qui fe réuniffent à. la tige principale
fous des angles fort aigus j & le fécond a fa fouree
près les Aùt'hieux , & court au fond d’un vallon
qui a cinq ramifications fèches à droite, & une
abreuvée a une eau fort abondante,-laquelle, près
de fa foiyce , fait, tourner plufieurs moulins. Ces
mêmes îles fe piéfentent tantôt à droite & tantôt
à gauche du lit principal de Y Andelle. Il en réfulte
que la vallée qui renferme ces eaux courantes eft
fort large, & que tout le fond de la plaine fluviale.
eft de niveau. Cette difpofition des chofes
règne jufqu’ à Çharleval : c’eft là où toutes les
.eaux de la Forêt-de-Lions font réunies dans deux
ruiffeaux affez.alongés qui affluent dans l’Andelle,
.& à côté defquels font deux vallons auflfi affluens,
mais feçs.
En fuivant tous les défrichemeris qui fe font
faits dans cette forêt, ainfî que les habitations qui
s ’y font établies à la fuite, on voit qu’ils ont été
affujettis aux eaux courantes, parce qu’ ils four-
niffoient aux premiers befoins des hommes & des
animaux domeftiques, &c.
Depuis le dernier ruiffeau des Authieux, on ne
rencontre plus, à droite furtout, que des vallons
fecs peu profonds jiifqu’à Romillyo'où Y Andelle eft
a fiez forte pour fuffire aux mouvemens des ufines
importantes qu’on y a établies..
Toute la contrée eft couverte de ces vallées
fèches, depuis l’Epte jufqu’aux Ponts-de-1’ Arche,
excepté les deux vallons abreuvés qui traversent
les Andelys après leur réunion.
A cette occafion je profiterai de l ’embouchure
de Y Andelle dans la .Seine, pour faire remarquer
qu’en cette partie de fon cours, ainfi qu’au deffus
&: au deffous, tant à la coïncidence des vallons
fecs.qu’à -celle des abreuvés 3 il fe trouve un grand
nombre d’iles qui ont toutes fortes de formes -, &
furtout des, formes alongées. D’après des obfer-
vations affez fuivies, il m’a paru,que la formation
de ces îles écoit-due principalement aux avalai-
fons latérales des terres, qui ont encombré le lit
jde la rivière, de manière que lè courant n’avoit pu
i ’endébarrafîer. Au refte,je reviendrai à,ces effets
en décrivant les enîbouchures de quelques vallées
latérales dans la Seine, ainfi qu’ à l ’article Seine ,
cùje feraienvifage r les dimenfions &les,accroif-
femens de. ces îles dépendans. de certaines cir-
.conftances du. cours de ce fleuve dans ces contrées.,
ANDERNAÇU, petite ville fituée fur la rive
gauche du Rhin, & qui eft Iq centre du commerce
du trafs, des meules de moulin & de la pierre à
four. Nous allons parcourir les différent gîtes, où
fe trouvent naturellement toutes ces fubftances,
auxquelles nous ajouterons ceux où l ’on, voit dans
la vallée du Rhin les bafaltes prifmatiques.
En arrivant à Andemach,, les premiers objets
qui frappent la vue des naturaliftes, font des morceaux
de bafaltes en colonnes, employés fous formes
de bancs ou de bornes à côté des portes
des maifons, aux coins des rues, &: particuliérement
aux portes cochères. Quelques-uns de ces
tronçons de colonnes ont jufqu’à deux pieds de
diamètre. La plupart font pentagones, & plus
. rarement exagon.es ; & hors de la porte de cette
v ille, le long du Rhin , on en remarque quelques
morceaux d’ un diamètre a fiez confidérable, & qui
non-feulement font en pierres perdues , mais encore
paroiffent avoir été roulés &: un peu arrondis.
Nous tâcherons de faire connoitre , dans
l’article R hin , comment ces morceaux ont pu
être portés & entraînés dans cet endroit par des
eaux courantes.
C ’eft encore hors des portes de cette ville ,
toujours le long du Rhin & fur fa rive gauche,,
que I on apperçoit une grande quantité de trafs
diftribué par tas : on l’y tranfporte des endroits
d’où on le tire, pour y être vendu & embarqué
fur le fleuve.
Plus bas on voit un grand nombre de grandes
& petites meules de moulin, formées de cette
pierre noirâtre remplie de trous, qu’on obferve
aux environs de Coblentz. Les chambranles des
portes & des fenêtres de toutes les maifons à1 An-
dernach font de cette même pierre, à laquelle on
donne facilement toutes les formes qui.conviennent
à fes ufages.On la taille furtout en carreaux
qui fervent à carreler les cours, les cuifines, les
veftibules. Elle a été employée dans la conftruc-
tion des plus anciennes églifes & de plufieurs
bâtimens de cette v iile , ce qui eft une preuve que
cette efpèce de pierre eft connue depuis fort long-
tems : on la connoît fous le nom de pierre de Nieder-
Mennich.
Toutes ces fubftances, comme -pierres ponces 3
bafaltes prifmatiques , trafs , pierre, de fUeder-Men-
nich} pierres a four , s’annoncent, dans les ,environs
d’Andemach, comme-.autant de produitsdes feux
fouterrains à tous ceux qui ont fait une^ étude de
cette contrée intéreffante. Plus on l’obferve, plus
on reconnoît les differens veftiges des éruptions
volcaniques.:Mais , jetle répète, il faut l’étudier
d’après des principes qui conduifent à déterminer
les centres d’éruption , & Es djftributions. des
différentes matières, que lç feu a difpetfées tout
autour de ces centres. Je vais donc décrire ce qui
peut appartenir, au \ trafs/3 à: la pierre de Nieder-
Mennich3 à la pierre a four & au bafaite , quant à
leurs gîtes feulèment, & je le ferai avec d’autant
plus de foin, que ces trois premières productions
forment ; dans ce pays, autant d’objets considérables
de commerce^ autant d’objets d’une; utilité
Singulière dans la Société*.
Du trafsv
'& cultivée : ainfi chaque particulier qui .poflède■
dis fonds dans cette plaine , y trouve un double
avantage. ou dans les récoltes des grains, où dans
1 & tràfs. , : • ■ •
On tire le trafs du fein de la terre, le long de
la rive gauche du Rhin , dans plufieurs endroits du
voifinage d‘Andemach3 à Pleitt, à Cret^,.à Crujft
au fud-oueft de cette ville , à Toenigftein au nord -
oueft, & à Broehl au nord, &c. tous gîtes de cette
fubftance , qui font fort rapprochés les uns des
autres. Dans le voifinage de ces lieux, on trouve
aufiï la pièrre de Nieder-Mennich près des villages ■
4e Nieder-Mennich, de Kottenkeim, & de la petite
ville de .Meyen. Pour connoïtre la Situation de ces
fubftances, ii fuffit de vifiter ces differens villages
dans les environs dé Andemach. On pourroit aufii
ajouter à cette recherche l'examen des montagnes
qui font difperfées dans cette étendue de route ,
&.l’on en recueilleroit un ensemble très-inftruétif
entre les maflïfs des plaines & ceux des montagnes.,
- Ce qu’on appelle trafs ou traffèt eilpluscommu *
nément connu dans le pays fous le. nom de turffiein
oii de duckftein ; mais on, donne plus particulière- .
ment le nom de trafs à cette fubftance lorfqu’elle
a été réduite en poudre & broyée pour être mêlée
à la chaux & former un mortier. Ce nom vient
du hollandais tiras 3 qui lignifie ciment, à caufe de
l ’emploi' fort,étendu qu’on fait eji Hollande de
cette production. Le .trafs le plus eftimé & le plus
recherché par les Hollandais eft celui de Cret%3
dePleiti.&z de Crujft. D’après l’examen fait fur les
lieux, on rèeohnoît aifément qu’ il fe trouve au
‘ centre d’une, plaine, à dix, douze quatorze pieds
de profondeur au deflous de la furface extérieure
du terrain. La fuperficie de:ce,.terrain qui renferme
\$ trafs 3 eft. trèsrfertilo en blé.
Pour, extraire le trafs: de, fa mine ou gîte’, on
creufe la terre en forme d’entonnoir ; on en extrait
les déblais en les rangeant autour de l’où-
verture de la fou ille ,.& lorfqu’on.eft parvenu au
mafiif ; du trafs, on le fait fauter en éclats avec ;
la poudre, &' les fragmehs que ce premier travail ;
donne fe rédujfçnt en débris plus ou moins gros ■
avec un cifeau.-& un gros maillet-: on en fait ou des
d-ébristtfort.petits, o.u:^les ■ carreaux?, en guife de
toriques , félon les vuesiqu’on- a: fur/leurs ;iifages.
Qn l'amoncèle fous.cé&formes autour de la-fouille
pour être vendu & tranfporté fur les bords du
lfhin.,,oü dans tout autre endroit de fa deftir-ation.
-Aufiï long-tems qu’on rencontre le mafiif du trafs3
.onippurfuit la fouille &:l’extraCtion!de.cétt.e fubf-
taitGé'j .maisiîout le» ttavail .ceffer d.ès qu’élle eft
épui/ée- On; referme pour lors, l’ouverture , & là
terre eft de Nouveau mîfe en valeur. -Emre P/cirr
& Crufft on rencontre. une. grande quantité d’enr
droits où l’on a, fait des fouilles ; on.les reconnoît
à k.furface des champs-qui font enfemencés;# &
..qui ne font -pas, entièrement de niveau; av.ee- les
parties de la plaine qui n’ont) pas !été.foujlléesi.
-Ç)ri voit par-làiq.uél ÏQ.-iifaJ# forme-une couche
■ affez profonde dans l’intérieur .d’une .plaine fertile
Cette dernière production, par fa confiftance , :
eft un afiemblage fingulier^ de, terres & de pierres.
Certaines parties font poreufes & légères : en
trempa t le trafs dans l’eau, il y produit un Sifflement.
Ses parties ont plus d’adhérence ent-r’elles,
que celles d ’une fimple terre j mais il n’ a ni la
pefanteury ni ’la dureté,mi le tiflu d’une pierre.
[Elus il renferme de parties poreufes, plus on l'em-
; ploie avantageufement 5 car les fragmens de laves
i compactes qui s’y trouvent, ne contribuent pas à
en faire un bon ciment. Sa couleur eft d’un gris
; plus ou moins foncé : il tire quelquefois un peu
fur !e jaune ou fur le brun , furtout lorfqu’ il fort
: de la terre. Ce qu’ il y a de remarquable dans cette
, fubftance, & ce qui la fait ranger parmi les produits
des volcans, c’eft qu’il entre dans fa compô-
• fition beaucoup de corps qui font reconnus comme
les.effets dts feux fouterrains. Elle renferme fur-
tout beaucoup de ponces blanches & quelquefois
grifes, d’une confiftance médiocre, en petits morceaux
plus ou moins gros , & qui fe détachent
aifément des autres-corps au milieu dèfquels ces
ponces font affemblées. Ces ponces font toujours
''U partie la plus ■ confidérable qui entre dans la
; compofition du trafs. Quelquefois i] y a dans cette
fubftance des cavités remplies d’ une terre jaune,
que les ouvriers appellentfleurs jaunes. Cette terre
jaune eft nonTeulement friable parce qu’elle a le
tiflu poreux des pierres pontes, mais en féchant,
après qu’elle^a été tirée de la fouille:, elle fe pul-
vérife aifément.
On remarque encore, dans les mélanges des
fubftances qui entrent dans la compofition du trafs3
des.débris de feories d;un brun-noirâtre, remplies
de petits pores vides ; des morceaux de vitrifications
verdâtres , des vitrifications bleues en petits
grains fort-déliés 4 qu’on ne peut découvrir qu’à la,
loupe- On y voit auffode. petits éclats '.d’ardoife
verdâtre & de pierre argileufe tèndre, d’ un rou'ge-
brun , qui,.porte des. points de -mica b lan c,d e s
grains de quartz» Banc opaqug -j : enfin des .débris
à ’autres pierres .'quartzeufes ou argileufesi vertes
ou brunes. Oh y. découvre aufiï le*plus fouvent dé
petites lames'deumica noir, dufehbr! en: aiguilles
minces, ou en petits criftâux noirs)fphériques ou
polygonesiqui ont quelquefois jufqu’à deux lignes
de< diamètre. On démêle enfin p parmi ces débris4,
desjgrains noirs fans aucune forme, dhine fubî-
tancer.ferrugineufe'?,- qui.font atrirablës à i’ai-
mantîf puis des rognons.d’une lavé noirâtre; pe-
-fante-,, pénétrés d’une multitude de criftâux de
fchorl encore plus noirs, & luifans comme des
fragmensdôicharboiT de terre. Telles font les fubf-
:tanees qu’d p obferve:, tant dans les amas de trafs
: dés, eiïv irons $ Andemach 3 que dans les dépôts
ijulon f n l^rouYe à Dordrecht en Hollande. J’ajoute