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Jes coupures fe trouvent à découvert dans les
-points ou réfident les lits de marne ou d’argile qui
fervent à raffembler les eaux pluviales : c’eft ainfi
que ces eaux fourniffent aux fources ce qui forme
leur alimenr.'On voit par tous les détails raifonnés
de cet article j que les hommes, en luivant la marche
de la nature dans la diftribution des eaux fou-
terraines de certaines contrées , en ont tiré les
plus grands avantages j & cependant qu’il leur relie
à'en obtenir beaucoup d’autres dans quelques pays
où ils pourroient perfectionner leurs cultures en
fuivant les principes indiqués dans cet article.
A Q U 1NO. Je préfenterai dans cet article le ré-
fultat des obfervations que j’ai faites fur la route
de Rome à Naples par le Mont-Cajfin3 depuis Ci-
prano jufqu’ à San-Germano.
La route depuis Ciprano, ville pauvre & peuplée
de fainéans, jufqu’à Ylfoletta,lieu de la douane
de Naples, offre des amas de grève calcaire, mêlée
de terre argilo-calcaire.
Dans ce trajet il y a quelques cultures, & des
plantations d’ormes &r de chênes : l’argile m’a paru
partout dominer dans la terre végétale.
Au-delà de l’ Ifoletta on continue à traVerfer ces |
amas immenfes de 'graviers fort gros, parfemés de
couches d’argile irrégulières & peu füivies, qui
forment entre l’ Iris & la Melfa une plaine allez
é levé e, dans laquelle font creufés des canaux qui
donnent paffage à plufiëurs ruiffeaux : ce font les
produits de fources très-multipliées. Je me fuis af-
furé par l’examen de ces fources, que les collines
'd’où ces eaux s'épanchèrent, étôient compofées
de couches d’argile affez fuivies, & diftribûées’au
milieu des amas dé pierres roulées fort épais.
On païfe la Melfa à gué & avec des précautions,
parce que cette rivière ’a un lit fort large, & un
cours vague dans cette1 grande plaine fluviale : les
canaux dont elle èft entre-coupée reçoivent lés
eaux de cette rivièrêJLes îles qui réparent ces canaux
font vifiblement le produit des dépôts que
forme cette rivière torrêntiellë, par les ralentif-
femens qui fuivent fes accès. On reconnoît d’autant
plus facilement ce travail de la Melfa , que fiés
bords offrent plus de dépôts fuivis de pieries roulées
qui en occupent lès plages.
Lorfqu’on a gagné la plaine élevée qui domine
'la vallée de la Melfa, Ton voit lé C airo, montagne
"fort haute qui dominé le Mdnt-Oaffin, & à côté
le Mont-Caffm lui-même. Au couchant on apper-
çoit toujoursla chaîné parallèle a l’Apéhhin, qu’ on
a fuivie avantCiprano qui termine j outre cela,
la plaine au midi par un détour proldrt^é.
De la Melfa jüfqu'à l’endroit ôù fe trouvent les
rafles de l’ancrén Aquitto, 'on voit d u ’ tûf; calcaire
qui a Içgrain du travertin. Ces antiquités fe tédui-
fent à deux portes, à des'débris de colonnes, à
des Jnfctiptions , enfin ‘a dès reftès. de Vôie romaine
f pavée de pierres pfïffnâtiqüès de ba fai tes. j
Avant une-des'purtes i l y a 'd ép ortions ’dë-iliurs,
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lefqüelles ont été conftruites en opiisreticidatum:
les pierres de ces bâti (Tes font toutes calcaires.
Près d’ une ancienne églife d‘Aquino moderne, on
voit des amas de tuf dépofé à côté d’un moulin
par l’eau d’une fource abondante, qui fort de deffous
les couches du travertin.
Le travertin continue jufqu’à Caffirio, & fe trouve
recouvert finguliérement. par un lit de bonne
terre calcaire mêlée d’argile : cette terre elt fort
meuble, & on la cultive avec quelque foin à L’araire
& à bras. Deux boeufs conduifent cet araire, qui
a un foc fans oreille & un feul manche. On fème
dans ce fo l , des lupins, du lin & du froment. Ces
champs cultivés font bordés de plantations d’or-
mês & de chênes, & l ’on enfemence deffous ces
arbres. La culture eft a'ffez étendue dans cette
plaine , mais il y a beaucoup plus de jachères que
ne paraît comporter la nature du fol.
Les vignes font élevées-fur les ormes, mais le
Vin en eft mauvais mal fait. Lesfeüls animaux
domeftiques font des brebis, des cochons & des
chèvres : les cochons font noirs. Cette plaine ,
depuis l’ Ifoletta, eft ce que l’on nommoit autrefois
terre de labour : aufii je l’ obfervai avéc lé foin
que fon ancienne réputation méritoit. Nous avons
été vifiter enfuite ie Mont-Caffm. On monte par
une rampe-affez bien prife, mais trop rapide pour
les voitures : auffi tout fe conduit au couvent a
-dos de mulets. Dès qu’on eft parvenu au fomtnet ,
’on peut voir au nord le mont C airo, qui, quoique
très-élevé;, ê’ft èompôfé de couches calcaires auez
irrégulières, ainfi que les autres montagnes inférieures
& le Mont-Caffinlui-même, qui eftefcat-pé
de tous côtés. Le Cairo eft couvert de neiges'tout
rhiVer, &'les fontes de ces ueiges en ont raviné
toute la cime , ç[ui eft entièrement pelée. Du côté
de l’èft on voit, au-delà de la plaine de San^-Ger-
mano, plufiëurs fommèts alongés, &, parallèles -à
la Chaîne de l’ Apennin & du Mont-Cailin. Sur lés
crôiipés oU peut obferv'er'un grand nombre de
Vallons latéraux, qui lés Ont fillonëes dans toute
qeur hauteur.
A l’oueft toujours de la1 hauteur du Mont-Càffin,
on fuit dans la plaine le cours du Garigliano avec
ceux de l’Iris & de la rivière de San-Germano, qui
ont plufieürs ofcillatiôns. Cette plaine ou plutôt
ces rivières réunies mont de débouché que parune
ouverture fort étroite, qui eft à l’extrémité d’un
plan incliné , àlongé fur la croupe d’un embranchement
que la chaîné de l’oùeft jette à l’eft , &
qui ferme cette plaine- au midi, comme je l’ ai déjà
remarqué ci-déliùs. Ce plan incliné a derrière lui
un anti-'pa'râllèle fort aiongé : c’eft entre ces deux
pointés des plans inclinés que ferpente le Gari-
•gl'iàrto. Cêtte difpofitiôn correfpondante des deux
plans inclinés oppofés eft la fuite de l’organifation
dèsrehàînes montueüfes, produite par les ordinations
dès rivières qui courent actuellement dans
'cette vâfte plaidé. r ,
Le Mont-Gaffin eft à l'extrémité d’une chaîne
A Q U
qui occupe le milieu de deux plaines. Les pierres
des couches inclinées, qui forment diffétens fyf-
tèmes dans cette montagne, offrent plufiëurs vef-
tiges de coquilles fort rares, & entr’autres des
noyaux de Yofiracite de Barbefieux, dont j’ai publié
la defcription & les figures dans les Mémoires de
l‘Inflitutpour la première clajfe, vol. 6.
L'églifeduMont-Caflîn eft l ’édifice le plus con-
fidérable & le plus régulier qu’il y ait dans cette
maifon. La proportion qui règne entre le choeur,
la nef& la croifée, produit un très-bel effet : les
ornemens &.les marbres y font fagement diftri-
bués, excepté dans la voûte : les compartimens en
font peints par Luc Jordans.: on y voit la dédicace
de Téglife par le même, tableau qui fait le plus
grand effet, ainfi que les quatre tableaux du choeur,
par Solimène.
L js marbres de Sicile, le v e r t, le jaune, le blanc
& le noir antiques revêtent les pilaftres & les archivoltes
des bas-côtés, qui font foutenus par des
colonnes de granit.
Deux anges du deffin de Michel-Ange foutien-
nent les confoles du maître-autel, lequel eft enrichi
d’agates, d’améthyftes & de lapis, ainfi que la
chapelle de Sainte-Scbolaftique.
A la facriftie on trouve un pavé de.ferpentine
& de porphyre.en opéré mujivo.
Le périftile de la cour qui précède l’églife, eft
orné de fix colonnes de granit oriental.
Au réfeéloire on trouve une porte décorée dans
le goût florentin, & au fond une grande machine
compofée par le Baflfan : le fujet eft la multiplication
des cinq pains, & leur diftribution par Les
Bénédi&ins.
Les trois cours, qui fe préfenrent de front, font
au deffous de l’efcalier qui eft en avant de celle
qu'on voit entourée de colonnes & de ftatues, &
qui annonce i'églife :1e dorique.de celle du milieu.
eft plus régulier que celui des deux autres.^
On montre, en.defcendant duMont-Caflin, des
impreflîons de la figure de faint Benoît, qui fe re-
pofoit, dit-on, dans ce lieu. Ceux qui ont inventé
ce miracle n’avoient pas étudié les effets des eaux
pluviales qui s'échappent le long des croupes d e .
la montagne, car il eft aile d’en reconnoître les
effets. Ce qui fuvprend toute perfonne attentive,
ceft le grand nombre & le choix des colonnes de
granit &-de porphyre qui décorent I’églife & le s ,
cours qui l’annoncent dans ce couvent. Au bas de
la montagne,on voit fortir une fource abondante,
qui abreuve une partie des rues de San-Germano,
& dont on fait u.fag.e dans les tanneries de .cette
ville, qui font affez bien, traitées : on y prépare
les cuirs au redouL
Je terminerai ces détails par l’expofition du jeu
& des mouvemens d’ un brouillard qui.régna dans
L. plaine* depuis l’Ifoletta , toute la matinée : ce
brouillard refta fédentaire au fond de, la plaine,,
que le foleil éclairoit d’une manière fingulière ,
fuivant î’afpedl des nuages Sc ie fond fur leq.tiei la
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lumière fe réfléchiflbit. Une fuite d'arbres étoit
'dans une vapeur à moitié colorée, qui produifoit
un effet très-pittorefque. A mefure que la chaleur
fe diftribua dans la plaine, le brouillard s’éleva fur
les cimes élevées des montagnes qui en formaient
la ceinture. Lorfque le foleil fut plus é le v é , &-
qu’il fe fut établi uji certain courant qui déplaça
de proche en proche les maffes froides de l’ atmof-
phère, tous les nuages élevés difparurent, & toutes
les croupes des montagnes fe nétoyèrent.
ARABES; Pendant que les Perfans , les Turcs
& les Maures fe font policés jufqu'à un certain
point, les Arabes font demeurés pour la plupart
dans un état d’indépendance qui fuppofe le mépris
des lois j ils vivent, comme les Tartares, fans règ
le , fans police & prefque fans fociété. Le vol
eft autorifé par les chefs. Ces peuples font fort
endurcis au travail j ils accoutument auffi leurs
chevaux à la plus grande fatigue ■, iis ne.leur donnent
à boire & à manger qu'une feule fois en vingt-
quatre heures : auflî ces chevaux font-i s très-maigres,
mais en même tems très-prompts à la.courfe 9
&£ pour ainfi dire infatigables. Les Arabes vivent
pour la plupart miférablement : ils n’ont ni pain
ni vin, & ils ne prennent pas la peine de cultiver
la terre» Au lieu de pain ils fe nourriffent de quelques
graines fauvages, qu'ils détrempent & qu’ i's
pétrifient avec le lait çle leur bétail : ils ont des
troupeaux de chameaux, de brebis & de chèvres,
qu’ils mènent paître çà & là dans les fieux où ils
trouvent des pâturages j ils y demeurent avec leurs
femmes & leurs enfans, fous des tentes , jufqu’à
ce que l'herbe foit mangée : après quoi ils décampent
pour aller chercher ailleurs de quoi faire paître
leurs troupeaux. Avec une manière de vivre
auffi dure, & une nourriture auffi fimple, les Arabes
ne laiffent pas d’être très-robuftes & très-forts >
ils font même d'une, affez. grande taille, & bien*
faits j mais ils ont le vifage & le corps brûlés de
l’ardeur du foleil, car la plupart vont tout nus ou
ne portent qu’une mauvaife chemife.
Ceux des côtes de l’Arabie Heureufe & de l’îîe
de.Socotorâ font pius petits que les autres i ils ont
le teint couleur de cendre ou fort bafané , & ils
reffemblent, pour la taille & les traits, aux A b y f-
fins. Les Arabes font dans l’ufage de fe faire appliquer
une couleur bleue-foncée aux bras, aux lèvres
& aux parties du corps les plus apparentes j
ils appliquent cette couleur par petits points, & 1*
font pénétrer dans la chair avec une aiguille farte
exprès, de forte que la marque en eft ineffaçable :
cette coutume fingulière.fe trouve même chez les
Nègres qui ont eu commerce avec les Mahométans.
Chez les Arabes qui demeurent dans les déferts »
fur ..les frontières.. de Tremecen & de Tunis, les
filles fe font des chiffres de couleur bleue fur tout
le corps avec la pointe d’une lancette & du v itriol,
| & les Africaines en font autant à leur exemple s
i mais celles q.ui demeurent dans les. villes, eonfez