
rapide ÿ & forment un terrain plat jufqu’au Bec
d*Ambes. Il en eft de même le long du bord op-
pofé de la Dordogne. Toute cette étendue de
côtes baffes j qui préfentent la furface d'un marais,
ainfi que leur réunion à. la pointe , a été
fucceffivement occupée & abandonnée par les
deux rivières confluentes, la Dordogne d'un côté,
& la Garonne de l'autre. J'ai fait connaître en
détail la nature de ce fond marécageux, & tout
ce qui établit le progrès & le concours des caufes
de fa formation nouvelle, en décrivant les diverfes
parties du fol de la paroiffe d’Ambarès, car par-'
tout les mêmes caufes ont produit de femblables
effets.
Il me refte maintenant à indiquer la marche des
eaux des deux rivières aux environs du bec, &
les circonftances de l'agrandiffement de. ces dépôts.
C'eft furtout du Roc-de-Tau que l'on découvre
tout le canal de la Gironde avec fes îles,
& furtout la réunion de la Garonne & de la Dordogne
dans le tems du defcendant, ainfi que leur
réparation dans le tems du montant au Bec d‘Ambes.
C'eft effectivement de ce point de vue qu'on
peut fuivre aifément les coùrans du montant, lef-
quels fe réfléchiffent contre Tîle Cafeau, & tracent
leur route par les bancs de fable qu’ils accumulent
fur les limites de la portion du canal de
la rivière qu'ils occupent, depuis l'île Cafeau jusqu'au
bec. C'eft à cette abondance des eaux fournies
par les courans, que les circonftances déterminent
en plus grande quantité dans la Dordogne
que dans la Garonne, qu’on peut attribuer une
partie des phénomènes du Mafcaret. ( Voye£ ce
mot, ainli que l'article Saint-Pardon , où ces
phénomènes font décrits. )
Orna vu ci-devant que la grave ne fe trouvoit
que fur les rideaux élevés & au deffus des dépôts
vafeux qui forment les palus, comme à la grave
& dans l’intérieur ae la paroiffe àé Ambares. J'ajoute
aufli qu’elle a été Semblablement dépofée
furies hauteurs qui regardent le bec3 dont nous
venons d’ indiquer la forme & la difpofition. Une
confidération que nous ne devons pas omettre-,
c’eft que les rideaux femés dans l’ intérieur de la
paroiffe d’Ambarès font au même niveau que ceux
qu’on voit dans le voifinage de Cubjac,& de Saint-
André- de - Cubjac, & que toutes ces efpèces de
collines font couvertes de grave, qui n’a pu y être ;
dépofée que par les eaux torrentielles qui circu- ,
loient à ce niveau. On ne peut rendre raifon de !
tous ces dépôts qu’en admettant plulieurs chan-
gemens dans l'aâion des eaux courantes des deux
rivières, qui, dans une certaine époque, ont détruit
une partie de leurs dépôts, & y ont formé
dans d’autres des rempliffages dont nous avons
fuivi les traces & les limites. ( Voyeç Confluences
, Bec, où toutes ces révolutions feront ex-
pofées & expliquées en détail. )
AMBLETEUSE, petite ville de France dans
le Boulonois, avec un petit port de mer d’où les
i vaiffeaux peuvent fortir par un vent de nord : elle
| eft fituée à deux lieues de Boulogne & à quatre
| ou cinq de Calais. Sa rade eft bonne} l’air y eft
fain , & les eaux y font belles & abondantes.
On voit de là aifement les côtes d'Angleterre,
qui n'en font éloignées que de lix lieues. C ’eft
Louis XIV qui a fait nétoyer ce port, qui étoit
J rempli & comblé de fables, & qui étoit devenu
une plage habitée feulement par quelques pêcheurs.
La petite rivière de Selaque,qui traverfe la ville,
contribue à nétoyer le port, & enfin forme fa
communication avec la mer.
C'elt pour conferver une polition aulïi avanta-
geuie, & pour pouvoir l’agrandir de manière à
faciliter les opérations maritimes & de commerce
de ce port, que le Gouvernement vient de con-
facrer des fournies cônfidérables à la plantation des
dunes fur plufieurs points de cette c ô te , fpécia-
lement aux abords des ports d’ Ambleteufe & de
Wiffent, & pour l’élargiffement du canal de la
Selaque, entre l'éclufe de Vau ban & celle d’Am-
bleteufe ( Voyeç Selaqxje. )
AMBOINE, île d’Afie dans l'Océan oriental,
où elle fait partie des Moiuques. On comprend
fous ce nom diverfes îles, voifines l’une de l'autre,
& dont celle d’Amboine eft la plus confidérable.
Cette île a quinze à feize lieues de tour : il y a un
golfe qui a la forme d’une rivière, à l’extrémité
duquel l'île n’a qu’un quart de lieue de large. Si
cette efpèce de digue étoit emportée, Amboine
feroit deux îles. Ces parties de terre-ferme font
fujètes aux tremble mens de terre, qui y caufent
bien des défaftres, tant dans les maflifs des montagnes
, que dans les conftruétions des villages^
des négreries.
Les îles qui produifent la plus grande quantité
de doux de- girofle, & où habitent ceux qui en
livrent le plus, font Amboine, Omo, Anemo &
Neffelouw.
Quelques-uns mettent l’ île d’Amboine au nombre
des Moiuques, parce qu’elle produit aulïi du
clou de girofle, & qu’ ils prétendent qu’il n’en
croît ailleurs que dans les Moiuques. Au refte,
Célebes, Gilolo , Amboine & celles qu’on nomme
Moiuques, ne font pas fort éloignées les unes des
autres. Les Moiuques même étoient comprifes
fous les Sindes, fi bien qu’il a pu fe faire que l’arbre
qui produit le clou de girofle ait été apporté
des îles voifines à Amboine, où les habitans ont
appris peu à peu la manière de le cultiver.
Il y a plufieurs races de nations dans l’î le , &
chaque race a fon habitation particulière.
L’ air y eft fain; le pays eft arrofé d’excellentes
eaux : il y a de très-bons fruits & paffablement de
poilfons. Le riz y croît fort bien : il n’eft pas befoin
d’ aller chercher du pain ailleurs, y ayant des fagus
fuflafamment pour en fournir» Elle fournit plus de
fix cents barres de doux de girofle, en y comprenant
celui qui vient de Cambelou de Luho,
où il y en a plus qu’à Amboine. Cette île git dans
une pofition fort propre à rraîtrifer & à confer-
ver la propriété de toutes celle s qui l’environnent.
D’ ailleurs, les bois de conftru&ion n’y manquent
pas.
Les pluies commencent à paroître au mois de
mai dans l’île d’Amboine , lorfque le vent qui
fouffle du côté du levant & celui qui vient du
fud - eft font une fois bien établis j enfuite ces
pluies continuent jufqu’au mois d’août : pour lors
il pleut fans interruption pendant fix femaines ;
mais cet état du ciel ne règne pas également dans
les îles voifines. On a remarqué que fouvent,
lorfqu’il pleut à Amboine, le. ciel eft très-ferein
dans les autres îles fituées à l’occident, & que
fi le tems eft pluvieux vers la partie orientale,
le tems eft fec à la partie occidentale, quoique
néanmoins l’humidité & la faifon pluvieufe s’étendent
jufqu’ à l ’île de Célèbes.
AMBOISE, ville fituée fur le bord de la Loire,
à gauche & à l’extrémité inférieure de Xîle Saint-
Jean 3 enfin au confluent de laMarfa, rivière latérale,
qui prend fa fource dans l’étang de Sudais.
C ’ eft à Amboife qu’on peut fuivre, dans l’ ef-
carpement du bord ae la Loire f les couches dont
il eft compofé, parce que lès intervalles terreux y
font bien régulièrement interpofés entr’ elles, 6c
qu’ ils n’éproüvent aucune interruption.
Je remarquerai ici que les bords des deux côtés
de la. Loire, dans les environs d’Amboife, font
parallèles entr’eux , & ne paroiffent pas avoir été
excavés par des. mouvemens d’ofcillation ; c’ eft
l ’effet de la marche torrentielle des eaux de ce
fleuve. La Loire, au deffous de Blois, quitte le
bord de la droite pour fe je te r , par un détour
précipité, contre le bord de la gauche, vers Cànde,
où elle a trouvé deux rivières latérales affez con-
fidérables, le Coffon & le Beuvron, qui ont déterminé
ce détour. Ce dernier bord de la gauche
eft plus efearpé , plus élevé que l’autre oppofé }
il paroît avoir été moins altéré depuis les derniers
éboulemens; aufli y découvre-t-on, comme nous
l’avons déjà dit, des couches de pierres de taille
bien apparentes, & de belles carrières dont les
fouilles offrent des bancs propres à être taillés.
Il y a plufieurs grains de pierre} & celui qui m’a
le plus frappé, c’eft le plus fin, que j’ ai retrouvé
à Châtellerault. C ’eft en parcourant la large &
vafte plaine de la Loire, aux environs d’Amboife,
qu’on jouit de ce fpeétacle.
Il eft ai fié <Je voir que la Loire a rempli confi-
dérablement fa plaine fluviale de fables} il paroît,
outre cela, que fon état torrentiel a contribué à
en vider de grandes parties : malgré c e la , les matériaux
entraînés par les rivières latérales du Lan-
dezon, de la Ramberge & de la Branle ne pa-
loiffent pas dominans.
La vallée de la Loire continue au deffous de
,Blois jufqu’à Tou rs, & c ’ eft à peu près au milieu
de ce trajet que fe trouve fituée la ville d'Amboife.
Le canal adtuel du fleuve tend toujours à s’éloigner
de la rive droite de la vallée, pour fe rapprocher
de la rive gauche, au bas de laquelle eft
Amboife. Les bords de la droite s’abaiffent & s’inclinent
à mefure que la Loire fe rapproche des
bords de la gauche, qui s’élèvent & font de plus
efearpés. La levée qui fuit la Loire fur la droite
rend lé même fervice qu’elle a rendu fur la gauche,
depuis Saint-Dié jufqu’ à Blois. Sa fituation
eft une fuite de la tendance qu’a l’eau de fé rapprocher
des bords de la gauche, & de préfervèr
des inondations une grande partie de la vallée.
Au moyen de cette difpofition, elle contient les
eaux de la Loire du côté où elles ont moins de
tendance, & où il fe trouve en même tems plus
de terrain à mettre à couvert des crues de ce
fleuve. J’ajoute que les cônfîdérations qui ont réglé
le choix des empiacemens delà levée font les
preuves les plus convaincantes de la régularité
des formes qu’ ont prifes les croupes de la vallée
& de fes plaines fluviales} formes qu’indique toujours
la fituation du canal a&uel.
Je^remarquerai i c i , par occafion, que la levée
paroît être dans certains endroits trop affujettie
aux contours du dernier lit de la Loire} ce qui lui
fait préfenter fouvetit le glacis dans certaines parties,
perpendiculairement à l’aèlion de l’ eau courante.
Si l’on eût tracé ces parties en ligne droite,
les faces de la levée n’auroient jamais éprouvé
que l’effort latéral, qui eft toujours plus foible que
le premier.
La levée d’Amboife à Tours fe rapproche des
bords de la droite de la vallée, au pied defqueis la
Loire, réunieà la Branle, s’eft portée à trois quarts
de lieue avant Tours} aufli ces bords redeviennent
ils efearpés & coupés à pic. Ceux de la gauche,
en s’éloignant,s’abaiflent, & fe perdent dans
le lointain pour fe réunir à la plaine fluviale, qui
s’ élargit beaucoup à Tours, parce qu’elle eft l’ouvrage
des eaux réunies de la Loire & du Cher.
Nous nous étendrons par la fuite, & à l’ article
T ours, fur les différentes formes des bords de la
belle vallée où fe trouve cette v ille } maintenant
nous revenons aux environs d’Amboife.
Le bord de la gauche de la Lo ire , fur lequel
eft placé le château d’Amboife, eft une maffe de
pierres calcaires grifes & tendres, dans laquelle
fe font des excavations & des logemens fouter-
rains. On y remarque à certaines couches des rangées
de filex d’une forme très-bizarre, & qu’on
nomme chenards dans le pays. Ces filex font affez
femblables à ceux qu'on voit dans la craie : ils
ont feulement une croûte non encore filifiée, plus
épaifleymais leurs formes font à peu près les
mêmes, ainfi que leur difpofition, par rangée*
fuivies &: horizontales : outre cela on remarque
; fur les parties éclatées de ces filex des taches blanches
& noires, mais aucune trace de corps ma