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fond au fe u , & en y joignant une dixième partie
de poix on forme un ciment ou maftic qui dure
éternellement dans l'eau, & qui y e ft impénétrable
; mais il ne faut pas qu'il Toit expofe à fec a
l'ardeur du foleii, parce qu'il mollit au feu, &
durcit au froid. Ces deux mouvemens alternatifs!
le détachent à la fin de la pierre, & la foudure du
joint ne tient plus à l'eau : c ’eft de ce ciment que^
le principal baffin du Jardin du Roi a été réparé
en ï 74.3. (Depuis ce rems il ne s’eft point dégradé.)
C'eft pareillement de ce maftic ou ciment
que l’on a réparé les baflias de Verfaiiles, de La-
tone, de l'Arc^de-Triomphe.& les autres* même
le beau vafe de marbre blanc qui eft dans le parterre
du nord >à Versailles, fur lequel eft en relief
. le fa cri fice ; d’Ip 1 vigén ie.
En féparant les bitumes de la pierre à chaux,
:iîs fe trouvent pareils à ceux- que l'on exploite actuellement
en Alface.; mais la réparation en eft
beaucoup plus difficile, parce quelles petites parties
de la pierre >à chaux font lî'fines, qu'on ne
peut tirer l'huile pure que par l'alambic,, ,au lieu
que les‘bitumes d’ Alface, qui.ont filtré dans un,
banc de: fable,.quittent facilement.le fable , dont*
les parties font lourdes : ce fable,, dé taché, par
l ’eau bouillante, fe précipice au fond de la chaudière,
où.if r é f te .b la n c l 'h u ile qu’ ileontenoit,
fumage & fe fépare fans peine de l'eau. Pour dire
tout icecque J':on ;£aic de la mine de Neuchâtel,
c'eft dejcelle-rlà que M. de Ta Sablomûere a fait
de pi ffafphal ce avec : lequel, il a caréné, en 1740,
le 'Maxs :&,ladlefiomméc , vâ.\{ïe3LUX. de lacompa-
.gniejdes Indes y qui font partis de l'Orient, le premier
pour Pondichéry, & le fécond pour.Bengale.
ill eft vrai que ces deux vaifleaux-onti perdu une
partie de leur oarêne dans le voyage j mais ils font
•revenus à lîOrient moins ipiqués de<vers que les
autres ■ vaiffe.aux , qui a voient eu la catêne ordinaire.
Il n’eft :pas : néceftaire d’en dire davantage
fur ia'mine d e ’Neuchâtel.
11. Afphdlùe de iBaJfe-. Alface.
Hevenons^.la mine d’Alface : le bitume y r é -
iide entre deux lits d'argile. Ce qui donna lieu à
la découverte de cette mine à'afphaite eft une
.‘fontaine dont d’eau , quoique c la i r e l im p id e ,,
fonroit un .peu de ^goudroiK, parce qu’elle étoit
chargée-de parties, bitumineufes : il s’élevoit à la
furface de cette eau un bitume noir., une huile
rouge iqui Turnageoit en plus grande abondance
pendant: l'été qu'en hiver. On pouvoit en recueillir
dix d douze livres par jour : e'-eft.ce quiavoit
fait donne r i. cette foncainele nonide Buckelbroun
ou fontaine de -poix, ~:La mine qu'on: fouille , «*é-
•tend à «fix lieues à la ronde. :Lës.’veines d’afphalte
qu’on rencontre dans cette circonférence ont
quelquefois dix pieds d’épaifleur teiu certains endroits
, dont les unes font à trente ,/& les autres
foix-ante pieds de profondeur.
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Après cês confidératiqns générales fur la mirte de bitume d'Alface, nous allons fuivre M. de la
Sablonniere dans l’expofition de fes travaux.
« Parmi plufieurs auteurs anciens qui ont écrit
; fur les qualités & les propriétés des eaux de la
fontaine de Backelbroun , on doit diftinguer le
fameux dotteur Jacques-Théodore de Saverne ,
médecin de la ville de Worms, lequel en fait lin
éloge infini : fou livre eft en allemand, imprimé
s à Francfort en 1588 ; il traite des bains & des
1 eaux minérales, & dit dés chofes admirables de
la fontaine nommée Backelbroun. Il eft vrai que les
! eaux de cette fontaine ont de grandes propriétés,
' & que tous les jours elles opèrent des guérifons
furprenantes : les gens du pays en boivent avec
confiance quand ils font malades. Si cette fontaine
s’étoit trouvée à portée de la ville de Londres
quand les eaux de goudron y ont eu une fi grande
vogue * fes eaux feules auroient fait un revenu
confîdérable. Il eft confiant que c'eft une eau de
goudron naturel, qui ne porte avec elle que des
parties balfamiques : elle fent peu le goudron ;
elle eft claire comme l-eau de roche, & n'a pref-
que pas-de fédiment ; cependant elle réchauffe
Péftomac, tient le ventre libre, & donne de l’appétit
en en buvant-trois ou quatre verres le matin
àjêun : il y a des gens qui n'en boivent jamais
d'autre, & fe portent à tmerveille. Les bains de
cette-eauTont très-bons pour la gale & lesf maladies
de la peau.
<»» C ’eft cette fontaine qui a indiqué la mine
d’ajpkalte dont1 nous venons de parler ; elle charte
datis-Tes canaux fouterrains un bitume noir Si une
huile*rouge, qii'élle pouffe de tems en tèms à la
fuperficie des eaux de fon baffin : on les voit monter
'à-tous motnens former des bouillons : ces
hiiîles & ces bitumes s'étendent fur l’eau, & on
en peut ramafler tous les jours dix à douze livres,
mais plus en été qii’ en hiver. Quand il y en a peu,
& que'le foleii donne fur la'fontaine, ces huiles
ont -toutes les couleurs de Tarc-en-ciel ; ce qui
fait croire que -fi elles fe'répandoient fur des tufs
durs & propres- à fe pétrifier, elles les veinreroient
comme des marbres. Le baffinde cette fontaine a
douze pieds de diamèrre-dans.un fens, fur quinze
dans un autre : c’eft une efpèce de puifard, qui
eft revêtu entièrement de bois de chapente ; il a
quarante-cinq 'pields de profondeur. La tradition
du pays, dit qu’il a-été creufé' dans l’efpérance d'y
trouver une mine de - cuivre f& d-atgent : on én
trouve effectivement des indices, par fes marcaf-
fites qui font au fond de la fontaine. M. de la
Sablonniere l’avait vider î l ’ouvrageen: bois étoit
fi ancien & fi pourri, qu’une partie a croulé avant
que la fontaineairété remplie, de nouveau ; elle
coule cependant à l'ordinaire. & jette Ton bitume
♦ comme auparavant.
oD^A-cenr foixante toi fes de cette’fontaine , au
nord, M.de la Sablonniere4 fait creufer un pui-
fard de quarante-cinq pieds de profondeur y qu’il
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a fait revêtir en bois de chêne : il s’y eft rencontré
plufieurs veines d'afphalie ou bitume, mais peu
riches. Celle qui s'eft trouvée à quarante-cinq
pieds eft fort graffe ; elle eft en plature , mais cependant
ondée dans fa partie fupérieure , c’eft-à-
dire , qu’elle a quelquefois fix pieds d'épaifleur,
& quelquefois elle fè réduit à moins d’un pied,
puis elle augmente de nouveau : fa bafe eft toujours
fur une ligne droite horizontale de l'eft à
l’oueft, & qui plonge du midi au nord. A fa partie
fupérieure eft une efpèce de roc plat, d'un pied
d’épaifleur, par feuillets comme l'ardoife ; il tient
par-deffus à une terre glaife qui reffemble affez à
la ferpentine.
» A fa partie inférieure fe trouve un fable rougeâtre,
qui ne contient qu’une huile moins noire
que celle de la mine, plus pure & plus fluide, mais
qui a cependant toutes les mêmes qualités : ce
fable ronge fert à faire l’huile de pétrole , de
même que le rocher qui fe trouve hors de terre,
& qui a la même couleur.
» Pour donner une idée de cette mine , il eft
néceftaire de dire quelle eft d’ une étendue im-
menfe, puifqu'elle fe découvre à près de fix lieues
àTa ronde. Depuis l'année 1740, que M. de la
Sablonniere y a fait travailler, on n’en a pas vidé
la huitième partie d'un arpent à un feul li t , qui
eft actuellement de foixante pieds environ plus
bas que la fuperficie de la terre, & l’on n'a pas
touché aux trois lits ou bancs qui font fùpérieurs
à.celui où l’on a travaillé : ce lit eft de foixante*
pieds plus élevé que celui que l’on a découvert
au fond de la fontaine dite Backelbroun , & il s'en
trouve deux lits entre l'un & l'autre; mais il y a
grande apparence qu'à plus de cent pieds au def-
fous de ce dernier li t , on rencontreroit plufieurs
bancs infiniment plus riches & plus gras : on en
juge par ce qu’on a découvert avec la fonde, &
par l’huile que cette fontaine charie au fond de fa
fource : on y trouve auffi quelques morceaux de
charbon de terre, qui font foupçonner qu'on en
decouvriroit.de grandes veines à mefure que l'on
s’enfonceroit.
» On obferve dans ces mines, que le bitumeje
renouvelle1, & continue de couler dans les anciennes
galeries, que l’on a vidées de mine 81 remplies
de fable &r d'at^rts décombres : ce bitume pouiTe
en montant, & non en defcendant; il pénètre plus
facilement dans le fable que daris la glaife , &
coule avec l’eau partout où elle peut paffer ; ce
qui fait que, plus la mine eft riche, & plus on eft
incommodé par les* fources. Pour remédier à cet
inconvénient, qui eft coûteux , on a pris le parti
de fuivre une route oppofée dans le travail : les
galeries ayant été conduites d'abord du midi au
nord. qn a fait des parallèles du nord au midi. On
a eu pair ce moyen beaucoup moins de frais : la
mine plongeant au nord,-eh fuivant la ligne du’
midi, lesU-aux ont coulé naturellement dans les
puifards.
»Pour tirer de cette, mina une forte? d’o in g
noir, dont on fe fert pour graifler tousJes'xouaT
ges, il n'y‘a d'autre manoeuvre que.de.* faire bouillir
le fable de la mine pendant une: heure: dans
l ’eau t cette graifle m onte, & le labié relie blanc,
au fond de la*chaudière.-Ou met cette graifïe. fans:
eau dans une grande- chaudière^ de; cuivre , pour
s'y affiner & évaporer l'eau qui peut y êtreireftée-:
• de la première opération.
» Oh tire du rocher & de fa ; terre rouge, une
huile noire j liquide & coulante, qui efbde l’huile
de pétrole : cette opération fe fait par le moyen
d'un feu de dix à douze heures* La mine ou le ro—
jcher fé met dans un grand fourneau derfer bien
liitéi, Si coule per defcenfum : on peut faire de ces
huiles en grande quantité.
j » L’huile rouge & l'huile blanche font tirées ptr
lafienfunty & font très*utiles en médecine, & for-
tout en chirurgie, pour guérir les uleères>&s tourtes
les maladies de la peau. » B i t u m e *ô*
j Pis s a sph a l te . )
N°. IV . Afp halte dé l'ancien diocefe d’Alals. ■
Cette matière bitumineufe eft fort abondante
dans une contiée de l’ancien dioGèfe.d’Alais : on
’ y voit régner auprès de Servas, fur unecolliiie
i d’une grande étendue , un banc de pierre, dans
d'état-de marbre:, qui pofe fur un,lit de- terre^c.
: qui en eft couvert. Ce marbre effi naturellement
; blanc ; mais fa couleur eft:fi Tort altérée par.l'uz/^
[phalte qui le pénètre^ qu’il e ft, . vers Ta furface
fupérieure, d’ un brun-clair;, enfuker.rèsrfoncé:,
i à ,mefure que le-bitume approche du bas; du rov
cher. L e terrain de- delfous.n'eft.pas-pénétré; d®
‘ bitume, à l’ exception des endroits.où la:tranche
du banc eft expofée? au foleii : il enidécoule en
été du bitume qui a là couleur & la confiftance.de
ila>poix noire végétale : il enTurnage fur/leseaux
' d’une fontaine yoifine ; ce qui lèur communique
un gcût déTagréable. On leur attribue, des. qualités
médicinales, qui ne font point dermon
i objet:
Dans le fond de quelques ravinsi, & audéftbus.
du banc pénétré d'afphalte 3 on voit des lits alternatifs
de Table 8f de charbon de pierre , tous parallèles.
à l’horizon. Les matières fabloneufes ne-
.font guère liées enfemble : on y voit parmi un
.‘grand nombre de petits turbinites entiers & peu
1 a Itérés. Les couches de charbon ne font mêlées
id’-auçune> matière étrangère : leur.furface eft feu-
'lement couverte d’une légère couche de coquillages
tout- écrafés & aplatis, & qui malgré cela
^ont confervé leur vernis naturel.
| 11 ne faut pas-confondre ce.* charbon.foflile ,
qu’on prendroit pour du bitume de Judée1, avec
r i e charbon de terre. Le charbon foffile flambe
beaucoup plus* que l’autre, & donne une odeur
l'fétide & approchante de celle de la poix brûlée,
j I & toute pareille à celle de Yafp/uilte du banc de