
cotrrni« 1-; s écureuils 5 ils ont les bras fi-forts, qu'ils ;
peuvent tirer avec un arc qu'un fort Norvégien
pourroit à peine bander 5 mais pareffeux jufqu’à
1’engourdiff ment lorsqu'ils ne font pas aiguillonnés
par la néoeflité, ilsfont pufillanimes,& fen-
fibles jufqu’à l'état d'hypocondriaques. Avec quelque
s'variations & quelques exceptions très-tares,
teis font les habitans de toutes les côtes arctiques
de 1 .Europe de l'Afie, de l'Amérique ; ils for-
men1 , quant à l’efprit & au corps, une t.aoe drf-
tin<5fce , qui ne paroît pas être provenue des nations
voiffoes, qui font plus fortes -& plus vigoureufes.
Les côtes à l ’eft d’Archangel, jufqu'à la rivière
d'Oby , & même -jufqu’à Lanabarafont habitées
pr.r les Samoïèdes , raceanffi -naine que les Lap-
poos , mais plus difforme & plus brute ; ils fe
nourrirent de cadavresdechevaux &.d’autres animaux
; ils fe fervent de rennes pour tirer leurs traîneaux,
mais ils ne fe font pas encore avifés d'en
tirer du lait : ce font les vrais Efquimaux du Nord ;
ils occupent la partie la plus inculte de l'intérieur
des terres.
Après eux fe trouve à l’eft une race de moyenne i
taille , &r, ce qui eft bien extraordinaire, au lieu
de trouver la dégénération, il exifte dans les |
Tfchutski une foperbe race d’hommes, fous un i
climatégalement rigoureux, fur un fol aiaffiftérile i
en productions nécefFaires à la v ie , qu'aucune au- I
tre partie de ces régions arctiques. Les moeurs de i
toute cette race font fauvages : leur manière de j
vivre & dégoûtante au-delà de ce qu'on*peut ima- ]
giner.;( V^oye^ Varticle des T s c h u t s k i . )
La prefqu'tle & le pays à l'oueft de Xarrvtz-
chatka font habités par les Koriaques, qui fe di-
virent en errons ik en fixes. Les premiers mènent !
une vie vagabonde dans la contrée bornée par la
mer de Penfchinska au fud-efl, la rivière Konyma
à l’oueft, & l’Anadyr au nord; ils errent avec leurs I
rennes , cherchant les cantons où croît la moufle,
qui fert dé nourriture à ces animaux, leur unique ;
reflource ; ils font fales , cruels , guerriers , & la
tetreur des Koriaques fëdentaires, autant qu'ils
redoutent les Tfchutski; ils ne’fréquentent point
la mer, ite ne mangent point de poiffon. Leurs ha- I
bitat'ions font-des logerrrens à demi-enfoncés dans j
3a terre : jamais-ils n'ont des logemens d^écé, éle- !
vés fur des poteaux, comme ceux des Kamtzcha- ;
•dales :11s font maigres, de très-petite taille, ont
de ’petites .têtes , -des cheveux noirs. Leur vifage
■ eft ovale, le nez court, les yeux petits & labou- i
•che "grande.
Les Koriaques fédentaires font’petirs aufli, mais
plus grands que les premiers, & fortement char- .
pentes ; ils habitent le nord de la prefqu'île de
Kamtzchaika. L’Anadyr eft aufli leur limite au nord,
l ’Océan à l’eft, & les Kamtzcha dales an midi : ils
.ont très-peu de rennes, qu’ils attèlent à leurs traî-
-neaux. Aucune des deux tribus de Koriaques n’eft
biffez eivilifée pour tirer de leurs rennes les fervi-
jees1 de la laiterie. Lesfédentaires vivent entière -
i ment de poiflbn;} ils font extrêmement timides,
& vivent avec leurs confrères errans dans la plus
grande dépendance. On croit que ce font originairement
des Tartares qui fe font répandus à l'eft
de l'A fie , & qu’ils ont dégénéré, foit pour la
\ taille &■ la force du corps & de Tâme, par la rigueur
du climat & la mauvaife nourriture. J
Au détroit du Prince-Guillaume , Tefpèce humaine
eft en général au defliis de la taille commune
j maisplufieurs font au d©flous; ils font carres
-fortement charpentés, avec une large poitrine.
Leur tête eft d’une largeur qui fort, des proportions
; la face eft plate & large , le cou épais &
court; les yeux font petits, en comparaifon de la
largeur du vifage; les cheveux longs, épais, noirs
& crépus. Leur phyfionomie eft fort reffevnblante’
a celle des Crifiinaux, nation qui vit fort avant
dans l’intérieur des terres, entre le grand & le
petit lac Ouinepique. Au contraire , comme nous
le verrons par la fuite, les habitans de Nootka ,
dans leur ftupide ignorance, reffemblent aux Affi-
niboiles qui font établis dans la partie occidentale
correfpondante, & ces deux nations pourrorent
provenir d’urie fouche commune avec les tribus
maritimes de la côte occidentale de l’Amérique.
Dans ces parties, à la diftance de dix. degrés,
on remarque que les vêtemens &: les manières de
vivre ont éprouvé de grands changemens. Le fur-
tout & le manteau font ici remplacés par ùn juftau-
corps fait de la peau de différens animaux, ordinairement
le poil tourné en d eh o r so u de peaux
d'oifeaux, auxquelles -on ne laiffe que le duvet.
Quelques-uns ont un bonnet, d’autres un capuchon.
En tems de pluie ces peuples portent un
-vêtement femWable à la capote ou bloufe de nos
charretiers, avec de larges manches & un collet
fort ferré ; il eft fait de boyaux »probablement de
la baleine : ils portent toujours aux mains desmitaines
de la peau des pattes d’ours. Les jambes font
couvertes d’un bas qui monte jufqu'à la moitié de
la cuiffe. C ’eft ici le feul canton où l’on ait obfervé
le calumet, bâton de trois pieds de long, avec de
darges plumes : ce bâton eft préfenté en ligne de
paix.
Nous .n’oublierons pas leur coutume étrange de
fe fendre la lèvre inférieure, & de placer dans
rcette fente un morceau d’os ou de coquille, en
forme d’ ornement : cette coutume s'étend juf-
qu’aux Mofquites, très-êloignés d’eux, & même
jufqu'aux Bréjîliens. -Ces habitans peignent leur
vifage, & pointillent ou tatouent leur peau 3 ils ne
-fe fàliffent ni de graiffe ni de boue, & en cela ils
-font une exception unique parmi les autres Saunages.
IL ont deux fortes de bateaux : les uns largos
, ouverts, & capables de contenir vingt hom-
«nes.; ils font faits de peaux d’animaux marins ,
■ tendues fur des côtes de bois, comme les vitilia
movigia des anciens ^Bretons, ou femblables au ba-
-teau de femme desGfoè'nlandais & desEfqurmaux.
-Lescanots font exâélement de la même conftruétlon
que ceux des Efquimaux. Leurs armes pour la 1
pêche & pour la chaffe des quadrupèdes font les
mêmes que celles des Groënlandais ; elles font
aufli en même nombre.
Les habitans des bords de la rivière de Cook
diffèrent très-peu de ceux dont nous venons de
parler. Ceux de la péninfule d’ Alafchka & des îles
voifînes ont beaucoup de reflemolance avec les
Groënlandais, dont ils parlent le langage; ils ont
aufli le bateau de femme comme les habitans du dé- j
troit du Prince-Guillaume, & dans \e fait ils pa- i
roiffent être'le même peuple, mais plus raffiné ; ils
font armés de piques, d’ arcs & de flèches. Leurs ,
logemens font divifés en compartimens pour cha- ;
que famille : l'entrée du jour eft par le haut, &
cette ouverture eft couverte de châflis, fur lef-
quels font étendues les membranes d inteflins fé-
chées ; ils travaillent leurs tapis avec beaucoup
d’adreffe : un des côtés eft garni de poils de caftor
très-bien ferré dans le tilïu.
Les naturels d’Oonala'ki & des îles voifînes'
reffemblent aux Efquimaux dans leurs habillemens
& dans leurs armes ; leur langage même eft un dialecte
de cette race. Ils font en général plus petits
que grands ; ils ont le cou court, des yeux & des
cheveux noirs. A Oonalaska ils portent des plumes
ou. de petits morceaux de bois pendus à leur nez.
Les femmes fe tatouent légèrement la peau du
vifage , & portent un rang de grains pendans à
leur nez. Les deux fexes fe percent la lèvre inférieure,
mais il eft fort rare qu'ils y attachent un
bout d’os : on n'a vu ces ornemens qu’aux femmes.
Les ornemens du uez s'étendent fort loin dans
^intérieur du continent.
Ils logent dans des habitations fous terre. Plufieurs
familles fe raffemblent dans une feule, où
ils vivent tous pèle - mêle .dans une horrible
faleté.
La côte de la baie & de la rivière de Briftol eft
bien peuplée. Les hommes ont environ cinq pieds
deux pouces, & reffemblent, par leurs principaux
traits, à tous les naturels vus depuis le détroit de
Nootka; ils ont deux trous à la lèvre inférieure.
La couleur de leur peau eft cuiviée ; leurs cheveux
font noirs & courts , leur barbe petite, &
leur langage un dialeéte de celui des Efquimaux.
Leur habillement confifte principalement en peaux
de daim, avec de larges capotes qui ne defeendent
pas plus bas que la moitié de la cuiffe , oùtelles
font prefque jointes par une grande botte très-
large dans la partie fupérieure : ils on t, comme;
tes Efquimaux, le bateau de femme ; ils l’emploient
contre le mauvais tems pour fe mettre à l’abri def-
fous. Leurs hutres* font crès-mal conftruites. Ces
pauvres gens font, fufceptibles d’éprouver, pour
les infortunes les unsides autres, une grande feiv-
fîbilitév
* Les habitans des: côtes occidentales de l ’Amérique
ne font pas les defeendans d’une feule race.
Différens peuples, à différentes époques, y font
arrivés ; mais’comtne elles n’ ont pu recevoir leurs-
habitans,.au moins leur maffe principale , d’aucun
autre endroit que de l ’Afie orientale, il eft facile
de retrouver les races primitives en comparant;
les coutumes 8e les vêtemens communs aux habitans
des deux mondes. Quoique quelques-unes
aient été éteintes depuis long tems dans l’ancien
continent, d’autres fe confervent encore en pleine
vigueur dans les deux mondes. Nous ne parcourrons
pas ici tous ces traits de reffemblance. Nous
nous bornerons à ceux qui conviennent aux peuples',
arftiques, qui nous occupent dans cet article-
Nous avons vu que, vers le détroit du Prince-
Guillaume, commence une race q ui, par la forme
de fes vêtemens, par lès canots dont elle fe fert,
& par fes inflrumens de chaffe , eft très-diftinguée>
des tribus établies à leur midi. Là commence le>
peuple des Efquimaux ou la race connue fous ce
nom dans les hautes latitudes-, du côté oriental deî
l’Amérique. On a vu qu’on pouvoir les divifer en;
deux variétés. Près du détroit dont nous venons
de parler font ceux de la plus haute taille; elle
décroît à mefure qu’on s’avance vers le nord, jufqu’à
devenir celle des tribus naines qui occupent
une partie des côtes de la mer Glaciale, comme
nous l’avons dit à cet article, & les parties maritimes
de la baie d’Hudfon, du Groenland & de la
terre de Labrador, comme nous le verrons par la
fuite;
Une carte, japonaife marque quelques îles qu'elle
paroic placer dans le détroit de Bering, auxquelles
elle donne le nom de royaume des nains. Cettô
particularité nous autorife à fuppofer que les Ja ponais
avoictvt rencontré les Efquimaux, &qu'ite
avoient hiverné dans le nouveau continent. La
raifon d e la petiteffe de leur taille fe tire du cli-*
mat. très-rigoureux qu’ils habitent , & de la difecte
d’une bonne nourriture.
Les Groënlandais fe parent du nom d'hommes
par excellence, comme s’ils étoient les modèles de la
race humaine, tandis qu’il en eft peu qui atteignent
à, la taille de; cinq pieds mais ils font d’ailleurs
très>bien faits. Leur chevelure eft longue & noire,
leur vifage plat, leurs yeux petits : ils font une
branche des Efquimaux, race petite & abâtardie ,
qui borde toutès les côtes arbtiques ÿ ils tirent leur
origine des Samoïèdes afiatiques, qui, en paffant
dans le Nouveau-Monde, ont formé une ceinture
le long de la côte occidentale & feptenttionale de
l'Amérique, depuis le détroit du Prince-Guillaume,
jufqu'à la partie méridionale de la terre de
Labrador , à l’orient ; ils ont circulé par degrés
dans leurs petits canots, jufqu’à ce qu’ ils foient
parvenus au terme de leur dégénération en Efquimaux
& en Groënlandais. Un peuple fembîable a
été vu en différens endroits, depuis ie détroit du
Prince-Guillaume, jufqu’au nord du détroit de
Bering : M. Hearne les a retrouvés à la latitude de
foixante-douze degrés nord. Suivant le rapport
des- Groënlandais. de la baie de Difco, il y a d©