
que le limon du fleuve, lois des inondations, re- i
couvre périodiquement fur une largeur très-con-
lidérable. En approchant de la mer fes eaux le
réparent en différens canaux, dont le nombre, le
l i t , la grandeur, varient d’une année à l’ autre,
fuivant 'le dépôt & l’accumulation fortuite des
arbres que le fleuve charie en abondance, & les
dépôts tle fables qui fe forment fort promptement
fur ces noyaux.
• Ce beau fleuve peut, fous plus d’un rapport,
être comparé à celui qui arrofe l’Egypte : l’ un 6c
l ’autre ont des embouchures nombreufes & variables.
Les inondations du Nil produifent la fécondité
de l’Egypte} celles du Mifliflipi aflureront
une fertilité non moins grande aux plaines im-
menfes qui le bordent, & qui n’attendent que la
population & l’ induftrie qui doit venir à la fuite. \
Le golfe du Mexique enfin peut être confidéré i
comme la Méditerranée de l'Amérique. Mais dans
les tems à venir le Mifliflipi aura fans doute, fous
l ’empire des Français, un grand avantage fur le
fleuve d’Afrique. Le commerce, les richefles &
la pui (Tance au continent feptentrional doivent
un jour fe concentrer fur fon cours, & y trouver
des moyens de profpérité dont on ne voit pas le
terme.
U Ohio eft une très-belle rivière, furnom qu’on
lui a donné même dans les cartes : elle eft formée
par l’Allegany & la Monongahela. Il coule du nord-
eft au fud-oueft, & parcourt, dans tous fes détours,
une diftance de mille cent quatre-vingt-
huit milles avant de fe jeter dans le Mifliflipi. Sa
largeur varie , depuis cent cinquante jufqu’ à fix
cents toifes. Tout fon cours fe trouve compris
entre le 41e. & le 37e. degré. Le climat, le fol,
l'afpeét de fes bords, la clarté, la profondeur de
fes eaux, la douceur de fon courant, fe réunifient
pour rendre fa navigation aufii agréable qu’elle
eft facile & fûre : elle n’eft interrompue que par
les rapides de Louifville, qui exigent un portage
très - court j elle offre un écoulement prompt &
réglé des denrées furabondantes des établiflemens
qui s’accroiflent journellement fur fes bords,ainfi
que dans le voifinage des nombreufes rivières qui
lui apportent le tribut de leurs eaux.
Le Mifliflipi & toutes les rivières qui y affluent
au defliis de l’Ohio arrofent à peu près lès cinq
huitièmes des Etats-Unis, & de ces cinq huitièmes
l’Ohio & fes eaux en arrofent les deux huitièmes.
Aux confidérations générales fur les avantages
qui doivent réfulter, pour les Etats-Unis, de la
navigation des eaux de l’oueft, on doit ajouter le
tableau des communications que la nature a établies
, ou dont elle a ménagé la facilité entre ces
eaux & l’Océan atlantique : elles font au nombre
de quatre principales j favoir : la rivière d’Hudfon,
la Patowmack , James - River & le Saint - Laurent.
Toutes les denrées du pays compris entre le Mif-
fiflipi , l’Ohio & les lacs peuvent arriver à ces
débouchés par des portages très-courts, qui féparent
les têtes des rivières des Illinois, Wabash ,
Mufchingum & Miamis, des eaux des lacs Michigan
& Èrié. Le faut de Niagara exige un portage
de huit milles. Depuis le lac Ontario jufqu’à Al-
bany, fur la rivière d’Hudfon, on trouve encore
quatre portages : le premier, d’un quart de mille,
fur 11 Onondago y près d’Ofwego ; le fécond, de
deux milles , depuis Woodcfeek à la rivière de
Mohawk ; le troifième, aux petits rapides de la
Mohawk, d’un quart de lieue, & le dernier, de
feize milles, de SheneBady à Albany.
La route que nous venons d’ indiquer eft de
huit cent vingt-cinq milles, depuis l’embouchure
de la Cahiahoga, dans le lac Erik, jufqu’à New-
Y o rck , & les cinq portages qu’on y rencontre
ajoutent à l’ incommodité & à la longueur de cette
navigation. Celle qui joint le lac Erié à la Patowmack
eft prefque de moitié moins longue, & ne
demande que deux portages ! le premier , depuis
la tête de la Cahiahoga à celle de Big-Beaver, qui
fe jette dans l’O hio, portage qui peut être fup-
primé par un canal : le fécond, depuis les eaux
lüpérieures de l’Ohio, la Youhogany à la Patowmack,
fera de quinze à quarante milles, félon les
travaux qu’on fera pour le raccourcir. On peut
encore communiquer de l’Ohio à James-River,
en remontant le grand Kanhava, Green- Brier,
Howard-Creek. De là , par un portage confidéra-
b le , mais qu’on peut raccourcir, à Carpanter's-
Creek & Jacfon s-River, d’où la navigation fouffre
encore deux interruptions par les rapides avant
d’arriver à Richmont, qui eft au deflusdes chutes. -
Enfin le débouché de tout le voifinage dès lacs
par le fleuve Saint-Laurent, eft bien connu. Les
avantages de cette navigation font particuliers au
; Canada, & d’ ailleurs compenses par l’inconvénient
des glaces qui la ferment pendant trois ou quatre
1 mois de l’année. La même circonftance contribue
encore à donner de l’avantage aux deux routes du
fud fur celle de la rivière d’Hudfon, qui prend fa
fource aux environs du lac Champlain.
Rivières de la Nouvelle-Angleterre.
Les grandes rivières de la Nouvelle-Angleterre
font : la Penobfcot, la Kenobek, VAmerifcoggin, la
Saco , la Merimack, la ConneBicut, la Honfatonick
& la rivière d’ Onion. Parmi plufieurs de ces rivières,
qui font côtières, je diftinguerai ici la Connecticut
, dont le cours eft le plus étendu, & qui
traverfe l’ intérieur des terres, & qui a fon embouchure
dans la baie qui baigne la côte fepten-
trionale de Long-lfland.
Rivières de Vermont.
■ Les principales rivières de cet Etat font celles
de Michifcoui , la Moille , Onion, Otter - Creek ,
Weft-River, Blac-River & plufieurs autres peu
confidérables, qui fe jettent dans la Conneéticut.
Otter-Creek eft navigable pour les canots dans une .
étendue de cinquante milles. Ses fréquentes inon - i
tions répandent le long de fes bords un limon 1
gras, très-favorable pour les produit.ons de la j
culture : outre cela, la plupart de ces rivières
font remarquables par l'abondance & la qualité
du poiflon qu’elles produifent, & en général elles
arrofent des contrées très-fertiles.
Les lacs de Menphremagog &de Willoughby communiquent
par une rivière. Le premier eft le plus
confidérable, & le dernier eft remarquable par
l’excellence des poiflons qu’on y pêche.
Rivières de New-Hampshire.
Cinq des plus grandes rivières de la Nouvelle-
Angleterre ont leur fource dans le New-Hampshire
j favoir : le Connecticut , YAmerifcoggin , la
Sacô , la Merrimack & la Pifcataqua.
La Connecticut prend fa fource entre le diftriét
dg Main & le Canada ; coule d’abord vers le fud-
oueft, puis au fud : elle reçoit, des montagnes du
Hampshire, fept rivières plus ou moins confidérables,
dont quelques-unes arrofent des cantons
très-fertiles, & principalement des prairies.Dans
l’efpace qui fépare les Etats de Vermont & de
Hampshire, la ConneBicut a deux grandes chutes,
à l’une defquelles, Bellows Fail, on a formé des
éclufes.
L’encaiffement étroit de la rivière as deflus de
cette chaîne eft une ma (Te de rochers, qui divifè
le lit de la rivière en. deux canaux ; ce qui a facilité
la conftru&ion d’un pont de bois de trois c en t.
foixante-cinq pieds de longueur. C ’ eft dans ce lieu
que les pêcheurs fe fufpendent pour prendre le
faumon qui a remonté le courant malgré l’excef-
five rapidité de la chute.
La Merrimack a fon origine dans les montagnes
blanches , & fe jette dans l’Océan à Newbury. ,
Dans un cours de quatre-vingt-dix milles elle re- ]
çoit douze rivières latérales, & fa navigation fe
trouve embarraflee par trois chutes confidérables.
C ’eft fur ces chutes qu’on s’eft furtouc attaché à
conftruire des ponts de bois.
A l’endroit où la Contoo-Coock fe jette dans la
Merrimack, on voit une petite île célèbre par l ’ action
courageufe d’une femme qui tua huit fauvages
qui l ’avaient enlevée..
Le cours entier de la Pifcataqua fe trouve renfermé
dans le New-Hampshire, qu’elle fépare du
diftriél de Main. Sa fource eft dans les environs
deVakefield, d’où elle coule l’efpace de quarante
milles au fud-fud-eft, jufqu’à la mer, en recevant
plufieurs rivières, & changeant plufieurs fois de
nom. Son embouchure s’ unit près de la mer à un
grand nombre de baies, où la marée pénètre abondamment.
Les principaux lacs du New-Hampshire font
ceux de Vinipifcoggée, de Squam , de Sunnapée,
d‘ OJfapée. Le premier eft le plus confidérable : il
a environ cinquante milles de circuit j fa navigation
eft facile, & même la communication eft très*
aétive entre les villes qui l’entourent, au moyen
des traîneaux, pendant les crois mois que la glace
le recouvre.
Rivières du dijirict de Main.
Sur deux cent quarante milles.de côte s , le djf-
tridt de main offre un grand nombre de ports fius
& commodes. Les rivières y font aufli en grand
nombre. La Penobfcot, la Kenebeck, l’Amerifcoggin
& la Saco font les plus confidérables. La première
prend fa fource dans les montagnes qui bornent
le Canada, & à vingt milles feulement du point
de partage des eaux qui coulent dans le fleuve
Saint-Laurent. Sa navigation eft coupée par une
chuté qui eft à cinquante milles de la mèr. Son
cours eft navigable pour les bateaux dans un efpace
de treize milles. Enfin, depuis le point où là marée
eft fenfible, jufqu’ à la mer, c’eft-à-dire, dans
un efpace de cinquante-cinq milles, les. vaifleaux
de trente tonneaux y naviguent fans obftacles.
La Kenebeck, plus confidérable encore, prend
fa fource dans la même chaîne de montagnes, près
de la rivière Chaudière > qui coule dans le Saint-
Laurent. Les vaifleaux de cent cinquante tonneaux
la remontent à quarante, milles.
| UAndros- Coggin, qui prend fa fource dans les
| montagnes blanches, n’eft en quelque forte qu’ une
! branche dans laquelle elle fe jette à vingt mifes
! de la mer.
La Saco ne peut être remontée qu’à fix milles
de l ’Océan : la chute qui barre la navigation à cette
diftance eft garnie de moulins à fc ie , qui débitent
: en planches les fapins flottés que la rivière apporte
de très-loin. Parmi les nombreufes baies qui gar-
nifient la côte, celles dePenobfcot & deCafco offrent
les ancrages les plus fûrs & les plus étendus.
Rivières de Majfachujfets.
Les rivières que renferme cet Etat fon t, i° . la
Honfatonick, qui prend fa fource dans fa partie
occidentale, & fe dirige vers le fud en traverfant
Connecticut pour fe jeter dans le détroit de Long-
I f and i 1°. la Deerfield, qui fe jette dans la Con-
neâiicut, eft remarquable par la beauté des prairies
qui bordent fon canal, 3®. la ConneBicut, qui traverfe
l’Etat deMaffachuflets, éprouve deux chutes
fur cet E ta t, l’une près de Deerfield, l'autre entre
Northampton & Springfield : on fe propofe d’établir
des éclufes fur ces chutes j 40. la Merrimack,
qui eft navigable pour les plus gros vaifleaux l ’efi-
pace de vingt milles depuis la mer. A cette diftance
fe trouvent les premiers rapides qui arrêtent
la navigation entre Bradfort & Haverhill. Une
quantité prodigieufe de bois de conftruétion, de
planches, de pieux, de paliflages alTemblés.en radeaux,
franchit tous les fauts de la Merrimack,