
vent & de la manière d’ en reconnoître l’ influence'
& les effets , fuffïra, je penfe, pour mettre chaque
cultivateur inttruit en état de réfléchir fur les
genres de culture les plus appropriés & les plus
convenables à fon pays, tk cela d’après l'expérience
dirigée fur les meilleurs principes. Dès-lors
il fera en garde contre tous ces fyftèmes de cultures
qui embraffent de grandes parties de la Franc
e , & où l’on prétend généraliser des opérations
qui doivent être bornées à des limites très-pré-
:cifes , d’après la reconnoiffance des inconvéniens
- qui fe rencontrent dans le vague des cultures hypothétiques.
Je pourrois mettre de ce nombre la
culture du maïs, qu’on a voulu introduire fans
mefure dans plufieurs pays où ce grain n’ acquiert
"pas le degré de maturité convenable avant qu’il
Toit furpris par les gelées d’automne, qui forcent
à brufquer fes récoltes. Un principe qu’on ne doit
pas abandonner légèrement dans le choix des cultures
, c’eft que celles qui fubfiftent dans un pays,
font les résultats de plufieurs tentatives qui ont déterminé
1 l'adoption des unes & l’exclufîon des
autres.
D’après toutes ces confidérations il paroît qu’en
général il vaut mieux perfectionner les méthodes
de fon canton, que-dé tenter des changemens qui
ne. peuvent être adoptés que d'après des expériences
auffi longues que multipliées : ainli les nouveaux
plans de cultures ne peuvent être propofés
raifonnablement qu’autant qu’ils feront autorifés,
foit par des faits précis, foit par la fcience des
■ abris. ■
• AGRICULTURE. Je ne dois pas m’occuper ici
des différentes parties de cet art fur lefqueîles ôn
a tant é c r it, & fans s’ attacher à cet enfenvble qui
fuppofe des recherches fort étendues fur les ai-
verfes contrées des pays cultivés , pays qui diffèrent
autant par la nature de leurs fols, que parles
formes des terrains & leurs expofitions. C ’ell pour
ramener les obfervateuts à ces vues, que nous
tvons parcouru certains abris & plufieurs climats'
agraires ( voye% ces articles ) , & que d’ ailleurs
nous avons indiqué les météories agraires, les baf-
fns de culture , les différentes natures des terres végétales
natives & adventices, & enfin les températures
convenables aux végétaux & aux animaux
renfermés dans ces contrées. C ’eft en confultant
ce que nous avons dit fur les départemens relativement
aux cultures des grains , des vignes, des
pommiers à c id re , que l’on pourra décider les
vrais degrés de température de quelques grandes
contrées de la France, par ceux qui conviennent
à chacune de ces productions, & furtout par les
circonftances qui concourent à procurer aux fruits
qui font renommés dans ces provinces la plus parfaite
maturité.
Ce font toutes ces confidérations que comporte
la géographie-phyfique j auffi nous avons dû nous
y borner*
A G U À S , peuples de l’Amérique méridionale.
La province qu’ il occupe eft la plus fertile & la plus
étendue de toutés celles que les Efpagnols ont
découvertes fur les bords du fleuve des Amazones :
elle a plus de deux cents lieues de longueur> elle
eft fi peuplée, que les villages fe fuivent à très-peu
de diftance les uns des autres. Le Père d’Acugna-
nous apprend que,dans un bourg de cette nation,
où il s’arrêta pendant trois jours, il fentit un fi
grand froid, qii’ il fut obligé de fe vêtir davantage.
Les gens du pays lui dirent qu’ ils éprouvaient ce
froid tous les ans durant les trois mois de juin
juillet & août. L’auteur qui nous fait part de ces
faits, n’en trouve point deraifon plus naturelle que
celle-ci j favoir : que du côté du fud^ bien avant
dans les terres, il y a une chaîne de montagnes
couvertes de neiges > que, durant ces trois mois ,
lé vent fouffloit de ce quartier-là} ce qui rafrai-
chiffoit l’atmofphère, même dans le voifinage de
la ligne : cela pofé, on ne doit pas être furpris,
ajoute-t-il, fi la terre y rapporte en abondance du
froment avec toutes-fortes de grains & de fruits,
auffi bien que dans la province de Quito, fituée
également fous la ligne, & où l’air eft également
rafraîchi par les vents qui pafient fur les montagnes
couvertes de neiges.
L’habitation des Aguas s’étend fi peu en largeur
le long du canal de la rivière des Amazones, que
de fes bords on découvre leurs villages en terre
ferme. Us ont parmi leurs habitations une infinité
de petites rivières qui fe jettent dans l’Amazone,
& dont ces peuples fe fervent comme d’autant de
canaux pour le tranfport de toutes les denrées
dont ils ont des befoins journaliers. Ainfi la nature
du fol & la diftribution des eaux font également
favorables à cette nombreufe population.
A I , vignoble fameux par l’excellente qualité
de fes vins. Cette réputation m’engage à m’ en occuper
fous deux confidérations fort importantes.
J’indiquerai dans la première l’afpeét & l’expofî-
tion de fes coteaux, qui m’ont paru préfenter.un
abri favorable à la maturité des raifins, fitué à l’extrémité
de la montagne de Rheims, tanta l’ert qu’ au
füd. Dans la fécondé, je ferai mention de la nature
du fol au milieu duquel fe font les plantations des
ceps & leur culture.
On y remarque d’abord une diftinétion de deux
ordres de fubnances terreufes qui compofent la
totalité de la côte : ce font, dans la partie inférieure,
le maflif de la craie qui s’étend fous la
montagne, & vers le haut des lits de terres jaunes,
marneufes, argileufes, mêlées de fables, &c. dont
les eaux entraînent les débris le long des pentes &
en recouvrent le fond de craie. C ’eft ainfi que la
nature elle-même diftribue , dans cette heureufe
contrée, l’engrais néceffaire à ce fond de craie}
& fi les eaux ne réparent pas ce qu’ elles enlèvent
quelquefois, le vigneron y fupplée très-facilement,
loit par les tranfpprts de ces mêmes mélanges
naturels*
naturels, foit par ceux de mélanges fa&ices qu’ il
a foin de préparer d’avance par i’affbciation des
lits de terres jaunes & de fumier ordinaire. (Voyei
les articles Epernay } Hautvillers3 où la conftitution |
générale du fol de cette contrée, relativement à
la culture de la vigne, fera décrite en détail, )
AJACCIO. C ’eft la plus belle villé de toute la
Corfe , tant par fes promenades & par fa fituation,
que par le cara&ère de les habitans. Son port eft
fur, commode, pourvu d’un bon môle : les plus
grands vaiffeaux y abordent fans peine. L’on y
pêche le corail rouge , le blanc & le noir : elle a
enc ore l’ avantage d’avoir un territoire qui produit
d’ excellent vin. On voit , dans les environs de
cette ville, les relies d’une colonie de Grecs qui,
en 16 77, vinrent s’établir dans la Corfe. Cette
colonie avoit prefque triplé avant les malheurs qui
la détruifirent en partie. S i, à l’exemple de Gênes,
la France accordoit un afyle en Corfe à tous les
Grecs qui voudroient s’y réfugier, il n’eft pas
douteux que cette île , dont la population a grand
befoin d’être refaite, ne fe trouvât riche & induf-
trieufe en beaucoup moins de temps qu’il lui en
faudra pour le devenir fi on la réferve exclufîve-
ment pour les naturels du pays. Les Grecs font
encore à Ajaccio, & y vivent dans la mifère : ils
s’attendoient que, protégés par la France, ils ren-
treroient en poffeflion de leurs anciens établifle-
mens. Ils attendent endbre .cette juftice, car on ne
peut pas dire cette grâce. Ils ont confervé le
çoftume grec, là religion grecque, reconnoiffant
pourtant le pape & parlant le grec vulgaire, bien
différent de cette langue harmonieufe que par-
loient Homère, Socrate, Platon, Anacréon. Ils
font grands & aflez bien faits, & en général les
hommes comme les femmes font d’une plus belle
race que les Cor fes.
AJ AN. Comme c’ eft un principal lieu de la côte
orientale de l’Afrique , j ’ai cru devoir prendre
occafion de cet article pour faire connoître ce qui
concerne la température de cette côte & les différentes
circonftances qui y concourent. J’obferve
d'abord que le foleil pâlie deux fois l’année fur
ces climats. Du mois de mars au mois de juin, il
va de l’équateur au tropique feptentrional} du
mois de juin au mois de feptembre, il revient du
tropique feptentrional à l’équateur. Malgré ces~
différentes difpofitions du foleil on ne compte
que deux faifons dans toute cette étendue de pays,
la faifon fèche & la faifon des pluies : du mois.de
juin au mois de feptembre, dans le temps du recteur
du foleil depuis le tropique feptentrional
jufqu’ à l’équateur, commence la faifon de? pluies
& des débordemens des rivières} elle dure plus
de cinq mois. C ’eft auffi juftement le temps de
l’année où la chaleur feroit la plus forte & où !e
foleil rendroit ces pays abfolument inhabitables fi
Géographie-Phyftque. Tome 11.
les pluies ne piocuroient une température plus
fupportable. • .
Au-delà de l ’équateur jufqu’au tropique auftral,
on trouve une partie de la côte de Zanguebar ,
depuis Jubo jufqu’ à l’embouchure duZambezé,
enfin le Monomotapa & le royaume de Sofala jufqu’
au cap des Courans. Les habitans de ces contrées
voient auffi le foleil paffer deux fois fur leur
tête j mais le premier paffage fe fait de l’équinoxe
de feptembre au folftice de décembre, & le retour
a lieu depuis ce folftice'jufqu’ à l’équinoxe de
mars. C ’eft auffi dans ces trois derniers mois que
s’établit la faifon des pluies, qui, dans quelques
contrées, s’étend au-delà de ce terme, & commence
en novembre pour fe terminer a la fin
d’avril. Les fleuves de Zaïre & de Zambezé, & les
autres qui ont leurs fources dans cette partie de
l’Afrique, ont auffi, comme le Nil & le Sénégal,
leurs débordemens réguliers, répondant à la faifon
des pluies. Ainfi, d’ un tropique à l’autre, l’année
eft aivifée en deux fa fons, la faifon fèche & la
faifon des pluies : cette dernière répond toujours
au temps où de foleil revient des tropiques à l’équateur,
& c’eft à cette heureufe diftribution que
les pays fitués fous ces latitudes doivent leur fertilité
& leur population. Il y a cependant une ob-
fervation à faire fur les lieux placés directement
fous la ligne, & qui font également éloignés des
deux folftices : le temps des pluies eft double pour
eux, & répond au moment où le foleil paffe fur
l’équateur.
Une obfervation non moins importante à faire
relativement à la température de cette côte orientale
, c’ eft celle des vents qui changent plus ou
moins l’ état de l’atmofphère. On a reconnu effec-
tivemenCque les côtes occidentales de l’Afrique,
fous la même latitude, font plus chaudes que les
côtes orientales. Il eft aifé de voir d'abord qu’ une
des caufes principales de cette différence eft dans
le vent dé eft y qui règne d’ un tropique à l’autre pendant
toute l’année. Les côtes orientales le reçoivent
immédiatement de la m er, & les occidentales
n’en ont ^influence que lorfqu’ il a traverfé une
grande étendue de terres brûlantes. Ces réflexions
nous donnent lieu de confidérer lapartie fepten-
trionale de l’Afrique comme terminée à l’eft par
un golfe très-étroit & peu capable d'influer fur la
; nature & la chaleur de ce vent, & le recevant
comme immédiatement de l’Arabie, pays vafte,
aride & brûlant. Auffi cette portion dè l’Afrique
eft-élle la plus chaude & la plus ardente} c’eft:
celle qui renferme la Nubie,jlà Nigritie , le Sahrà
& le Sénégal. Au contraire, la partie méridionale,
plus rétrécie Sc bordée à l’orient par une met im-
menfe,eft la moins aride & ta plus fertile, furtout
dans la iifière voifine des côtes.
Mais ce n’ eft pas la feule obfervation que nous
fourniffent le s rvents, relativement à la température
de la côte orientale qui nous occupe. Effe ctivement
, le vent d’ eft n’eft pas le feul qu'on ait;
D d