
fervons le travail de l’eau pluviale jufque fur les
plaines qui dominent les vallées 8c qui n’ ont pas
réfïdé dans le baflin de la mer. Toutes les époques
du travail de l ’eau fe retrouvent au contraire dans
l’approfondiffement des vallées , comme appartenantes
à nos continens fecs depuis la retraite de la
mer, 8c font écrites en caractères qu’on ne peut
méconnoître lorfqu’on fait lire cette écriture.
8°. Lorfqu’on réfléchit fur les différens états où
fe trouvent les matériaux entraînés par les eaux
courantes qui ont creufé-les vallons, & -dépotes-
par elles fur les croupes les plus élevés on fe
convaincra aifément qu’ils ne peuvent appartenir
à l’époque où fe formoient dans le baflin de-la
mer les couches horizontales ou inclinées qui font
du reffort de la moyenne ou de la nouvelle terre j
car il y .a , par exemple, dans ces matériaux.mobiles,
des fubftances d’une formation poftérieure à
la retraite-de la mer : tels font les Alex, qui font
inçonteftablement la fuite d’une élaboration au
milieu des continens fecs. Il en eft de même d’une
infinité de pierres d’un grain plus ou moins fin,
plus ou moins infiltré entre deux terres. Je le répète
: l’état de ces différentes, fubftances eft la
fuite d’un travail'de l'eau extrêmement lent, 8c
qui n’a pu ni commencer ni fe compléter lbus
les flots de la mer. Ils appartiennent à l’époque
de fa retraite. Il n’y a donc plus moyen de fup-
pofer que les vallons aient été creufés. dans le
baflin de la mer. On fera d’autant plus frappé de-
ce raifonnement, qu’on aura obfervé avec plus
d’attention les. divers états des. matériaux entraînés,
par les eaux , 8c qu’on les aura comparés-avec
ceux que renferment les couches ou les maffifs- dont
ils ont fait partie, car on y trouve toutes les
nuances d’une élaboration qui. n’a été fouvest
qu’ébauchée. Nous favons d’ ailleurs qu’elle fe
continue 8c s’achèye tous les.jours.par la circulation
intérieure de l ’eau pluviale dans les couches
de la terre, 8c que l’on ne. peut y reconnoi-
tce.le travail des eaux de la mer.
Une des premières, obfervations qui prouvent
d’ailleurs que. les vallons ont été creufés par l’action
fucceffive 8ç réitérée des eaux pluviales 8c
courantes , 8c non par les-cour ans de l’Océan,
c’eft qu’ il fe trouve, des vallons.dans les différentes
parties-du globe^ où l’on, ne rencontre aucun
veftige du fé.jour.de la.mer; 8c ces vallons.;
font approfondis de la même-manière que ceux
qu’onobferve.dans les contrées-de-nos continens,
qui ont fait partie de l’ancien baflin de ,1a- mer- 1}
eft vrai que .les vallées, creufées dans unffyftème
de lits horizontaux , ont une forme extérieure un.
peu différente de celles que. nous offrent des-.vafe
Ions excavés dans les .pays à maflks.8c à couches
verticales ou inclinées. Excepté.cette variété;, les
détails font les mêmes, 8c tes inductions qu.’ on
peut tirer des uns 8c des autres contre les prêtent
rions de.ceux qui y- croient voir les traces du travail
delà mer, peuvent s’appliquer .aux vallées-de
la nouvelle terre, comme à celles de Y ancienne 8c de
la moyenne.
9°. Il ne me refte plus à indiquer ici que deux
circonftances qu’on peut obferver dans l’appro-
fondiffement des vallées, lefquelles me fournif-
fent deux anecdotes très-intéreffantes, 8c qui, outre
l’avantage d’annoncer un travail des eaux courantes
, prolongé dans une longue fuite de fiècles,
écartent en même tems une hypothèfe fuivant laquelle
ces vallées auroient été. approfondies par
des moyens également, violens 8c fubits.
La première de ces circonftances doit être rangée
dans l’ âge des . eaux courantes- torrentielles ,
ou placée dans les contrées qui par leurs pentes
favorifent la marche 8c l’a&ion dés totrens, 8c par
; conféquent; nous faire, connojtre les progrès du
travail des eaux dans, Tapprofondiffement fiiivi 8c
, continu des vallées. Dans cette époque, la def-
: truélion des bords des vallées par ce travail de
l’eau, s’eft opérée de manière que les débris des-
; croupes ont été entraînés vers les parties infé-
: rieures de ces vallées:, 8c qu’ il en eft réfulté. les;
\ vides que nous y trouvons , lefque.ls ,fe font.étçi>
| dus jufqu’ aux fonds.de- cuves/à découvert» On
! peut prendre une idée de c e travail de l’eau çou-
; rante en obfervant celui qui s’opère, dans les ra-r
’ vins.qui fe creufent. fous, nos yeux; mais on. au—
j roit tort d’en conclure que tout s’y eft. exécuté
1 de même par un travail accéléré. ; cardans les têtes
| de.nos grandes vallées, 8c furtout dons les; parties
: fupérieures 8c, moyennes du cours de-nos rivières
Î8cde nos fleuves, je n’y vois , comme .dans-les
| ravins, que deftruâion par l’eau courante, 8c en-
! lèveraient des matériaux détachés .par les accès du
I même agent.
j Je paffe maintenant à. la fécondé, cirçonftance
i que nous avons diftingu.ée, 8c qui a fuccédé d’une
manière très-remarquable à la prenvière. : c’eft celle
;qui, à la fuite du ralentiffement des eaux courantes
8c de leur viteffe locale, a formé les dépqts
de ces mêmes vallées. Deux= fortes d’agens ont
contribué au rempliffage des fonds de cuves déboutés
les vallées.: d’abord, les eaux courantes ,
que,fouEniflbient' les,parties fupérieures des vallées
, lefquelles ont. éprouyé, au débouché des,
montagnes un ralentiffement infenfible ; enfuite
les eaux pluviales devenues torrentielles, qui ont
balayé les .faces plus ou. moins verticales des croupes,
latérales , 8c qui o.nt entraîné’ ces débris au
milieu .des premiers dépôts dont: j’ai parlé.
Je ne veu-x pour preuve duconcoucs de ces deux
agens., que les mélanges qu’on a trouvés dans les
dépôts qui ont comblé-en grande partie nos plaines
fluviales, des environs ;de Paris, telles que la
plaine de; Grenelle. Nous-devons.citer à cette oc-
cafion les matériaux que nous a fait conhoîtrë la
fouille du puits. ded’Ecole royale militaire, 8c qui
a .mis en évidence un. amas immenfe.de quatre-
vingts pieds de profondeur, lequel s’étena.non-
feulfimfint,dans une grande-partie du. fol. de Paris ,
•mais encore au deffus 8c au defloüs de céttë v ille, ;•
8c particuliérement dans toutes les plaines voifines j
du lit de la Seine, où cette rivière a éprouvé des :
•ofcillations fi étendues, 8c fe trouve renfermée I
entre des plans inclinés fort alongés , comme j
•celui de Paffy à Auteuil 8c Boulogne, Si'entre
des bords efcarpés d’une fort grande élévation,
tels que ceux qui régnent de Chaillot à Pujfy:, 8c
de Meudon à Saint-Cloud, au Mont- Va lé ri en, &c.
Je renvoie ici à ces articles, où tous ces phéno ;
mènes feront décrits avec grands détails.
A n e c d o t e s fu r la démolition des maffifs par les eaux
courantes , b fur Vapprofondijfement des vallées.
Il eft évident, par toutes les obfervations fui -
vies que l’on a faites, 8c que nous avons expofées
en detail, que l’ancienne aéfcion deftruétive des
eaux courantes fur la furface de nos continens,
qu’elles ont fouillée, fillonée 8c tranchée,'doit
être confidérée comme le principe le plus général
de nos vallées 8c dés montagnes qui en dépendent ;
mais cela ne fuffit pas pour rendre raifon de toutes
les inégalités de la furface du globe j il fau t outre
cela étudier chaque fnaflif, 8c reconnoître non-
feulement la nature des matériaux qui les Coiftpo-
fent, mais encore leur difpofîtion intérieure 8c leur
arrangement relatif les uns par rapport aux autres.
Ces maffifs différens doivent offrir dans les élévations
de leurs fommets, des niveaux fouvent indé-
pendans de i’ aétion des eaux courantes : fbüvent
on y trouve des témoins de terrains fupérisürs qui,
étant prefque tous détruits , ont laiffé fes inférieurs
à découvert. Tels font les divers phénomènes
que le maffif de la craie nous offre à fa furface
& dans les efcarpemens de fes bordures ; enfin lés
correfpondances qu’ il a avec les maffifs circonvOi-
fins, & fur les limites defquelfes on trouvé lés vef
tiges des démolitions opérées par les eaux Coii-
rantés à la furface des contrées cràyeufes. ( Voye£
C r a ie . )
L’étude de ces opérations de la nature nous
montre la néceffité de rétablir les déblais fbüvent
immenfes qui ont eu lieu dans certaines contrées :
c’eft le feui moyen de faire cônnoîtrè Tétât primitif
des maffifs 3 8c furtout de ceux qui ont ehâftgé
auffi confidérablement d’afpeèt 8c dë fupérfîcie depuis
qu’ils font fortis du baflin des mers. Effeéti- ■
vement, ils fe font trouvés expdfés à l’ aéïiofi des
eaux pluviales qui les ont tourmentés, 8c y ont
laiffé les tracés de leur marche 8c dé leur aéïion
continuelle.
l orfqu’ on obferve ces maffifs dans les' 1-ieüX où
leurs débris ont féjoutné, on voit qu’ils ont contracté
plnfieurS qualités qui les rendent trèS-fetti-
les. C ’eft ainfi que,, dans la plupart de nos étangs
où les eaux font gardées 8c retenues, la fertilité
des vafes eft furprenartte 5 auffi l’induftrfe des propriétaires
fait bien en prbftteren cultivant le fond
des baffins de ces étangs, ou bien en ïeS é&blif-
Tant en prairies-.
Si le globe tsrreftre avoit été formé de matériaux
Amples, enconféquence de Talion des eaux
8c de leurs mouvemens, il s’enfuivroit que les terrains
feroient plus Amples dans les hauteurs, 8cplus
compofés dans les lieux bas, 8c qu’à prendre du
niveau des mers > les rivages devroient y être compofés
de matières plus variées que les montagnes
qui fê trouvent à Une certaine hauteur moyenne,
& celles-ci moirts que les plus hautes montagnes ;
enfin, que ces hautes montagnes ces Commets de
nos continens, feroient définitivement les terrains
les plus Amples. Cette gradation du-fimple au com-
p o f é devroit néceffairement fe remarquer fi là
terre a été primitivement d’une formation partout
égale 8c uniforme; car alors les accidens qui 1 auroient
dégradée enfuite, n’ont pu le faire qu’avec
une fucceffion telle que les terrains les plus élevés
de tous aient fourni les décombres qui ont recouvert
les terrains inférieurs ; que ceux démolis aient
enfuite auffi fervià d’autres conftruélions plus baffes.
On fent aifément qu’il doit en arriver de même
aujourd’hui 8c toujours jufqu’ à ce que ces matières
difperféës, mélangées à l’infini 8c entraînées vers les
lieux bas , foient arrivées, s’ il eft poffible, à un centre
de repos. Mais cette progreffion d’un plus com-
pofé vers un autre compofé devroit faire trouver lé
premier terme de la progreffion au moins dans les
fommets les plus élevés, 8c il s’enfuivroit que pluS
Ton s’élbignôtoit de ce terme , plus Ton dèvroit
s’éloigner de cette fimplicité » niais cette matièrè
Ample ne fe rencontre cependant nulle part, 8c les
plus hautes môntàgnés ne nous ptéfentênt que des
compofitrons 8c des alliages prefqu’auffi combines
que dans les lieux lès plus bas. Il y a dans certaine^
montagnes particulières, des matériaux d’une certaine
nature 8c d’unfe certaine combinâifôn, mais
rien de firhple ; en forte qu’ il en réfulte que la tetrè
eft un affemblageNde divers maffifs tous eompôfes.
Il né fefîe plus après cela qu’à déterminer lés différent
agëns 8e toutes les circonftances qui ont concouru
à leur formation 8c à leur difpofîtion relative.
C è que flous avons dit de T appro'fondiffemént
de's Vallées prouve qiië fes eaux fluvialès 8c torren-
tiélfeS ont èu dés dates fücceffives, 8c fe font corri-
binées d’ une manière fore variée. D’abord ces eauX
n’ont fuivi qu’ un frayé ou des pentes qui lent
âvoient été ttacéës par de fêmblaBles eaux. Dès
cë$ prërhiers terhs , tous ces vallons 8e vallées
avoient leur chute dans une vallée commune, Sb
celle-ci avoit la fîenné dans d’autrès inférieures
où elle fè décharge aujourd’hui ; en forte que toute*
fe* vallées ébauchées forfnoieftt dès-lorS lê
rnêftve fyfteme 8c le même plan de ramifications
qu’élîés offrent fur nos cartes topOgHpHiqüës, St:
<|u’ëllés ont cônfervé's depuis ces tems reculés. .
Le* vallées pOuvoieilt être à la vérité autrefois
pl«s étroitèS 8c moins profondes, 8c avo!r qnel-
qUés revers plifs àdoûcis} les côtes étoiènt au'ffi
ntoins hautes Sc.moins efcàrpées , 8c leurs talusfife Cccc 1