
fon canal, les plantes commencèrent à prendre
un ton de verdure qui fut d'abord fenfïble le long
des bords du ruifleau , & gagna de proche en proche
jufqu’à une certaine diftance, l’eau du ruif-
feau étant élevée, s’extravafoit à travers le fol de
la prairie, humeftoit les racines des plantes, &
les progrès de la végétation annonçoient ceux de
fa marche fouterraine.
A peu près dans le même tems, l’eau des peti-
tes-fources, affez communes au pied des coteaux
qui bordoient la vallée, n’ayant plus de débouché
ni d’épanchement entre deux terres, en confé^
quence du refoulement “occafiorné par l’eau du
ruilTeau, fe leva jufqu’à la furface de la prairie,
& produifit fur les parties voifines du coteau, un
effet à peu près femblable à celui de l’eau du ruif-
feau elle-même.
Au moyen dé la fuite d’éclufes diftribuées fur
une certaine étendue de la vallée, on parvint à
imbiber une grande partie de la malle du fol d’une
affez longue prairie, à y produire un commencement
de végétation, & à difpofer le fond de la
vallée pour les grands arrofemens qui dévoient
fuivre.
On ne commença les premières opérations des
digues que lorfqu’on fut _ affairé à peu près qu'on
ne feroit pas furpris par les gelées , qui pouvoient
faire un grand tort à la prairie ainfi humeétée.
On choifit aufïi un tems un peu chaud pour
procéder aux grands arrofemens, qui s’exécutèrent
avec la plus grande facilité, au moyen des préparatifs
dont j’ai parlé. On ferma la première" éciule
ou barrage de manière à contenir le trop plein ,
& à déterminer fon épanchement le long des bords
du canal du ruifleau qui étoit au defius : on en ménagea
la diftribution par de petites faignées qu’on,
ouvroit fuccefîivement j & comme le trop plein
étoit fort abondant, & que le fond de la vallée
javoit peu de pente, la partie de la prairie correspondante
à l’eau du ruifflau, foutenue par le premier
barrage , fut arrofée intimement- en peu de
jours. On ouvrit la première digue pour verfer le
.trop plein dans le fécond barrage, & y exécuter
un femblable arrofemeht en bouchant la fécondé
digue, & fuccefiivement, de digue en digue,
toute la prairie fut arrofée de la même manière.
Je dois faire obferver ici que, dans tous les bar-
jages, l ’eau refta toujours foutenue jufqu’au bord
du canal du ruifleau.
On eut l’attention de ne pas fuivre les grands
arrofemens lorfque les eaux du ruifleau fe trouvé'
nnt troubles.. & chargées de terre à la fuixe de
quelques pluies d’orage : on attendit qu’elles fuf-
fent éclaircies, car oh. favoit que l'eau des arro^
femens, -dépofant le limon dont elle féroit chargée
furies tiges, des plantes Raillantes, y occa-
iionnero.it une efpèce de rouille qui en arrêteroit
le développement & la végétation ultérieure.-—
J’ai été témoin., pendant quelques années, de
toutes ces opérations, ainfi que de f augmentation
du produit des prairies, qui en fut la fuite} mais
après que l'experience eut conftaté les bons effets
des arrofemens ainfi ménagés, les propriétaires des
prairies furent troublés dans leurs travaux par les
meuniers & les propriétaires des moulins 3 qui,
n’ayant plus d’intérêt à ce que les améliorations
dont ils avoient vu les progrès fe coniinuaffent,
détruifïrent les digues pendant la nuit, & cette
perfécution foutenue a mis les propriétaires de
ces prairies dans l’impuiffance de continuer des
pratiques dont l’expérience avoit prouvé les avan-
tages.
En conféquence , l’eau de ce ruifleau, qui
avoit augmenté confidérablement les produits des
prairies qui bordoient fon canal, n’a plus fervi ,
comme auparavant, qu’à faire tourner de mauvai-
fes ufines trois ou quatre heures le jour, & autant
de tems la nuit.
Malgré ces entraves que rencontrent à chaque
pas ceux qui s’occupent des améliorations générales
de la culture, & qui veulent tranfporter les
procédés d’une province dans une autre, j’ai cru
devoir faire connoître ces méthodes, appropriées
à nos befoins. J’ofe efpérer qu’on les adoptera généralement
lorfqu’on aura calculé ce qu’on perd,
faute d’un concert entre toutes les efpèces de
propriétaires. Dans les pays où les arrofemens font
confidérés, ainfi qu’ils devroient l’être partour,
comme, lès principes d’une grande production, il
y a des lois ou des ufages qui en tiennent lieu ,
& qui a (Turent à chacun les moyens de mettre à
profit les reflburces que la nature nous offre : il
fembleroit que, moins elle nous donne, plus on
devroit ménager fes préfens. C’eft donc à ces
propriétaires à folliciter ces lois, & ils peuvent
trouver des interprètes dans les fociétés d’agriculture,
qui me femblent compofées de plusieurs
favans que-le Gouvernement écoute affez fouvent
lorfqu’il s’agit de favori fer des entreprifes importantes
, comme celle dont je trace ici les
projets.
ARROUX, rivière du département de la Côte-
d’Or. Sa fource eft alimentée par trois embran-
chemens, dont l’un près de Safley, le fécond voi-
fin de Liernais, &r le troifième à côté de Culeffre,
fe trouvent renfermés dans le plateau d'Arnayfur-
Arroux. Cette rivière prend fa dire&ion au fud,
puis à l’oueft, paffe près d’Autun, à Toulon , à
Geugnon, en traverfant le département de Saône
& Loire, & fe jette dans la Loire près le nouveau
canal.
ARS, bourg du département de la Charente-
Inférieure, fitué dans t’île de Ré. On voit dans
Je territoire à!Ars divers cailloux tranfparens-,
blancs, jaunes, bruns & couleur de rofe , dont
l’éclat & le poli ne le cèdent point à ceux, de
Royan & de Médoc. On trouve aufli aux environs,
des. marais falans & des Cilines*
ARSO NVA L , village du département de l ’Au-
>.&■ ^ur les bords de cette rivière. Il y a des
carrières d’ une pierre de fable affez, fingulière, &
donr les couches font diftinguées & féparées par
des intervalles terreux bien marqués.
ARTICHAUTS. C’eft ainfi que quelques na-
tutaliftes ont indiqué certaines mafles de granits
en feuilletis , dont les lames font placées fur la
tranche, & qui, fe trouvant ainfi deDout & expo-
fées aux injures du tems, ont pris la forme d’obé-
lifques feuilletés ou & artichauts. Ces aflemblages,
qu’on a pris pour des paquets de couches, n’en
.ont aucunement les caractères : c’eft aufli fans aucun
fondement que, fur une apparence extérieure,
on a confidéré cette forme a'artichauts ou d’obé-
lifques feuilletés comme une organifation primitive
de la nature. Pour peu qu’on ait été à portée
, ? voj r .&■ d’étudier les granics feuilletés, on eft
bien éloigné de ranger ces maflifs parmi les alîem-
blagesde couches, & par conféquenr d’envifàger
les arrangemens finguliers intérieurs qu’on peut y
remarquer , comme des phénomènes qui tiennent
a ceux des couches inclinées. En fécond lieu , j’ai
trouvé la même répugnance à croire que la forme
pyramidale qu’ont prife de petits pics, & l’apparence
trompeufe de feuilles à’ artichauts > qui lèm-
blent fe détacher fur leur face, foient dues aux
formes primitives de la nature 5 car il eft certain
que la fituation verticale des lames, l’expofition
ifolée de certaines parties des maflifs à Taétion
des pluies , de la gelée & des neiges, ont donné!,
à ces parties détachées des autres , la forme de;
pyramides garnies de feuilles à!artichauts. Cesi-rë-:
fuira ts ne font pas propres à dévoiler le fecret de^
la nature dans la formation des granits rayés & à
lames. Ce ne font pas’ces détails minutieux qui
peuvent nous donner une idée de la marche de la
nature : c’eft en faififlant les grands traies qu’elle
nous met fous les yeux, qu’on pourra , finontrou-:
-ver le dénoûment de l’état aéluel des granits rayés,
du moins faifir les caractères qui diftinguent ces
maflifs de tous les autres, c’eft-à-dire, des granits
a criftaliifation uniforme & des couches inclinées.
ARTICULATIONS. Il y a plufieurs fortes
& articulations : les unes font d’une feule pièce &:
d’une feule maffe compaéU j les autres femblent
etre un aflemblage de lames plus ou moins fépa-
rees ou faciles à réparer} mais les unes & les autres
font également des pièces de colonnes prif-
matiques, qu’on diflingue aifément les unes des
autres,
, Il y en a quelques-unes qui ont une grande
etendue en fuperficiéy & qui'malgré'cela font fort:
nettes : il n y a nulleîdiffieulré de l'es féparer les -
ijnes. des autres j elles ont cinq- ou dix pieds de 1
diamètre d’une.daoè à d’autre : èiltre-cela, 1-ëpaif-;
lfiur de chacune des articutaiion-s fe-ftibUivife par
lames qui fe détachent plus ou moins nettement
les unes des autres.
Cè dernier effet eft une fuite du rôdreffement
de ces lames, en conféquence de l’aplatiffement
des boules lors de la formation des colonnes prismatiques
, bien entendu qu’il étoit queftion, dans
1 ce cas, des boules à couches concentriques j car
dans toute autre compofition des boules , il n’y
a que des articulations de la première clafle, c eft-
à-dire, d’une feule pièce : il y en a outre cela de
concaves d’un côté & de convexes de l’autre, ou
de concaves & de convexes des deux côtés ; enfin,
de plates des deux côtés. Il eft vifible, lorfqu’on
examine tout ce travail ftngulier, que ces
concavités font dues à des noyaux convexes, qui
ont confervé leurs formes primitives très-complètes
& très-ferrées. Pour avoir une idée de ces
articulations concaves & convexes , il faut conl'ul-
ter la première planche des eftampes de Drury,
gravées par Vivares , où ces articulations fe trouvent
figurées, tant dans Ls colonnes, que difper-
fées au pied de ces colonnes & en avant. Ce que
j’ai remarqué enfuite dans la fécondé, c’eft qu’elle
n’offre guère que des articulations plates j ce qui
annonce des amas de boules d’une conftitution
particulière, & de telle nature, que les unes ont
pu obéir à un apl^tiflement complet fous toutes
les faces qui ont éprouvé la compreflion, pendant
que les autres ont réfifté par leurs centres ou
noyaux, & n’ont obéi à la compreflion que pâr
les parties extérieures, qui ont pris des formes
très-fingulières 'autour de ces noyaux. Aurefte,
nous renverrons pour plus grands éclairciffemehs
à- notre Atlas, où toutes ces formes ont été prifes
en Vélay & en Auvergne. (Voye^ l'article Bas
a l t e p r i s m a t i q u e . ) .
ARTIGUESy village du département de h
Haute-Garonne, dans le voifînage de BagnèreS-
de-Luchon. Sur le territoire; de ce village, aux
confins de la vallée d’Arati, il y a plufieurs veines
•de'mines de cuivre. Ces filons ont été découverts
d’abord dans la vallée d’Aran en Efpagné , fur
le territoire dë’Baufens, village de cette vallée
a 1 endroit nommé Alta-Banavcra t montagne de
la Place. Les Efpagnoîs y ont creufé un puits donc
il paroît que les véritables filons font diftans de
cent cinquante toifes.
ARTOIS. Dans cette'province on creufe des
puits jufqu’à une grande profondèur, parce que
l’eatt ne s’y montre qu’à ce niveau , c’eft'-à-dire,
a cent quarante , & riiême à cent foixante-dix
pieds. Malgré cela ÎÇfê trouve des fources aux en-
viVons des lieux où l ’on a creufé ces puits, & leur
niveau eft à cent & même cent dix pieds ap defflis
de celui de l ’eau des puits. On voit donc que
l’éau des pluies eft recueillie à la furface de ta.
terre-, en Artois 3 dans des réfèrvoirs qui font
fitués à' des'niveaux diffirtns. Ce qu’il y a de fia