
taie. Outre cela, la nature même de cette réfîne le
prouve inconteftablement.
Je finirai cet article par obferver que j’ai trouvé
de l’ambre jaune, en grumeaux nombreux, enveloppés
dans des couches horizontales, en Angou-
mois, allez près de la limite de l'ancienne terre
du Limoufin, 8c dans les environs de la Rochefoucauld.
AMBRYM ( Ile d’ ). L’île d’Ambrym eft du
nombre des terres qui compofent le groupe des
Nouvelles-Hébrides : elle eft diftante de deux
lieues & demie de l’ilede la Pentecôte, en partant
de l’extrémité méridionale de celle-ci, & fe portant
au côté feptentrional de celle dont il eftquef-
tion dans cet article. Ambrym afept lieues environ
de circonférence : la terre eft baffe fur les bords
de la mer , d’où elle s’élève inégalement pour
former, dans le milieu de l’îie , une montagne
d’ une médiocre hauteur : on voit for tir de cette
montagne des colonnes de fumée.
Toute la côte fud-oueft forme, en s’inclinant,
une plaine très-belle & très-étendue, de laquelle
on voit jaillir des tourbillons de fumée entre les
bocages les plus riches qu’on puiffe jamais contempler,
après ceux d’O-Taiti. L’afpeét fertile
de la contrée & le nombre des feux annoncent
que l’ île eft bien peuplée, 8c qu’elle produit tout
ce qui eft nécelfaire au foutien de la vie de fes
babitans. ( Voyei. 3 pour les productions de cette
terre & le caractère phyfique & moral des infu-
laires, le mot Hébrides nouvelles.)
AMELAND , île des Provinces-Unies, dans
la mer d’Allemagne, fur la côte de Frife, d’où
elle eft féparée par un canal de mer nommé U
Vadt. Il y a quatre villages dans cette île : un
dans la partie orientale, appelé Ne\ ; les trois autres
fo..t, Bellum, dans la partie orientale ; Ka-
minga, vers la côte méridionale , & Hollum 3 au
nord : elle a l’île de Schelling au couchant d’hiver
, & celle de Sckiermonickoog à l’orient d’été.
Ameland a été expofée à de grands ravages par
les tempêtes qui régnent dans ces parages , & les
habitans montrent au-delà des digues, furtout
dans la partie de l’oueft, dts collines fablonneu-
fes qui couvrent actuellement les terres autrefois
cultivées par leurs pères.
On rencontre avec plaifir, dans cette île , les
mêmes moeurs que dans les beaux villages de la
Nort-Hollande, 8c particuliérement dans celui de
Brôek.
J’ajouterai ici que les îles qui accompagnent
Ameland, telles que le Texel, Eytrland, VLieland
& Schellind, ont été féparées , foit entr’elles ,
foit de la terre-ferme, par les mouvemens violens
de la mer le long de cette côte. Nous ferons par
la fuite l’énumération des autres îles qui font au-
delà d'Ameland vers l ’e ft, & dont la difpofition &
les formes font dues à la même violence des flots.
En attendant, nous obferverons que les côtes de
toutes ces îles font enlablées fur une très-grande
épaifleur } que d’ailleurs il y a de nombreux
bancs de fables dans lès canaux qui fe. trouvent
entre la Frife 8c à l’ouverture du Zuyderzée ,
tous les pairages étant ouverts au milieu de ces
bancs de fable, qui fe prolongent dans l’intervalle
des îles & même dans l’ intérieur du Zuyderzée,
entre l’île de Grind 8c Harlingen.
11 eft vifible que cette chaîne d’iles a été détachée:
de la Nort-Hollande d’un côté, 8c de la Frife
de l ’autre. Comme la mer y éprouve fouvent des
agitations violentes, c’eft a la fuite de ce travail
fuivi des eaux, que cette langue de terre eft ainii
découpée par îles. ( Voye^ T exel, Schelling,
Dollart, Wattes.)
AM EN L A , forte de brèche formant un maflif
fort confidérable dans les environs d’Alais, département
du Gard. Cette chaîne de rochers , qui
règne depuis Montmoirac jufqu’à Rouffon , fe
diltingue par la forme des morceaux de pierres
qui entrent dans fa compofition , & par leur arrangement.
On n’y remarque, par exemple , aucune
lorte de lits ou de bancs diltintts : c’eft un amas
immenfe de morceaux de pierres à chaux de différente
groffeur, tous arrondis, d'un grain extrêmement
fin, ferré, & fi bien lié qu’en choquant
ces pierres elles 'retendirent comme fi elles étoient
d’une feule pièce. Celles qui font à la furface du
malfif font peu liées eutr’elles j mais pour peu
qu’on creufe, on trouve tous les intervalles qui
font entre ces morceaux, exactement remplis d’une
terreront le grain eft plus groflier que celui de
ces pierres. Cette terre a été fi bien durcie, qu’elle
ne h i t , avec les morceaux arrondis, qu’une même
mafle, dont on ne détache des blocs qu’au moyen
de la mine. On voit à la caflîire de cës rochers,
que la terre qui lie les différens morceaux, 3c
que je nomme ciment, eft partout rouflatre j mais
les morceaux eux-mêmes font de différentes couleurs}
ce qui donne, lorfque cette pierre eft taillée
& polie, une allez belle brèche.
Effectivement, ce rocher de cailloutages eft de
la nature de ces marbres , & je l’indique ici
comme un exemple très-inftruCtif de brèche, &
comme nous offrant, d’une manière claire 8c palpable,
les circonftances de la formation de cette
forte de marbre.
Le maflif d'amenla ne va pas à une grande profondeur
, comme les affemblages de couches calcaires
qui font dans les environs : on en voit,,
dans quelques parties, les fondemens formés d’un
maflif de pierre d’ une nature différente} ils ont
été mis à découvert par des ravines que les eaux
ont creufées.
On trouve aufli, dans cette chaîne, des coquillages
foflilles de différentes efpèces, comme des
pinnes cannelées fur leur longueur, de grands
nautiles chambrés, des huitres applaties par un
des côtés; enfin, une prodigieufe quantité d’ échi-
nites. Ces échinites font pleins de noyaux terreux.
Ces efpèces de coquillages font confondus
avec les morceaux de pierres à chaux, 6c liés fem-
blablement par le même ciment.
Du mélange de tous ces matériaux fi difparates,
de la forme arrondie des pierres 8c de leur liaifon
avec un ciment groflier, on peut conjecturer ,
i° . que les morceaux de pierres calcaires d’un
grain fin font étrangers à la place qu’ils occupent}
qu’ ils ont été tirés d’ailleurs, où ils formoient un
tout continu 8c des couches fuivies} qu’ils ont été
entraînés 8c roulés les uns. fur les autres, de la
même façon que les galets de la mer ; enfin, qu’ils
ont été abandonnés par les eaux qui les ont accumulés
ici en défordre.
La terre ou ciment qui lie les pierres d'amenla
de différentes couleurs, eft d’une teinte uniforme
8c d’un grain particulier} elle n’eft jamais fi bien
pétrifiée, qu’elle ne fe gerce 8c ne fe réduife à
l’état terreux à l’air lorfqu’elle y a été long-tems
expofée : ceci arrive à tous les marbres où les
premiers élémens font mal liés, 8c qui terraffent,
comme on dit. C ’eft ainfi qu’un mur de maçonnerie
pèche moins du côté de la pierre que de la
part du mortier. Les matières durcies en différens
tems, 8c liées enfemble à ces époques fuccefîives,
font non-feulement d’une confiftance différente,
mais outre cela leur liaifon n’ eft jamais fi folide
& fi parfaite que fi le tout n’avoit fait qu’une pâte
homogène, qui eût été durcie 8c infiltrée à la
fois.
D’après ces principes, je conclus que le rocher
d'amenla eft le produit de deux fortes de pétrifications
faites en deux tems différens : d’ abord celle
des pierres arrondies d'amenla dans leur couche
primitive, 8c enfuite celle delà terre ou du ciment
qui les lie. 11 en réfulte auffi que ces deux opérations
fe font faites, non-feulement dans des tems
différens, mais encore dans différens lieux. En fui*
vant ce raifonnement, on voit que les pierres
calcaires arrondies aujourd’hui étoient anguleufes
autrefois, lorfque ces morceaux ont été rompus
8c détachés d’une plus groffe mafle. Les veines ,
les teintes de couleur variées qui fe trouvent dans
ces morceaux, achèvent de prouver que leur
forme arrondie eft l’effet des frottemens qu’ ils
ont éprouvés en roulant dans le même état de dureté
8c de pétrification qu’ ils nous offrent au milieu
du maflif. '
Si nous paffons maintenant aux coquillages fof-
files qui font confondus avec les morceaux d’<*-
menla3 8c qui ne s’étendent pas au-delà , nous
verrons qu’ils y ont été tranfportés en même tems :
ç’ eft alors que la plupart des huitres fe font arrondies,
8c que leurs apophyfes les plus faillar.tes ont
été émouffées. Ce n’eft point par des caflures que
ces coquillages ont été raccourcis, mais par des
frottemens qui ont ufé les parties fail!antes, 8c les
ont emportées. Il eft donc prouvé, par tous ces
détails, que les pierres damenla3àe même que les
coquillages, fe font ufés 8c arrondis en roulant
les uns contre les autres, ayant été balottés par
les flots de la mer. Il n’eft plus queftion maintenant
que de donner une idée nette 8c précife du
travail de la nature dans la compofition de cette
brèche fingulière. Les eaux ont vifîblement entraîné
, roulé 8c dépofé les pierres d'amenla 8c les
coquillages qui y font mêlés : elles ont auffi transporté
la vafe qui s’y trouve difperfée, 8c il eft à
croire que tout ce mélange a été ainfi difpofé fur
le bord de la mer} c’eft donc à la fuite de fa retraite
que l’eau eft venue pénétrer la vafe, a durci ,
8c lié , par le travail d’une fécondé pétrification,
les morceaux de pierres d'amenla 8c les coquillages
, 8c qu elle a ainfi formé cette brèche folide
lorfqu’elle étoit couverte d’une croûte de matières
qui favorifoit le travail de l’infiltration. ( Voyeç
Brèche, Infiltration, G alet.)
AMERIQUE. Sa population. La mer,depuis
le détroit de Bering jufqu’aux îles fituées en forme
de croiffant entre les deux continens, eft très-peu
profonde. A partir de ce détroit elle devient plus
profonde, à peu près comme nous l’avons montré
à l’article de la Manche , depuis la ligne de
Calais à Douvres : les fondes augmentent jufqu’i
ce qu’elles fe perdent dans l’Océan pacifique >
mais on ne trouve cette forme du fond de la
mer qu’ à une certaine diftance des îles 8c au midi»
car entr’elles 8c le détroit la fonde ne donne que
depuis douze jufqu’ à cinquante-quatre braflès,
excepté feulement devant le cap de Sainte-Taddée,
où l’on a trouvé un canal d’ une grande profondeur.
On pourroit croire d’ailleurs, avec une grande
vraifemblance, que le détroit étoit autrefois entièrement
fermé} car fi l ’on coufidère, non-feulement
la difpofition du fond de la mer dont nous
venons de parler, mais, furtout l’état des côtes
des îles, dont la plupart font volcaniques, & dont
les autres annoncent des principes de deftrudûion
très-aétits, on rétablira, fans aucune fuppofition
hafardée, la langue de terre folide qui a dû former
, entre l’Afie 8c l’Amérique , le plain pied qui
ouvroit une communication aifé e, 8c facilitoic
l’émigration de tous les animaux.
Si ce grand changement a précédé ou fuivi la
population totale de l’Amérique, c’eft ce qu’il eft
aufli peu utile qu’impoffible de décider. C ’ eft aux
découvertes modernes fur la correfpondance des
côtes de l’Amérique 8c de l’Afie que nous devrons
la détermination du point du globe d’où
a dû partir 8c s’eft faite cette population. Elles
prouvent qu’ il eft un lieu où là diftance entre l’un
8c l’autre continent n’ eft que de trente-neuf milles
ou de treize lieues, 8c non pas, comme l’ avoit
prétendu un écrivain célèbre, de huit cents lieues.
Ce détroit a encore, dans fon milieu, deux îles
qui ont dû faciliter beaucoup le paffage des peu