
qui l'environnent, à côté defquelles elle forme un
contraire qui lui donne le premier rang.
La pofîtion de ces trois contrées , les unes par
rapport aux autres, n’eft pas un eifet du hafard ni
d’aucune loi qui puiffe nous être inconnue. L'A-
raoie keureufe n’a pu être où eft l'Arabie pétrée y 8c
I Arabie déferte où eft l'Arabie keureufe. U Arabie
déferte, au milieu des deux autres, occupe naturellement
fa place, & la feule place qu’elle pouvoir
avoir 5 car un effet du mouvement des anciennes
eaux courantes a été de placer ces contrées
de fables ton jouté au deflbus des premiers fom-
mets, & au deffus des plages & des plaines fertiles
voifines des mers. C’eft d’après ces mêmes principes
que 3 près des Commets de Langres jufqu’à
Saint-Dizier , on ne voit, dans les dépôts des
rivières j que des roches, des pierres & graviers j
qu’à Saint-Dizier & dans le Perthois , les fables &
les graviers de craie abondent jufque vers Château
Thierry ; enfuite viennent les fablons, qui
régnent jufqu’à une certaine diftance de Paris.
Par l’éruption des fources dans les Commets de
Y Arabie vers le Liban , les terrains- ont été culbutes
& renverfés, les rochers & les bancs intérieurs
tranchés & mis à découvert : c’eft là que fe
trouve YArabiepétrée ou pierreufe. Par l’écoulement
de les eaux, les fables intérieurs de l'Arabie pétrée,
»’étant mêlés avec les décombres & les débris de
pierres comminuées de la même contrée, ont été
entraînes plus bas, où ils ont formé des plaines
de fables confidérables.Ce font celles de Y Arabie
déferte & aride $ & comme les limons plus légers
ne fe font pas arrêtés où les fables plus pefans fe
font dépofes les premiers, ils ont été pouffes plus
loin & fixés vers les régions inferieures, pour
faire un jour la fertilité & par conféquent la félicité
de cette partie de l'Arabie que les Anciens
©nt appelée keureufe.
Ce n’eft pas encore par un effet du hafard que
l'Arabie keureufe occupe le côté oriental & méridional
de la Mer-Rougei^c’eft parce que le torrent
de la vailée qui remplit aujourd’hui cette mer , fe
portoit fur la rive occidentale, rnangeoit & fai-
foi t reculer les c ©tes #d’Afrique , & alongeoit la
côte oppofée, en forte que les accrues & les dépôts
de bonnes terres ne fe pouvoient faire que
du. côté oriental. Des effets fî naturels 8c fi dif-
tinéls du cours des eaux à la fuperficie de.ces trois
contrées nous apprennent auffi que la Mer-Rouge
n’a pas toujours été un cul-de-fac d’une mer calme
& tranquille, & d’un golfe où l’eau féjourne de
niveau, mais une grande 8c v-afte vallée lit d’une
eau courante confidérable dans le tems des inondations
q u i s ’étant agrandie par l’invafion de
la.'mer des Indes, eft devenue infenfiblement le
domaine de cette mer, qui s’en eft emparé par les
fortes marées qui s’y. introduifent.
AR AC AN, royaume maritime des Indes, voifin
de l’embouchure du.Gange, il eft borné au midi
par le golfe du Bengale, à l’orient & au nord par
le royaume d’A va , 8c à l’occident par le Bengale.'
La ville d’Aracan , capitale de ce royaume, elV
fituée fur la rivière du même nom.'Cette circonf-
tance me conduit à parler de fes debordemens\
périodiques, dont on fait profiter dans cette contrée
pour Fétabliffement de rizières très-étendues.
Il n’y a propremént que deux faifons, l’hiver, qui
dure depuis le mois d’avril jufqu’au mois d’oéto-
bre 5 c’eft le tems des inondations ; les autres fix
mois font occupés par l'été, qui donne un tems-
ferein.
Le pays eft très-fertile & fort peuplé, ll y croît'
des noix de cocos, des bananes, des oranges 8c
piufieurs auttes efpèces de fruits excellent.
Il y a beaucoup d’éléphans & un grand nombre
de buffles, que l’on emploie aux mêmes ùfages
que les chevaux. Aracan eft une ville confidérable
: on y voit un très-grand nombre de pagodes.
Je prendrai maintenant occafion de la rivière d'A-
t'acan, qui fert dans fes crues aux cultures du riz,
pour faire mention du fleuve Songkoi, de la province
de Tonquin, & de celui de Siam, dont on
a foin de tirer annuellement les mêmes avantages
à la fuite des pluies régulières de ces mêmes contrées.
( Voye^ R i z i è r e s . )
ARAGON, royaume 8c province confidérable
d’Efpagne, bornée au nord par les Pyrénées , qui
le féparent de la France j à l’occident par la Navarre
& les deux Caflilles, au midi par le royaume
de Valence , & à l’orient par la Catalogne. Sara-
goffe en eft la capitale l’Ebre ]a rivière principale.
Ce royaume prend fon nom de l'Aragon,
petite rivière qui fe jette dans l’Ebre.
Quoique cette contrée foit arrofée-par un grand
nombre de rivières, c’eft cependant un pays fté-
rile , & piufieurs diftriéts mêmes ne font point
habités. Dans la plus grande partie le terrain en
eft fabloneux, pierreux, plein de montagnes &
d’inégalités nombrtufes. Les mines de fer font
une de fes plus précieufes reffourcts.
Pour faire connoître cette grande contrée, nous
allons préfenter à la fuite de ces déterminations
générales, le précis de fon hiftoire naturelle , telle
que Bowlés nous en a donné une defcription rai-
fonnée.
A partir du cap Finijlerre, où les terres font en
général'fort baffts , pendant que d’un autre côté
elles vont en s’élevant de l’oueft à l’eft au cap
OrtegaJ , fous le quaçantc-troifième degré de latitude
jufqu’àux fources de l’Ebre, le fol eft à fa
plus grandexhauteur, 8c de quelque côté qu’on
s’en éloigne , il faut defcendre.
Les cimes de la plus grande partie de ces montagnes
fout compofées de roches fabloneufes. L’air
y eft extrêmement froid , parce qu’elles font prefque
toujours couvertes de neiges. Comme cette
qualitide fol eft fort propre à la^culture.du chêne,
;on en a fait en conféquence de nombreufes plantations.
A quelque diftance des fources de l’Ebre il y a
une montagne qu’on nomme Arendillo, laquelle
eft auffi fort élevée, mais fon foinmet eft décom-
pofé de manière qu’il offre une vafte plaine couverte
de prairies très-fertiles. Sa compofition d’ailleurs
eft très-fingulière : au bas elle eft formée de
gypfe, au fommet de grès, 8c dans le milieu de
pierre calcaire empreinte de cornes d’ammon de
grandeurs différentes , 8c d’une quantité prodi-
gieufe de l’efpèce de coquilles appelées peignes ,
qui fe trouvent dans l’intérieur même des rochers.
Sur le chemin de Reinofa , lieu peu éloigné des
fources de l’Ebre, on rencontre beaucoup de marbre
noir avec des veines blanches. Il y a auffi vers
ce même endroit quelques montagnes d’ardoifes,
qui offrent des fentes obliques très-mukipliées. -
Vis-à-vis d’Arendillo , & à deux lieues au fud,
il y a un coteau dans lequel on trouve de la mine
d’émeri mêlé à une maffe de grès. M. Bowles distingue
cinq efpèces d’émeri en Efpagne.
La première eft celle de R e in o fa qui eft en
grains très-gros.
La fécondé au contraire eft compofée de grains
très-fins ; elle fe trouve dans les montagnes de
Guadarama , au.nord-oueft de Madrid.
La troifième eft l’émeri de la mine que les Maures
ont travaillée près de l’Eftramadure, au nord-
oueft d’Almaden.
Là quatrième eft marbrée de quartz } elle fe
trouve dans le territoire de Molina d'Aragon, vers
les fources du Tage , auffi dans l’Eftramadure.
La cinquième eft en pierres détachées, noirâtresx
& pefantes, & fe trouve en piufieurs endroits
d’Efpagne.
L’Ebre prend fa fource dans un petit vallon au
pied d’une tour appelée Fontibre. A quelques pas
cette eau fait tourner un moulin, & l’on y trouve
line quantité prodigieufe de truites excellentes &
d’écreviffes. Ce fleuve, groffi par les eaux qu’il
reçoit de droite & de gauche, va fe rendre dans
une affez large embouchure. Nous en donnerons
l’hydrographie à l’article E b r e .
A une petite diftance de la fource de l’Ebre il
y a un petit lac fangeux , dont les eaux contiennent
fix à fept livres de fel par quintal. En hiver
ce lac eft couvert de canards & d’autres oifeaux
aquatiques. Le tèrrain des environs abonde en perdrix
, en lièvres & en cailles : on y voit auffi des
ours fur les fommets des montagnes.
A quelque diftance de cette même fource on
trouve une gorge fort refferrée, entre deux montagnes
, au fond de laquelle eft le, village de Pan-
corvo, dont elle porte le nom. Deux coteaux très-
élevés, & qui paroiffent fe toucher à leurs fommets,
forment cette gorge ; elle peut avoir cinquante
pas de large , fur un quart de lieue de longueur
: c’eft peut-être l’endroit le plus horrible
del’Efpagne. Ce pàftage traverfe des montagnes
à couches de pierres calcaires , derrière lefquelles
on trouve des collines de gypfe 8c des champs
cultivés.
En s’éloignant d’Efpinofa jufqu’à Mondragon
jufqu’à la rivière de Bidajfoa, le pays eft couvert
de montagnes de différentes hauteurs, féparées
entr’elles par des vallons étroits &r par quelques
plaines, que l’on peut confidérer comme de grands
8c larges vallons. Le loi y porte en général fur des
carrières compofées dans certains lieux de rochers
détachés} dans d’autres, de bancs ou de couches,
les unes cachées , les autres à découvert dans des
parties de marbre de différentes couleurs : on ef-
, time furtout celui qui eft prefque noir , avec des
taches & des veines blanches : en d’autres endroits,
Te terrain porte fur des couches calcaires ,
fur des grès & fur des mines de fer. On voit auffi
dans cette même étendue, des montagnes de celles
qu’on doit nommer compofées ; elles font formées
à différentes époques, 8c de maffifs de formes infiniment
variées.
M. Bowles nous apprend que prefque toutes les
montagnes de Ta partie orientale de ce pays font
compofées d’argile : c’eft en conféquence de cette
conftitution que Es pierres fe décompofent, 8c
qu’il en réfulte une terre forte & compacte , qu’on
ne rend fertile qu’au moyen de la chaux ; & comme
la décompofition de ces montagnes s’opère
1 continuellement, il eft néeefl'aire qu’on ajoute
chaque année de nouveaux engrais à la terre forte
pour la rendre propre à la végétation.
Cette partie de l’Efpagné renferme beaucoup
de fer : on en a découvert en differens endroits ,
même dans le voifinage de Bilbao. De ces mines ,
les unes font en couches, les autres en rognons, 8c
quelques-unes en filons : on y trouvé des hématites
de toutes formes & de toutes groffeurs ; mais
la mine la plus abondante, & celle dont le fer eft
de meilleure qualité, eft la mine de Sômorroftro.
Le minéral forme une couche interrompue , qui
varie depuis trois pieds jufqu’à dix d’épaiffeur r
cette couche eft couverte d’une autre de rochers
calcaires blanchâtres , épaiffe depuis deux pieds
jufqu’à fix.
M.Bowles préfume que la mine de Somorroftxo
provient de la diffolution & du tranfport du fer
par l’eau , qui l’y dépofe, & il en conclud que
c’eft pour cette raifon que cette mine eft un coin-
pofé de lames ou de petits feuillets plus minces
que le papier, appliqués les uns fur les autres :
ainfî cette mine s’augmente ou fe forme journellement.
Il n’y a pas de mine plus facile à fondre,
ni qui donne un fer auffi malléable : un quintal de
ce minéral a paru à M. Bowles contenir trente à
trente-cinq livres de bon fer.
Vers le fud-eft de Bilbao, les montagnes qui
courent à l’eft commencent à prendre le nom de
Pyrénées i elles font compofées de roches ardoi-
fées, fabloneufes & calcaires. On y trouve entr’au-
1 très lieux remarquables ;
X x x x 1