
tique & éthiopien. Mais comme la mer efl entrecoupée
par de grandes bandes de cominens, il
faut pour lois avoir égard à la nature du fol & à
la pofition des hautes montagnes ; car ce font les
deux principales caufes qui peuvent altérer les
règles générales des vents. Il fuffit, par exemple*
que le fol foit plat* bas* fablonneux* tels qu’on
nous rapporte que font les déferts de la Lybie *
ǰur que les rayons du foleil s’y mêlent* &
échauffent 1 air d une manière li prodigieufe* qu’il
fe fa (Te un courant d'air continuel* c’eft-à-dire,
un vent de ce côté-là.
On peut rapporter à cette caufe le vent des
cotes de Guinée* qui porte toujours vers la terre*
& qui eil oueft au lieu d’être eft ; car on imagine
bien quelle doit être la chaleur prodigieufe de
l’intérieur de l’Afrique, puifque las feules parties
feptentrionales font d'une chaleur fi confidé-
rable* que les anciens avoient cru que tout l’ef-
pace renfermé entre les tropiques ne pouvoir pas
être habité.
Il ne fera pas plus difficile d’expliquer les calmes
conftans qui régnent dans certaines parties de
l'Océan atlantique vers le milieu ; car dans cet
efpace i.t^ui eft également expoféaux vents d’oueft
vers la cote de Guinée* & au * vents alifés d’eft,
l'air n’a pas plus de tendance d’un côté que dé
l’autre, & fe trouve par conféquent en équilibre.
Quant aux pluies* qui font fréquentes dans ces-
mêmes lieux * elles font encore aifées à expliquer,
à caufe que, l’atmofphère diminuant de poids
par l’ôppofition qui eft entre les vents, l’air ne
peut plus retenir les vapeurs qu’il reçoit.
Comme l’air froid & denfê doit, à caufe de
fon excès de pefanteur* preffer l’air chaud & raréfié*
ce dernier doit s’élever par un courant
continuel & proportionnel à fa ràréfaélion; & ,
après s’être ainli élevé* il d oit, pour arriver à
l’équilibre-* fe répandre & former un courant
contraire : en forte que, par une forte de circulation*
le vent alifé de nord-eft doit être fuivi
d’un vent de fud-oueft. [Voyez CouAANI *
C ourant inférieur. )
Les changemens inftantanés d’une direâion à
celle qui lui eftoppofée, lefquels ont lieu lorf-
qu'on eft fur les limites des vents alifés, femblent
nous affiner que l’hypothèfe qui précède , n’eft
pas une fimple conjeâure ; mais ce qui la confirme
encore davantage * c’eft l’explication-qu’elle
nous donne du phénomène des mouflons, dont
on ne fauroit rendre compte fans .fon fecours.
( y o y c i M o u s s o n s . )
Suppofant donc la circulation dont nous venons
de parler* il faut confidérer que les terres
qui touchent de tous les côtés à la mer fepten-
trionale des Indes, telles que l’Arabie* la fierfe ,
l’ Inde* & c . font pour la plupart au.deffous de la
latitude de trente degrés, & que dans ces terres*
ainfi que dans celles de l’Afrique* qui font voi-
fines de la Méditerranée, il doit y avoir des cha^
leurs exeeflives lorfque le foleil eft dans fe trb-
pique du cancer ; qu’au contraire l’air y doit être
fort tempéré lorfque le foleil s'approche de l’autre
tropique* & que les montagnes voifines des côtes
font, fuivant que les voyageurs nous le rapportent,
couvertes de neiges, & capables par conféquent
de refroidir l’air qui y paffe. O r , de là il
luit que l’air qui, fuivant la règle générale, vient
du nord-eft à la mer des Indes, eft quelquefois
plus chaud & quelquefois plus froid que celui
qui, par cette circulation, retourne au fud-oueft*
& par conféquent il doit arriver que le vent ou
courant inférieur vienne tantôt au nord-eft 8tr
tantôt du fud-oueft.
Les tems où les mouflons foufflent, montrent
fuffifamment qu’ils ne faut oient avoir d’autre caufe
que celle qu'on vient d’expofer ; car en avril,
lorfque le foleil commence à réchauffer ces contrées
vers le nord, les mouflons fud-oueft fe
lèvent & durent tout le tems de la chaleur, c ’eft-
à-dire, jufqu’en odtobre. Le foleil s’étant pour
lors retiré & l'air lé refroidiffant dans les parties
• du nord, tandis qu'il s'échauffe dans les parties
du fud, les vents de nord-eft commencent &
foufflent pendant tout l’hiver jufqu'au retour du
printems; & c'eft fans doute par la même raifon
que, dans les parties aufttales de la mer des Indes,
les vents de nord-oueft fuccèdent à ceux de fud-
eft lorfque le foleil approche du tropique du capricorne.
Voilà l’idée générale de l’explication
du doéteur Halley : . quelqu’ingénieufe qu’elle
foit, il femble qu’elle eft un peu vague, & qu’elle
manque de_ cette précifion néceffaire pour porter
dans refprit une lumière parfaite. Cependant la
plupart des phyficiens l’ont adoptée. Ces favans
ne paroiffent pas avoir penfé à une autre caufe
générale des vents* qui pourroit être auffi puif-
fante que celle qui provient de la chaleur des
différentes parties de l’atmofphère ; cette caufe
eft la gravitation de la terre & de fon atmofphère
vers le foleil & vers la lune ; gravitation qui produit
le flux & le reflux de la mer, & qui doit produire
au0i néceffairement dans l’atmofphère un
flux & un reflux continuels.
Cette hypothèfe ou cette explication de la
caufe des vents généraux a cet avantage fur celle
de Halley, qu’elle donne le moyen dp calculer
affez exactement la viteffe & la direétion du vent*
& par.conféquenr de s’aflurer fi les phénomènes
répondent aux effets que le calcul indique j au
lieu que l’explication de l’aflronome anglois ne
peut guère fournir que des raifons fort générales j
car, quoiqu’on ne puiffe nier que la différente
chaleur des parties de l’atmofpnère ne doive y
exciter des mouvemens, c'eft a peu près à quoi
fe bornent nos connoiffances à ce fujet. il parorr
difficile de démontrer en rigueur de quel côté ces
mouvemens doivent être dirigés.
III. A lises [V ents). L’expérience a appris
qu'il exiftoit trois genres particuliers de vents,
les uns conftans, les autres variables, & enfin les
troifièmes périodiques. Ltsvents confiant Coutüent
à droite &c à gauche de la ligne équinoxiale, environ
entre trente degrés de latitude nord &
trente degrés de latitude fud : c’ eft -dans cette
zone que les vents foufflent fans interruption, du
moins à la furface des mers : on les. nomme aufii
vents cilijés. | H
: LeS vents alifés peuvent être regardés à quelques
égards comme.le vent primitif, & peut-être
Ïuïfiroit il lui ieul à imprimer du mouvement à
la m^ffe entière de l’atmofphère'. Pour s’en convaincre,
il faut jeter les yeux fur les deux cartes
réduites des deux hémifphères de notre Atlas,
qui ont pour objet les vents : on y verra la vafte
bande des vents alifésy placée au milieu du globe,
& féparant en deux les régions des vents variables.
Dans cette carte, qui ne s’étend de chaque cote
qu’à foixante degrés de latitude, ces degrés,
ainfi que dans toute autre carte réduite, croiffent
en s’éloignant de l'équateur, dans une proportion
qui pourroit en impofer à l’oe il , & faire penfer
que la bande des vents alifés n’eft qu’une petite
partie de la fui face du globe , en la comparant
aux deux autres ; mais le calcul peut rectifier à
cet égard l’erreur de ces premiers apperçus. Soit
le-globe de la terre reprèfenté par une boule :
on conçoit que la ligne conduite d’ un pôle à
l’autre, & qui paffe par le centre de la terre, eft
fon diamètre: Le grand cercle de l’équateur ainfi
que les deux cercles parallèles à l’équateur, étant
tracés à trente degrés de diftance de ce cercle,
marqueront la zone & les limites des vents alifés.
O r , avec ces élémens il eft facile de connoitre
le rapport de la furface occupée par les vents
alifés avec la furface totale de la terre. En effet, !
on fait que la furface d’une fphère eft égale au
produit de la circonférence de fon grand cercle
par la longueur de fon diamètre, & en même
tems qu’une furface d’une zone ou bande fphe-
rique eft égale au produit de la circonférence du
grand cercle par fa portion du diamètre, qui mefure
la hauteur ou la largeur de cette furface.
O r , fi l’on applique ces principes à la terre &
au problème qui eft à réfoudre, voici ce qui en
réfultera : le degré de la terre valant vingt lieues,
il s’enfuit que la circonférence totale de la terre
eft de trois cent foixante fois vingt lieues , ou de
fept mille deux cents lieues; mais comme le diamètre
de la terre eft à peu près de deux mille deux
cent quatre-vingt-douze lieues, on aura pour la
furface totale du globe de la terre, feize millions
cinq cent deux mille quatre cents lieues carrées.
Actuellement, pour avoir la furface de là zone
des vents alifés, il faut multiplier la même circonférence
de fept mille deux cents lieues par la
partie du diamètre qui exprime la largeur de cette
zone, c’eft-à-dire, par une ligne qui mefure la
diftance à l'équateur des deux cercles parallèles.
qui fervent de limite à la zone des vents alifés ,
c ’eft-à-dire, par une ligne qui eft le finus d’un arc
de trente degrés, & égale à la moitié du rayon,
il s’enfuit que les deux diftances donneront la valeur
du rayon entier. Par conféquent, en multipliant
fept mille deux cents lieues par onze cent
quarante-fix lieues, on aura pour la furface de la
zone des vents alifés huit millions deux cent cin-
uante-un mille deux cents lieues carrées, c’eft-à-
ire, précifément la moitié de la furface totale
de la terre.
Ceci juftifi® ce que plufieurs auteurs ont d it ,
que le ver.t alifé pounoit peut-être ftul donner
du mouvement à la totalité de l’atmofphère, &
du moins cet effet peut-il être fuppofé quant à la
partie inférieure de l ’atmofphère, qui eft le fiége
& la région des vents en général. ( Voye-[ l'article
V ent. )
La parfaite correfpondance qu’ il y a entre le
cours du foleil, les phénomènes de la chaleur &
les vents alifés3 ne laiffe aucun lieu de douter que
cet aftre n’en foit la caufe & Je moteur. Nous ob-
ferverons cependant que, par la chaleur du foleil,
nous entendons fa chaleur réfléchie, qui a une
puiffance très-active ; mais comme la région des
vents alifés comprend dans la plus grande partie
la zone torride, quelquefois nous pourrons confondre
les deux zones en femble. D’ailleurs, la
zone torride étant la partie de notre globe que le
foleil échauffe avec une force d’autant plus grande,
que fes rayons y agiffent plus verticalement, &
que la terre qui les reçoit, les réfléchit plus abondamment,
il s’enfuit que les courans d’air produits
par ces effets du foleil, doivent y être plus
marqués : il en réfulte auffi que l'air échauffé dans
ces circonftances fe dilate, fe raréfie de manière
qu’ il ne peut s’échapper par les côtés , parce
qu’ il eft environné partout de colonnes d’air plus^
denfe qui le forcent de s’élever, & il le fait avec
d’autant plus de facilité, qu’il devient plus léger
par fa raréfaction même. Mais il eft un terme à
l’élévation de cet air, au-delà duquel il fe refroidit
& fe condenfe ; il gravite alors & fe répand
pour fe mettre de niveau. Affez fouvent dans ces
, mouvemens il fe réunit au cours de l’atmofphère
| inférieure : quelquefois cependant il fe répand
dans tous lès tens, comme il eft aifé de s’en convaincre
en obfervant, dans la zone torride, le
cours des nuages élevés, qui eft différent de celui
des nuages inférieurs, mais même entièrement
oppofé à la direction du vent conftant qui règne
dans la région baffe de l’atmofphèrè.
L’air cependant ne peut fe dilater ainfi dans
tout l’efpace expofé à i’aCtion du foleil, fans que
les colonnes latérales, compofées d’ un air plus
denfe & conféquemment plus pefant, ne viènnènt.
remplir le vide qui s’y forme pour être raréfiées,
& élevées à leur tour à mefure qu’elles fe trouvent
expofées aux rayons du foleil; & faire place
ainfi à de nouvelles colonnes qui éprouvent les