
dant ils ont des danfes & des jeux qui *ne reffem-
blent pas à ceux de ces derniers > ils ont de la grâce
dans leurs mouvemens , où ils ne s’écartent jamais
de la plus modefte décence, bien différens en cela
de tous les autres fauvages, dont les danfes font
fort lafcives.
Les baïdars des indigènes de Tanaga font faits
de la même manière que ceux des Ounalafckkans ,
mais ils font plus grands & plus lourds.
Les habitans de Tanaga n’ont d’autres moyens
d’exifter que de fouiller la terre pour en extraire
des racines fauvages bonnes à manger , & de ra-
maffer des coquillages qui abondent fur les plages
fablonneufes des mers environnantes 3 furtout les
pétoncles : ces derniers font même d’ une groffeur
extraordinaire.
On trouve auffi fur les rochers de cet archipel
plufieurs fortes de moules & de lepas qui v font
attachés 3 & qui ne dépaffent pas la ligne ou l'eau
de la mer refte à marée baffe. Les chaifeurs ruffes
donnent le nom de baidar à une efpèce de ces coquillages
qui eft très-abondante 3 & qui refïemble
à leurs petits canots découverts. Les indigènes
en font très-grand cas3 & les mangent auffi bien
crus que cuits.
Des baleines font Couvent jetées fur la plage
fablonneufe de la pointe de Tanaga, & fourniffent
alors aux habitans de l’île de quoi fe nourrir &
«’éclairer long-tems.
Il en eft une efpèce qui échoue fréquemment fur
les rivages des îles aleoutes 3 ainfi que fur la'côte
de Kamtzchatka, & dont les indigènes ne mangent
as j ils fe contentent d’en extraire la graiftepour
rûler.
L’île de Tanaga eft la feule où l’on ait vu l’oie
à duvet ( l’édredon ):. Il y en a beaucoup dans les
lacs d’eau douce des parties baffes de l’ile. Les
robes & les manteaux que font les fauvages avec
la peau & les plumes de cet oifeau 3 font les plus
eftimés de ce genre 3 parce qu’ils font plus doux ,
plus chauds & plus forts que ceux fabriqués dans
{es autres îles.
Nous devons remarquer qu’à l’oueft de Tanaga
il y a plufieurs îles rocfieufes , lefquelles étoient
autrefois la retraite des loutres de mer & de plufieurs
autres efpèces d’amphibies y mais a préfent
elles font déferres, depuis que le nombre de çes
animaux a été confidérablement diminué par la
chaffe des Ruffes.
Kanagafe trouve à la fuite de Tanaga, & à la dif-
tance de fept milles. C ’eft à la furface de cette île
u’onapperçoit une fumée abondante qui s’exhale
’une fource chaude, laquelle fort du pied d’une
montagne où il y avoir anciennement un volcan
en activité-.
C ’eft de ce point qu’on découvre, à douze milles
de diftance', & à peu près à la même latitude , la
petite île de Bobrovoi3 qui doit fon nom à la, grande
quantité de loutres de mer qu’on V'trouvoit autrefois*
L ’île baffe dTllouk eft éloignée d’environ douze
milles de l ’extrémité fud-oueft de Tanaga ,• puis,
entre Illouk & GorelloiTfuit une rangée de plufieurs
îles rocheufes, diftribuées à peu près fur la
même ligne.
A la fuite de cette terre divifée ainfi , on voit
Adach, qui eft d’ une certaine étendue, & à la diftance
de dix-fept milles une autre île moins con-
fidérable ; & plus loin encore paroît- un groupe
de quinze petites îles montueufes, alongé vers l’eftj
elles fe préfentent fous des formes différentes
au milieu d’ elles on diftingue celle de Gortlloi ,
qu’ il ne faut pas confondre avec le pic du même
nom.
Lorfqu’on a franchi l’île à'Archka, qui eft affez
confidérable , on reconnoît, après un trajet de
cent vingt-huit milles, le promontoire d’ Oumàck,
qui annonce une île importante en avant d’ Quna-
lafchka i outre cela, dans ce trajet, font diftribuées
uniformément neuf à dix petites îles toujours régulièrement
affujetties à la même ligne que les gran-<
des îles , & dans la direction de l’oueft à l’eft.
Nous nous contenterons d’indiquer ici Ounalaf-
chka , qui eft la plus étendue de toutes les îles
aléoutes. Il y a enfuite Dounemal?, où l ’on apperçoit
trois montagnes coniques fort élevées : celle-ci fe
trouve fituée près de la pointe à’Alafka. Nous y
reviendrons , à l’article O o n a l a s ch k a , où nous
donnerons un précis de l’hiftoire naturelle de ces
îles.. Nous pouvons citer auffi notre Atlas , où
toute cette chaîne d’îles fera figurée dans le plus
grand détail, à l’article A lÉo u tian n e s . Voyei
auffi Ka d ia k , où toute l’anfe de la rivière de
Cook fera décrite j enfin l’article A n a d y r , où
l’on donnera ladefcription du baffin de cette mer,
de fes îles, de fes côtes , &c..
ALEP„ C ’ eft affez près de cette ville de l’ancienne
Syrie, & à.trois ou quatre milles au fud*eft
de Palmyre, que fe trouve la fameufe vallée de fe l,
dont le fol eft imprégné de fe l marin à une très-
_ grande profondeur. Il fuffit de creufer la terre
d’environ un pied , pour que l’eau de pluie qui s’y
rend, & qui fe charge très-abondamment du fe l ,
-forme dans ces fôffes une croûte folide, dont le
fel eft très-blanc & très-pur. La manière d’exploiter
cette denrée eft fort fimple. Les uns le caftent &
le brifent avec des bâtons armés de groffes têtes
de doux > d’autres mettent les morceaux de fel
dans des tonneaux , & fans aucune autre préparation
le portent à Alep, à Damas & dans d’autres
villes voifines, pour leur confommation. L’é -
tenduè de la plaine de fel eft immenfe, & cet amas
de fel fe trouve,'comme beaucoup d’autres, fort
éloigné de la mer, de telle forte qu’on ne^peut en
aucune manière attribuer ce dépôt falin à la Méditerranée
actuelle , en fuppofànt qu’elle s’étendît
jufque-lài. mais il faut avoir recours au féjour d’une
mer totalement différente , & dont le baffin étoit
beaucoup plus étendUi C ’eft le c.as de joindre à
l'examen de cet amas.de f e l , l’obfervation des
circonftances qui peuvent en déterminer 1 époque.
A LE T , ville qui fait partie du département de
YAude. Nous nous propofons de faire connoitre
fes environs dans un arrondiffement. ^ui comprendra
une fuperficie à peu près égale à celle de
fon ancien dïocèfe.. ; . '
Lorfqu’en partant de Limoux on approche des
. gorges qu’on appelle le détroit d‘ Ale t , on apperçoit
cinq à fîx veines de charbon de terre affez con-
fiderables i elles traverfent la rivière d’Aude, &
fe prolongent, fort loin dans les montagnes , tant
à la droite qu’à la gauche de cette rivière.
Tout le territoire .des montagnes qui viennent
à la fuite de ce fiLon, offre des terres rouges &
ochreufes qui annoncent le voifinage des charbons
de terre. En montant le long de ces gorges , on
rencontre quelques vignobles placés dans les endroits
abrités ; & comme ils occupent des coteaux
très-rapides , ils font expofes a etre fouvent dégradés
par les grandes averfes auxquelles ces contrées,
font fort fujètes. On ne-connort pas ici
cela de particulier, que leur toit ou les roches qui
les couvrent, font de gros bancs de plâtre. C
bancs de plâtre fe prolongent vers le petit Village
de F a , où on les exploite , &• d ou Ion tire du
«plâtre de la plus grande beauté.
ces murs pratiqués en amphithéâtre , qui fou- •
tiennent les terres & qui font la richeffe des Ce-
vennes & du Vivarais. Il en eft de même des
terres labourables qu’ on voit a la droite fur les
croupes oppofées à celles des vignes. «
Tous les environs d’Alet font occupes par 1 éducation
des arbres & des jardinages , dont les récoltés
fervent à l’approvifionnement des marchés
de Limoux.
En fortant de la ville d’Alet on trouve une
fource d’eau thermale, qui eft connue fous.le nom
de bains dlAlet. Ces eaux font ferrugineuies & peu
chaudes , car elles ne vont guère qu’au vingt-
quatrième degré du thermomètre de Réaumur.
A deux cents toifes de cette fource, en fui-
vant la vallée de l’Aude , on a mis au jour , par
les travaux d’une nouvelle: route , trois riches
veines de très-bonne qualité. Le minerai eft d un
rouge brun, & l’on y apperçoit le. fer prefque tout
formé. Cette découverte , au refte , ne doit pas
étonner , car tout ce pays abonde en charbon de
terre , & il eft rare de ne pas trouver des mines
de fer dans leur voifinage.
A peu de diftance de Gouifa-, qui eft le premier
village qu’on trouve au deffus d’A le t , on rencontre
plufieurs veines de charbon de terre tres-
bien cara&érifées y ces v eines , ainfi que celles ,
dont on a parlé c i-d e ffus , ont toutes leur direction
du levant au cou'chant, & inclinent toutes
au nord. .. , ..
Immédiatement après avoir pafle le pont du village
de Campagne, on trouve encore deux à trois
veines de charbon de.terre qui fe prolongent dans
les montagnes de part & d’autre de la rivière. Ce
qui eft remarquable , c’eft qu’elles ont la même
direction que les précédentes : feulement elles pa-
roiffent s’ incliner vers le midi > elles ont d’ailleurs
A une fort petite diftance du village de Cam-
' pagne on voit une forte fource -deau thermale,
! femblàble à celle XAUt ; elle dépofe un limon
ochreux, & a un goût ferrugineux bien leniible :■
elle avoir autrefois une chaleur de vingt - quatre
■ degrés au thermomètre de Réaumur ; mais cette
’ chaleur a été altérée par les eaux d'un canal qu on
a ouvert un peu au.deffus pour un moulin a Icie >
:ce qui a réduit cette eau au fixièroe degré.
Ici la qualité des terres change totalement : ce
ne font plus que des terres grifatres, légères K-
■ d'un modique produit. Il y a cependant quelques
prairies allez bonnes le long de U rivière ,
quelques vignes ; mais les fommets de toutes ces
montagnes font couverts de bruyères., & n oftrent
que des pâturages vagues.
A une lieue au deffus du village de Campagne
ôn commence à voir le vallon de Quillan ; il çré-
! fente en quelque forte un cul-de-fac entoure ae
hautes montagnes & de roches efcarpees : il peut
■ avoir une demi-lieue de diamètre, dont une partie
eft en plaine, 8c l’autre en pente légère, jui-
qu’au pied des roches efcarpees. On y remarque
quelques prairies & des terres labourables : le
ifurplus eft occupé avantageusement par dexcel-
lens vignobles garnis de figuiers. Il n'y a pas un
pouce de terre qui ne foit mis à profit : les vins
!en font excellens, & les figues de. ce vallon pal-
fent pour être les meilleures de tout ce pays.
On fait dans la petite ville de Quillan un commerce
confidérable en bois de charpente. & en
planches de fapin, qu’on y amène des forets
immenfes du pays de Saule, dont nous paileron
bientôt.
A un quart d’heure de cette ville on voit quatre
foürces Singulières, diftantes de quelques toffes
les unes des autres. Deux de ces fources donnent
des eaux chaudes ou thermales, 3c les deux autres
des eaux fort froides. Les eaux chaudes font
au vingt-cinquième degré du thermomètre de
Réaumur ; elles font très-limpides, ne depolent
aucun fédiment, & n’ont abfolument d’autre gont
que celui de l’eau ordinaire la plus pure : elles
ont cependant la réputation d’être efficaces contre
les douleurs internes, les rhumatifmes, & tres^
favorables aux poitrinaires. .
Les eaux des deux fources froides, qui font
voifines des deux premières j ne fe boivent pas
fans inconvénient.
Lorfqu’on monte fur la haute montagne, de*
puis Quillan jufqu’ à Coudons , & qu on gagne
les fomrnités du pays de Sault, on remarque plufieurs
bancs de marbre noir veiné de blanc. Nous
dirons ici à cette occafion que ces montagnes ,
tant celles du pays de Sault que des Fenouilledes^
Mm x.