
cette brebis eft revêtue de fort belle laine. Dans
les pays plus chauds, comme à Madagaîcar & aux j
Indes, elle eft couverte de poil ; elle eft domefti-
que comme la nôtre , & fe trouve communément
en.Tartarie, en Perfe , en Syrie , en Egypte, en
Baibarie , en Ethiopie , à Mofambique, à Mada-
gafcar, & jufqu’ au Cap de Bonne-Efpérance.
On voit dans les îles de l’Archipel, & principalement
dans Tîle de Candie, une race de brebis
aomeftique qui ne diffère de nos brebis ordinaires
que par les cornes, qu'elle a droites & cannelées
en fpirale.
Eg Syrie , les brebis ont la toifon d’une beauté
parfaite , & la brebis et Angora , de même que le
chat & la chèvre de la même contrée, femble être
yêtue de foie plutôt que de laine ou de poil.
. Les grandes brebis ce Flandre font d’une plus
forte taille que nos brebis , elles produifent ordinairement
quatre agneaux par a n , & font originaires
des Indes orientales.
Enfin, dans les contrées les plus chaudes de
l’Afrique & des Indes, on trouve une race de
grandes brebis à poil rude, > à cornes courtes, à
oreilles pendantes, avec une efpèce de fanon fous
le cou. Elle eft connue des naturaliftes, fous les
noms de bélier du Sénégal, brebis d'Angola, &c.
Les brebis n’exiftoient point en Amérique} elles
y ont été tranfportées d'Europe, & elles ont réufii
dans tous les climats chauds & tempérés de ce
nouveau continent} mais, quoiqu’elles y foient
allez prolifiques, elles y font communément plus
maigres, & les moutons ont en général la chair
moins tendre & moins fucculente qu’en Europe.
Le climat du Brélil eft celui qui leur convient le
mieux.
Le cheval.
Le cheval paroît originaire d’Arabie : on le
trouve encore fauvage dans le pays des Tar tare s ,
Mongous & Ka kas, dans quelques parties de la
Chine , ainfi qu’aux environs du Cap de Bonne-
Efpérance & dans le royaume de Congo.
On fait que l’efpëce du cheval n’exiftoit pas en
Amérique loifqu’on en a fait la découverte} mais,
en moins de deux cents ans, le nombre de chevaux
qu’on y a tranfportés d’Europe , s’y eft fi fort multiplié,
furtout au C h ili, qu’ils y font à très bas
prix. Tous les chevaux qui font dans les Indes ef-
pagnoles viennent des chevaux q* i furent tranfportés
d’Andaloulie, d’abord dans l ’île de Cuba
& dans celle de Saint-Domingue , enfuite à celle
de .Barlovento, ou ils multiplièrent fi fort qu’il
s’en répandit dans les terres inhabitées, où ils
devinrent fauvages, & pullulèrent d’autant plus,
qu’il n’y avoit point d’ animaux féroces dans ces
îles qui puffent leur nuire, & parce qu’il y a de
l’herbe verte toute l’année.
Selon le Père Du tertre., ce fout les François
qui ont peuplé les Antilles de chevaux ,* les Espagnols
n’y en âYoiem pts ,laiffé comme dans les
autres îles & dans la terre-ferme du nouveau continent.
M. Aubert, fécond gouverneur de la
Guadeloupe , a commencé le premier pré daiïs
cette île , & y a fait apporter les premiers chevaux.
Ceux qu’ on a tranfportés aux Philippines, y ont;
auflî prodigieufement multiplié.
Les chevaux tranfportés à l’ île Saint-Hélène y
font devenus fi farouches & fi fauvages, qu’ ils fa
jetteroientduhaut des rochers dans la mer, plutôt
que de fe laiffer prendre.
L'âne.
L ’âne paroît être venu primitivement d’Arabie,
& avoir paffé de là dans les autres pays. L’onagre
ou Y âne Jduvàge eft affez abondamment répandu
dans la Tartarie orientale & méridionale, la Perfe,
la Syrie, les îles de l’Archipel & toute la Mauritanie.
Il né diffère de Y âne domeftique que par
les attributs de l’indépendance & de la liberté.
On n’a pas trouvé d’ânes en Amérique } mais
ceux quelesEfpagnoîs y ont tranfportés d’Europe,
y ont beaucoup multiplié,. & l’on y trouve, en
plufieursendroits, des ânes devenus fauvages, qui
vont par troupes, & que l’on prend dans des pièges
comme les chevaux fauvages.
Aclimatés ( oiseaux).
Avant de paffer en revue les principales espèces
d’oi féaux aclimatés , nous ferons remarquer
que toutes ces efpèces, ou du moins la plus
grande partie , appartiennent à l’ordre des gallinacés,
a celui qui renferme les efpèces les plus
utiles à l’homme } enfin, à celui qui eft à la claffe
des oifeaux, ce que l’ordre des ruminans eft à la
claffe des mammifères.
Le paon.
Le paon eft originaire des Indes : c’eft de là
qu’ il a paffé dans la partie occidentale de l’Afie-,
o ù , félon le témoignage pofitif de Théophrafte,
cité par Pline , il avoit été apporté d’ailleurs }
au lieu qu’ il ne paroît pas avoir paffé de la partie
la plus orientale de l’Afie, qui eft la Chine,
dans les Indes} car les voyageurs s’accordent à
dire que, quoique les paons loient fort communs
aux Indes orientales, on ne voit à h Chine que
ceux qu’on y a tranfportés de divers pays} ce qui
prouve au moins qu’ils font très-rares à la Chine.
Élien affure que ce font les Barbares qui ont fait
préfent à la Grèce de ce bel oifeau, & ces. Barbares
ne peuvent guère être que des Indiens,
puifque ç’eft aux Indes qu Alexandre , qui avoit
parcouru l’Afie , & qui connoiffoit bien la Grèce ,
en a vu pour la première fois : d’ ailleurs , il n'eft
point de pays où ils fe foient plus généralement
répandus, & en aufli grande abondance, que dans
les Ind,es, mais particuliérement dans les territoires
de Baroche, d&Gamboya & de Broudrai
Des Indes ils auront facilement paffé dâns la
partie occidentale de l’Afie : auflî voyons nous
Diodore de Sicile nous dire qu’il y en avoit beaucoup
dans la Babyloüe} la Médie en nourriffoit
aufïi de très-beaux, & en fi grande quantité, que ,
cet oifeau en a eu le furnom d’Avis Medica. Phi-
loftrate parle de ceux du Phafe , qui avoient une j
huppe bleue, & les voyageurs en ont vu en j
I^erfe. ' _ j
De l’Afie ils ont paffé dans la Grèce, où ils tu rent
d’abord fi rares, qu’à Athènes on les montra ;
pendant trente ans, à chaque néoménie, comme i
un objet de curiofité , & qu’on accouroit en foule
des villes voifines pour les voir.
On ne trouve pas l’époque certaine de cette
migration du paon de l ’Afie dans la G rèce} mais il
y a preuve qu’il n’a commencé à paroître dans ce
dernier pays, que depuis le tems d’Alexandre, &
que fa première ftation, au fortir de l'A fie , a été
l’île de Samos.
Les paons n’ont donc paru dans la Grèce que
depuis Alexandre} car ce conquérant n’en vit
pour la première fois que dans les Indes, & il fut
tellement frappé de leur beauté, qu il défendit de
les tuer fous des peines très-féveres} mais il y a
toute apparence que peu de tems après Alexandre,
& même avant la fin de fon règne, ils devinrent
fort communs} car nous voyons dans le poète
Antiphanes, contemporain de ce prince, & qui
lui a furvécu, qu’une feule paire de paons apportée
en Grèce, s’y étoit multipliée a un tel point,
qu’il y en avoit autant que de cailles} & d’ ailleurs
Ariftote, qui ne furvéquit que deux ans à fon
élève, parle en plufieurs endroits des paons,
comme d’oi féaux fort connus.
En fécond lieu, que l’île. de Samos ait été leur
première ftation à leur paffage d’Afie en Europe,
c’eft ce qui eft probable par la pofition même de- ;
cette île , qui eft très-voifine du continent de
l ’Afie, &.de. plus, cela eft prouvé par un paffage !
formel de Menodotus......
Les paons ayant paffé de l’A fie dans la Grèce, fe
font enfuite avancés dans les parties méridionales
de l’Europe, & , de proche en proche, en France,
en Allemagne, en Suiffe, & jufque dans la Suède,
o ù , à la vérité , ils ne fubfiftent qu'en petit nombre,
à force de foin, & non.fans une altération
considérable de leur plumage.
Enfin, les Européens, qui, par l’étendue de leur
commerce & de leur navigation, embraffeut le
globe entier, les ont répandus d’abord fur les
côtes d’Afrique &dans quelques îles adjacentes,
enfuite dans te Mexique, & ae là dans le Pérou &
dans quelques-unes des Antilles, comme Saint-
Domingue &: la Jamaïque, où l’on en voit beaucoup
aujourd’hui, & o ù , avant cela, il n’ y en
avoit pas un feul, par une fuite de la loi générale
du climat, qui exclut du Nouveau-Monde tout
animal terrenre, attaché par fa nature aux pays
chauds de l ’ancien continent, loi à laquelle les
oifeaux pefans ne font pas moins affujettis que les
quadrupèdes.
Le faifan.
Le faifan étoit confiné dans la Colchide : ce font
des Grecs qui, en remontant le Phafe pour arriver
à Colchos, virent ces beaux oifeaux répandus fur
les bords du fleuve, & qui, en les rapportant dans
leur patrie, lui firent un préfent plus riche que
celui de la toifon d’or.
Encore aujourd’hui les faifans de la Colchide
ou Mingrelie, & de quelques autres contrées voifines,
font les plus beaux & les plus gros que l’on
connoifie. C ’eft de là qu'ils fe font répandus, d’un
cô té , par la Grèce à l’Occident, depuis la mer
Baltique jufqu’ au Cap de Bonne-Efpérance & à
Madagafcar } & de l ’autre, par la Médie, dans
l’Orient, jufqu’ à l’extrémité de la Chine & aù
Japon...... Ils font en fort grande abondance en
Afrique, furtout fur la côte des Efclaves, la côte
d’Or, la côte d’ iv o ire , au paysd’Iffini, & dans
les royaumes de Congo & d’Angola..... On en
trouve affez communément dans les differentes
parties de l’Europe, en Efpagne, en Italie, furtout
dans la campagne de Rome, le Milanez & quelques
îles du golphe de Naples} en Allemagne ,
en France , en Angleterre} mais, dans ces dernières
contrées, ils ne.font pas généralement ré*
pandus.
Le coq.
L*efpèce du coq, qui paroît originaire des pays
chauds de l’Afie, n’exiftoit pas en Amérique lors
de la découverte de ce continent; elle y a été
tranfportée par les Européens, & elle s’y eft multipliée
partout* On trouve encore le' coq fauvage
dans les forêts de l’îlë de Java.
La pintade. '
La pintade, élevée autrefois à Rome avec beaucoup
de foin, s’étoit perdue en Europe, paif-
qu’on n’ en retrouve plus aucune trace chez lesécri-
vains du moyen âge , & qu’on n'a recommencé à
en parler que depuis que les Européens ont fréquenté
les côtes occidentales de 1 Afrique, en
allant aux Indes par le Cap de Bonne-Ufpérance;
Non-feulement ils l’ont répandue en Europe j mais
ils l’ont encore tranfportée en Amérique.
11 paroît donc que la pintade eft originaire des:
côtes de Guinée.
On trouve la pintade à l’îie de Fi ance & à l’ île
de la Réunion, où elle a été tranfportée affez ré cemment,
& où elle s’eft fort bien multipliée }'
elle exifte à Madagafcar, où elle a reçu- le nom
à’ecanque3 & au Congo , où ©lié porte celui de
quetïle i elle eft fort commune dans la Guinée-, à
la côte d’O r , où elle -n'eft privée que dans le canton
d’Acra; à Sierra-Leona, au Sénégal, dans l’î'e
de Gorée, dans celle du Ca^ V e rd , en Barbarie,’
i en Égypte, en .Arabie, en-Syrie. On ne di-poi&s