
terre qui les lie , eft partout r ou flatte*, & que les
rognons eux-mêmes font de différentes couleurs j
ce qui donnerait, fi cette pierre étoit taillée 8c
polie, une affez belle efpèce de brèche.
Je développerai par la. fuite les caufes de cette
conftitution de rochers, lorfque je traiterai de la :
féparation des couches & des intervalles terreux. j
Ainfi je crois devoir renvoyer à ces articles.
C e rocher de cailloutage, connu à Alais fous
le nom à'amenla, eft de la nature des marbres,
8c fait une excellente chaux d'une prife prompte
8c folide, même dans les conftruétions qu'on fait
au milieu des .eaux.
Le rocher d'amenla ne va pas à une grande profondeur,
comme ceux des autres chaînes : on en
vo ir , dans quelques ravins , les fondemen9 ou la
Lafe, qui fe trouve quelquefois mêlée de couches
d'un rocher jaunâtre de pierre morte. Ce rocher,
fur lequel porte Y amenla, eft fort commun dans
tous les lieux par où paffè cette chaîne.
On trouve conftamment le long de cette chaîne
les mêmes efpèces de coquillages fofliles, & des
efpèces dont on n'a pas rencontré les analogues
dans les différentes mers j telles font les pinnes
cannelées dans leur longueur-, de grands nautiles
chambrés & renflés comme les coquillages appelés
tonnes, des huitres aplaties par un des côtés, enfin
une prodigieufe quantité d’échinites : ces derniers
font faits en coeur, émou fies par la pointe, 8c
tous de la grofieur d'une noix.
Nous avons déjà remarqué un certain ordre
dans les coquillages fofliles de la fécondé chaîne :
ceux-ci étoient couchés de même à plat dans les
rochers, 8c nous verrons, dans l'examen de la
dixième chaîne, qu'ils n'occupent que certains
bancs à l'exclufion des autres. Dans la chaîne dont
nous parlons, le rocher porte toutes les marques
de bouleverfemens & d'un défordre qui a confondu
les pierres avec les coquillages fofliles } car
on les trouve indifféremment répandus dans toute
l'épaifleur du rocher, & dans les endroits les plus
profonds où fa hafe aboutit.
De ce défordre & de la; forme arrondie des
pierres, il paraît qu’on peut conclure , i° . que
la pétrification des morceaux arrondis du rocher
& amenla. 8c des coquillages qui s'y trouvent mêlés,
eft de beaucoup antérieure à celle de la terre qui
les lie les uns aux autres y z° . que tout le rocher
eft étranger dans la place* qu'il occupe} 3®-. que
les pierres d’amenla pourraient bien s'être air on*
dies en roulant les unes furies autres, de la même
manière que les galets de Iamer.jVoici les raifons
fur lefquelles je me fonde pour établir ces affer-
tions :
i*. La terre qui lie les pierres à'amenla de différentes
couleurs, eft elle-même d'une couleur
toujours uniforme, & d'un grain plus greffier que
celui de ces- pierres. Cette terre n'eft jamais fî J
bien pétrifiée, qu a la fin elle ne fe gercé & ne fe I
délite à l’air lorsqu'elle y eft long-te ms. expofée : |
auffî la furface des rochers à'amenla où l’on n’a
pas touché, eft toute en morceaux détachés, tandis
que les pierres arrondies , ou Y amenla proprement
d it, relient dans leur entier & n'en deviennent
que plus dures } e’ell ce qui arrive à tous les marbres
appelés brèches. C ’eft ainfi qu'un mur de maçonnerie
pêche moins communément dû côté de
la pierre que de la part du mortier, quelque dureté
que celui-ci ait acquife. Les matières durcies
en différens tems & liées enfemble font, toutes
chofes d'ailleurs égales, non - feulement d’une
confiftance différente, mais elles ne font jamais ü
bien liées, que fi elles n'avoient formé d’abord
qu'une même pâte homogène qui ait été pétrifiée
en même tems & dans un même gîte.
C ’eft a cette caufe qu'il faut attribuer la facilité
qu'ont les couches d'un rocher de fe féparer ,le9
unes des autres , & c'eft ce qui m'a fait conclure
que le rocher d'amenla eft le produit de deux pétrifications
faites en des tems différens} d'abord
celle des pierres arrondies ou des amenlas3 & en-
fuite celle du ciment qui les lie.
2°. Dans la caflure d'un bloc compofé de plusieurs
amenlas liés par un ciment bien durci, on
voit fouvent des veines blanches de fuc pierreux
qui traverfent lin morceau arrondi d‘amenla; mais
ces veines ne s'étendent pas au-delà dans le ciment
ou terre durcie, qui n'a de pareilles veines
dans aucun endroit. La veine du caillou n’a pas
de fuite} elle fe termine nettement à fes bords :
c'eft ce qu'on peut remarquer également dans plu-
fîeurs marbres brèches,. qui font dans le même cas
que les amenlas. ( Voye^ l'article Brèche.)
Ces obfervations prouvent que, non-feulement
la pétrification des cailloux 8c du ciment qui les
lie n’a pas été faite, comme nous l'avons dit ci~
deflus, ni dans un même lieu ni dans un même
tems, car autrement la veine blanche traverserait
ind’fféremment tout le b loc, & parferait de la
pierre arrondie dans le ciment qui s'eft durci
autour j mais elle indique encore que les pierres
d'amenla aujourd'hui arrondies, & probablement
anguleufes autrefois, font des morceaux détachés
d'une plus grande maffe. Dans tous les rochers de
pierres à chaux traverfés par des veines de fuc
pierreux , ces veines parcourent une affez grande
étendue avant de difparoître : c'eft ce que nous
©bfervons tous les jours dans les rochers de pierres
àj:haux & dans les bancs de marbres veines. Or,
il eft rnconteflable que les amenlas font dans le
même cas.
3®. Les coquillages fofliles, dans cette chaîne^,
font partout confondus avec lés pierres à'amenla,
jufcpa'à la pierre morte qui leur fort de bafe, mais
ils ne vont point au-delà; ce qui eft une affez
forte préfomption pour croire que, d'un côté, les
amenlas ont été portés & roulés dans le baffin de
la mer, 8c que les coquillages s'y font trouvés na^-
tureilement.
4°. Les- amenla* font arrondis comme les galets
des bords de la mer : aufli ne font-ils quë d une
moyenne groflèur} ils font outre cela de grains
& de couleurs différentes. Ces pierres ont appartenu
originairement à différentes montagnes éloignées
les! unes des autres, en ont été détachées,
& -enfuira entraînées dans quelque golfe où elles
ont été arrondies par les flots de 1 ancienne mer
qui s’étendoit jufque-là.
%Ce que nous venons de dire indique l'état primitif
des morceaux à'amenla , qui étoit d'être anguleux,
& que leur arrondiflement eft la fuite de
leur état fecondaire opéré par le roulement fur
les bords de la mer,
J’ajoute à cela que la plupart des huitres renfermées
dans cette chaîne font aufli arrondies, de
manière que leurs angles les plus faillans ont été
emportés} .en forte que leur état aftuel des frot-
temens unit 8c arrondit les différens côtés du coquillage
qui fe trouvent entamés.
Ce que je viens de dire des huitres eft aufli
remarquable dans quelques échinites. Comme ils
font plus petits & plus arrondis naturellement que
les huitres, 8c par-là moins expofés aux chocs,
ils font d'ailleurs couverts d'une croûte mince 8c
chagrinée, qui eft le teft du coquillage« incorporé
avec le noyau pierreux qui s'eft formé dans l’intérieur.
Cette croûte eft fi ufée dans un grand
nombre d'échinites, que le noyau ou la pierre eft
entièrement à découvert, à la téferve des endroits
où le coquillage a des enfoncemens dans lefquels
le teft fubfifte en entier} mais à partir de là il
s’amincit de plus en plus, & enfin il difparoît à
mefure-qu’il approche des endroits plus expofés à
l'aétion du frottement.
Je conclus donc définitivement que les pierres
& amenla, comme les coquillages qui s'y trouvent
mêlés, ont été ufés & arrondis en roulant, ayant ,
été balancés par les flots de la mer au milieu du
golfe où l'Océan les a abandonnés par fa dernière
retraite. ,
Cette chaîne n'a plus rien de remarquable
qu'une efpèce de carrière de criftal d'Iflande, dont
les effets font connus : ainfi nous n'entrerons dans
aucun détail à ce fujet. Nous paffous donc à la
feptième chaîne.
Septième chaîne.
Ce titre ne peut s'appliquer qu'à trois ou quatre
montagnes qui ont une dire&ion Semblable à celle
des précédentes, excepté quelles ne font pas aufli
fuivies. Cependant comme les rochers de cette
chaîne fe diftinguent de ceux des chaînes voifines, :
comme ayant pour fond un marbre gris-de-fer,
j ’en ferai un article à part.
Les rochers de marbre de cette chaîne font
compofés, en quelques endroits, de morceaux
qui laiflent entreux des vides} dans d’ autres, ce
font des blocs informes, mais très-exa&ement
appliqués les uns fur les. autres ailleurs on. ne.
voit que des mafles continues, & c ’eft dans ces
dernières mafles qu'on trouve d'un côté des
grotes, pendant que dans les premières on rencontre
des veftiges de plufieurs déplacemens.
Les dérangemens fe manifeftent, ou par le*
morceaux de rochers brifés, ou par les veines qui
les traverfent.
. Quoique le rocher ne faffe aujourd’hui qu’un
tout dont les parties font bien unies enfemble, il
paraît visiblement qu’il a été brifé en bien des
endroits qu'on découvre tous les jours au moyen
de la mine. Les morceaux reffoudés font fort anguleux
& les angles font bien confervés : il y en
a dont les pièces caflees font un peu écartées, 8c
où l'pn voit aifément que les parties déplacées de
caflees font correspondantes, âc qu'elles s’affem-
bleroient très-exactement fi on pouvoit les rapprocher
l’une de l’autre lorfque l'efpace que les
morceaux laiflent entr’eux eft rempli d’une fubf-
tance terreufe qui s’y eft pétrifiée. Cette fubftance
eft de différente couleur 8c de différent grain que
celui du rocher, 8c par conféquent d’une conm-
tance différente} ce qui eft une preuve que les
morceaux primitifs du rocher étoient déjà pétrifiés
lorsqu'ils ont été brifés 8c déplacés, 8c qu'ils
formoient autrefois un tout différent de celui
qu’on voit maintenant.
La plupart des vides que les morceaux du rocher
laiflent entr'eux, 8c qui n’ont point été remplis
d’une fubftance terreufe, l’ont été par une
eau chargée de fucs pierreux de la fécondé époque
de la pétrification : ces fucs ont été dépofes
fur les parois de la cavité à la manière des fois.
Les veines blanches des fucs pierreux indiquent
aufli, en beaucoup d’ endroits, un dérangement
qui a fait gliffer des blocs les uns fur les autres.
On y voit des veines qui étoient la continuité de
Semblables veines en pareil nombre, 8c qui ont
outre cela la même largeur : on eft donc autorifé
à conclure qu’un des blocs a gliffé de tout l'e f pace
qui fépare maintenant les extrémités de ce»
veines correfpondantes; 8c comme ces dérangemens
des veines font très-fréquens, on ne peut
douter que les caufes qui ont ainfi brifé & déplacé
ces morceaux rayés, n'aient agi affez fortement
en plufieurs occafions dans toute la maffe de 1»
montagne qui nous occupe.
Il y a maintenant une fécondé confédération
que nous ne devons pas omettre, c'eft celle qui
concerne la foudure des morceaux caffes 8c déplacés.
Or,, on ne peut voir fans étonnement la
folidité qui règne dans toutes les lignes qui indiquent
maintenant cette foudure, 8c qui malgré
| cela eft encore affez remarquable pour faire con-
noître ce travail fecondaire de la pétrification.
Je dois ajouter, ici qu'on obferve encore, fur
plufieurs blocs des mêmes rochers,, des marque»
inconteftables de déplàcemens de certaines mânes*
qui ont gliffé fur d'autres avant que la pétriflet-
I tion les.eût entièrement durcies*