
Les animaux plus grands en Amérique que dans
l’ancien Monde font l’élan, le daim , l’ours, la
belette j la loutre & le caftor j ceux qui font plus
petits font le lièvre, l ’écureuil & le mufaraigne.
Mammouth. On a donné le nom de mammouth
à un animal inconnu, quf devoit être beaucoup
plus grand qu’ un éléphant,. & dont on trouve les
dépouilles dans les parties fepcefttrionales des deux
continens, depuis le 56e. degré & demi de latitude
nord, & plus fréquemment à mefure qu’on
s’approche du pôle 5 ces dépouilles offeufes fe trouvent,
dans le comment de l’ Amérique feptentiio-
nale 5 dépofées à différentes profondeurs en terre,
uelquefois à la furface du foi, & le plus fouvem
ans des lieu? marécageux, où l’on rencontre, en
creufant un ‘peu, des fources falées; ce qui a fait
conjecturer à quelques naturalises, que le mam-
motith étoit graminivore, & recher choit le fel
marin, comme tous les animaux de cette claffe :
cependant la forme de fes dents molaires a fait
croire à d’autres qu’ il étoit carnivore.
Le mammouth avoit des défenfes, & plufieurs
naturalises ont penfé que cet animal n’étoit autre
chofe que l’éléphant dans toute fa groffeur primitive.
La comparaifon attentive des os de mammouth
avec ceux de l’éléphant a fait conclure à d’habiles
anatomiftes, que ces deux animaux étoient de
la même efpèce ; mais d’autres ont tiré de cet
examen comparatif & non moins fcrupuleux, une
conclufïon directement contraire. Jefferfon fou-
tient , dans fes notes fur la Virginie, la dernière
opinion, & lui a donné un grand degré de probabilité
: il obferve que l’éléphant, que nous con-
noiflons, habite entre les tropiques, tandis qu’ on
ne trouve les os du mammouth que depuis le 36e.
degré 30 minutes, en fe rapprochant du pôle. Si
l ’on veut expliquer l’habitation de l ’éléphant dans
les contrées feptentrionales par le changement de
l’obliquité de l’écliptique, il faut avoir recours à
des calculs auxquels répugne une philofophie fage.
Ainfi, par exemple, en admettant que la diminution
de l’obliquité de l’écliptique foit auffi prompte
que le fuppofent ceux qui la hâtent le plus, il fe
feroit écoulé deux cent cinquante mille an« depuis ;
que le cercle polaire fe feroit trouvé entre les
tropiques; il faudroit auffi fuppofer que les dé-'
pouilles de ces animaux s’y feroient conlervées à ;
l’air libre pendant cet efpace de tems : finon il ;
faut néceffairement fuppofer que cés éléphansau- i
ront pu foutenir le froid exceffif des hivers, s’ ac- i
commoder d’une nuit de fix mois; g : , quoique la
chaleur foit absolument néceffaireà la vie & au
développement des éléphans que nous connoîf-
foijs, ceux-là auroient cependant acquis des di- *
menfions cinq ou fix Fois plus confidérables en ;
vivant la moitié de l’année au milieu des neiges -
& des glaces.
Quelques écrivains foutiennent que la race du j
mammouth n’éft pas éteinte, & , fï l’on en croit j
la tradition des fauvages, on admettroit la prétenticn
que cet animal, qu’ ils nomment le grand
buffdlo, exifte encore dans les contrées intérieures
les plus feptentrionales de l’Amérique, inconnues
aux Européens.
Hippopotame. Cet animal ne fe trouve pas vivant
en Amérique 5 mais le D. Mitchill a publié
fes observations fur des dents trouvée« en terre
à Long - Ifland en 1788, & cônfervées à Philadelphie,
qu’il juge parfaitement conformes aux
dents de l’hippopotame dans les collection« de
Londres & d’Oxford, ou décrites parle dodteur
Grew. .
Bifon. Cet animal, improprement appelé buffdlo
ou buffle t fe trouve dans les Etats du centre de
l ’Amérique feptentiionale : il fe diftingùe du taureau
par une fubftance graiffeufe ou charnue, qui
recouvre fes épaules & une partie de fou dos,
ainfî que par le poil de fa tête & de toutes -fes
parties antérieures, qui eft long, fesnblable à de
ia laine, & qui peut fe filer & fervir à faire des
chapeaux, parce qu’il prend un bon feutrage : H
eft d’ ailleurs plus gros que le taureau. Il produit
avec la vache ; mais les veaux qui en proviennent,
confervent un naturel fauvage.
Moofe, élan ou orignal. Les forêts d’Amérique
abondent en animaux ruminans , à pieds fourchus*
du genre des cerfs ou daims. Le-grand élan noir eft
devenu fort rare : on lui donne depuis huit jufqu’à
douze pieds de hauteur. U élan gris eft ordinairement
de la taille d’un cheval, & quelquefois plys
grand. Le bois de l’un & de l’autre eft palmé, âc
pèfe trente à quarante livres : ils le.dépofenr annuellement
au mois de février. C e t animal n’a
d’autre allure que le pas ou le trot; il fe trouve
furtout dans la Nouvelle-Angleterre.
Caribou..C et animal, qui eft, à ce qu'on croit,
le même que le renne d’Europe., fe trouve communément
dans le diftriét de Main.
Red-üeer. Cette efpèce fournit trois ou quatre
variétés, dont une, quife trouve dans le voifinage
de l’O hio, eft un très-grand animal appelé .communément
Elk, mot que les naturalises français
ont'traduit par celui à 'élan. Cet animal cependant
paroit tenir Je milieu entre l’élan &c le cerf,: il a ,
-comme le premier, une taille beaucoup plus élevée
que le cerf ; les oreilles plus longues, plus
larges & plus épaiffes.; le poil beaucoup plus long,
le cou & la queue plus courts, un fanon & une
tache blanche au tour de la queue; mais il eft
nettement diftinguéde Y élan par fon bois, qui n’eft
point palmé, mais qui reffemble à celui du cerf :
il ne fe trouve pas dans les parties feptentrionales
* mais il eft commun dans les Etats de l’oueft.
Catesby le décrit fous le nom de cervus america-
nm; M. Jefferfon, mieux inftruit, le défigne fous
celui à'aie es americanus , cornibus teretibus. Il foup-
çonne, par tous les renfeignemens qu’il s’ eft procurés
, que les dénominations de renne & d'élan,
fous lefquelles Buffon comprend le caribou, le
moofe noir & gris, l’ orignal & l’elk, renferment
au moins trois & probablement quatre efpèces
bien diftinètes les unes des autres. / ’
Follow-Deer, daim. C et animal eft en général
plus grand dans l’Amérique feptentrionale, qu il
ne l’eft en Europe. D’ailleurs, fa couleur eft différente
, & quelques naturaliftes en ont fait une efpèce
diftinéte, quoique les caractères généraux,
& furtout le bois palmé, qui eft un des caractères
les plus apparens du daim, foient communs a ceux
des deux continens.
On trouve, dans les forêts des Etats du fud,
différens animaux qui paroiffent des variétés du
chevreuil.
Ours. On trouve deux efpèces d’ours dans les
Etats du nord : le premier eft bas fur jambes, fon
corps eft épais & pefant: il eft ordinairement gras,
ne paroît pas carnivore, & vit de grains, de racines
& de fruits. Lorfaue la neige commence à
tomber il fe retire dans Ta caverne, & paffe l’hiver
à vivre de fa fubftance. L’autre ours fe nomme
rango'tng-bear, & femble tenir le milieu entre le
premier & le loup ; fes jambes font plus longues,
& fon corps plus maigre : il eft carnivore & def-
truCfceur. En hiver il fe rapproche des contrées du
fud. Le premier répond à l’ours noir d’Europe ;
le fécond, à l’ours brun des Alpes.
Wolverint. Cet animal, appelé en Canada le
carcajou ou beaver- eater, femble tenir le milieu
entre l’ours & le vood-chuckj il répond parfaitement
au blaireau d’ Europe : il fuit & obferve les
chaffeurs lorfqu’ ils tendent les pièges, & s’empare
enfuite de leur p roie , & particuliérement des
caftors. On le trouve dans les Etats du nord.
Loup. C et animal, très-commun dans les Etats-
Unis , varie beaucoup en taille & en couleur. Dans
les Etats du nord il eft ordinairement d’un fauve
fale, avec une raie noire fur le dos : on en trouve,
dans les Etats du fud, de parfaitement noirs 8c
beaucoup moins grands que les premiers. Ces animaux
produifent, avec la chienne, une efpèce intermédiaire
, nommée mongrds, 8c que les fauvages
préfèrent aux chiens pour la chaffe. On dit
même qu’avant de connoître les chiens ils appri-
voifoient & dreffoient des loups.
Renard. Il y a une grande variété de renards
dans les Etats-Unis : tels font le renard argenté, le
rouge y le gris, le croff-fox > le brant-fox & d’autres
encore qui offrent des nuances entre ces variétés;
ceux des Etats du nord font les plus grands.
Catamount. Cet animal, le plus redouté de tous
par les chaffeurs, appartient à la famille des chats,
& eft affez rare : on n’en a encore aucune deferip-
tion raifonnée. Les dimenfions d’un catamount tué,
il y a quelques années, dans le Hampshire y étoient
les {Vivantes, autant qu’on put s’en affurer par la
peau : la longueur du corps, la tête comprife, étoit
de fix pieds; la longueur de la queue, de trois:
pieds ; fes jambes avoient environ un pied, fon
dos & fes jambes étoient n o i r s & le refte du
corps d’ un fauve fombre. C et animal ne parcit
pas fait pour courir; mais il faute avec une légèreté
furprenante. Sa nourriture favorite eft le fang,
qu’il fuce des veines jugulaires du bétail & des
bêtes fauves qu’il furprend, & donc il abandonne
enfuite la chair : il remporte dans fon repaire les
animaux les moins pefans dont il s’empare. Le feu,
qui éloigne les autres bêtes féroces, femble l’attirer,
& il ne paroît craindre ni J’homme ni aucun
animal quelconque : on le trouve dans les Etats
du nord & dans ceux du centre.
Cougar. Cet animal, nommé tigre dans les Etats
du fud, eft une efpèce voifine de la panthère : il
a le corps long d’environ cinq pieds; il eft, outre
cela, plus haut fur jambes que ne le font Tes autres
efpèces de la famille des chats, auxquels il reffemble
d’ailleurs par les inclinations & les moeurs.
Sa couleur eft d’ un fauve fombre.
Mountain-cat. Cet animal a trois pieds demi
à quatre pieds de longueur; à quoi il faut ajouter
la queue, qui a environ deux pieds : fa couleur
eft un fond brun, avec des taches & des raies
noires. Le mâle a une raie brune fur le dos. C ’eft:
le plus beau des animaux d’Amérique, de la famille
des chats : il eft extrêmement féroce, mais
il n’attaque guère l’homme : il fe trouve dans les
Etats du fud.
Lynx. On diftingue trois variétés de cet animal
dans les Etats-Unis, &: ces variétés font peut-être
autant d’efpèces différentes. La première eft le
lupus cervarius de Linnæus , (loup-cervier) : il a
deux pieds & demi à trois pieds de longueur,
avec une queue d’environ dinq pouces. Son poil
eft long, beau, épais, d‘un gris clair, parfemé de
quelques petites taches plus foncées & irrégulières.
C ’eft le lynx de Sibérie & du nord de l’Europe
: on en trouve quelques-uns dans le diftri$:
de Main ; mais il devient plus commun à mefure
qu’on s’approche davantage du pôle nord.
La fécondé variété ou efpèce eft le catus ctrva-
rius de Linnarus, (le chat-cervier), nommé wild-
cat dans la Nouvelle-Angleterre : il a depuis deux
jufqu’ à deux pieds & demi de longueur, & fa
queue trois pouces. Son poïl eft plus court que
celui de l’efpèce précédente ; il eft brun, mélangé
de gris : il n’a point de houpe au bout de la queue
ni dans fes oreilles, comme le loup-cervier.
La troifîème variété du lynx eft à p.eu près de
la groffeur d’un chat ordinaire. Le mâle eft d ’un
bai clair, avec des taches noires fur les jambes :
fa queue a quatre pouces de longueur, & eft couverte
de huit anneaux blancs. La femelle eft d’un
gris rougeâtre : il fe trouve dans les Etats du
. centre & du fud.
Margay. C et animal reffemble beaucoup au chat
fauvage d’Europe, foit par la forme générale de
fon corps, foit par la couleur : il eft fauve, ondoyé
de brun : il fe trouve dans les Etats du fud.
Kinkajou. C et animal eft encore de la famille
des chats : il eft de la groffeur d’ un chat ordinai-
. r e , 8c confirait plutôt pour être léger -que fort.
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