
nous annonce un grand défordre 8c une grande
révolution à la vue des éboulis immenfes qui fe
trouvent encore fur une des faces des brèches, 8c
particuliérement à celle du Patoumack. O r , la première
manière n’auroit pas entraîné ces défordres
^pparens. ( Voye[ A n d u s e , E u p h r a t e & V i r g
i n i e . ) '
Diverfes confidérations fur l'allure des arêtes au milieu
des continens.
Je diftingue les arêtes comme les vallons, en primitifs
8c fecondaires. Ces arêtes diffèrent encore
fuivant les maflîfs dans lefquels on les trouve. Il
paroît d’ailleurs que ce font V quant à leur lima-
tion , les reftes'de l’ancienne furface du Globe
avant qu’elle fût fîllonée des vallons qu’elles réparent
, de quelqu’ordre qu’ils foient ; elles fervent
enfin à diftribuer les eaux dans chacun de ces
vallons.
Les arêtes primitives divifenr les grandes vallées
j les arêtes fecondaires les vallées latérales.
Les arêtes primitives font quelquefois horizontales
j quelquefois elles ont une pente qui les porte
jufqu’aux plaines inférieures qui font au centre
des bafiins. Il en eft de même des arêtes fecondaires.
J’ai déjà d it, & je dois le répéter, que les
arêtes de l’ancienne terre diffèrent beaucoup des
arêtes de la nouvelle par rapport à leur direction
& à leur pente.
Les arêtes font les parties les plus elevées du
Globe : c’eft de là que les eaux pluviales font dif-
tribuées dans les vallons par des filets qui s’y rendent
fuivant les pentes adoucies par ces mêmes
eaux. .
On conçoit de là que la ligne qui forme le
contour d’un badin, d’une grande rivière ou d’ une
mer méditerranée, eft tracée par tomes les arêtes
dont je viens de parler. Il n’eft queftion, pour les'
reconnoître, que de fuivre les féparations de tous
lesbafTms, qui font indiquées, par la marche des
eaux, vers différens points de l ’horizon.
Lorfque les arêtes font fort larges, elles ont
confervé la forme de l ’ancienne furface, qui, dans
plufieurs cantons, eft prefque horizontale, & pré-
fente autant de plateaux y mais i! n y en a guere dans
les montagnes de l’ancienne & de lamoyenne terre3
on n’en trouve que dans la nouvelle terre.
Ces plateaux fervent non-feulement à la distribution
des eaux pluviales vers les différens points
de l’horizon vers lefquels elles fe font frayées des
routes , mais encore pour celte de l’eau fluviale.
Ç ’eft cette dernière qui coule plus conftamment
dans les vallées qui- fe trouvent placées autour dû
plateau , 8c à côté des arêtes qui fe réunifient au
plateau.
A u refie, fi l’on jette les yeux fur les. plus petites
ramifications des vallées, on verra que toutes
ferment, des baflius, 8c par confisquent des aretes
8c des plateaux ou des lits d’ eaux courantes continuelles
j ou bien des ravins fecs d’eaux intermittentes
, & qui ne coulent que pendant les
pluies.
Toutes les fubdivifions des grandes vallées doivent
fe faire par la diftin&ion des vallons d’un
ordre inférieur 3 mais il faut bien expliquer auparavant
ce qui conftitue cet ordre inférieur. Ainfi,
par exemple, le Loin eft d’un ordre inférieur à
l'Yonne, mais l’Yonne n’eft pas d’un ordre inférieur
à la Seine. J’en juge par la diftribution de
fes eaux , par la hauteur des fommets d’où elle
fort, par l’étendue des pentes dont elle recueille
les eaux : voilà des caractères qui élèvent l’Yonne
& fon bafiin au même degré où fe trouvent la Seine
& fon bafiin. Il en eft de même de la Marne, de
l’Aube & de l’Oife.
Je n’admettrai pour Je fécond ordre que ^es
baflins dont les culs-de-fac font placés fur des
hauteurs inférieures, & qui par conséquent reçoivent
les eaux de pentes moins confiderables.
C ’eft ainfi que tous les baflins fe diftribueront
par des caractères aifés à faillir, 8c que l’obferva-
tion peut ramener à une diftribution générale.
Les arêtes qui féparent la Marne de T Aube 8c
l’Aube de la Seine , font aufli marquées que celles
qui féparent l’Oife de la Somme ; par conféquent
la diftin&ion des baflins eft fondée fur un caractère
faux fi on la détermine d’après l’embouchure des
rivières : ainfi Y arête qui fépare l’Oifè de la Somme
n’eft pas plus marquée que celle qui fépare l’Oife
[ de la Marne, & même, à tout prendre , l’Oife eft
d’un ordre bien fupérieur à celui de la Somme,
quoique faifant partie du bafiin de la Seine, li l’on
en juge par le concours de fes eaux.
Les arêtes font bien marquées 8c bien fuivies
! dans les îles qu’elles traverfcnt ordinairement par
le centre 8c fur leur longueur ; ce font même les
1 endroits de la terre où leur forme eft plus ai fée à
fuivre 8c à reconnoître, ainfi que leur ufage ; 8c
; même, lorfqu’on a bien étudié une île , vu exac-
; tement les formes de la furface extérieure du fol
; de cette î l e , la diftribution des vallées 8c des
eaux, on vo:t aifément la néceflité de divifer les
| continens par grandes îles, femblables à celles que
la mer enveloppe. Cette méthode de divifion peut
contribuer à Amplifier leur étude, 8c à mettre un
. certain ordre dans les réfuitats.
Il ne faut rien* redouter, dans le genre des fup-
poficions, pour tracer, depuis le Cap de Bonne-
Efpérance jufqu’ au Cap Salaginskoi, une arête continue
, qui fépare une fuite de vallons ou baflins
d’un côté, 8c une femblable fuite de l’autre. Il eft
certain que cette arête eft interrompue dans plufieurs
endroits, & qu’elle ne règne que dans cer-
; tains maflifs, autour defquels les baflins verfent
l'eau fur cous les afpeCts de l’horizon, comme dans
une île. ■
SienÉuite on fait partir de cette chaîne ou arête
principale des chaînes, latérales qui fe diftribuent a
droite & à gauche , fe portent au Cap-Verd, à^
Tanger, à Ormus, au Cap Comorin, au Cap Nord,
au Cap Finifterre, il eft aifé de voir quelle charpente
hypothétique on a formée j mais on ne découvre
pas également fur quoi elle peut être
fondée.
De même 1 'arête principale de l’Amérique méridionale
8c feptentrionale fuivra une ligne droite
depuis le détroit de Magellan jufqu’â l’ifthme de
Panama, 8e enfuite fe continuera dans le Mexique
8e ailleurs j mais il y a beaucoup de rameaux im-
portans dans le Bréfil, dans la Guiane, dans le
nord de l’Amérique, 8e furtout beaucoup d’interruptions
dans ces rameaux.
Varête principale de l’Angleterre ne peut pas
commencer à Douvres, 8e ne peut être dirigée
aux Orcades par aucune raifon.
Les prefqu'îles 8e les différentes parties des
continens gagneront certainement à être envifa-
gées comme des îles, 8e il y aura beaucoup plus,
de vérité fi l’on réunit à la confédération des principales
formes de leurs arêtes, la connoiffance des
maflîfs j fi l’on trouve les. arêtes dans l’ancienne
terre, 8e interrompue par les dépôts de la nouvelle
qui enveloppe ces noyaux. Voilà comme la ;
confidération des inégalités du Globe, qui auroit
été oifeufe feule, deviendra inftruèHve avec le
fecouis d’obfervations méthodiques 8e bien détaillées.
( Voye% mon article A p e n n in . )
Ainfi je confidérerai plufieurs parties dans l’Afrique,
8e plufieurs arêtes féparées: il en fera de
même des arêtes de l’Amérique, qui pafferont par I
Quito, Popayan, 8e iront finir à Panama. L’Ef- ]
pagne , l’Italie, la Scandinavie , m’ offriront le s
mêmes formés 8e le même fyftème de compofi-
tion que la Morée, l’Arabie, l’Anatolie.
Les arêtes doivent fuivre, comme on voit, la
condition des chaînes de.montagnes, quant à leur
prolongement ou à leur interruption.
Les arêtes qui féparent les différens baflins , font
les fommets d’autant de maflifs féparés du maflif
primitif par les vallons : on peut les envifager
comme des chaînes & comme des ramifications
de ces chaînes j mais il faut, avant de prononcer
qu’ il'y a fuite &c continuité, il faut, dis-je, avoir
reconnu ces maflifs, leur nature, leur organifa-
tionor leurs prolonge mess.
Deux rivières principales qui fe réunifient, forment
un courant 8c un vallon qui, à proprement
parler, ne devroienr pas conferver le nom d’aucune
des deux rivières. C ’eft donc à tort qu’on fubor-
donneroit le bafiin d’une des deux rivières au bafiin
de l’autre 3 ainfi le courant formé par la Marne 8c
par la Seine, la vallée qu’eu trouve après leur
confluent, n’eft pas plus à la Seine qu’à la Marne,
ou plutôt ne doit porter le nom ni de l’ une ni de
l’autre : ce courant 8c cette yallée en diffèrent par
plufieurs caractères phyfiques. C ’eft aufli d’après
cette confidération que j’ai diftingué les rivières
parallèles des rivières fecondaires, 8c furtout les
arêtes qui couronnent leurs bords, leurs croupes,
8cc.
Il eft bon de confidérer le lit des rivières par
rapport à leurs vallées, comme Y arête par rapport
aux maflifs. Les rivières occupent le milieu des
vallées, comme Y arête le milieu dés maflîfs 5 mais
les baflins font compôfés de la vallée 8c de la
moitié des deux maflîfs terminés par les arêtes.
Le maflif eft la partie de la furface de la terre
con'fervée dans fon état primitif, à l’exception de
la partie des deux pentes enlevées par l'eau depuis
Y arête des deux côtés. On voit par-là q ue, tout
bien analyfe, la furface de la terre fe réduit en
baflins, ou bien en vallées 8c en maflîfs ramifiés
8c abouchés les lins aux autres. C ’eft d’après cette
confidération fimpie qu’on doit étudier les inégalités
du Globe, 8c le travail que les eaux ont
fait à fa furface.
Lorfqu’on embraflfe cet enfemble, on voit que
tout a été fait par les eaux courantes 8c pour les
eaux, 8c l’on fe borne à confidérer les témoins de
ce travail;
Dans les maflîfs, il y a des parties abaiflées con-
fidérablement entre deux vallées ou entre deux
mers oppofées 3 c’ eft ce que l’on nomme un ifth-
me; tels font les points de Nauroufe , de Long-"
Pendu , 8CC. ( Voyez la Notice fur les travaux de
Buache quant à fes arêtes * I er. v o l.}
ARÉTHUSE (Fontaine d’ ). Cette fontaine
eft une fource très-confidérable, qui fort d’un rocher
à l’occident de la ville de Syracufe, 8c à peu
de diftance de la cathédrale.
L’orifice d’où l’on voit faillir l’eau n’eft pas
,celui par lequel cette eau s’échappoit autrefois.
La fable s’ eft exercée fur cette belle fource >
mais voici la vérité phyfique que l’obfervation
nous apprend : elle nous dit que, non loin du rocher
d’où découlent les eaux de cette fontaine,
on trouve, au fond de la mer, une fource d’eau
douce. On foupçonne que ces deux fources, qu’on
appelle effectivement Âréthufe 8c Alphée , ont une
origine commune 3 qu’il y en a peut-être plufieurs
autres, mais que les plus fortes peuvent fe rendre
fenfibles , 8c paroître par des jets marqués à la
furface des eaux de la mer lorfqu’elle eft tran-
quille.
Une tradition populaire, 8c même hiftorique ,
dit qu’on a vu fortir de ces deux fources des feuilles
d'arbres, 8c d’autres corps légers que ces eaux
amenoient fans doute de très-loin j ce qui fuppo-
feroit que ces eaux coulent à découvert avant de
s’enfevelir fous la terre pour reffortir entre les
fentes de ce rocher.
Les eaux de Y Aréthufe ne font pas bonnes à
boire 5 elles ont une faveur défagréable. On l’attribue
au dérangement caufé dans le fein de la
terre, ou à la roche, par quelques-uns de ces
tremblemens de terre dont l ’hiftoire de l’Etna fait
1 mention3 8c en effet, ces eaux viennent,.finon de