
que la plus haute eft Dovre-Fioel dans le Dron- -
theim, & Tille dans le Bergen : elles s’élèvent par
une lente gradation , & ne frappent pas la vue
comme Romfdale-Horn & JFlornalen 3 qui s’élancent
avec majefté du fein de la mer.
En Suède, il n y a guère qu’une montagne
qui ait été mefurée avec foin jufqu a la mer.
Nous favons en conféquénçe que Rinnehulle 3 dans
la Gothie occidentale, n’ a .que huit cent quinze
pieds anglois de hauteur au deffus du lac Wener3
ou neuf cent trente-un au deffus du niveau de la
mer ,& que celles qui fuivent, n’ont été mefurées
que jufqu’à leurs bafes ou jufqu’aux eaux adjacentes.^
Aorskata, montagne ifolée du Joemtland,
«tuée à environ quatre ou cinq milles fuédois des
plus hautes Alpes qui féparent la Norvège de la
Suède, a , dit-on, fix mille cent foixante-deux
pieds anglois au delfus des rivières les plus voisines.
Swucku/iol, dans les confins de la No rvège,
en a quatre mille fix cent cinquante-huit au deffus
du lac Famund, & l’on croit que ce lac eft élevé
de deux ou trois mille pieds au deffus du niveau de
la mer. Enfin Sylfoellen, fur les confins de Jocmt-
land> a trois mille cent trente-deux pieds de hauteur
perpendiculaire du fommet à la bafe. On fait
que Pontoppidan donne aux montagnes de Norv
è g e trois mille toifes de hauteur, & Brovaliius
fuppofe à celles de Suède deux mille trois cent
trente-trois toifes j ce qui les rendroit prefqu’égales
aux plus hautes Alpes deSuiffe, & même aux plus
hautes cimes des Andes du Pérou.
Dans le Finmark les montagnes, en quelques
endroits, fe projettent le long du baffm de la mer -,
dans d’autres endroits elles s’en tiennent à des
diftances confidérables, & laiffent des plaines fort
étendues entre la mer & leurs bafes. Leur plus
grande hauteur eft fur le Fioell-Riggen, Dorfum
Alpium, ou dos ées Alpes, nom qu’on donne à
l ’anneau le plus élevé de la chaîne. Leurs fommets
font couverts d'une neige éternelle. Tout autour
eft une ceinture de montagnes plus baffes, com-
pofées d’une terre dure & fablonneufe, dépourvue
de toute végétation, excepté aux endroits où elle
eft mêlée de fragmens de rochers, fur lefqutls le
montrent diverfes efpèces de faxifrages : la fanicle
diapehfia lapponica, a^alea procumbens , andromeda
coerulea & l’hypnoïdes y font clair-femés. Plus bas
font de vaftes forêts de bouleau, arbre utile aux
Lapons.comme aux Indiens du nord, de l’Amérique.
Sur les Alpes ùioins élevées croît en abondance
le lichen des rennes, la feule nourriture de
hetail. Ces trois arbres , le bouleau, nain ,
1 érable & le faule, dont il y a jufqu’à vingt-trois
efpèces, compofent tous les arbres de la Laponie.
Tous les autres qui croiffent en Suède, s’évanouif-
fent à l’approche de cette froide contrée.
Il y a une grande analogie entre les plantes de
ces Alpes du nord & celles des hautes terres
d’Ecoffe_ Un botanifte n’eft jamais furpris de rencontrer
des plantes femblables fur les montagnes
de même hauteur, quelque grande que foit leur
diftance locale.
Les Alpes, les bois & les marais de la Scandinavie
renferment nombre de quadrupèdes qui
font inconnus en Angleterre & dans plufieurs autres
contrées de, l’ Europe. Ceux qui bravent les
froids rigoureux de l’extrémité feptentrionale de
cette contrée, font furtout l’élan & le renne, auxquels
nous nous bornerons ic i, renvoyant tous les
autres détails de zoologie à l’article Norvège.
Si. nous revenons maintenant au Cap- Nord,
très-haut & très-plat fur le fommet, & que les
marins appellent pour cette raifon Table-Land ou
lc r r e de la Tab le , l’île de Maggeroe & plufieurs
autres, répandues devant la côte à foixante onse
degres trente-trois minutes de latitude nord, ne
font que la continuation de la chaîne de montagnes
qui, comme nous l’avons vu,divife la Scandinavie,
& tantôt s’enfonce, tantôt fe relève dans l’Océan,
d intervalle à autre , jufqu’aux Sept Soeurs, vers la
latitude de quatre-vingts degrés trente minutes,
la dernière terre que nous connoiflions vers le
pôle.
La première apparence de cette chaîne au deffus
de l’eau eft à Vile Chérie, latitude foixante-qua-
torze degrés trente minutes, terre.déferte & foli-
taire, un peu plus qu’ à moitié chemin entre le
Cap-Nord & le Spii^berg : fa figure eft prefque
ronde y fa furface s’élève en cimes hautes , mon-
tueufes, efcarpées,& couvertes d’ une neige perpétuelle.
L’ une de ces montagnes eft nommée,
avec bien de la vérité, le Mont Misère.
Il eft a remarquer que Vile Chêne produit d’excellent
charbon de terre : on y trouve auffi des
mines de plomb, &c. ( Voye£ Norwege, Scandinavie.
)
XI. Alpes du nord de l* Afee orientale. Les géographes
modernes ont fort exagéré la hauteur des
montagnes alpines de la Sibérie. Isbrand Ides , qui
les traverfa dans fon ambaffade en Chine, affure
qu’elles ont cinq mille braffes ou toifes de hauteur.
D’autres naturaliftes difent qu’elles font couvertes
d’une neige éternelle. Cette circonftance
peut être vraie, furtout dans les parties fepten-
trionales ; mais certains voyageurs affurent que,
dans les autres parties, leurs fommets font dégagés
de toute neige pendant trois ou quatre mois
de l’année.
Les hauteurs d’ une partie de cette chaîne ont
été mefurées par l’abbé Chappe, qui foutient
que celle de la monragne Kyria, près de Soli-
hamshaia, latitude foixante degrés, n’excède pas
quatre cent foixante-onze toifes au deffus du niveau
de la mer, ou deux- cent quatre-vingt-fîx
au deftus du fol qui lui fert de bafe. Mais, fui-
vant Gmelin, Pauda eft beaucoup plus haute,
[ puifqu’elle a fept cent cinquante-deux toifes au
i deffus du niveau de la ' mer. De Pétersbourg à
cette chaîne eft une vafte plaine entrecoupée de
quelques élévations & plateaux, comme des îles
au milieu de l’Océan : le côté oriental defcend
graduellement, & pénètre fur un long trajet, dans
les bois & les marais de la Sibérie j ce qui forme
un immenfé plan incliné vers la mer Glaciale.
Cette difpofition eft évidente, fi l’on en juge d’apres
le cours de toutes les grandes rivières qui
prennent leur fource dans ces contrées : quelques
unes, à la diftance prodigieufe du quarante-
fixième degré, & après un cours de vingt-fept
degrés, vont tomber dans la mer Glaciale à la
latitude de foixante-treize degrés trente minutes.
Le feul Jaïk, qui a fon origine près de la
partie méridionale du côté oriental, prend une
direction au midi, & va fe jeter dans la mer Caf-
pienne. La Dwina3 la Pec^ora, & un petit nombre
d’autres rivières de la Ruffie "européenne, démontrent
l’inclir.aifon de cette partie : toutes fe
rendent dans la mer du Nord ; mais leur cours,
en comparaifon de celui des autres, n’ eft pas fort
alongé. Une autre inclinaifon dirige le Dnieper
& le Don dans la Mer-Noire, & le large Volga
dans la mer Cafpienne.
La chaîne Altaïque, limite méridionale de
l’ Afie, commence à la vafte montagne de Bogdo}
paffe au deffus de la fource de Vlrtifch & de VOby3
enfuite prend un cours inégal, montueux, efcar-
p é, plein de précipices couverts de neiges, &
riche en minéraux dans le plateau qui occupe
l ’intervalle entre l ’Irtifch & l’Oby: de là cette
chaîne s’avance près du lac Téle\coi & dans le
voifinage de la fource de l’Oby, puis elle fe courbe
pour embraffer les grandes rivières qui fe réunifient
à la tige principale du Jénifeï, & qui font
comme enfermées dans ces hautes montagnes.
Enfin, fous le nom de Sainn.es, eile continué fans
interruption jufqu’au lac Baïkal. Une branche
s’infînué entre les rivières Onon3 Ingoda & Ichikoi3
comprenant de fort hautes montagnes qui s’étendent
fans interruption au nord-eft, & féparent
ces fources de celles de la rivière d’Amour, qui
1e décharge à l’eft vers l’Empire de la Chine, depuis
la rivière de Léna & le lac Baïkal.
Une troifième branche fe prolonge le long de
VOlecma3 traverfé la Léna au deffous <VIakoutsh3
& fe continue le long des deuxNrivières Tongouska
jufqu’ au Jénifeï3 où elle fe perd dans des plaines
couvertes de bois & de marécages.
La principale chaîne, hériffée de rocs anguleux
& de pics, s’approche des rivages de la mer
d’Ockhozt & s’y maintient à une certaine hauteur
, & , paffant près des fources des rivières
Outhy Aldan & Maia3 fe diftribue en petites branches
dirigées dans les intervalles des rivières orientales
qui vont tomber dans la mer Glaciale.
Nous ferons, envifager outre cela deux branches
principales, dont l’ une, tournant au fud, tra-
verfe toute la prefqu’île du Kamtchatka, & fe
brife au Cap de Lapaiha, dans les nombreufes îles
Kuriles, & à l’eft forme l ’autre chaîne marine
j d*Aléoutiannes , qui règne.depuis le Kamtchatka.
jufqu’en Amérique. La plupart de ces îles,comme
la Kamtzchatka même,font remarquables par des
volcans enflammés, & par les vertiges de leurs
violentes éruptions. La dernière chaîne va former
le grand Cap Tfchutsky, avec fes promontoires &
fes rivages efcarpés & hériffés de rochers. C ’eft
ainfi que fe terminent ces Alpes, qui nous préfen-
tent la bafe de toutes les formes du terrain de
cette vafte région, ainfi que la charpente de toute
fon hydrographie. •( Voye^ Sibérie, Kamtz-
jcHATKA, Kuriles & Aleoutiannes.)
ALPINES {Montagnes ). On appelle ainfi les
maffes de montagnes dont les fommets s’élèvent
à une certaine hauteur au deffus du niveau de la
mer. Ce font d’abord les botaniftes qui ont admis
cette diftin&ion -, ils l’ont déterminée par le moyen
des plantes qui ne croiffent qu’ à de certains niveaux,
& auxquelles ils ont donné la dénomination
de plantes alpines. Aujourd’hui que les naturaliftes
ont étudié plus en détail la conftitution
des maffifs qui forment les montagnes alpines, il
eft important d’ajouter aux caractères des botaniftes
d’autres caractères tirés de cette conftitalion
, & qui feront également fürs & inftruCtifs.
Nous commencerons d’abord par les Montagnes
alpines & fous-alpines de Provence, réfervant les
parties correfpondantes du Dauphiné & de la.
Franche-Comté pour les articles Ju r a & D a u p
h in é , où tous ces phénomènes reparoîtront avec
les détails particuliers que nous offriront les loca-
ijjités, toujours dans la vue de faire connoître
l’objet principal qui nous a.occupés dans plufieurs
articles, c ’eft-à-dire, les Alpes. Enfuite nous donnerons
le tableau des plantes alpines, oui terminera
ce que nous croyons devoir préfenter ici de
relatif aux grandes montagnes.
Alpines ( Montagnes) & fous-alpines de Provence.
Les montagnes qui féparent la partie méridionale
de la Provence d’avec la feptentrionale,
forment une chaîne qui s’étend depuis la Méditerranée
jufqu’ aux frontières du Dauphiné. Toutes
ces montagnes paroiffent être de la plus ancienne
origine : on ne peut en difconvenir fi l’on'confi-
dère leur organifation intérieure., leurs fommets
élevés, dont quelques-uns font taillés à p ic , &
féparés les uns des autres 5 enfin leurs blocs énormes
fans couches régulières, quoique la plupart
de nature calcaire, qui lés compofent. Ces montagnes
diffèrent totalement de celles qu’on nomme
fecondaires ou de. nouvelle formation , ôr qui ont
été formées à une époque plus moderne par la
retraite des eaux de la mer, & par leurs dépôts
fucceffifs, comme il le paroît par les couches parallèles
ou inclinées à l’horizon, & par les débris
des corps marins qu’on trouve d^ns leur intérieur.
L’état des collines ou des montagnes fecondaires
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