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depuis Mézières jüfqu’.à l’ancien duché de Luxembourg.
Sur la droite, la Meufe a pour rivières latérales
qui occupent Ion vafte baflïn , d'abord au midi
l ’Ennemène & le Bar, dont le cours eft fort alongé
fur la nouvelle terre , & dont les vallées font aufli
fort larges , & arrofées de droite & de gauche
par plufieurs ruiffeaux, dont le fond de cuve eft
fort plat, 8c qui avoifinent les ramifications premières
des fources de l’Aifne.
« Un peu plus loin, la Meufe reçoit de nouvelles
eaux de la Vence & de la Sormonne : la première
tombe dans la Meufe au peu au deflus de Mézières
, après avoir parcouru un trajet fort marécageux}
la fécondé a trois embranchemens, l’Au-
d r y , le Thin & le Rupt des vaches. Le lit de
toutes ces eaux courantes fecondaires eft très-
marécageux , ainfi que le tronc principal, qui
tombe dans la Meufe à côté de Mézières & à l’île
de Saint-Julien.
. \Plus au nord, la Meufe reçoit à Revin la rivière
de Faure, qui eft alimentée-par plufieurs
embranchemens, & à Vireux le Viroin, formé
de deux embranchemens d’une certaine étendue,
d’abord de la blanche & puis de la noire , qui ,
après avoir fait tourner les ufines de la forge
Saint-Roch, difparoît fous une montagne à côté
de Petigny, pour reparoître toute entière à Nîmes
: outre-cela , un ruiffeau détaché de la noire,
avant fa difparution, tourne la montagne, paffe à
.Petigny, &; rejoint la noire à Nîmes. Plus loin eft !
la rivière de Sart-en-Fagne, qui joint la Meufe à
Hermeton.
Si je paffe maintenant à la vallée de l’Aifn e , je
trouve que , dans ce département, cette rivière
.reçoit à droite huit ruiffeaux à vallées plates, 8c
que fur la gauche elle n’en a aucun. C’ eft dans la
plus grande partie du.cours de ces.ruiffeaux que
j ’ai rencontré & tracé la limite de la craie apparente,
car il y erra qui s’enfoncent fous d’autres
dépôts, ou calcaires, ou de pierres meulières.
( Voyei G r a iê .)
ARDOISE, forte de pierre argileufe, de couleur
bleue ou grife, qui fe divife en lames minces ’
& plates fort unies, & qu’on èmploie pour couv
r ir les maifons. Ces pierres fe trouvent dans la
.terre, à des profondeurs qui varient beaucoup,
fuivant que les vallons en ont mis les mafîïfs à
découvert. A mefure qu’on creufe davantage, on
trouve cette pierre plus dure & plus fèche j elle
ç,fl difpofée par bancs qui ont une certaine incli-
naiîon, en forte que fi l'on en confidère lés maffes
d’un certain volume, on leur trouve une forme
trapézoïdale, & dés faces qui font autant de trapèzes.
M. Turgot croyoit qu’on devoit diftinguer
les contrées ou fe trouvent ces maflïfs, tels, que
nous les offrent les environs d’Angers, de Mé-
zièrës & du Bas-Limofih, par la dénomination de .
blonde trapézoïdal. Lçs phénomènes qu’on peut y
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obferver méritent bien cette diftin&ion. C ’ eft ea
conféquence qu’ il m'a paru qu’ il convenoit d’adopter
ici ces vues, dignes de ce favant natuïa-
lifte, car je ne le confidère ici que fous ce titre,
( Voye-{ T r a p é z o ï d a l (Monde).)
Nos plus belles carrières d‘ardoifes font aux environs
d’Angers. La plus eftimée vient deTrelaze
■ & des Ayraux , paroiffes diftanres d’une liëue
d’Angers. Il eft vrai qu’ on trouve de Vardoife de
différentes qualités en d’autres lieux de l'Anjou :
il y en a dans les paroiffes de l'Hôtellerie, de
Fiée, de la J aille, de Margue près d'Aon, 8c dans
les environs, de Çhâteau-Go.nçhier : on en trouve
auffi près de Mézières, où elle eft beaucoup plus
cendre qu’en Anjou ; mais à quelques lieues;- de
-Chaçlevilieelle eft aufli bonne 8c aufli belle que
celle d’Anjou , quoiqu’elle ne foit pas d’une couleur
aufli fpncée. On en voit près de la petite ville
dé Fumai , département des Ardennes ; fur la
Meufe , au deffus de Givet. 11 y en a de grands
maflïfs au deflus de Vichi. On en tire de la côte
de Gênes qui., a la plus grande cônfiftance, fous la
dénomination de layagna. ( Voye^_ Apennin.) On
en tire aux environs de Herfcham, ville du comté
de Suffex, de l'a bleue 8c de la grife pour faire des
tables 8c des_ carreaux : on donne la préférence
aux ardoifes les plus dures. On fe fert aufli en Italie;
de la lavagna pour des degrés d'efc.aliers.
Après cette indication des carrières à'ardoifes,
nous allons paffer à l ’examtn des travaux de lés
carrières, qui pourront nous faire connoître plus
particuliérement la conftitutioh des maflïfs dé cette
forte de pierre dans, les entrailles de la terre , &
de leur pofition relative avec d’autres forces de
maflïfs.
11 ne faut pas trop compter fur le jugement que
les ouvriers ne manquent jamais d’en porter à la
première infpeétion de la coffe. On entend par èojfe
la première furface que prefente le rocher immédiatement
au.deffous de la terre} cependant la
coffe peut promettre une bonne ardoife, & le Fond
de la carrière n’ offrir que des feuilletis & des
chats, deux défauts qui rendent Vardoife de mau-
vaife qualité. /
Dans tous les cas on commence par enlever les
terres végétales de l ’endroit où l’on veut ouvrir
la carrière. La profondeur de ces terres varie beau*
coup : quelquefois le fommet du malfif qft à la fur-
face de la terres d’autres fois il en eft à quelque
diftance. Auflitôt qu’on a découvert la coffe, on
fait fur le plan de cette coffe, 8c dans fon milieu,
une "ouverture d ’environ neuf pieds de profondeur
: c’eft à l’étendue du maflif à déterminer fes
autres dimenfîons. Cette ouverture s’appelle première
foncée. La foncée n’a pas partout exactement
la même profondeur. : on lui donne un peu de
pente de l’un à l’autre bout du banc qu'plie forme.
Cette pente , fur toute la longueur du banc,
peut aller à un pied j en forte qu’ à l’extrémité du
banc, la foncée peut avoir dix pieds de profondeur.
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On pratique cette pente pour déterminer les eaux
de l'intérieur qui fe rencontrent dans la fouille, à
la fuivre & à descendre avec la pente.
Le moins de largeur qu'on puiffe donner à la
foncée, eft celle qui eft néceflaire pour qu'un ouvrier
q i travaille à l'exploitation d.s ardoijes,
puifle travailler fans être gêné.
Lorfque la première foncée eft faire à un banc
$ ardoife tout formé, fur lequel le travail peut
s’établir, alors, ou 1 ardoije eft tendre 8c parfe-
niée de veines , ce qu’ on appelle être en feuilletis ;
ce qui arrive lorfqu'elle n eft pas affez faite , 8c
qu'elle n’a pas aff z de confiltance pour le divifer
exactement par limes, 8c pour que ces lames aient
la dureté requife } ou bien elle eft excefllvement
dure 8c caftante, défaut oppolé au précédent,;
mais qui ne permet pas de tirer de Vardoife un
meilleur parti. On donne à Vardoife de cette dernière
qualité le nom de cha
Dans le cas où elle fe trouve de qualité convenable,
les ouvriers font, comme ils le difent, en
bonne chambrée.
Dans les deux premiers cas on ne retire aucun
fruit de fon travail, avec cette différence cependant
que Vardoife devenant plus dure 8c plus ton-
liftante à mefure que la fouille prend plus de profondeur,
il arrive quelquefois qu’on rencontre de
bonne ardoife après les feuilletis, au lieu qu’on n’a
pas les mêmes efpérances que la carrière qui commence
par donner feulement descka^i ceffe d'être
plus dure, 8c par conféquent acquière une bonne
qualité.
D’une première foncée on paffe, fuivant que les
efpérances conduisent à ce travail, à la fouille
d’une fécondé} du travail d’une fécondé à la fouille
d’une troifième, & ainfi de fuite, découvrant toujours
un banc à chaque foncée.
Çes bancs formés par les foncées reffemblent-,
{iar leur forme 8c leur difpofîtion j à de grands &
arges degrés d’un efcalier, par lefquels on def-
cendroit du haut de la carrière jufqu’au fond fi
ces degrés étoient moins épais. On continue le
travail des foncées la découverte des bancs, juf-
u’à ce qu’on foit parvenu à une bonne qualité
’ardoife. Alors on fépare les bancs par des. coins
de fer, quelquefois d’une feule pièce 8c fans fracture
j mais lorfqu’il fe rencontre des veines, qui
font ordinairement des quartz, alors la pièce fe
rompt à ces endroits. Nous n’entrerons pas dans
le détail du travail des ouvriers pour féparer les
bancs 8c les lames dont font compofés les bancs :
il fuffit de dire que cette difpofition fe rencontre
ordinairement jufqu’au fond de la carrière ardoife.
:
Lorfqu'on eft parvenu à une certaine quantité
de foncées s l’eau abonde de tous côtés, & elle
défeend de la maffe par des veines qui lui four-
niffent autant d’iffues. On s’eh débàrraffe de plusieurs
manières, que nous ne pouvons indiquer
ici.
Gcograpkie-Phyjique. Tome II,
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De toutes lès qualités de Vardoife, la plus eftimée
eft la carrée y qui eft faite du coeur de la pierre,
& qui a la figure rectangulaire.
La fécondé eft celle du gros noir, qui n’a ni
tache ni rouffeur, non plus que Vardoife carrée :
la différence qu’il y a entre ces deux fortes à'ardoifes
3 c’ eft qué le gros noir riz pas été tiré d’ un
morceau de pierre qui pût fournir les dimenfions
requifes dans Vardoife carrée.
La troifième eft le poil noir, qui a la même
qualité & la même figure que le gros noir3 mais
qui eft plus mince & plus légère.
La quatrième eft le poil taché, qui a les mêmes
dimenfions que le gros noir, mais qui n’a pas la
même netteté : on y remarque des endroits roux.
La cinquième eft le poil roux : cette ardoife eft
en effet toute rouffe; ce font les premiers fondis
qui la donnent. Il n’en eft pas de même du poil'
taché ; il fe trouve partout, & il n’y a guère de
foncées où il ne s’en rencontre quelques parties
remarquables.
La fixième eft la carte, qui a la même figure &
la même qualité que la carrée, mais qui eft plus
petite d’aire & plus mince de feuillets.
La feptième eft Vhéridelle, ardoife étroite &
longue , dont les côtés feulement ont été taillés,
mais dont on a laiffé les deux autres extrémités
brutes.
. Il y a des ardoifes de plufieurs qualités. On peut
compter la fine, qui eft affez propre à couvrir les
dômes, parce qu’ elle a une convexité qui lui
vient, non du travail des ouvriers, mais des ro- -
chers mêmes, dont les lames font convexes.
Tous ces détails font moins rappelés ici pour
donner une idée du travail & du commerce des
ardoifes 3 que pour faire connoître les differentes
qualités de cette pierre, qui eft aufli curieufe pour
un naturalifte, qu’ utile pour un architecte. ■
Il me refte maintenant à indiquer Ja pofition
des maflïfs d’ardjifes, relativement à ceux de l’ancienne
& de la moyenne terre : ces confédérations
entrent plus proprement dans notre objet.
Dans ces vues je reprends tous ces objets, avec
les autres détails qui leur conviennent. Une ardoi-
fière eft formée par des bancs plus ou moins épais ,
d'une pierre qui fe lève aifément par feuillets &
qui font inclinés à l’horizon. Cès bancs ont* en
général une hauteur verticale confidérable : ceux
qui font voifîns de la furface de ia terre font ordinairement
les moins épais, 8c celui qui eft à la
furface n’eft fouvent compofé que de petits quartiers
de pierre qui ont tous la forme rhomboï-
dale, 8c qui fe détachent aifément les uns des autres.
Ceci eft le réfultat de la décompofition du
banc total 8c entier, qui a cette même forme, 8c
qui doit l’avoir par l’affemblagê & la réunion de
toutes ces parties élémentaires.
Après ce banc il n’ eft pas rare d’en voir qui
ont plufieurs pieds d’ épaiffeur, 8c cette épaifleur *
augmente, fuivant que les bancs font plus-pfo-
Cc c cc