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pailloles dans les petites anfes, & ils font cer- ,
tains d’en trouyer dans les endroits où les graviers !
contiennent des galets de mine de fer rouge & I
fioire.
Cette obfervation s’accorde avec ce qu’on ob-
fervedans les mines de lavage d’étain en Saxe &
en Angleterre, où ces terrains font toujours plus
jiches dans les vallées qui éprouvent des coudes.
M. Charpentier en a fort bien expliqué la raifon
phyfique, car il eft évident que les courans d’eau
étant moins rapides dans ces détours, les parties
les plus pefantes s’y dépofent, parce qu’elles fe
meuvent difficilement.
J’ai trouvé en remontant Y Ariege 3 au deffus de
Foix & de Tarafcon, des rochers de cette mine
de fer noir fur fes rives, principalement du côté
deGudanne, & de Laflur, village iitué au fud des
cabanes de Gudanne, & ces échantillons n’o f frent
pas plus de pailloles à l’oeil nu ou armé, que
les galets.
Il paroît que, dans tous les pays où l’on fait la
cueillette de l ’o r , la nature des terrains eft un
amas de galets, & qu’on n’a trouvé jufqu’à pré-
fent d’autres fources de cet o r , que ces terrains
mêmes : c’eft ce qui a fait croire à Becher, que l’or
charié par les rivières étoit produit dans leurs lits.
M. de Genfanne a cru avoir entièrement découvert
le fecret de la nature en avançant que les
pailloles fe formoient dans les terrains arrofés par
les rivières, quoiqu’il eût bien obférvé qu’on ne
trouvoit de I or que dans les parties de ces terrains,
où l’on voit en même tems des galets de
mine de fer noir attirable.
Lorfqu’on dit que les paillettes d’or ne proviennent
pas immédiatement des montagnes fupë- j
rieures, on ne prétend pas foutenir qu’autrefois ,
dans des tems très-reculés, les amas de cailloux qui
précèdent ici les montagnes calcaires , fehifteufes
& graniciquesdes Pyrénées, n’étoient pas provenus
des débris de ces montagnes, que les flots feuls
de la mer peuvent avoir accumulés anciennement.
Je confidère même cette opinion comme la plus
vraifemblable. D’ailleurs, comme j’ai dit que j’a-
vois trouvé au deffus de Gudanne des rochers,
des maffes de rochers confidérables de mine de
fer de la même efpèce que celle des galets que
j’ai décrits, ne feroit-il pas poffible qu’on trouvât
auffi dans leur gîte les galets qui contiennent de
l’or ?
Je me borne à ces détails dans cet article de
I’Ar iège, me propofant d’entrer dans des difeuf-
fions plus décifives à l’article Orpailleur , au-
uel je crois devoir renvoyer ceux qui defireroient
es renfeignemens plus étendus. <
A R IG N A C , du département de Y Arriege. On a
trouvé dans le territoire de ce village, entre les
bancs d’une montagne calcaire , une veine de
mica, dont il y en a de criftaliifé en feuilles exa-
gttües de fix pouces de diamètre.
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»A R IZE , rivière du département de l’Arriège.
j C ’eft une des rivières aurifères de l’arronddfc-
1 ment de F oix , car on peut faire la cueillette )e
long de fes bords. ( Voye^ Aiuège & Departement
de l’Arriège.)
AR LE S , ville confidérable dans le département
des Bouches-du-Rhône, fur la rive gauche de ce
fleuve, à huit lieues de la mer, & au voifinage
de plufieurs marais & étangs, dont fa lituation un
peu élevée ne lui permet pas de craindre les inondations
, mais dont le foufle de certains vents lui
rend fort fouvent les vapeurs affez incommodes.
Il eft â préfumer que, du tems des Romains,
l’air étoit fort fain dans la ville d3 Arles & dans fes
environs. Comment peut-on croire qu’ils en eul-
fent fait la capitale de la Gaule romaine, fi les
exhalaifons des marais euffent altéré} comme ils
le font maintenant, la pureté de l'air de cette
ville ? A cette époque le vafte terrain ou nous
voyons les eaux, tant du Rhône que des rivières
latérales de l’intérieur des terres , féjourner &
croupir, étoit au deffus de ces eaux, & cultive
fans éprouver aucune inondation , parce que toutes
les rivières avoient pour lors la plus grande
facilité de fe rendre à la mer par un canal üirect,
ou bien de gagner le lit du Rhône, q u i, étant
beaucoup moins élevé que dans le moment aCtuel,
en procuroit l’écoulement. Les labiés que ce fleuve
a dépofés depuis fur fes bords, ont élevé confidé-
rablement le terrain, & s’eppofent à ce que les
eaux pluviales ou les ruiffeaux de l’ intérieur puif-
fent trouver un débouché dans le Rhône 5 elles
font donc forcées de féjourner partout où elles fe
trouvent renfermées & fans iffue. En faifant dif-
paroître les inconvéniens qui réfultent des exhalaifons
de toutes les eaux ftagnantes pour la ville
d‘Arles, il y auroit peu de féjours plus agréables-.
Ce qui nous confirme dans la fuppofition de
cette fuite d’événemens, c’eft la connoiffance particulière
& bien pofitive que nous avons des chan-
gemens qui ont eu lieu dans les embouchures du
Rhône depuis i$ y c , & qu'on trouvera tous tracés
& figurés dans la carte que nous avons donnée
de ces embouchures. D’ailleurs, on reconnoït,
pour peu qu’on parcoure les terrains des environs
<YArlts, les traces de toutes les caufes q ui, en
différens tems , ont concouru à rendre le fol mal-
fain : c’eft ce que je vais tâcher d’établir en pré-
fentant en détail les étangs & les eaux ftagnantes
qui font figurés dans la carte dont nous avons
parlé ci-devant f fous la dénomination de marais
d’Arles : j’y ajouterai même toutes les eaux mortes
des côtes de la Méditerranée, & qui font la fuite
des atterriffemens accumulés par le courant de
cette mér le long des rivages voifins des embouchures
du Rhône.
Je commence d’abord par indiquer les marais
& les étangs qui fe trouvent aux environs de la
ville d'Arles. Ce font, fur la droite du Rhône,
A R M
les marais de Bellegarde , de Cafiagnotte , qui font
liés par un ruiffeau dérivé du Rhône, & qui
dans fon cours a éprouvé ces deux obftruCtions.
Plus bas font les marais du Coller & du Pont-de-
Rofiy | qui font des égouts d’eaux mal-faines , &
dont le dernier verfe fon trop plein dans les étangs
de P'alcares.
Sur la gauche du fleuve font trois étangs contenant
des eaux fédentaires, qui ont cependant des
débouchés j favoir : celui des Baux , enfuite celui
de la Peluque, & plus bas l’étang de Meyrane, aux
environs duquel font plufieurs flaques d’eau fans
aucune forme ni diftribution régulière. Ces étangs
femblent liés par un double canal qui va fe terminer
dans les deux étangs fortalongés de Ligagnau
& de Galejou, qui aboutiffent à la mer.
Si nous retournons à la droite du Rhône, nous
retrouverons au deffous du marais de Cafiagnotte ,
trois autres marais fort étendus, liés enfemble :
ce font ceux d3Eflramàndre , de la Souteyrane 8c
de l’Armitaiie ; ils font environnés de plufieurs
fhques d’eau, diftribuées aux deux côtés du Petit-
Rhône. Au refte, nous renvoyons à notre carte des
embouchures du Rhône, & aux articles Rhône ,
Valcares , Berre ( Étangs de ) , C amargue ,
Cr a u , Aiguemorte. On peut confulter d’ ailleurs
les planches de Montpellier & àcAix J où ces
eaux fédentaires ont été figurées avec foin.
Arles , ville du département des" Pyrenées-
Orientales , fîtuée au pied du Canigou, furie bord
& à la gauche du Tech. Près de cette ville eft
une mine de plomb appelée le Minier defaint Antoine
de Padoue. Une partie de ce minéral eft employée
par les potiers. Il y a auffi, dans cette ville,
des eaux minérales & des bains. Ces eaux font
fulfureufes, & elles font monter le thermomètre
de Réaumur jufqu’au cinquante-feptièmè degré.
Près de ces bains il y a des fehiftes durs & des
granits , & les eaux minérales fortent du pied
d’une montagne compofée de ces deux efpèces de
pierres. A une demi-lieue fud-oùeft on trouve des
maffes de marbre gris. On rencontre enfuite jufqu’à
la confluence du Tech & du ruiffeau qui
defeendde Montferer, des fehiftes groffiers, mêlés
avec des maffes de granit. A la forge d’Arles on
emploie de la mine de fer fpathique & de 1 hématite
noire mamelonée, & c’ eft du mélange de ces
deux efpèces que fe forme le fer qu’on obtient
des travaux de cette forge.
ARMAGNAC. ( Voyei Gascogne. )
ARMANCHES, village fitué entre Bayeux &
Cour feules. L’on y voit , dans les falaifes des
bords de la m e r , des ineruftations faites par les
eaux qui tombent des montagnes voifines, & qui
arrofent & recouvrent les moufles, les chiendents,
& autres plantes femblables qui y font attachées.
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Ces dépôts font très-remarquables, &: produifenc
des malles allez conlïdérablesi
ARMANÇON , rivière du département de la
Côte - d'Or. Elle a fa fource près d'Effey & aux
environs d’Arnay-fur-Arroux j auffi l’avons-nous
comprife dans le nombre des rivières qui ont leur
naiffance dans ce beau & intéreffant plateau. Elle
paffe dans le département de l’Yonne, à Tonnère
& à Saint-Florentin , où elle reçoit les eaux de
l’Armance, & termine fon cours dans l’Yonne.
ARMÉNIE , ancienne province fituée entre la
Mer-Noire au nord-oueft, la Géorgie au nord,
la mer Cafpienne à l’eft 5 l’Aderbighan , le Kur-
diftan, l’Algezira au fud 5 enfin, le Roiim à l’oueft.
Nous ne la confidérerons que comme un plateau
fort étendu , qui eft proprement le centre de la
diftribution des eaux de cette contrée vers tous
les afpeéts de l’horizon ; auffi les rivières qui fe
jettent dans la Mer-Noire, qui arrofent la Géorgie
, le Shirvan, l’Aderbighan, & le vafte baffin
de l’Euphrate & du T ig re , y ont-elles leurs fources.
C ’eft un des plus beaux & des plus fertiles
_pays de l’Afie. La première zone de la Méfcpo-
tamie , & la plus (eptentrionale, s’étend au-delà
des fources de l’Euphrate &-du Tigre j elle faifoic
partie autrefois de la Grande-Arménie fous la dénomination
de Sophana,. .La feule ville un peu
confidérable que l’on y voie aujourd’h u i, c ’eft
Diarbekir. | .
Cette partie de la Méfopotamie eft élevée ,
montagneufe, & même fort fertile 5 elle abonde
en fources. L’hiver y eft froid : il y neige & il y
pleut fouvent depuis, feptembre jufqu’en avril.
Outre cela , le fommet des plus hautes montagnes
y eft couvert de neiges toute l’année. Je crois
qu’on doit comprendre parmi ces fommets le mont
Ararat3 que nous avons effayé de faire connoître
dans un article particulier. L’été y eft fe c , affèz
doux fur les hauteurs, mais affez chaud dans les
plaines & dans les vallées.
Cette contrée produit d’excelîens pâturages ,
des grains & des fruits en grande quantité : on y
cultive auffi la vigne & le mûrier. On en exporte
beaucoup de noix de galle, de la gomme adra-
f g a n t , du poil de chèvre , de la laine , du miel,
de la cire & un peu de coton : l’on peut juge r,
par ces denrées, des productions de ce pays. Ainfî
l’on v o it , fur la plupart des montagnes, des forêts
de chênes, de pins , de fapins , d’érables ,
de frênes, de châtaigniers, de térébinthes. On
y fait de l’huile à manger avec les graines de fé-
fame, & l’huile à brûler avec celles de ricin. Il
y a des mines de cuivre prefqu’auffi riches que
celles des environs d’Erferum & de Trébifonde.
On y trouve auffi beaucoup de volcans éteints.
Les villes, les bourgs & les villages font peuplés
de Turcs , d’Arméniens & de Curdes , qui fe
livrent à l’agriculture & au commerce, qui ex-.