
partie d’améthyfle. Les aiguilles de cette pierre
font le plus fouvent réunies plufieurs enferable
dans la mine d’où on l’extrait. On en tire des
morceaux affez gros : on les fcie tranfverfalement
pour en obtenir des lames | fur lefquelles on voit
des plans à fix faces que forment les differentes
portions d’ aiguilles. Elles ont ordinairement fi peu
d’adhérence les unes avec les autres , que la lame
qu’elles compofént fe fépare aifémenten plufieurs
pièces.
On trouve Yaméthyfte , comme le criftal de roche
, dans les fentes perpendiculaires :• il y en a
des morceaux qui font unis à l’agate ; d’autres
font recouverts d’ une terre jaunâtre, telle qu’on
en rencontre ordinairement dans les fentes des
rochers. Aufli les morceaux n’ont pas tous la même
netteté : il y en a q u i, comme le criftal, font
obfcùrs ou revêtus d’une croûte jaunâtre.
Les améthyftes fe trouvent en Catalogne, en
Bohême, en Saxe, en Hongrie, dans le cojnté de
Glatz-en Siléfie, dans le Palatinat. On les volt fous
forme de cr'fi^-îx qui tapiffent l ’intérieur des
grandes géo>. • des environs d’Oberftein & de
beaucoup d’autres pays. Les monts ourals en Sibérie.
font riches en améthyftes. Ils ont fourni des
groupes de criftaux, dont les quilles étoient de la
grofieur du bras & très-bien colorés. Dans le voi-
finage de Mourzinsk, à vingt-cinq lieues au nord
d’Ekaterinbourg, canton qui produit divers genres
de criftaux, on trouve une grande quantité d’ amé-
thyftes dans une roche à bancs verticaux & alternatifs
de granit & de feld-fpath décompofé.
G ’eft dans cette fubftance, devenue argileufe, que
font des groupes ifolés qui préfentent des criftaux
violets à deux pointes ae la groffeur d’une noix.
Dans un tems où l ’on faifoit grand cas de la
couleur des pierres, on annonçoit fous le nom
d‘amétkyftcbafaltine un criftal légèrement coloré en
violet j qui fe trouvoit dans quelques mines de
Saxe ; mais aujourd’hui on a reconnu que c’étoit
un phofphate de chaux..
On trouve beaucoup d’améthyftes dans les montagnes
d’Auvergne, furtout aux environs d’Ar-
lant, de Saint-Germain-Lambron, du Vernet, de
Saint-Didier , de Paul-Haguet» Flageac , Saint-
Georges d’Aurat, &c. : il y en a aufli en Efpagne,
dans une montagne à deux lieues de Vie, en Catalogne
i en Bohême, en Hongrie, en Saxe, en
Siiéfie. Il peut s’en trouver dans la plupart des
lieux où il y a du criftal de roche; car, comme
nous l’avons dit, Yaméthyfte n’ eft autre chofe qu’un
criftal coloré en violet &: en pourpre.
AMI ANTE, fubftance minérale, de nature pier-
reufe, mais difpofée en filets très.-fins, Toupies &
foyeux, ordinairement d’une couleur blanche &
brillante. Ces filets font pofés longitudinalement
les uns contre les autres ; ils font fi fins, qu’on
les a comparés à du lin peigné, Il y a plufieurs
M'tçs à1 amiantes , qui, quoique de même nature >
varient par leurs différentes couleurs, par les dif-
, férentes longueurs de leurs filets, &' par leur ad-
I hérence plus ou moins forte. Il y a ae Y amiante
jaunâtre ou rouffâtres on en voit de couleur d’argent
ou grifâtre, comm® le talc de Venife. Il y
en a de parfaitement blancs, & qui font plus ou
moins luifans. Quelquefois les filets d’amiante
tiennent à dis matières d’une autre nature : on en
voit dans des morceaux de criftal de roche ; enfin
, il y a de Y amiante qui paroît n’être pas encore
dans un état de perfection : c’eft pour ainfi dire
une mine d’amiante.
L’amiante réfifte à l’aCfcion’du feu ordinaire ;
mais fi on l’expofe à un feu plus.violent, on vient
à bout de le vitrifier. 11 n’ y auroit rien de merveilleux
dans l’amiante fi fa propriété fe bornoit
à réfifter au feu ordinaire ; mais elle eft jointe à
une autre beaucoup plus fingulière ; ç’eft que les
filets de l’amiante font fi flexibles & fi fouples,
qu’ il eft poflible de les filer en y mêlant un peu
de lin, & qu’enfuite on en peut faire des tiffus
affez femblables à ceux qu’ on fait avec les fils de
chanvre, de lin ou de foie. Ces toiles d’amiante
ne brûlent point lorfqu’on les jette au feu : voilà
ce-qui a toujours paru étonnant. En effet, il eft
affez fingulier de voir une toile que l’on blanchiffe
par le moyen du feu : c’eft cependant ce qu’on
fait pour les toiles d’amiante lorfqu’elles font fales
& craffeufes; & lorfqu’elles en fortent, elles font
alors très-nettes, parce que le feu ordinaire eft
affez aCtif pour confumer toutes les matières étrangères
qui les faliffent. Mais fût-il affez violent
pour calciner les pierres, il n’auroit pas la force
ae vitrifier l’amiante ; cependant, chaque fois
qu'on met au feules toiles d’amiante,& qu’on les
y tient pendant quelque tems , elles perdent un
peu de leur poids.
On a donné à la matière dont il s’agit ici diffe-
rens noms qui ont rapport aux propriétés que nous
venons de faire connoître. On l’a nommée amiante >
asbefte , falamandre , parce qu’elle réfifte au feu ordinaire
; & parce qu’elle fe nie comme du lin & de
la laine, on lui a donné les dénominations de lin
incombuftïble, de linum asbefiinum; enfin, l’on a
de même ajouté à ces noms ceux des pays où cette
matière fe trouvoit, linum carpafinum, carbafum,
cypriumj indum. M. de Tournefort a fait mention
de Yamiante de Chrifto , dans l’île de Négrepont.
IL y a de l’amiante dans bien d’autres lieux; par
exemple, en Sibérie, à Eisfield dans la Thuringe,
dans les mines de l ’ancienne Bavière, à Namur
dans les Pays-Bas, dans l’îied’Anglefex, annexe de
la principauté de Galles ; à Alberdeen en Ecoffe,
dans la vallée de Campan aux Pyrénées, en Italie,
près de Pouzzole ; abondamment dans l’île de
C o r fe , à Smyrne, enTarcarie, en Egypte, &c.
L’amiante eft très-bon à faire des mèches dans
. les lampes, & il devoit même paraître bien plus
propre à cet ufage que les filets d’argent dont on
i fait des mèches dans les réchauds à efprit-de-vin ;
car
car il ne leur arrive aucun changement qui puiffe
altérer la lumière. Les anciens favoient faire des
mèches d’amiante.
Quoique Pline ait été mal inftruit fur l’origine
& la nature de l’amiante, qu’il prenoit pour une
matière végétale, il ne peut pas nous jeter en erreur
, relativement à l’ufage que l’on en faifoit de
fon tems : ainfi nous devons l’en croire lorfqu’ il
dit avoir vu dans des feftins des nappes de lin v if,
c ’eft-à-dire, d 'amiante 3 que l’ on jetoit au feu pour
les nétoyer lorfqu’elles étoient fales, & que l’on
brûloit dans ces toiles les corps des rois, pour
empêcher que leurs cendres ne fuffent mêlées avec
celles du bûcher. Ces toiles dévoient être fort
chères, puifque Pline ajoute que ce lin valoit autant
que les plus belles perles. Il obferve aufli qu’ il
étoit roux, & qu’on ne le travailloit que très-difficilement,
parce qu’il étoit fort court : cela prouve
que l’amiante que l’ on connoiffoit du tems de
Pline, & qui venoit des Indes, étoit d’une très-
mauvaife qualité ; cependant on avoit bien le fe-
cret d’en faire des toiles. Cet art a été enfuite
prefqu’entiérement ignoré pendant long-tems, &
encore à préfent on ne le çonnoît qu’imparfaite-
ment. M. Ciampini a fait un Traité fur la manière
de filer l’amiante. Suivant cet auteur , il faut commencer
par le faire tremper dans l’eau chaude;
enfuite on le divife, on le frotte avec les mains,
& on l’ agite dans l’eau pour le bien nétoyer &
pour en féparer la partie la plus groflière & la
moins flexible, enfin les filets les plus courts. Après
cette première opération, on le fait tremper de
nouveau dans l’eau chaude, jufqu’a ce qu’il foit
bien imbibé & qu’il paroiffe ramolli ; alors on le
divife & on le preffe entre les doigts pour en féparer
toute matière étrangère. Après avoir répété
ces lotions cinq ou fix fo is , on raffemble tous les
filets qui font épare, & on les fait fécher. L’amiante
étant ainfi préparé, on prend deux petites cardes ,
beaucoup plus fines que celles avec lefquelles on
carde la laine des chapeaux , & on met de l’amiante
entre deux : on le carde de manière à mêler les
filets pour qu’ on puiffe les filer ; mais en général
ils font trop courts pour qu’ils puiflënt obéir au
tordage que la filature exige , & c eft pour remédier
à cet inconvénient qu’on y ajoute une filaflfe
d’une autre nature , foit lin , foit chanvre, qui
fert à donner une certaine liaifon aux filets d’amiante,
pour qu’ ils ^puiflënt obéir au tortillage
des inftrumens qui fervent à filer. On prend donc
du c o to n d e la laine ou du lin, & à mefure qu’on
fait ce f i l, mêlé d’amiante & de coton, on doit
avoir attention qu’ il y entre toujours plus d’amiante
que d’autre matière, afin que le fil puiffe fe fou-
tenir lorfqu’ il fera réduit à l’ amiante feul ; car dès,
u’on a fait de la toile ou d’autre ouvrage avec le
1, on les jette au feu pour faire brûler le coton
ou la laine.
D’autres auteurs difent* qu’on fait tremper Y a-
triante dans de l’huile pour le rendre plus flexible.
Géographie-P hyftque, Tome II.
Quoi qu’il en foit, celui dont les filets font les
plus longs, eft le plus facile à mettre en oeuvre ,
& les ouvrages qu'on en fait font d’autant plu?
beaux, que L’amiante eft plus blanc.
D ’après ces qualités connues de l’amiante, on
a penfé aufli à en fabriquér du papier. Le doCteur
Brukmann, profeffeur à Brunfwick, a imprimé une
hiftoire naturelle de Yasbefte; & ce qu’ il y a de
remarquable, il a fait tirer quatre exemplaires de
fon ouvrage fur un papier fait d’asbefte : ils font
dans la bibliothèque de Wolfenbuttel. Voyez Bibliothèque
germanique, tome XIV| pag. 190.
La manière de fabriquer ce papier eft décrite
dans les Tranfattions philofophiqües , n°. 166, par
M. Loyd. D’après fes procédés, il broya dans'
un mortier de pierre une certaine quantité d’amiante
, jufqu’ à ce qu’elle fût réduite en une forme
cotoneùfe ; enfuite il mit le tout dans un tamis
fin, & par ce moyen il purgea les filets d’amiante
de toutes les parties terreftres étrangères ; car la
terre & les pierres qu’ il n'avoit pas pu enlever
auparavant, paffèrent à travers le tamis, & il ne
refta que la fubftance de l'amiante. Il porta cette
matière dans un moulin à papier, & la mit dans
un vafé où , mêlée à l’eau, elle pût former une
feuille de papier avec les moules ordinaires;
Comme il remarquoit que cette matière, plus pe-
fante que la matière ordinaire du papier, fe pré-
cipitoit au fond de l’eau très-promptement, il
recommanda très-expreffément à l'ouvrier de l’agiter
continuellement avant que de plonger le moiife
ou la forme dans cette efpèce de pâte : c’eft ainfi
qu’il parvint à en faire quelques feuilles de papier,
fur lequel on écrivoit comme fur le papier de
chiffon, & l’écriture difparoiffoit en le jetant dans
le feu.
Il faut remarquer que ce papier avoit peu do
confiltance & de folidité ; qu’ il fe caffoit fort facilement,
parce que les filets d’amiante , n’ ayant
par eux-mêmes aucune force ni aucun ne r f, fe
rompoient fous le moindre effort, & que d’ ailleurs
ils n’avoient acquis, par leur union, aucune
liaifon ni aucune adhérence ; ca r , quelque degré
de fineffe qu’ on leur eût donné par la trituration j
on n’étoit pas parvenu à en faire une étoffe fo-
lide. D’après ces confidérations, on voit qu’ on
ne peut guère donner à"ces papiers un certain degré
de perfection ; qu’ ils feront toujours imparfaits
avec une matière aufli ingrate, & que, quelque
dépenfe qu’on faffe, on n’obûendra jamais
que des réfultats de pure curiofité.
L’amiante fe trouve dans les trapps, dans les
cornéennes, dans les roches talquéufes, &r fur-
tout au milieu des ferpentines, des pierres ollaires
& autres maflifs qui contiennent de la magnéfie.
Le plus bel amiante nous vient de laTarentaife,
& fe ramaffe dans les montagnes que traverfe l’ I-
fère ; il eft d’un blanc éclatant & en filets très-fou-
ples, lefquels ont jufqu’ à cinq ou fix pouces d®
longueur.
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