
cec à peu près fuffit d’ailleurs, quant à l’ ufage
qu’on peut taire de cette détermination, relativement
à la théorie de la terre. Enfin, on arrive à
Airole , où le vallon eft un peu plus ouvert : il y
a cependant peu de culture. Le Teflin , qui def-
çend du mont Saint-Gothardpaffe à peu de dif-
tance de ce village , & traverfe la vallée étroite
de Livenon j il précipite ton cours entre des rochers
perpendiculaires, fort élevés, entre lefquels
il s’eft ouvert un paffige.où il n’y a de place que
our Ton lit : on a taillé dans le roc un chejttin au
ord de l’eau y les rochers y ont les formes les plus
bizarres. &. les plus belles.
Route <£ Airole au. haut du Saint-Gothard.
On commence à monter , en fortant d’Airole ,
par un chemin qui elt pavé jufqu’au haut du Sai'nt-
Gothard, à [’exception des endroits où le roc fo-
lide fert lui-même de chemin. L’abondance des
eaux & des torrens y pendant la fonte des neiges,
auroit bientôt rendu, impraticable cette communication
néçeffaire, fi l’ on n'a voit pas pris une pareille
précaution. On rencontre , dans le bas, c«es
granits roulés & des pierres fchifteufes.3 argileufes,
micacées, mêlées de quartz, d’autres mêlées de
fchorls noirs.
A une petite demi - lieue d’Airole les rochers
font blanchâtres, gris ou bleuâtres, feuilletés ou
fchifteux, médiocrement durs, quelquefois ten-r
dres quand ils font dans l ’état de décompofîtion :
ils font compofés de parties micacées:, brunes,
jaunâtres ou d'un jaune brillant & d’un peu de fable
quartzeux; quelques pariieSvfont ochreufes : dans
d’autres, des fchorls noirs traverfent cette roche
en différens fens & en fuivant cependant la tranche
des lits. Çes fchorls fè réunifient fouvent en
fa i f c e a u x & divergent en partant du point de la
réunion. Des grenats* ordinairement gros comme
des noifettes, font incruflés. dans çes. micas &
parmi ces fchorls : ils font dodécaèdres., opaques,
ordinairement de couleur de brique *&. paroiflent
être dans l’état de décompofition. :: il y en a de
petits qui ont conferyé leur couleur & leur brillant
vitreux. Ces grenats font plus durs que la roche
dans laquelle ils font incrufiés : ils font reftés fail-
lans dans la roche qui fert de chemin & de paflage
*ux chevaux & aux mulets.. Plus loin on rencontre
des rochers fchifteux & micacés,, mais fans.gre-.
jaats &,fans fchorls^
Après avoir marché une heure toujours en
montant, de grandes parties de rochers fe pré-
lentent aux environs de la chapelle Sainte-Anne |
elles, font difpofées par couches.j elles font de
nature quartzeufe, compofées d’un fable très-fin..
C ’eft un véritable grès par couches , mais tout
parfemé de petits criftaux de fchorl noir/dont un
grand nombre font placés dans le fens des couches
de la pierre j les autres font placés irrégulièrement.
Quelques- uns de ces. criftaux ont jufqu’ à quatre
V; .,
Le Teflin, qu’on a côtoyé jufque-là, tombe en
belles cafcades. Les arbres ceflent de paroïtre,
après avoir diminué infénfiblement : ce font toujours
des arbres conifères & refintux, & les mélèzes
font la dernière efpèce qu’ on rencontre. Les
roches fchifteufes continuent : elles font mêlées
de beaucoup de rognons & de filons de .quartz.
Gn paffe le Teflin fur un pont qui eft au bas-
du mont Trémola. Un torrent venant de la-montagne
coùle au pied de la montagne, & fe jette
dans le Teflin. C ’eft la moitié du chemin jufqu’ au
haut du Saint-Gothard. Les rochers des environs
font compofés de couches micacées d’un fable
très-fin, & de couches alternatives minces de mica
brun , le tout parfemé de très-petits grenats. Entre
le Teflin & le chemin il y a un bloc de beau fchorl
v e r t, traverfé par quelques filons de fpath calcaire
blanc, quelquefo s jaunâtre : on y remarque
des faifceaux larges d’un doigt : il y en a de moindres.
Ils ont aufli quelquefois une efpèce de centre
d’où partent & fe divergent les rayons en différens
fens. Toutes les aiguilles font d’un beau vert j
elles font ftriées, luifantes & vitreufes.
Dans le milieu du vallon il y a beaucoup d’énormes
maffes ifolées & roulées de granit ordinaire
avec le feld-fpath, fans qu’on rencontre aucun rocher.
de cet-te forte de pierre 5 car ceux qu’on
trouve aux environs font toujours micacés, mêlés
de fchorls & de grenats v & par couches verticales.
Le Teflin,. avec grand bruit, tombe fouvent
par fauts.,Une montagne fe voitenfuite, compofée
de lits & de couches fort minces & alternatives
de mica noir & de fable quartzeux blanc. Quelques.
filons de quartz de trois à quatre pouces traverfent
la totalité de la maffe. Ces coucnes s’étenr
dent très-réguîiérement d’un côté de la montagne
à l’autre, après avoir encore monté quelque tems»
Un mamelon très-confidérable s’élève & femble
fortir d’entre ces montagnes : il n’eft compofé que
de granit ordinaire j:c'eft un mélange de quartz,,
de mica & de feld-fpath. Les greffes mafîes dont
nous avons parlé au pied du mont Trémola étoiene
de la même forte, & ont été probablement détachées
de ce rocher & précipitées, plus bas par les
torrens. Les. granits roulés q uffe trouvent à peu
dediûance à1 Airo.le, font de la même compofitios
& viennent du même endroit.
A côté de la montagne de granit dont jl/efi quef-
tion, une autre s’ élève prefqu’à.la même hauteur;
mais celle-ci eft fehifteufe,. & compofée de quartz
& de mica de différentes couleurs-. On rencontre
enfuite un autre pont fur le Teflin,. aux environs
duquel il y a de belles chutes d’eau. Enfin, après
avoir fait trois lieues on arrive fur le haut du
Saint-.Gothard. Si cette montagne ne paroît pas:
bien élevée de ce côté, c’eft que le point d* Airole
d’où npus fommes. partis, eft très-élevé par lui-,
même.'il faut fe fouvenk qu’ il n’y a prefque point'
de culture aux environs d’Airole > & qu’il tf*y avoitr
que des pâturages, quoique fon expofitiofl fpitï
du côté du midi. Il faut fe fouvenxr aufli qu’il y a
une bonne lieue & demie fans qu on rencontre
aucune végétation ligneufe * c'tft-à-dire , qu il
n’y a plus d’arbres ni arbriffeaux.
Nous ajouterons ici ce que l’on obferve dans le
vallon de Sorrefcia alla Sàdia & dans les montagnes
adjacentes qui font du côté d’Airole. A
commencer du premier pont en montant le Go-
thard, la partie fupérieure du mont Trémola eft i
comprife dans cet examen. Toute cette partie & j
ces hauteurs font compofées en général de roches
fchifteufes, micacées, dans lefquelles il y a des ;
fchorls noirs, dont les aiguilles ont différentes
groffeurs ou des difpofitions différentes dans la ,
roche. On y trouve aufli des grenats de différentes
groffeurs.
On trouve enfin, au haut du mont Trémola, du
fchorl v e r t , adhérent , & faifant partie de la
maffe, & à côté des fchorls noirs dans leurs rochers
micacés ; il n’y a point de parties micacées
jaunes jointes aux fchorls verts, mais.feulement*
comme nous l’avons déjà obfervé, quelques filops
de fpath s’y trouvent mêlés.
Vu la difpofition des lieux & la pente de la
montagne, il n’eft pas douteux que le bloc que
l’ on trouve au bas de la montagne ne provienne
des rochers qui font dans le haut j car lès fchorls
verts des deux maffes, comparés enfemble, ont
été trouvés avoir les mêmes caractères. La feule
différence, qui n'eft qu'accidentelle & dépendante
des circonftances locales, eft que celui qui eft fur
h montagne eft plus tendre & plus friable.
Une autre obfervatàon & remarque qu’on petit
faire, eft que les couches minces & alternatives
de mica noir & de fable quartzeux blanc font les
mêmes au haut de la montagne, comme elles ont
été trouvées dans le bas & des deux côtés.
Aire en Artois. Ge qu’ il y a de plus intéreffant
pour nous dans cette ville eft une fontaine fituée
fur la grande place, & qui fournit de l’eau abondante
& falutaire au très - grand foulagement des
habitans & cle la garnifon. Cette fontaine eft le
produit d’ une fouille qui fut faite en 1750, jufqu’ à
cent trentè-fept.pieds de profondeur.
On a fait l’ infcription fuivante pour être placée
au frontifpice de l’ouvrage conftruit pour décorer
cette fource :
P a c k l e v a m e n ,
O b s i d i o n e s a l u s .
M. Chevalier ^ingénieur en chef de cette place,
& commandant du fort Saint-François, y a aufli
percé une fembiable fontaine qui fait les délices
des militaires qui habitent ce fort voifimde la ville.
On y a placé de même les deux vers füivans
Quam formidandis: cinxifii manibus arcem.
Tofltihus hdnc recreus ingenioja manus.
Il n'eft pas rare de voir dans cette ci-devant
province , ainfi que dans une partie de la Flandre
françoife, de (emblables fontaines [ourniffant con-
tinuellement de l'eau vive 8c abondante, 8c dont
l'origine a été primitivement recherchée par des
fouilles profondes.-f jfoyq; l’article Artois, ou nous
donnons une idée précife 8c détaillée des principes
qui dirigent ces fouilles, 8c qui peuvent
nous éclairer en même tems fut la marche' des
eaux fouterraines dans ces belles 8c riches contrées
, laquelle autorife à ces recherches.)
AISNE, rivière de France, qui prend fa fource
au deffus de Clermont, près de Sainte-Ménéhould,
dans la ci-devant province de Champagne, & qui,,
après avoir traverfé partie du département des
Ardennes, parcourt celui auquel elle donne fon
nom, en paffant par Neufchatel, Berry-au-Bac»
Pontavert, Beaurieux, Vailly, Soiflons 8c V ic -
fur-Aifne. Elle fe jette dans l’O ife , un peu au
deffus de Compiègne : elle commence à être navigable
à Château-Porcien. Céfar en parle dans
fes Commentaires, fous le nom d‘Axonia.
Les rivières qui s'y jettent dans l’étendue du
département de PAifne, font la Suippe, la Velle ,
la Crire 6c le Ru-de-Vendy.
J'ai fuivi avec quelqu’attention la vallée de
l'Aifne, 8c j’y ai d’abord remarqué des graviers
calcaires plats, fort ufés 8c polis, dont les premiers
matériaux ont été incontèftablement fournis
par les parties fupérieures de fon cours. Ils s’ob-
fervent, furtout dans fon- canal au deffus^ 8c au
deffous de Réthel, fur un fond de craie : ils ont
été vifiblement tranfportés par les eaux courantes
fur ce fond, qui ne pouvoir les fournir. C ’ eft
aufli à ces mêmes tranfports que 1 on doit rapporter
les.amas de marnes 8c de glaife qui fe trouvent
au milieu de fon canal à Réthel, 8c dont les fabri-
cans de cette ville font ufage avec fuccès pour
fouler 8c dégraiffer leurs étoffes de laine.
Tous ces tranfports- ne peuvent étonner ceux
qui ont été témoins d_s frequens accès de debor-
demens auxquels l’Aifne eft fujète, & dans lef-
quels cette rivière recouvre toute l’etendue de
fa plaine fluviale, qui eft fort large 8c fort plate
dans ce pays de craie.
Cependant je dois faire remarquer que la vallée
de l’Aifne eft beaucoup plus encaiffée que celles
de toutes les autres rivières qui ont leur cours
dans la craie, 8c que d'ailleurs les bords de cette
vallée font figurés très-réguliérement au deffus
8c au deffous de Réthel, quoique les pentes latérales
du terrain l’aient comblée à un certain point
des débris dfe meulières, de grès, de craie 8c de
terres jaunes,, & enfin de fables, 8cc. parce que
lés eaux pluviales peuvent y entraîner facilement
ces matériaux mobiles» ( Voyc{ Craie, Champagne
y SCC.)
Aisne Département de l‘ \ C è département»